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Citation de Cosmo75


Pour le moment, il est 14 h 30, nous sommes le 16, et personne ne remarque cet étudiant qui ôte son blouson et le pose sur la balustrade près de la fontaine, ce jeune homme qui ouvre une bouteille d’éther, un anesthésiant puissant mais aussi hautement inflammable qu’il se verse sur le visage, puis qui asperge son corps avec l’essence contenue dans les deux récipients en plastique qu’il laisse ensuite tomber à ses pieds. Ça va très vite, quelques secondes tout au plus, pas suffisamment en tout cas pour que l’on comprenne ce qu’il s’apprête à faire et qu’on cherche à l’arrêter. Les gestes sont simples, organisés, déroulés selon un scénario préparé à l’avance et répété des centaines de fois dans l’esprit du jeune homme. Alors qu’un tramway approche au pas, qu’un employé de Fiat discute au téléphone depuis sa fenêtre, qu’une ambulance du ministère de l’Intérieur grille un feu rouge deux kilomètres plus loin, qu’une infirmière commence son service, que Dubček se bat contre une sale grippe, que sa mère prépare son petit sac pour le lendemain, qu’Helena pense à cette demande en mariage qui tombera bien un jour, elle le sait, Jan a promis – là, précisément, à cet instant, ce même Jan sort une allumette, contemple une dernière fois, pour se donner du courage, la place encore meurtrie par les combats de l’été précédent, lève les yeux vers la statue de saint Venceslas, adresse une prière à un dieu auquel il n’est pas certain de croire, ou, plus simplement, ne se donne pas le temps de réfléchir et l’allume sans la moindre hésitation.
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