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Citation de Charybde2


Je souffre d’une invalidante pathologie mentale. Des attaques de panique irrépressible dont la prise de repas ou de boissons en commun forme le terrain privilégié. On parle, dans ce que j’ai lu, de phobie sociale. Cela m’est venu après mon retour du Proche-Orient, lorsque j’ai commencé de travailler. Je demande pardon au lecteur de cette nouvelle inflation du récit et de livrer des détails aussi effrayants de mon intimité, mais il aura déjà conçu de toute façon que tout à l’heure j’ai pu mentir et que dans ces pages, autant que d’un certain dossier judiciaire, il serait question, pour citer Corneille, de l’ « étrange monstre » que je suis. Je n’ignore rien du caractère déraisonnable et même absurde des terreurs spécifiques que provoque ma maladie. Et je n’ignore pas davantage de quel marécage intérieur pareille perturbation remonte chargée de toutes les guerres que la sexualité a faites à un enfant. J’en perçois aussi les contours éventuellement sociologiques, sinon politiques : la dimension « sociale » du trouble émergé au coeur de l’adolescent blessé par sa condition, de l’homme sorti de celle-ci mais retenu à elle encore et écrasé par les usages, les codes, les rites et le langage propres à son nouveau rang. Mais l’intuition née du travail d’introspection ni la connaissance livresque de ces choses n’empêchent rien. Si les conditions sont présentes, le mal tourbillonne dans mes pensées, dont il opacifie la lucidité, aussi sûrement qu’autour du sucre un vol de guêpes qu’il serait drôle de raisonner.
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