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Citation de VirginieDoucet


Nous étions serrés sur la banquette arrière, moi entre mes deux sœurs, à califourchon sur l'arbre de transmission, dans la vieille 203 lie-de-vin à lunette plate et à plaques anglaises avec laquelle nous étions revenus de Londres et dont les essuie-glaces, au lieu de se mouvoir parallèlement comme dans les voitures modernes, pivotaient l'un vers l'autre, se rapprochaient au point se se toucher au milieu du pare-brise, au sommet d'un triangle que, juste devant moi, leur balayage n'entamait pas, puis s'écartaient, se repoussaient comme sous l'effet d'une antipathie aussi puissante que leur attirance antérieure, répétant à l'infini un ballet ou un duel dont le battement avait pour moi quelque chose d'inexplicablement voluptueux et me semblait imiter le rythme même de la vie, faite d'attraits et de répulsions, d'élans vers l'autre et de replis sur soi, de générosités et d'égoïsmes, si bien que, hypnotisé par leur oscillation ambivalente, leur corps à corps d'amants ou d'adversaires, je me racontais - à l'époque, il pleuvait toujours, en tout cas dès que nous prenions la route - des histoires d'amour et de guerre pendant toute la durée de nos voyages vers Bruxelles ou Compiègne.
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