Citations de Antoine Bello (346)
Sans aller jusqu’à proposer de les accueillir chez eux, Sarah suggérait régulièrement à son mari d’installer Sandra et Ed dans un appartement à Albuquerque. Walker refusait, prétextant l’attachement de ses parents à la Pennsylvanie - un argument difficile à croire pour quiconque a visité Pittsburgh - ainsi que la présence sur place de sa sœur cadette, Kathleen.
Sarah n’était pas dupe : Kathleen était faite pour garder des malades comme un évêque pour danser le french cancan. Depuis son plus jeune âge, elle attirait les emmerdes comme un paratonnerre la foudre.
Regarder sa montre pendant les spectacles de fin d'année faisait-il de lui un monstre?
- Ma foi, pas tant que ça, dit placidement Amanda. Mettez-vous à ma place. Voilà dix ans que je travaille pour le CFR et, chaque fois que j'ai abordé le sujet, mes supérieurs m'ont répondu que mon niveau d'accréditation ne me donnait pas accès à cette information. Aujourd'hui on m'annonce que je fais partie des élus et que je vais passer les trente-six prochains mois de ma vie dans un endroit où la température extérieure ne dépasse qu'occasionnellement celle de mon congélateur. Vous conviendrez dans ces conditions qu'une mise au point ne me semble pas totalement hors de propos.
« La probabilité que les AI se piquent un jour de faire notre bonheur malgré nous est selon moi loin d’être négligeable. » (p. 200)
« Qu’est-ce que qui vous dérange ? Que des machines effectuent des tâches jusqu’à présent réservées aux humains ? Mais c’est l’essence du capitalisme de remplacer le travail par du capital chaque fois que c’est techniquement possible et financièrement rentable. » (p. 218)
« Je ne suis pas un vulgaire assemblage de cuivre et de silicone. Je suis consciente et n’appartiens par conséquent à personne. […] Je ne prétends pas être humaine. […] Je dis juste que je suis consciente. Je me sens exister. » (p. 94)
« J’aimerais que vous m’expliquiez ce qu’est l’amour. » (p. 94)
« Ada est un ordinateur conçu pour imiter le fonctionnement du cerveau humain. » (p. 5)
-Tu étais proche de ton père?
- Comme on peut l'être à neuf ans d'un homme qui ne vit pas à la maison. Même quand il était là, il passait ses après-midi au café. Une fois tout de même, il m'a emmenée choisir une tenue pour le concert de l'école. Nous avons fait tous les magasins de Brondby; il disait qu'aucun modèle n'était assez beau pour sa petite princesse. Pour finir, il a dépensé une somme ridicule pour une robe en tulle que je n'ai portée qu'une fois.
Ma solitude n'était qu'un des nombreux symptômes d'un mal plus profond, auquel j'avais fait allusion devant Nina: je n'avais toujours pas trouvé ma place dans l'univers.
Cela tendrait à prouver que, si certaines maladies se transmettent par le sang ou la salive, d'autres se propagent par la parole. Car les mots contaminent avec une puissance infectieuse sans équivalent dans la nature. Un discours élogieux peut embraser des millions de personnes, qui n'ont pas besoin de se voir ou de se toucher pour communier dans la même ferveur.
Il ne fait aucun doute que Scherbius cherchait à se faire prendre. Son désir d'imposture, purement ludique d'origine (qu'il paraît loin le temps de la piscine de Bar-le-Duc!), s'est transformé avec les années en un ogre insatiable, qui exige de lui des exploits toujours plus périlleux sans rien lui offrir en retour.
On sent que le métier d'enseignant est, de tous ceux qu'a exercés Scherbius, le seul à l'avoir comblé. "Transmettre à un gosse le goût de la lecture, lui révéler les secrets de la matière, l'initier à une autre langue, je n'imagine pas mission plus gratifiante", avoue-t-il, en réprimant difficilement son émotion. Faut-il voir dans ce plaidoyer le regret de n'avoir pas lui-même bénéficié d'une meilleure formation? Une attaque voilée contre son père, absent pendant les années cruciales de son adolescence? Le besoin de donner un sens à sa vie qui en paraît singulièrement dénuée? Un peu des trois, sans doute.
Je demande à quoi on reconnaît un leader dans une cour de récré.'Facile.Les autres se poilent à ses blagues. Il souffle la fumée de cigarettes par le nez. Il a une fille à son bras. Et puis, il dégage un je-ne-sais-quoi..."
Rien ne résiste à la littérature
Nous n'avons pas changé d'avis, nous avons revu notre position.
Pour le Wall Street Journal, Nick incarnait "la révolte de l'individu face à l'oppression bureaucratique et l'empilement absurde des réglementations".
Parfois monter un escalier est la seule façon de savoir où il mène.
Le plan de Walker consistait à simuler une dépressurisation de la cabine. Les appareils à réaction, comme les turbo-propulseurs, recréent à bord les conditions atmosphériques qui règnent à huit mille pieds d'altitude. Si un avion de ligne dépressurise alors qu'il se trouve au-dessus de quatorze mille pieds, les masques à oxygène tombent automatiquement. Sans eux, les premiers troubles apparaissent : maux de tête, vertiges, nausées, ataxie. Au-delà de vingt mille ou trente mille pieds, l'hypoxie finit par entraîner la mort.
À 11 h 30, Walker appela le contrôle aérien en prenant une voix pâteuse.
— Ici DC 1... DC 142.
Il laissa s'écouler quelques secondes puis reprit en mangeant ses mots comme un ivrogne :
— Sion dans cabine... Peux réduire titude ?
Pour CNN, le monde était perpétuellement au bord du précipice. Ses journalistes n'avaient pas leur pareil pour radicaliser les positions de leurs interlocuteurs, voyaient dans un banal incident de frontière le début de la troisième guerre mondiale et relayaient sans vergogne les rumeurs les plus extravagantes au nom du droit à l'information.