Les duels entre Montgomery et Rommel, en Afrique puis en Normandie, leurs mises en valeur par les propagandistes britanniques et allemands, leurs proximités respectives avec Churchill et Hitler, ont transformé les deux Maréchaux en héros nationaux.
Les hagiographies de Richard Mc Millan en 1945 et Bernard Michal en 1972, ont statufié Lord Montgomery, Viscount of El Alamein, que « Les Généraux de Désert » de Corelli Barnett et les mémoires des Généraux Bradley et Eisenhower ont fissuré.
L'Angleterre étant une ile, ses Amiraux sont aussi multiples que célèbres, et, si l'on excepte Wellington, rares sont ses Généraux qui ont marqué l'histoire mais indiscutablement Bernard Montgomery et sa VIII armée ont bien mérité de l'Empire Britannique et les français reconnaissent dans le commandant des armées de terre alliées le 6 juin 1944, un de leurs libérateurs.
Antoine Capet nous offre la biographie française, sans doute définitive, de « Montgomery, l'artiste des batailles ». Fils d'un missionnaire, le jeune Bernard passe son enfance en Tasmanie, au large de l'Australie, s'intéresse peu à ses études, mais développe au contact de la nature et dans la pratique du sport, son esprit d'observation et son leadership qui le distinguent lors de da carrière militaire. Laissé pour mort sur un champ de bataille de la première guerre mondiale, il comprend que « le feu tue » et que les offensives doivent se borner à des attaques concentrées contre des objectifs limités … sa « doctrine » en résulte.
Le 7 aout 1942, le Général Gott meurt dans un accident d'avion … le Général Brooke suggère à Churchill que Montgomery lui succède à la tête de la VIII armée. le 12 aout celui ci arrive en Egypte, l'emporte à El Alamein et le 4 novembre la BBC annonce au monde l'incroyable victoire et Churchill proclame « Ce n'est pas le commencement de la fin ; mais c'est peut être bien la fin du commencement ». Un héros est né !
Les alliés débarquent en Afrique du Nord, libèrent la Tunisie, puis se lancent à assaut de la Sicile et de l'Italie en 1943 et, en fin d'année, Montgomery est désigné pour être le bras droit d'Eisenhower et diriger toutes les forces terrestres lors du débarquement en Normandie. Homme de caractère, Montgomery ne supporte pas l'autorité et les heurts sont nombreux jusqu'au 8 mai 1945 entre généraux alliés…
Après la victoire, le Maréchal Montgomery devient le Commandant en Chef des armées britanniques, puis est promu à l'OTAN et maintenu en activité jusqu'à l'automne 1958, date où il publie ses mémoires qu'il avait envisagé de titrer « Que volent les étincelles » et qui le brouillent, notamment, avec Einsenhower et Bradley.
Conscient de sa supériorité, Montgomery critique tout au long de sa vie ses pairs et ses supérieurs, mais il est adoré par ses soldats qui admirent son courage, parfois insensé, et sa prudence économe du sang de ses hommes.
Très équilibrée, la biographie d'Antoine Capet profite d'une mise en page qui laisse une juste place aux notes et aux illustrations remarquables.
Un ouvrage indispensable dans toute bonne bibliothèque historique !
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