Citations de Antoine Bello (346)
Il faisait partie des ces gens qui tiennent absolument à vous persuader de leur bonne fortune et continuent d'asséner leurs arguments jusqu'à ce que vous rendiez les armes. Toutes les fées de la création s'étaient, à l'entendre, penchées sur son berceau.
le véritable ami est celui qui vous aide à porter un cadavre.
Chaque innovation rendue possible par la technologie était désormais mise en oeuvre sur-le-champ, sans qu'on prenne le temps d'en évaluer les implications éthiques, sociales ou économiques.
Une chose est sûre en revanche: nous n'avons jamais eu affaire à une administration aussi aveugle, incompétente et corrompue. L'Histoire nous éclairera sur la proportion exacte de ces trois facteurs.
Il n'y a pas d'enfants dans le monde d'Ayn Rand.
Sarah n'était pas dupe : Kathleen était faite pour garder des malades comme un évêque pour danser le french cancan. Depuis son plus jeune âge, elle attirait les emmerdes comme un paratonnerre la foudre.
L’argent, Walker s’en foutait. Il en avait plus qu’assez. La vraie richesse, le seul bien qui ne s’achetait pas, c’était le temps. Il savait où passait chaque seconde de ce précieux combustible et cherchait constamment des façons d’en tirer un meilleur rendement. Il avait pris des cours de lecture rapide, aménagé une salle de gym dans son sous-sol, appris à voler afin d’optimiser ses déplacements. Il avait banni les cravates de sa garde-robe, se rasait dans sa voiture et portait des mocassins pour ne pas avoir à lacer ses chaussures. Un fiscaliste préparait sa déclaration de revenus ; un gestionnaire de patrimoine administrait sa fortune ; un régisseur coordonnait les allées et venues des jardiniers, du chauffagiste et du ramoneur avec en tout et pour tout deux consignes : ne pas lésiner et le déranger le moins possible.
Peine perdue. Chaque minute qu’il parvenait à dégager était aussitôt dévorée par son entourage. La nature ayant horreur du vide, Libby lui collait désormais quatre rendez-vous par jour au lieu de trois. Ses enfants avaient pris la déplorable habitude de le défier à des quiz en ligne. Le plus crétin d’entre eux, dont raffolait Joey, consistait à deviner les réponses de la majorité de la population à des questions aussi capitales que : « Que trouve-t-on dans une boîte à gants ? » ou « Quelle partie du corps se lave-t-on en premier sous la douche ? » Cette glorification de l’opinion du plus grand nombre constituait aux yeux de Walker une preuve supplémentaire qu’il n’était pas comme tout le monde : même en se triturant les méninges, il lui manquait toujours un aliment qui se mange avec du pain ou un prénom de garçon se terminant par L.
Snyder avait la réputation de travailler quatorze heures par jour. Quand elle voulait voir ses deux enfants, elle tournait la tête vers leur portrait accroché au mur.
Il ne devinait que trop bien à quoi ressemblaient les journées de la malheureuse. Après dix heures d’un service harassant, elle rentrait chez elle à l’aube, levait les enfants, préparait leur petit déjeuner et les emmenait à l’école. Puis elle s’effondrait sur son lit, parfois sans même se changer et dormait jusqu’à deux trois heures de l’après midi. S’ensuivait alors une litanie de corvées : aller chercher les enfants, les conduire à leurs activités, superviser leurs devoirs, faire le ménage, lancer des machines, accueillir Edgar, préparer le diner… Et recommencer. Le samedi, elle faisait les courses pour la semaine, appelait sa mère, payait des factures et éclusait le linge en retard. Le dimanche, elle déjeunait chez sa cousine après la messe puis feuilletait un magazine pendant qu’Edgar regardait le foot sur la chaine hispanique en sirotant une corona. Bref, elle vivait le rêve américain.
Mandela a fait les choses dans l'ordre. Il s'est d'abord forgé des convictions morales si solides que trente années d'incarcération n'ont pas réussi à les ébranler. Il possédait sa boussole avant de prétendre guider son peuple, alors que la quasi-totalité de ceux qui recherchent le pouvoir n'ont jamais refléchi à ce qu'ils en feraient maisne s'interdisent aucune bassesse pour le conquérir puis le conserver.
Ma solitude n'était qu'un des nombreux symptômes d'un mal plus profond, auquel j'avais fait allusion devant Nina : je n'avais toujours pas trouvé ma place dans l'univers.
« Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Que nous ne faisons qu’anticiper l’actualité ? / […] Pourquoi ferions-nous advenir des événements dont nous pensons qu’ils arriveront de toute façon ? » (p. 401)
Rien ne résiste à la littérature.
- La vérité n'existe pas Sliv. Elle est constamment recréée. Vous connaissez l'adage "l'histoire est écrite par les vainqueurs" ?
- Oui, tout de même, dis-je, vexé. Son petit cours commençait à tourner à l'humiliation. Je ne l'aurais pourtant interrompu pour rien au monde.
- C'est une phrase d'une grande justesse. Imaginez à quoi ressembleraient nos manuels d'histoire si Hitler l'avait emporté. "L'un des grands bénéfices de la guerre aura été de débarrasser le monde des juifs, une race nuisible qui tenait tous les leviers de la finance internationale." Je vais plus loin : l'Histoire est écrite par quiconque tient la plume. L'Histoire est une histoire. C'est pour ça qu'elle change tout le temps, au point qu'étudier la Révolution française revient moins à reconstituer la façon dont les sans-culottes ont pris la Bastille qu'à comprendre quel regard les époques nous ayant précédés portaient sur ces événements.
P99 l’homme moderne est le fruit de millions d’années d’évolution s’il continue à raconter des histoires, il en tire forcément un bénéfice. Lequel ? Pour faire simple l.histoire est un simulateur de vie, semblable dans le principe au simulateur de vol sur lequel s’entraîne un pilote. Les anecdotes qui émaillent nos conversations, les livres que nous lisons , les films que nous voyons nous préparent aux situations que nous allons rencontrer, nous évitant de coûteuses erreurs et nous permettant de vivre plusieurs existences à la fois. un adolescent a vécu par procuration des dizaines d’histoires d’amour avant de dire « l love you » pour la première fois. Un soldat recevant son ordre de déploiements sait à qoi s’attendre grâce à Full métal Jacket ou Catch 22 . Et tous les maris du monde connaissent les risques d’une aventure extra conjugale depuis qu’ils ont vu Liaison dangereuse.
Plus tard, en se glissant dans son lit, il pensa avec délectation que l'intelligence artificielle capable de se hisser à de tels niveaux de poésie n'était pas encore née.
Sur qui se defausserait-il en cas de pépin ? Sur ce coup, Bush a encore plus besoin de fusibles qu'un électricien.
J'aime mes enfants de toutes mes forces. Je ne me cherche pas d'excuses. Il fallait que je parte. Il en allait de ma santé, de ma peau même. Mais je me déteste pour la souffrance que je leur ai causée.
J'essaie de me convaincre qu'ils surmonteront le traumatisme que je leur ai infligé. D'autres l'ont fait avant eux. Lincoln avait l'âge de Joey quand il a perdu sa mère, Beethoven celui d'Andy quand il a enterré la sienne. Aristote, Poe, Mandela ont grandi sans père. Leurs biographes disent qu'ils en ont tiré une fortitude supplémentaire, un besoin de donner un sens à leur existence.
Puissent-ils dire vrai.
Ces gens sont fous, pensa Franck qui aurait grimpé aux rideaux et léché la triangle pour un dixième de cette somme.
Je les observe à la récré. Ils ont le nez dans leur téléphone, s’envoient des textos alors qu’ils sont à deux mètres. Quand ils évoquent les grands problèmes de la planète, c’est en termes d’opportunité de marché. J’en ai entendu un hier dire que l’entrepreneur qui résoudrait le problème de la mort du nourrisson se ferait des couilles en or. Quelle hauteur de vue !