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Citation de SZRAMOWO


Le 25 mars, quatre semaines jour pour jour avant le premier tour, madame Le Pen et monsieur Mélenchon tinrent meeting à la même heure, la première à Forbach, le second à Montauban. Par hasard ou par désœuvrement, la journaliste du Monde Élina Duperoux compara leurs discours et constata avec étonnement qu’ils contenaient la même formule : «Une révolution ne se fait pas seulement à coup de lois et de décrets.»
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Les médias se déchaînèrent. «Le Pen et Mélenchon font rédiger leurs discours par un robot » titra Le Figaro. «Si encore ils étaient mieux écrits que d’habitude» ironisa Libération avant de porter l’estocade : « On est en droit de se demander qui a pondu leur programme. Un Playmobil ? »
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Dans la semaine qui suivit l’interview de Saulnier, Mme Le Pen perdit quatre points supplémentaires, M. Mélenchon six. Les suffrages perdus se reportèrent presque également entre Mme Aubry et M. Juppé, qui semblaient désormais voués à s’affronter au deuxième tour.
Le dos au mur, Mme Le Pen adopta une nouvelle ligne de défense. Elle révéla dans une interview au Figaro ce que tout le monde savait déjà, à savoir que les leaders politiques n’écrivaient pas eux-mêmes leurs discours «parce qu’ils n’en avaient ni le temps ni toujours le talent». Ils en arrêtaient les grandes lignes et le ton général avec un collaborateur qui mettait ensuite leurs idées en forme. « Quelle différence, lança la présidente du Front national, que ce collaborateur s’appelle Jean-Pierre ou Poli-Logos si, à l’arrivée, c’est moi qui décide quelles phrases je prononce à la tribune ? »
Les Français s’insurgèrent contre cet amalgame qui mettait sur le même plan Victor Hugo et Google, le manuscrit des Cent vingt journées de Sodome et un fichier Microsoft Word.
Le philosophe Luc Ferry résuma le sentiment général dans les colonnes du Nouvel Observateur :
«Qu’est-ce qu’un politicien lisant le texte écrit par un ordinateur sinon la marionnette d’un ventriloque ?» écrivit-il.
André Comte-Sponville renchérit sur son :
«Choisirons-nous un jour nos leaders pour leur photogénie comme ces pseudo-artistes qu’on envoie chanter en playback à l’Eurovision ? »
Son billet lui valut un nombre record de réactions (la plupart, offusquées, lui rappelant que le célèbre concours interdit le playback).
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