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Citation de missmolko1


Lorsque les deux cousins furent seuls dans le parc, Ils parlèrent encore quelque temps de mistress Askerton et de sa singulière ressemblance. Will, tout en causant, considérait à part lui comment il amènerait le sujet qui l’intéressait sans se nuire par trop de précipitation.

En quittant le cottage, ils avaient pris à travers le parc un chemin conduisant à un rocher élevé d’où l’on découvrait la mer d’un côté, et de l’autre une grande étendue de pays. Arrivés là, ils s’assirent.

« Cet endroit est le plus joli de toute l’Angleterre, dit Clara.

— Je n’ai pas vu toute l’Angleterre, répondit Belton.

— Allons, Will, ne soyez pas si positif. Je dis que c’est le plus joli endroit d’Angleterre et vous ne me contredirez pas.

— Et moi je dis que vous êtes la plus jolie fille d’Angleterre et vous ne me contredirez pas. »

Cette manière de parler déplut à Clara. Elle trouva que son incomparable cousin n’était pas aussi parfait qu’elle le pensait.

« Je vois, dit-elle, que si je dis des enfantillages, j’en serai punie.

— Est-ce une punition pour vous de savoir que je vous trouve jolie ?

— Il m’est très-désagréable d’entendre traiter ce sujet. Que penseriez-vous si je me mettais à vous adresser de sots compliments ?

— Ce que je dis n’est pas sot, et il y a une grande différence entre nous. — Clara, je vous aime plus que tout au monde. »

Elle le regarda, mais elle ne le crut pas encore : était-il possible qu’elle se fût méprise à ce point !

« J’espère que vous m’aimez, dit-elle, vous y êtes obligé. N’avez-vous pas promis d’être mon frère ?

— Mais cela ne me suffit plus, Clara. — Clara, je veux être votre mari.

— Will ! s’écria-t-elle.

— Maintenant vous savez tout. Pardonnez-moi si j’ai été trop brusque.

— Oh ! Will, oubliez ce que vous venez de dire. Que tout ne soit pas rompu entre nous.

— Pourquoi y aurait-il rien de rompu entre nous ? Pourquoi serait-ce mal à moi de vous aimer ?

— Que dira mon père ?

— M. Amadroz a déjà donné son consentement. Je le lui ai demandé dès que j’ai été décidé, et il m’a dit que je pouvais m’adresser à vous.

— Vous avez parlé à mon père ! Que vais-je devenir ?

— Vous suis-je donc si odieux ? »

En disant cela il se leva et resta debout devant elle. C’était un homme grand et bien fait. Son attitude et ses traits prenaient une grande expression de noblesse quand il était ému comme en ce moment.

« Odieux ! ne savez-vous pas que j’ai appris à vous aimer et à me confier en vous comme si vous étiez vraiment mon frère, mais tout est fini maintenant.

— Vous ne pouvez pas m’aimer comme votre mari, alors ?

— Non. »

Elle ne prononça que ce monosyllabe. Et il s’éloigna d’elle comme si ce petit mot tranchait la question alors et pour toujours. Il s’éloigna d’elle peut-être de deux cents mètres, comme si l’entrevue était terminée et qu’il demeurât sans espoir. En le voyant s’en aller, elle souhaita qu’il revînt pour lui adresser quelques paroles de consolation, bien qu’elle ne pût lui dire le seul mot qui l’eût consolé. Quand son cousin lui avait fait son aveu, elle avait d’abord été fâchée contre lui. Il avait trompé son attente et elle lui en voulait. Maintenant sa colère avait fait place à de l’attendrissement. Elle était touchée de son amour et l’en aimait davantage, et cependant elle ne pouvait l’aimer comme il le désirait.
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