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Citation de PhilippeKadic


Disons seulement, pour faire vite, que deux modèles familiaux se juxtaposaient : un modèle malthusien et un modèle prolifique.

Le premier constitue une réponse adaptée aux difficultés prévisibles : élever des enfants est une lourde charge, que beaucoup de couples hésitent à assumer, d'autant que la meilleure volonté du monde et le plus grand courage ne sauraient protéger contre tous les périls. Cette mentalité calculatrice, qui suppose un certain niveau culturel, et repose sur l'initiative de l'homme dans la contraception, se rencontre là où des patrimoines sont en jeu, surtout petits. Quand on a construit sa vie autour du projet d'acheter une petite exploitation agricole, ou une boutique, il est effectivement absurde de ruiner ce projet, à la génération suivante, en laissant plusieurs enfants se partager le bien péniblement amassé : la politique du fils unique est logique, sauf raisons religieuses contraires. […]

Le modèle prolifique se rencontre aux deux extrémités de l'échelle sociale : là où les fortunes sont suffisantes pour qu'une famille nombreuse soit une charge supportable, et, inversement, là où l'on est si pauvre que compter n'a plus de sens. Dans les familles du prolétariat […] les enfants constituent même une aide matérielle, plus qu'une charge. Certes, ce sont des bouches à nourrir ; mais, très tôt, ce sont aussi des bras, et qui travaillent. Ils constituent donc en un certain sens une assurance contre les risques de l'existence. Quand le père est malade, ou en chômage, on retire de l'école l'enfant de 9 ou 10 ans, pour le mettre au travail ; il gagne naturellement beaucoup moins qu'un adulte, mais pour cette raison même, il se place, et, avec le peu qu'il gagne, on achète au moins le pain qui permet de subsister. Chez les paysans, l'enfant apporte très tôt une aide appréciée ; il garde les bêtes, cherche du bois, etc. De toute façon, dès 13 ou 14 ans, le jeune est productif, et son travail, ou son salaire, entrent en compte dans les ressources des familles populaires. En France, une enquête de 1913 montre que près de 20% des ressources des ménages d'ouvriers proviennent du travail des enfants.
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