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Citations de Anthony Burgess (129)


Ce n'était qu'une ignoble taverne sous une voûte en arêtes. Le tenancier en était le frère du Maître; il servait du pain dur et des pâtés, des prunes en compote comme dans les bordels, de la bière étendue d'eau autant qu'il lui plaisait, vu que nul ne pouvait aller ailleurs. Bien qu'il y eût des banc, la plupart des gens se tenaient debout. On y voyait de vigoureux manieurs de matraque, des faux paralytiques, des tricheurs aux dés ou aux cartes, des voleurs du grand chemin, des videurs de poches, des détrousseurs de diligences , et des naufrageurs de tous ordres - mais aussi des gens de qualité, comme Kit et Tom, tombés dans le malheur. Dans ce lieu régnait curieusement une liberté que l'on n'aurait pas trouvée au milieu des libres citoyens de la ville : un homme pouvait y blasphémer l'Eglise et l'Etat sans crainte d'être arrêté, puisqu'il l'était déjà. Kit jura par l'anus de Chrysostome et le nez vérolé de saint Anselme. Dick Baines, qui commandait à cet instant un lait d'agneau à un cabaretier grognon, l'entendit et lui adressa la parole.
- Ainsi donc on intensifie la chasse aux jésuites. Vous êtes ici pour me prêter main forte ?
- M. Watson et moi-même sommes des vrais malfaiteurs.
- Quoi, un vrai crime ?
- Nous avons tué un homme.
- Merci de Dieu ! et la potence vous attend ? Mais ce n'est peut-être pas discret de vous le demander. La vie n'a qu'un temps. Je pense souvent à sa brièveté.
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Anthony Burgess
Extrait de l'émission Apostrophes INA 1988
Bernard Pivot : Il y a deux chapitres [dans votre livre] sur les Français. Qu’est-ce qu’on prend! Ce mot, cet adjectif qui revient très souvent sous votre plume : « les Français sont arrogants ».
Anthony Burgess : Oui, euh oui. C’est pas l’arrogance, c’est une espèce de fierté surtout de leur langue. Ce n’est pas possible pour un étranger comme moi, parler français parce qu’on est toujours corrigé. En conséquence on n’a jamais envie de parler français.
Bernard Pivot : Comment?
Anthony Burgess : Vous savez bien les Italiens acceptent un étranger qui parle, euh qui parle italien mal, euh qui parle mal italien parce que c’est un tribut à leur culture, à la langue. Mais les Français en ce sens oui sont arrogants… même les prostituées. […] Je vous donne un petit exemple. Je crois que j’étais très jeune, je suis entré dans un restaurant et j’ai vu au menu « Fruits » et j’ai dit « Fruits, s’il vous plaît. » « DES fruits, monsieur ! »
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Ainsi pris fin l'épisode le plus glorieux de la Campagne de Russie. Glorieux mon cul. C'est de l'assassinat, oui. Le Génie en particuliers et les pontonniers se couvrivrent de gloire. De merde oui.
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Là-dessus, on y est allés de la castagne en beauté, ricanochant tant et plus du litso, mais sans que ça l'empêche de chanter. Alors on l'a croché aux pattes, si bien qu'il s'est étalé à plat, raide lourd, et qu'un plein baquet de vomi biéreux lui est sorti swoouuush d'un coup. C'était si dégoûtant qu'on lui a shooté dedans, un coup chacun, et alors, à la place de chanson et de vomi, c'est du sang qui est sorti de sa vieille rote dégueulasse. Et puis on a continué notre chemin.
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Je suis prêt à un débat public, mais dès que j'ouvre la bouche, on me coupe la parole.
(p. 133)
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Qu'est-ce qui me vaut,ô petite soeur?Venez donc faire un joli bout d'horizontale avec votre malenky droug sur ce lit.
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Peut-être n’est-il pas si bon que ça d’être bon, mon petit 6655321. Il se peut que ce soit affreux, même. Et ce disant, crois bien que je mesure jusqu’à quel point ces paroles peuvent sembler contradictoires. Je le sais, cela me vaudra des nuits et des nuits sans sommeil. Que veut Dieu ? Le Bien ? Ou que l’on choisisse le Bien ? L’homme qui choisit le Mal est-il peut-être, en un sens, meilleur que celui à qui on impose le Bien ? Question ardues et qui vont loin, mon petit 6655321.
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Comme s'il était une seule société qui n'éprouvât pas le besoin d'avoir une minorité sur laquelle faire retomber tout le blâme ! Inondations, famines, bas salaires, rhumatismes du préfet, tout est bon lorsqu'il s'agit d'incriminer.
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peu de personnes meurent en chaise à moins quelle ne soit électrique
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Il est peut-être caractéristique de la culture purement laïque d'Orwell qu'il n'ait pu voir que dans l'Etat la possibilité du mal et l'ait refusée à l'individu - le péché originel étant un dogme bon à prêter à rire. Le socialisme d'Orwell permet, veut à tout prix, même, que l'homme soit capable de progrès moral autant qu'économique. Son pessimisme augustinien s'applique uniquement à cette projection de l'homme connue sous le nom d'Etat oligarchique. L'Etat est le diable, mais Dieu n'existe pas. L'idée que le mal réside mystérieusement hors de l'individu s'acharne à vivre dans un Occident dont le peu qu'il garde de ses croyances traditionnelles n'est plus que des guenilles. La porte est ouverte au mal - à preuve le célèbre bain de sang ou fut noyé certain village indochinois, et le carnage que fit Charles Manson en Californie, ou le viols et les meurtres qui mettent quotidiennement de l'animation dans les rues des grandes villes américaines. Cependant, il est consolant de croire que ce mal n'est pas partie intégrante de l'entité humaine, contrairement aux enseignements de saint Augustin, mais qu'il vient de l'extérieur, comme une contagion. Le diable et son cortège de démons ont le monopole du mal, et leur principale préoccupation est de prendre possession de l'âme humaine pour l'accabler sous tous les harnachements du mal, du blasphème jusqu'au cannibalisme. Peut-être peut-on les exorciser. Mais le mal ne pousse pas dans l'homme comme un ongle incarné. Les superstitieux s'en veulent un peu moins de leurs récidives, du moment qu'ils sont libres de les mettre au compte du Père de Tous les Mensonges. Et quant aux Orwelliens, Grand-Frère a bon dos.
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Laissez-nous tranquilles, les gars, a dit l'une des vieilles, la figure toute cartographiée à force d'être centenaire. On n'est que de pauvres vieilles.
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Nous n’avons pas poussé très loin en France. Couchés dans nos sacs sous une lune brillante près de la ligne Maginot, nous nous demandions pourquoi les fortifications s’étendaient de la Suisse au Luxembourg. Le fait qu’elles cessent brusquement à la frontière belge cachait sûrement un grand secret d’homme d’État que les gens du commun étaient trop stupides pour partager. Peut-être qu’une moitié du cerveau schizophrène allemand respectait les conventions du fair-play, estimant qu’une attaque débordante ne serait pas cricket. En tout cas nous avons mal dormi. Je croyais entendre des tanks dans mon sommeil, mais en fait il s’agissait du tonnerre. Au réveil nous étions trempés. Le long des routes détrempées vers Montmédy trempé et Sedan trempé, nous découvrîmes une France aujourd’hui disparue – des canalisations ouvertes qui puaient, un curé éméché qui chassait rageusement les mouches en éclusant son dixième ballon de rouge. Nous prîmes un repas qu’on nous servit avec une fierté toute française – sardines en boîte, viande de cheval saignante, tranche de gâteau rassis. La pluie tombait à pleins seaux, les caniveaux débordaient, les mouches vrombissaient. On nous indiqua un autobus pour aller chercher le train qui nous ramènerait en Belgique, mais nous restâmes des heures à claquer les mouches qui mordaient nos mollets nus, et pas le moindre autobus en vue. Or il apparut que l’autobus avait fait sa navette régulière, mais avec notre bêtise britannique, nous ne l’avions pas remarqué : l’autobus était une Peugeot quatre-places bringuebalante conduite par une dame hautaine. « Vous vous êtes trompés, n’est-ce pas?* » nous ditelle avec morgue. L’expression m’est restée collée au cerveau comme une mesure de musique exécrable. Elle semblait résumer cette France arrogante que nos bras vaillants devraient peut-être bientôt venir libérer.
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Alors il a joué les gros bras sur la dévotchka, qui n'arrêtait pas de critch critch critch critcher à quatre temps, tzarrible; il lui a fait une clé aux roukeurs par-derrière, pendant que j'arrachais ci et ça et tout et que les autres continuaient à pousser leurs "hah hah hah", et c'étaient des groudnés drôlement chouettes tzarrible qui ont montré alors leur glaze rose, Ô mes frères, tandis que je dénouais les aiguillettes et me préparais au plongeon.
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Le tout est de frapper les arrières... Ne riez surtout pas de l'égorgement des nouveau-nés...
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On avait les poches pleines de mouizka, si bien qu'on n'avait vraiment pas besoin, histoire de craster encore un peu de joli lollypop, de toltchocker un vieux veck au fond d'une impasse et de le relucher baigner dans son sang tout en comptant la recette et la divisant par quatre, ni de faire des ultra-violents à une viokcha ptitsa, toute grisaille et tremblante dans sa boutique, pour vider le tiroir-caisse jusqu'aux tripes en se bidonskant.
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Et quant au bon, que l'on ne vienne pas me dire que Dieu est bon. Si Dieu existe, il n'a qu'indifférence pour les hommes - auquel cas alors, autant qu'il n'existe pas. Le bon est ce que je trouve dans la saveur d'une pomme, dans le caillé des nuages au-dessus de la mer ici, à Cagliari, dans la bénédiction du soleil matinal, le pain frais, le café, l'amitié, l'amour.
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Le bapteme par l'eau est-il necessaire.;demanderez-vous peut-être?Et la reponse est oui,car toute nouvelle chose qui survient dans le monde en-dedans de nous(c'est-a-dire l'ame)doit trouver compagnie dans le monde a l'exterieur de nous.Car nous sommes deux choses et non pas une
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Le Korova (vient du mot russe signifiant la vache) Milkbar était un de ces endroits où on vendait du lait avec autre chose et vous avez peut-être oublié, vous mes frères, comment étaient ces endroits, les choses changeant si vite de nos jours, tout le monde oubliant tout si vite et presque personne ne lisant plus les journaux non plus. Et bien ce qu'ils vendaient c'était du lait avec autre chose. Ils n'avaient pas de permis pour vendre de l'alcool, mais il n'y avait pas encore de loi qui interdisait la production de ces nouveaux trucs qu'ils avaient l'habitude de mettre dans du bon vieux lait.
The Korova Milkbar was a milk-plus mesto (mot russe = endroit) , and you may, O my brothers, hve forgotten what these mestos were like, things changing so skorry ( skora = bientôt en russe) these days and everybody very quick to forget, newspapers not being read much neither. Well, what they sold was milk plus something else. They had no licence for selling liquor.
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C'est bien vrai qu'on ne pourrait pas gouverner un pays si tous les tchellovecks avaient mon genre de comportement nocturne. Bref, si je me fais lovretter et que ça veuille dire trois mois dans un messtot et six mois dans un autre, et puis que, la fois suivante, comme P.R. Deltoïde m'en a si gentiment prévenu, ça signifie, en dépit de mes très tendres printemps, frères, le grand zoo inhumain, ma foi, je dis : « C'est justice, mais l'ennui, mes seigneurs, c'est que je ne peux tout bonnement pas supporter d'être enfermé. Et je mettrai toute mon énergie, dans le genre d'avenir qui me tend ses bras de neige et de lys avant que la raison du nodz soit la plus forte ou que le sang éclabousse de son grand chœur final le métal tordu et le verre pilé sur une de vos autoroutes, oui je mettrai toute mon énergie à ne pas me faire lovretter une fois de plus. » Voilà qui est parlé, et bien. Seulement, frères, quand je vois leur façon de se ronger les ongles de pied pour chercher la cause du mal, moi je dis qu'il y a là de quoi me transformer en bon petit maltchick rigolard. Est-ce qu'ils vont chercher la cause du bien ? Alors pourquoi l'autre bord ? S'il y a des lioudis qui sont bons, c'est qu'ils aiment ça, et c'est pas moi qui les gênerai de leurs plaisirs, mais vice versa. Et moi je suis un pilier de l'autre bord.
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Mais toi,tu sais ce que vont faire les hommesTu sais qu'ils vont faire le mal.Et si tu le sais,ils ne peuvent etre libres,puisque chacun de leurs actes est predetermine;c'est donc que tu veux le mal qu'ils font?.Je ne peux l'appeler un dieu epris de justice
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