AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anthony Powell (15)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Rois d'un jour

Cette fameuse série La danse de la vie humaine approche tranquillement de sa fin. Rois d’un jour, son onzième tome en a tous les airs. On sent la nostalgie d’une époque révolue. Nick Jenkins se trouve à Venise. Le passage du temps est un peu flou, nous l’avions laissé à Oxford deux ans après la guerre, il voulait écrire un livre sur Burton et collaborait à la première parution de la revue Fission. Il semble qu’il ait réussi l’un et l’autre mais combien de temps est passé? Mystère… Toutefois, il semble l’inspiration pour un second bouquin lui manque, on lui a suggéré ce voyage en Italie pour « raviver son énergie créatrice ». Qui ne serait pas inspiré par la Sérénissime?



Dans tous les cas, même loin de chez soi, on tombe toujours sur des connaissances. Effectivement, Nick Jenkins poursuit les rencontres avec les uns et les autres même en Italie. Bien qu’il ne soit pas un membre proéminent de la haute société anglaise, il n’en gravite pas moins dans les cercles proches et les portes de plusieurs lui sont ouvertes. Général, comtesse, lord, etc. Il faut dire qu’il est un bon confident, qu’il réussit à rester en bon terme avec tout le monde, incluant cet arriviste de Widmerpool, ce meilleur ennemi qui a gravelé rapidement les échelons mais en embêtant plus d’une personne.



Rois d’un jour, comme les tomes précédents, est difficile à résumer. C’est qu’il ne s’y passe pas beaucoup d’action. Pas plus d’événements centraux, centralisateurs, auxquels tout se rattache, à part ce voyage à Venise. Nick rencontre des amis, des connaissances, et ils parlent. Ils parlent de tous les sujets possibles et imaginables, allant de l’actualité aux potins, en passant par les petits drames du quotidien qui ont affecté leurs amis communs (mort, mariage, accident, liaisons, etc.). Par moment, c’est un peu long mais quiconque s’est rendu là dans la série sait un peu à quoi s’attendre. Au moins, ici, les échanges sont entrecoupés par de jolies excursions dans Venise, on fait un petit tour en vaporetto, dans les canaux, on s’arrête à un bar ou chez un ami peintre qui expose ses toiles, etc. C’est l’occasion de rappeler que les arts (en particulier la littérature et la peinture) ont une place spéciale dans le cœur de l’auteur Anthony Powell. Après tout, c’est une toile qui a inspiré toute cette aventure, celle qui lui a donné son nom.



Dans la dernière partie (le dernier quart du roman, environ), on fait un saut de dix ans, direction Londres. Elle met surtout en évidence le temps qui passe, pousse à fond ce sentiment de nostalgie dont je parlais plus haut. Il ne s’est rien passé entre les deux? Probablement rien qui ne peut être expédié en quelques lignes. Dans tous les cas, cette dernière partie permet de commencer le travail de clôture, c’est-à-dire « laisser partir » quelques personnages, question de se concentrer sur les principaux dans le dernier tome.
Commenter  J’apprécie          310
A l'écoute des harmonies secrètes

À l’écoute des harmonies secrètes, c’est la fin d’une aventure littéraire, d’un cycle de douze volumes entamés il y a plusieurs années. Ce fut un parcours… particulier. Faute de meilleurs qualificatifs. Je ne sais toujours pas si j’ai vraiment aimé. J’ai persévéré dans ma lecture surtout parce que je l’avais commencée. Je ne l’ai pas détesté, ça c’est certain. Mais aimé? Quand même. Je l’ai trouvé intéressante par moments, instructive, un peu à la manière d’un voyage dans le temps. Peut-être un Anglais du milieu du XXe siècle pourrait l’apprécier à sa juste valeur puisqu’il s’y reconnaitrait davantage.



Quelques considérations historiques, philosophiques et littéraires, entre autres, ont réussi à capter mon attention de manière passagère et régulière. Après tout, on navigue dans la haute société anglaise, un univers cultivé. Découvrir les codes de cet univers était intrigant, un peu comme dans À la recherche du temps perdu. Ici, l’on a suivi Nick Jenkins pendant plusieurs décennies. Dans ce douzième tome, même si son âge n’est pas spécifiquement indiqué, il n’est plus tout jeune. Passé, l’âge des souvenirs d’enfance, de la guerre, des incertitudes liées à son avenir d’écrivain. Le lecteur a devant lui un homme d’âge mûr, un homme qui regarde le monde avec des yeux qui commencent à fatiguer mais surtout un recul, une perspective sur le monde.



D’ailleurs, comme dans la plupart des autres tomes, il se passe peu. Nick retrouve ses amis, ses connaissances à droite et à gauche. Chez lui, à un banquet. Et ils parlent. Ils parlent de ce qui a été, de ce qui est et de ce qui sera. Bref, un flot continu de paroles. Le mariage de l’un, l’infidélité de l’autre… la mort de certains. Quelques personnages avaient déjà trouvé leur fin dans les tomes précédents. La main du destin continue de faire son œuvre. Disons que, à la fin, le monde trouve un semblant d’équilibre.



Je suis toujours épaté d’être parvenu à suivre cette histoire malgré la (très) grande quantité de personnages « de passage », cités ici et là à travers les douze tomes. Tous, même ceux qui ne font que passer très furtivement, sont excellemment bien dépeints. Quelques mots et leur psychologie est aussi claire que du cristal. Heureusement, quelques uns sont assez importants pour paraître dans quelques bouquins, voire plusieurs, comme Widmerpool, Isobel Trolland, Moreland, docteur Trelawney, Quiggin, etc. Pour les autres… eh bien, pour être complètement franc, je ne me suis jamais rappelé d’eux tous. Toutefois, est-ce si important? Sans doute pas. J’ai porté davantage attention à l’atmosphère, aux impressions qui se dégageaient de cette fresque. Le temps qui passe, la vie… Et cet humour noir si britannique.



À l’écoute des harmonies secrètes propose une fin qui semble appropriée et juste, tout à fait à l’image du cycle. Toutefois, je ne sais pourquoi, je m’attendais à un petit quelque chose de plus… spectaculaire. Pourtant, je sais que ça aurait été à l’encontre de ce qui a été mis en place, à la psychologie du protagoniste. En effet, contrairement au narrateur de Marcel Proust, Nick Jenkins est trop posé, égal, pour se laisser aller à des débordements d’émotions. Le lecteur aura droit jusqu’à la fin à une analyse fine et détachée des traditions, des mœurs de la société anglaise du XXe siècle.



Incidemment, ce douzième et dernier tome est l’occasion de jeter un dernier regard sur l’ensemble du cycle. Il constitue un témoignage important d’une époque. C’est un style : précis, minutieux, tout en étant facile d’accès, mais au rythme lent. Ça m’a surtout donné l’envie de me replonger dans À la recherche du temps perdu.
Commenter  J’apprécie          292
Art martial

« - Mais, mon cher Nick, vous connaissez donc tout le monde. Rien de ce qui concerne la bonne société ne vous échappe. Quant à moi, je ne m’y retrouve plus entre les naissances, les mariages, les décès – les décès, encore, je m’en sors – mais les naissances et les mariages, pas du tout.» (p. 90). Cette remarque illustre très bien cette monumentale saga que constitue La danse de la vie humaine. Rendu au neuvième tome, intitulé Art martial, Nicholas Jenkins occupe toujours des fonctions administratives au sein de l’armée britannique pendant les premières années de la Seconde guerre mondiale. Il a assisté à la chute de la France et au Blitz sur Londres. Mais surtout de loin, ses fonctions le tiennent à une certaine distance des combats. En effet, il travaille sous les ordres de son ancien camarade de classe Widmerpool, un type désagréable et opportuniste. Jenkins assiste à l’inimité entre les différents officiers qu’il côtoient, à leurs manœuvres pour se nuire les uns et les autres, ou bien cherchant à promouvoir un protégé ou à gêner tel autre. Parfois, ils discutent librement et on en apprend beaucoup sur eux et les leurs, membres de la bourgeoisie et de l’aristocratie anglaises. Pareillement pour les moments de permissions à Londres, quand on ne craint pas les bombardements. C’est que Jenkins connait tout le monde, comme le lui faisait remarquer son ami Charles, plus haut. L’auteur Anthony Powell révèle avec de nombreux détails les dessous d’une société à un moment crucial de son histoire. On s’y perd parfois, avec tous les noms mentionnés mais il n’est pas nécessaire de les retenir : mes yeux glissaient sur la majorité d’entre eux. Mais il n’est pas question que potins, tout ce beau monde échange aussi sur la politique internationale, les arts de la scène, la littérature (j’ai beaucoup aimé les références à Alfred de Vigny, si justes). Et, si ça semble si naturel, c’est que Jenkins a de sérieux penchants littéraires qui, d’ailleurs, l’amènent à rêver à une promotion en tant qu’officier de liaison auprès des Français. L’autofiction à son meilleur! Bien sûr, l’aspect militaire est omniprésent. Pour ceux qui craignent être noyé dans tout le charabia des termes de l’armée, on retrouve à la fin un index avec toutes les abréviations utilisées dans ce bouquin. C’était éclairant. Pris individuellement, ce bouquin ne semble peut-être pas si exceptionnel mais, lu avec le reste de la série, il prend une dimension tout autre.
Commenter  J’apprécie          290
Philosophes militaires

La danse de la vie humaine continue à nous faire découvrir des aspects peu racontés de la guerre (du moins, à mes yeux). En effet, dans ce neuvième tome, Philosophes militaires, Nick Jenkins a obtenu le poste qu’il convoitait : officier de liaison. Il n’est pas au premier plan des combats héroïques – et tant mieux, on connait déjà bien d’autres romans (et films) qui traitent de cette partie de la guerre. Plutôt, il travaille à l’arrière où ses talents sont mieux exploités. Une partie de ce travail consiste à concerter avec les Français (et d’autres comme les Polonais et les Tchèques) mais aussi à entretenir de bonnes relations avec des officiers de l’armée britannique. Toutefois, comme dans les tomes précédents, un banquet ou une rencontre fortuite avec des membres de la bonne société anglaise sont si vite arrivés…



Le temps passe rapidement. La Seconde guerre mondiale tire à sa fin, les Alliés sont débarqués. À partir de cette tête de pont, ils avancent. Jenkins traverse bien la Manche mais, encore une fois, il n’est pas au front. Non, il loge au Grand Hôtel de Cobourg. Derrière les lignes, il continue à frayer avec la bonne société. Le fameux Widmerpool, cet ancien camarade de classe, désagréable et opportuniste, est toujours là à rôder. Quand la guerre se termine, c’est le temps des accolades, des récompenses. Jenkins jette un regard déçu sur le traitement fait à certains. Des Alliés qui avaient démontré de longue date du courage sont mis de côté à la faveur d’autres, devenus plus utiles dans l’après-guerre.



Ce tome est l’occasion pour moi de revenir sur ma critique du premier de la série. Je me rappelle avoir écrit que la comparaison entre Powell et Proust – que plusieurs faisaient et font toujours – me semblait exagérée. Je continue à croire que le Français est dans une catégorie à part mais mon appréciation pour l’écrivain anglais s’est beaucoup améliorée et je remarque de plus en point de point en commun entre les deux.



Certes, le style de Proust est inégalable. Toutefois, si Powell a épargné à ses lecteurs les longues phrases, la précieuseté et les états d’âmes interminables, n’en demeure pas moins un témoin privilégié d’une époque. Il s’attache à une description minutieuse de la société anglaise (dans ses bons côtés et ses moins bons), de la hiérarchie militaire, des potins, des cérémonials, etc. Et, à l’instar d’autres, son œuvre est truffée de références (parfois même de passages) à d’autres artistes, à certaines de leurs œuvres. Bien sûr, la référence à Proust est inévitable « Nous venions de quitter Cabourg… le Balbec de Proust » (p. 201) Mais il ne s’arrête pas là. Shakespeare, Eliot, Balzac, Dostoïevski, Lewis et tellement d’autres encore.



Cela me fait penser à un épisode en particulier, quand Jenkins qui se demande « si cette ambassadrice de Turquie, que Proust avait trouvée assommante, avait existé ; là-dessus, comme le Narrateur quand il était petit, je m’endormis de bonne heure. » (p. 146). À l’instar de l’écrivain français, peut-être plus que lui, même, Powell donne une seconde vie à une quantité de personnages célèbres ayant réellement existé. À la plupart, il donne de nouveaux noms, mais beaucoup sont encore facilement identifiables. D’ailleurs, on peut retrouver des listes de correspondances, signalant plus d’une vingtaine et, cela, seulement parmi les personnages principaux ou récurrents. Quel travail colossal, que de reconstituer une période. Décidément, c’ est l’œuvre d’une vie.
Commenter  J’apprécie          280
La vallée des ossements

« Puis quand les Allemands essaieront d’avancer, c’est alors que les types comme nous entrerons dans la danse, vous comprenez. » (p. 26) Et, en effet, la Seconde guerre mondiale pousse Nicholas Jenkins, un Anglais de la bonne société aux ambitions plutôt littéraires, à se porter volontaire. La vallée des ossements, le septième tome d’un ensemble de douze appelé « La danse de la vie humaine », se concentre sur ces premiers mois de la guerre. Jenkins n’en est encore qu’aux entrainements, qu’aux manœuvres, à la vie dans les casernes, aux corvées, etc. Bref, s’habituer à la vie militaire. Si ce n’est pas toujours palpitant, c’est probablement très près de la réalité, sans doute plus que toutes ces scènes de combat héroïques dont on gave les lecteurs (et cinéphiles) la plupart du temps. Aussi, ce n’était pas sans intérêt non plus. Les relations entre les différents officiers, la amitiés et les inimité qui se développent, puis il y a ceux qui s’ennuient, ceux qui ont hâte d’aller au combat, ceux qui se détestent, ceux qui cherchent de l’avancement, etc. En ce sens, c’est presque aussi divertissant que les potins dans la bonne société. Et puis, il y a les permissions. Pendant un bref séjour à Londres, Jenkins se livre à ce qu’il fait de mieux : se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde (comprendre ici la société anglaise), question de ne rien perdre des personnages qu’on a croisés dans les tomes précédents et auxquels on reviendra une fois l’intermède de la guerre terminé. Enfin, une surprise : à la toute fin, un « ami » du passé de Jenkins fait son apparition…
Commenter  J’apprécie          270
Casanova's chinese restaurant

Le cinquième tome de la Ronde de la musique du temps s’ouvre sur Nick Jenkins et ses amis qui hésitent à entrer au Casanova’s Chinese Restaurant. La brève histoire de cet établissement est à l’image du roman et de l’Angleterre des années 30. Un restaurant où l’on sert de la cuisine italienne ferme, des Chinois s’y sont installés. La cuisine fusion avant son heure. Les personnages feront de même, se rencontrant ici et là, discutant de ceci et cela, parfois de sujets très variés, hétéroclites.



J’ai lu ce tome aussitôt le précédent terminé, de sorte que les deux se confondent un peu dans mon esprit. Il faut dire que, dans l’un comme dans l’autre, il ne s’y passe pas grand-chose. Apparemment, Nick travaille comme scénariste (ou quelque chose du genre) mais on ne le présente jamais en train d’écrire ou d’échanger avec des réalisateurs ou des producteurs. Plutôt, il croise par hasard ses amis et ses connaissances (ou des membres du gratin) dans la rue, les rencontre au pub, ils vont dîner chez l’un et chez l’autre, le tout avec une telle fluidité, on suit leurs échanges comme si l’on en était enivré. Puis, tout d’un coup, on se rend compte que l’on n’est plus chez Lady Molly mais à la campagne à Dogdene. Puis, on découvre qu'on arrivé à la fin du roman où les amis font réminescence de leur rencontre au Casanova’s Chinese Restaurant « quelques années auparavant ». Quoi? N’était-ce pas quelques semaines plus tôt? En lisant La ronde de la musique du temps, on a l’impression que le temps n’existe plus. Il faut dire que les sujets de discussion s’imbriquent naturellement les uns dans les autres avec une telle fluidité qu’on en vient à croire que la guerre civile espagnole, le mariage manqué de Widmerpool avec une Vowchurch et le succès littéraire surfait de Fields of Amaranth ne peuvent qu’être liés d’une façon ou d’une autre.



En m’informant sur cette saga, j’ai découvert que beaucoup de personnages sont largement inspirés de personnes réelles et connues. Plusieurs noms m’étaient familiers (Henry Green, Montgomery, Galsworthy, etc.), mais la plupart non. Les reconnaitre aurait augmenté mon plaisir de lecture, à chercher les ressemblances, les petits drames personnels ayant inspiré Powell. Tant pis. Je suppose que le lecteur plus au courant de ces célébrités ou cette période (ça fait presque cent ans) apprécieront davantage cette œuvre.
Commenter  J’apprécie          260
Les braves gens

Ce sixième tome de la saga Ronde de la musique du temps commence très différemment des autres : on plonge dans le passé du narrateur, Nick Jenkins. Vingt ans plus tôt, il a entre dix et quinze ans, environ (à moins que je n’ai manqué cette information, elle n’est pas précisée explicitement), et sa famille habite le domaine Stonehurst. Le jeune homme s’intéresse aux ragots des domestiques (dont le cuisinier Albert qui part s’établir ailleurs et la femme de chambre qui dit voir des fantômes), à la visite du général Conyers, puis à celle de l’oncle Giles, etc. Il y a aussi ce voisin, le docteur Trelawney, dont l’engouement pour la spiritualité l’a amené à développer une sorte de culte :

« L’Essence du Tout est le Dieu du Vrai.

-La Vision des Visions guérit la Perte de la Vue. »

Toute cette première partie est distincte. Puis, on revient au présent, et c’est à nouveau le tourbillon de rencontres entre amis, connaissances, membres de la famille, bref, de toute la haute société londonienne. Toutefois, grâce au long épisode de la jeunesse de Nick, j’ai senti une certaine unité dans ce tome. Comme si l’auteur Anthony Powell avait mis la table, situé le cadre et les personnages. Et c’est là qu’on reconnait un esprit classique qui, peu importe où son histoire l’amène, finit toujours par revenir à ses thèmes de prédilection. Presque tous les éléments abordés au début trouvent leur écho ou leur réponse vingt ans plus tard. Il est à nouveau question d’Albert, de la mort, des fantômes, du docteur Trelawney et de son culte, de la guerre imminente, etc. Justement, parlant de la guerre… On sent la marche du temps. Nous sommes dans la deuxième moitié des années 1930, les intentions belliqueuses de Hitler semblent de plus en plus évidentes. La possibilité d’un nouveau conflit n’est plus si farfelue. Sans doute, c’est un thème qui se fera plus présent dans les tomes ultérieurs. Dans tous les cas, si la guerre n’est pas vécue directement par les protagonistes, elle constitue un sujet souvent discuté et probablement de plus en plus obsédant. À suivre.
Commenter  J’apprécie          250
Chez Lady Molly

J’avais commencé il y a de nombreuses années la série semi-autobiographique La ronde de la musique du temps, je m’étais rendu jusqu’au troisième tome, mais je ne m’étais pas lancé dans le quatrième immédiatement puis ça m’est complètement sorti de la tête. Grave erreur : c’est toujours difficile replonger dans une œuvre de grande envergure après une longue pause, on oublie l’intrigue, plus de la moitié des personnages. N’empêche, je ne suis pas à un défi près. Je m’y suis lancé à nouveau, enfin, dans cette œuvre monumentale d’Anthony Powell! J’ai mis quelque temps à me situer à nouveau – narrateur Nick Jenkins, l’Angleterre, les années 30…

Il faut dire qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Nick retrouve ses anciens amis du collège d’Eton, puis plusieurs membres de la bourgeoisie et de la haute société britannique. L’on va chez l’un et chez l’autre, on discute de divers sujets de l’actualité, des potins, du succès d’un auteur, des désirs de se lancer dans le cinéma d’une autre, d’un mariage, etc. C’est un flot continu d’échanges. Tellement, que ça donne parfois le tournis. Au début, j’ai éprouvé un peu de difficulté à retenir toutes ces informations puis, à un moment, j’ai lâché prise. De toutes façons, très peu des sujets abordés semblaient réellement importants et, les rares à l’être, le paraissaient immédiatement et étaient brièvement rappelé avant d’être discutés à nouveau (soit par une pensée du narrateur, soit par un ragot d’une tierce personne). Je me suis donc laissé porter par le flot de pensées et de paroles.



Ce quatrième tome, Chez Lady Molly, n’est absolument pas à lire indépendamment des autres tomes de la série. On risquerait de s’y ennuyer royalement. Il faut l’entreprendre comme partie intégrante d’un tout dans lequel il trouve son sens. J’écris cette critique alors que j’ai terminé le sixième tome et il m’en reste autant. Je suppose que ceux-là donneront la clé à quelques unes des énigmes qui semblent émerger. Dans tous les cas, on peut déjà faire des liens, remarquer l’évolution des personnages, etc. Surtout, on peut se faire une idée d’une société à une époque précise, révolue. Un peu comme une photographie.
Commenter  J’apprécie          253
Une question d'éducation

Je me suis lancé dans la lecture d’Une question d’éducation à cause de ce qu’en disaient les critiques. À les croire, ce premier tome de la saga « La Ronde de la nuit du temps » serait le penchant anglais de « La Recherche du temps perdu ». Foutaise ! Oui, l’auteur britannique, comme Proust, présente un pan de sa société, celle de la haute bourgeoisie. Mais toute comparaison s’arrête là, aller plus loin est une insulte au génie du Français. Proust a réalisé une œuvre d’art, a inventé un style caractéristique, a influencé des générations de lecteurs et d’écrivains. Je pense à ses longues, interminables phrases, ses descriptions minutieuses, la finesse de ses observations, de ses analyses psychologiques, etc. L’Anglais, lui, n’a écrit qu’un roman. Notez, ce n’est pas rien non plus.



Anthony Powell a tout de même le mérite de dresser un portrait satisfaisant de la société anglaise de l’entre-deux-guerres. Mais le personnage principal, Nicholas Jenkins, manque d’étoffe. On le suit au collège, à l’université, chez ses amis Stringham, Templer et Widmerpool, un peu dans le grand monde. Et puis ? À quoi cela nous mène-t-il ? Le personnage n’est pas attachant au point où ses seules tribulations me poussent à en continuer la lecture à tout prix. Son destin n’est pas particulièrement intrigant. Ce qui lui arrive n’est pas particulièrement passionnant ni exceptionnel. À la rigueur, il peut avoir une quelconque valeur historique.



J’ai continué la lecture de ce roman, et des deux tomes suivants. Le cercle de Jenkins s’élargit. On en découvre un peu plus sur Londres et l’Angleterre des années 20. Mais pas tant que ça non plus. Je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup appris, je m’attendais à lever le voile sur un monde révolu et au final je n’ai eu droit qu’à des échanges insipides entre collégiens et jeunes adultes. Échanges qui auraient pu avoir lieu autant dans les années 50 ou 80 si ce n’était de quelques grands événements du monde qui sont mentionnés. Bref, Une question d’éducation n’est pas un mauvais roman mais, même s’il est plutôt bien écrit, ce n’est pas une œuvre mémorable. En tous cas, rien qui vaille la peine d’en faire toute une histoire et de lui reconnaître une importance que, selon moi, il n’a pas.
Commenter  J’apprécie          250
Des livres au mètre

Des livres au mètre est le dixième volet de la série La danse de la vie humaine. Une sorte d'entre deux. En effet, je crois que c'est le tome dans lequel il se passe le moins. La guerre est finie, chacun tente de retrouver une vie normale. C'est aussi le cas du narrateur Nick Jenkins. Il décide de revenir à son amour premier, la littérature, donc il retourne à Oxford pour écrire un livre sur un auteur du XVIIe siècle. Mais c'est un travail plus long qu'il ne l'avait cru et, entretemps, il collabore à la parution du premier numéro d'une revue. Surtout, comme c'est le cas également dans les autres tomes, Nick socialise avec tout le gratin londonien. Avec ses nombreuses connaissances, qu'il rencontre à gauche et à droite, chez les uns et chez les autres, dans différents cafés, restaurants, pub, etc. Il question de la mort d'untel, du mariage d'un autre. Widmerpool, un ancien camarade de classe arriviste et embêtant, revient souvent dans les échanges. Cette fois-ci, c'est en grande partie à cause de son épouse, Pamela, qui entretient une liaison avec un écrivain désargenté avant de le plaquer sans ménagement. le pauvre homme ne s'en remet pas. La quatrième de couverture laisse l'impression que cet épisode constitue un élément important de l'intrigue de ce neuvième tome mais ce n'est pas du tout le cas. Que des potins et des considérations philosophiques. Pour tout dire, je me suis beaucoup ennuyé pendant la lecture de Des livres au mètre. D'emblée, quand on se lance dans cette série et, surtout quand on y persévère, il ne faut pas s'attendre à un page-turner. le rythme est lent, les personnages sont nombreux et les échanges mondains, parfois superficiel… difficile dans pareil cas de garder l'intérêt. D'autant plus que la majorité de ces personnages de même que les individus réels qui les ont inspirés me sont inconnus. À l'occasion, ce genre de livres me convient. D'ailleurs, les derniers tomes, avec un mélange de guerre et de souvenirs d'enfances, avaient réussi à émousser mon intérêt, à relever la barre. Pas cette fois-ci.
Commenter  J’apprécie          230
Une question d'éducation

Anthony Powell possède une magnifique écriture, très élégante, so british. Chaque phrase est ciselée de façon exquise. Il a un talent incomparable pour croquer des portraits, et raconter le quotidien de son héros avec un humour parfois doux-amer. "Une question d'éducation" est un roman qui se déguste avec lenteur et bonheur.

C'est le premier volume d'une saga littéraire qui en compte douze, saga qui porte le titre prometteur de "La ronde de la musique du temps".

Impossible de ne pas penser à Marcel Proust quand on lit Powell.



Merci aux Éditions Christian Bourgois de m'avoir permis de découvrir cette merveille de la littérature.



#UneQuestiondEducation #LaRondeDeLaMusiqueDuTemps #AnthonyPowell #EditionsChristianBourgois #lecture #livres #chroniques



Le quatrième de couverture :



Nicholas Jenkins est un jeune étudiant anglais. Avec un humour doux-amer, il observe la société de son temps. Narrateur silencieux et effacé, il s’invite dans les maisons de ses amis et dans les clubs étudiants ; là, il dessine le portrait d’une maîtresse de maison éblouissante, d’un marin mondain, d’un oncle égocentrique. À travers les brumes londoniennes et les effluves de thé, tout en subtilité, l’écheveau des relations humaines se dévide, et le héros commence son apprentissage.



Une question d’éducation est le premier tome de l’œuvre majeure d’Anthony Powell, La Ronde de la musique du temps. En douze tomes, cette grande fresque embrasse la société anglaise de 1914 à 1970, avec ses grandeurs et ses illusions
Commenter  J’apprécie          72
Les mouvements du coeur

Anthony Powell poursuit dans ce deuxième volume sa grande fresque de la société anglaise de 1914 à 1970. Son héros narrateur a mûri. Il est à l'âge où on s'intéresse à l'amour et où on s'interroge sur le mariage. La maturité lui donne un regard plus acéré et une langue plus piquante, pour notre plus grand plaisir.

On lit "Les mouvements du coeur" avec un sourire en coin, ébloui par l'élégance de l'écriture de Powell.



#LesMouvementsDuCoeur #LaRondeDeLaMusiqueDuTemps #AnthonyPowell #EditionsChristianBourgois #lecture #livres #chroniques



Le quatrième de couverture :



Peintres ratés, banquiers ambitieux, jeunes filles volages ; dans le Londres de l'entre-deux-guerres que décrit Anthony Powell, tous se croisent dans une valse sans fin. Nicholas Jenkins, son héros, cherche sa place dans le monde. Entraîné dans la danse, entre les soirées mondaines extravagantes et les milieux artistiques londoniens, il dessine une galerie de portraits savoureuse et fascinante. Les Mouvements du coeur est le deuxième tome de l'oeuvre majeure d'Anthony Powell, La Ronde de la musique du temps. En douze tomes, cette grande fresque embrasse la société anglaise de 1914 à 1970, avec ses grandeurs et ses illusions.
Commenter  J’apprécie          50
Une question d'éducation

Parce que, dans une série de douze volumes rassemblés sous le titre générique de "La Ronde de la Musique du Temps", il a tenté de dresser le portrait d'une certaine société britannique évoluant de 1914 jusqu'à 1970, Anthony Powell a été comparé à notre Marcel Proust national.


Langue de Shakespeare oblige, son style n'a rien à voir avec la technique proustienne des phrases qui n'en finissent plus. Son appréhension du phénomène temps n'est pas non plus la même et, pour autant que j'aie pu en juger en lisant le premier volume de la série, "Une question d'éducation" (désormais en 10/18, sa façon de creuser la psychologie des personnages non plus.


Chez Proust, les problèmes de santé qui l'accablèrent dès l'enfance ont eu une influence décisive sur sa manière de sonder l'âme humaine. A rester la plupart du temps allongé, à se voir interdire toute une foule de divertissements physiques, à vivre enfin condamné plus ou moins à une existence de reclus, on finit par développer un don d'observation particulièrement achevé, non seulement envers les êtres et les sentiments qui les animent mais aussi envers les choses et les paysages.


Chez Powell, le narrateur, Nicholas Jenkins, jouit d'une santé parfaite. Issu lui aussi, comme le narrateur proustien, de la meilleure bourgeoisie, c'est dès la "public school" qu'il fréquente les cercles indispensables à l'éducation de tout gentleman. De sa famille, si l'on excepte cet original qu'est son oncle Giles, on n'apprend pas grand chose pour l'instant, sinon que l'argent est au rendez-vous. En revanche, le lecteur comprend vite que trois condisciples du jeune Jenkins, Stringham, Templer et Widmerpool, deviendront des personnages récurrents.


Pour le reste, le roman égratigne à plaisir les us et coutumes de la gentry anglaise et le lecteur apprécie cette promenade paisible au sein d'un univers qu'il ne connaît pas et dont certains vestiges ont disparu. Mais ici, tout est en demi-teinte et la délectation avec laquelle Proust se plonge dans les méandres de la pyschologie humaine est bien oubliée. ;o)
Commenter  J’apprécie          30
Une question d'éducation

Le début de ce roman m'a décontenancée dans le sens où l'on plonge directement dans la vie estudiantine de Nicholas Jenkins. Nous connaissons à peine son nom. Il nous est indiqué que la trame se déroule en 1921 et nous supposons que l'histoire se déroule, Jenkins étant bien né, d'abord à Eton puis à Oxford. La première centaine de pages est consacré principalement à ses deux amis, Stringham et Templer. Ceux-ci sont très différents l'un par rapport à l'autre mais également par rapport au narrateur, Jenkins. Ils sont tous deux issus de grandes familles bourgeoises que Jenkins a l'occasion de découvrir lors de séjours chez eux. Puis Jenkins part en France, en Touraine, pour perfectionner son français au sein d'une pension. Et c'est à ce moment là que l'histoire a véritablement démarré pour moi. Il y rencontre d'autres pensionnaires hauts en couleurs et retrouve même l'un de ses anciens camarades du lycée. Les personnages sont décrits avec humour, c'est plein de charme et l'on sourit souvent. Stringham et Templer prennent chacun des chemins séparés alors que Jenkins poursuit ses études universitaires sans avoir d'idée très précise sur son avenir. Il participe à la vie universitaire et en apprend ainsi un peu plus sur la vie.



Ce livre est avant tout un roman d'apprentissage, un roman sur l'amitié, sur les premiers émois, qui nous dresse un portrait de la jeunesse dorée britannique du début du XXième siècle. Anthony Powell a un vrai talent d'écriture et je ne doute pas qu'il se déploie pleinement dans les onze autres volumes.
Lien : https://riennesopposealalect..
Commenter  J’apprécie          10
Rois d'un jour

Anthony Powell est le Proust anglais. "Une question d'éducation" est le premier tome d'une série de 12 romans qui évoquent le temps qui passe. L'action se situe entre 1914 et 1970. Les personnages, sensibles ou arrivistes, évoluent dans la haute bourgeoisie et les milieux artistiques. Si vous appréciez l'écriture au style soigné cette saga est pour vous !
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anthony Powell (36)Voir plus

Quiz Voir plus

Un titre = un auteur

Si je vous dis "Histoires extraordinaires"

Edgar Allan Poe
Honoré de Balzac
Agatha Christie

7 questions
11114 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}