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3.66/5 (sur 186 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1979
Biographie :

Antoine Rouaud a passé son enfance à écrire des histoires, imaginer des scénarios et composer des chansons, avant de rejoindre le monde de la radio.

Il est aujourd’hui concepteur-rédacteur chez NRJ et travaille sur une série de feuilletons audio, pour lesquels il a déjà remporté deux prix.

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Entretien de Antoine Rouaud avec Babelio : « La voie de la colère »


La voie de la colère est votre premier roman, quand et comment vous êtes-vous mis à écrire ?


J`avais écrit un premier roman, jeunesse celui-là bien que je le voyais plus destiné aux adolescents, que j`avais proposé à Stéphane Marsan. J`y étais allé au culot lors d`un passage à la Fnac de Nantes. Suite à la lecture de ce livre, et comme il n`éditait malheureusement pas de jeunesse, il m`a demandé si j`étais capable d`écrire quelque chose de plus adulte. En lisant le mail, j`ai eu comme un choc, c`était une porte qui s`entrouvrait, je n`avais pas le droit de la laisser se refermer. Et puisqu`il me demandait, en gros, de montrer ce dont j`étais capable, j`ai foncé tête baissée, avec une envie monstre. Entre le moment où j`ai proposé mon premier à Stéphane et celui où il m`a demandé un autre manuscrit, il s`est passé deux semaines. C`était en juin 2010. Et le reste a filé à vitesse grand V.



Edité chez Bragelonne, vous publiez un roman d`héroïc-fantasy. Quels sont vos maîtres en matière de littérature ?


Si je ne devais en choisir qu`un, je dirais Stephen King. J`ai littéralement dévoré ses livres pendant mon adolescence. Son art de créer un background, une profondeur à ses personnages, de provoquer de l`empathie… On ne le considère pas comme un maître pour rien. En Fantasy, c`est surtout Tolkien que j`ai lu – et bien évidemment adoré. Je ne suis pas un grand lecteur ni spécialisé dans un genre particulier. Je vais vers des histoires qui me séduisent, peu importe l`univers. J`ai adoré La Planète des Singes comme Monsieur Papa ou E=mc2 mon amour de Cauvin. Un de mes romans préférés est Saga de Benacquista, c`est loin de la Fantasy. Ce qui m`importe c`est vraiment ce qu`on me raconte, pas le décor.



Sur fond d`intrigue politique et de lutte de pouvoir, on suit l`évolution de deux héros que tout oppose : Dun Cadal, un vieux guerrier alcoolique et un brin conservateur, et Grenouille, un jeune homme ingrat, égoïste et colérique. Affectionnez-vous particulièrement les anti-héros ?


Oui, ils sont plus complexes, donc plus intéressants à étudier, qu`une personne lisse, aux valeurs morales indiscutables. Dun-Cadal n`est pas un brin conservateur, il l`est tout court. Créer un personnage antipathique et parvenir à créer un lien avec le lecteur, c`est un pari. Plus encore, c`est une manière de montrer que le « mal absolu » n`existe pas. Chaque personnage, de Grenouille à Dun-Cadal, en passant par Esyld, Viola, de Page, possède son vécu. Ce sont les évènements qui ont fait d`eux ce qu`ils sont dans l`histoire. Un lecteur se permettra de les juger, parce qu`il est en retrait de l`histoire. Pour autant, il y a une explication à ce qu`ils sont, une mécanique évidente. En vivant ce qu`ils ont vécu, que serions-nous devenu ? Je ne suis pas certain que j`aurais été si différent du vieux général, ou de Grenouille…


Que pensez-vous que ce type de personnages apporte à l`intrigue ?


Je n`y ai jamais réfléchi. Les héros m`ennuient. J`ai toujours préféré Han Solo à Luke Skywalker. Il me semble simplement qu`un anti-héros est –et restera- beaucoup plus proche de nous qu`un homme ou une femme sans aucune aspérités. On s`y attache, on peut également s`y retrouver. L`anti-héros ne fera jamais avancer une intrigue plus qu`un héros, il fait appel à quelque chose de plus profond. Il nous montre que, s`il n`est pas éloigné de nous finalement, nous pourrions être à sa place.


Les deux héros cherchent une forme d`apaisement, l`un dans la vengeance, l`autre en recouvrant sa gloire passé. Le destin occupe une place toute particulière dans l`histoire : est-on libre de nos actes ou tout est-il écrit ? Les deux protagonistes s`opposent souvent sur cette question. Cette dimension philosophique est-elle importante pour vous ?


Loin de moi l`idée d`écrire un traité philosophique sur le déterminisme. Cependant, quand j`ai écris la première mouture du roman, j`avais envie d`y insérer plusieurs niveaux de lecture, sur l`adolescence, sur le fait de grandir, de devenir adulte, de découvrir le poids des responsabilités. Ce n`est pas pour rien que la société passe d`un Empire à une République. Ce peuple découvre la possibilité de choisir, d`assumer… de se responsabiliser. L`idée du déterminisme est commune à beaucoup de religion. Si les dieux connaissent l`avenir, nous n`avons donc pas réellement de marge de manœuvre pour écrire notre vie. C`est comme si on mettait en prison l`espoir d`avoir une vie meilleure, de changer les choses. Dans le catholicisme, nous nous retrouverons jugés et le monde, lui, disparaît… Si on peut le considérer comme une image, beaucoup y croient durs comme fer et agissent en fonction. le Liaber Dest est ainsi, avec l`histoire du monde en ses pages. Sont-ce des images ou bien une vérité ? Peu importe finalement. Ce qui est intéressant, c`est ce qu`il pousse les personnages à agir d`une certaine façon.


L`une de vos héroïnes, Viola, est historienne. le contexte politique post-révolution que vous dépeigniez, entre optimisme et désillusion, traitrise et lutte de pouvoir, n`est pas sans évoquer la Révolution Française. L`histoire est-elle importante pour vous et vous inspire-t-elle dans l`écriture ?


Je ne crois pas qu`un auteur puisse s`éloigner de l`Histoire. Les évènements récents ou anciens sont toujours la source de nos écrits d`une façon ou d`une autre. On pioche dans ce qui nous intéresse. Dans « Le seigneur des anneaux », Tolkien fait du sorcier Saroumane le héraut d`une industrialisation massive au détriment des forêts. Quand on le dit comme ça, ça peut prêter à sourire et pourtant, c`est l`une des forces de la littérature de genre. Ce qui apparaît comme un simple évènement du roman est une déformation de notre réalité. Nous sommes là suite à une succession d`évènements. Même l`anticipation ou la science-fiction se base sur elle pour définir ce qui pourrait être l`avenir.


Empire ou République, aucun des deux modèles ne semblent être pleinement satisfaisants. Comment cette vision négative de la politique traverse-t-elle votre œuvre ?


La vision est négative pour le moment. La politique, en soi, n`est ni bonne ni mauvaise. Dans le roman, il s`agit d`un changement de régime, qui plus est pour une société nouvelle. C`est ce qui m`intéressait de raconter en fond -( mais dans toute la trilogie). C`est aussi pour cela que l`un des personnages est aussi sûr de lui, de sa vérité tandis que l`autre se retrouve passionné, avec la vie devant lui. Il est normal que la République ne satisfasse pas les gens tant elle se cherche, et qu`elle se construit sur les braises encore chaudes de l`Empire. C`est un moment charnière. Ce moment où tout peut arriver…


La structure de l`intrigue constitue l`une des grandes originalités de votre roman. Un même événement est rapporté à travers différents points de vue, permettant au lecteur de faire le lien entre les évènements et de reconstruire l`histoire en entier. Qu`est-ce qui vous a inspiré ce type de structure ?


Je n`ai pas souvenir d`inspiration précise. Il est fort probable que j`ai vu des histoires racontées de cette manière mais rien qui ne me revienne à cet instant. L`idée de la structure est venue assez rapidement. C`était d`une, un défi pour un premier roman et pas forcément ce à quoi Bragelonne s`attendait, de deux, un vrai travail narratif. L`idée me plaisait que, suivant les points de vue, cela change l`histoire. le rythme pouvait en pâtir mais finalement, je ne voulais pas d`un roman à trois mille à l`heure. Il raconte une vingtaine d`années d`Histoire, c`était normal d`approfondir certains moments importants, quand bien même paraissent-ils intimes et sans grande importance. Ces moments-là ont changé le monde dans le roman. Un autre point est celui-ci du lecteur. On ne sait pas ce qu`il ressentira mais on essaye de le mettre sur une voie, un chemin… il arrive à un moment du roman avec ses certitudes. Pour finalement … C`est une recherche constante de lien avec le lecteur. S`il suit le roman, s`il réussit à ressentir des choses, alors là, la structure prend tout son intérêt et lui fait vivre quelque chose. C`est ce qu`on demande à une histoire, non ? Ressentir.


La voie de la colère est une trilogie, l`écriture des volumes suivants est-elle bien avancée ?


Comment dire ? … non ? Il y a deux étapes bien distinctes. La première, c`est l`histoire dans les grandes lignes, l`histoire de la Trilogie dans son ensemble, comme celle de chaque tome. Je l`ai, je sais ce que je veux raconter, comment et pourquoi. La deuxième est l`écriture qui met en forme toutes les idées déjà bien précises. C`est en cours pour le second tome… le fond est déjà fini, ne reste plus que la forme.


Votre manuscrit a été très disputé par les éditeurs pour sa sortie mondiale. Pouvez-vous nous raconter l`histoire éditoriale de votre roman ?


Stéphane Marsan le raconte bien mieux que moi. Lui l`a vécu ! Il faut bien comprendre que si j`ai proposé ce livre c`est que je pense qu`il en vaut le coup. Et que j`en suis fier. Sur les qualificatifs que certains peuvent lui donner, sur le ressenti, tout ça je ne le contrôle pas et surtout, je ne suis pas en mesure de donner mon avis. Donc, que mon roman soit bon, mauvais, illisible, ce n`est pas à moi d`en juger. J`ai fait de mon mieux et je le défendrais. Ce qui a suivi la signature chez Bragelonne est au crédit de Bragelonne. Au fil des années, ils ont construits leur univers, leur renommée pour acquérir un respect de la part d`éditeurs étrangers. C`est leur force. Et tout le travail qui a été fait pendant dix ans par Stéphane Marsan, Alain Névant et toute l`équipe de Bragelonne, j`en bénéficie maintenant ! Parce que Stéphane a été séduit par le roman, parce qu`il m`a fait confiance. C`est une rencontre. Importante pour un auteur. Quand un éditeur vous soutient ainsi, vous avez forcément envie de le suivre. L`aventure éditoriale est avant tout due, sans penser à la qualité de mon roman, à ce qu`est Bragelonne désormais. Une maison d`édition reconnue et en qui des éditeurs étrangers ont confiance quant à la qualité de ce qu`elle leur proposera.


Vous êtes créateur de fictions radiophoniques et vous vous dites attiré par de nombreuses autres formes d`écriture, notamment le théâtre. Comptez-vous un jour vous essayiez à un genre autre que la littérature ? Quel serait-il ?


Scénario, pièce de théâtre, feuilletons audio… peu importe. Ce qui importera restera l`histoire que je veux raconter et pourquoi. C`est du temps pour un spectateur, un auditeur, un lecteur. Je me dois de leur proposer le meilleur de ce que je peux faire, quitte à ce qu`ils n`aiment pas ! Au moins pourront-ils penser que je l`ai fait sincèrement. Il y a comme une promesse implicite entre un auteur et le lecteur : lui faire vivre quelque chose autre que l`ennui. Je fais de mon mieux pour ça. Si je ne contenterais jamais le monde entier, au moins j`essaye de faire plaisir au maximum.


Découvrez "La voie de la colère" de Antoine Rouaudaux éditions Bragelonne :



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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Je ne vous demande pas de l'oublier (…). Vous ne le pourrez jamais. Toutes les plaies se referment. Ce sont les cicatrices qui nous les rappellent à nous. Et si la douleur est moins vive, elle n'en demeure pas moins profonde.
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Il y a une légende qui raconte qu'un seul homme fit face aux Salines et embrasa notre armée. Ce n'était pas une légende, je l'ai combattu… et j'ai fui comme les autres. Il nous fit plus de dégâts que lors de l'assaut du Guet d'Aëd par dix milles de ses hommes. Parce que lui, nous l'avons craint. S'il y eut un seul héros dans les Salines, ne retenez qu'un nom... Dun-Cadal Daermon.
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Je suis l’épée contre les forts et le bouclier pour les faibles. Ma parole est d’or. Je ne la renierai pas. Je suis celui qui marche au combat. Mon chemin est celui des justes. Je ne faiblirai pas.
Je suis l’épée et le bouclier, telle est ma seule voie. Rien ne retiendra jamais mon bras.
Je prête ici serment de ne jamais céder à la voie de la colère, de toujours servir la justice avec honneur et morale. D’être chevalier, parmi les chevaliers, et que cela fasse sens.
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L'attente était plus dangereuse encore qu'une bataille. L'ennui endormait les soldats. Ils avaient tout le temps pour réfléchir au danger qui menaçait. Cela risquait de leur ôter toute spontanéité lors de l'affrontement. Deux semaines, c'était peu dans une guerre, mais déjà trop long quand aucune escarmouche ne rompait l'inactivité.
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[Dun-Cadal] le regarda obéir, tentant de déceler sur son visage un quelconque indice qui lui permettrait d'en savoir plus. Une cicatrice, une expression, un détail qu'il n'avait jusqu'alors pas remarqué... La moindre petite chose, qui donnerait à ce gamin l'ombre d'un passé. Tout, plutôt que ce vide absolu.
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Des horreurs que justifiaient les puissants avec cynisme, expliquant à qui souhaitait l'entendre qu'aucune guerre n'était propre, que la violence engendrait la violence et que la cruauté était , si ce n'était excusable, simplement inévitable.
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C'est ton innocence que tu vas tuer là-bas, mon garçon. Et crois-moi, j'en suis le premier désolé.

(Dixit Dun-Cadal à Grenouille peu de temps avant le premier vrai affrontement de celui-ci).
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Cet homme, malgré toute l'insolence dont Laerte avait pu faire preuve à son égard, n'avait jamais eu de cesse de l'aimer comme un père aime son fils.
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Que de croyances s'appuient sur un livre perdu était une preuve d'ignorance, pour la courtisane. Terre à terre, elle s'accommodait suffisamment des rumeurs et murmures de la cour pour ne pas daigner s'intéresser aux origines du monde.
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Pas un visage ne se différenciait des autres, ce n'était que des ombres mouvantes. Les généraux étaient habitués à ce tumulte, une tornade d'inconnus fondant sur eux, sans nom, sans histoire, sans rien qui ne vaille la peine d'être retenu. Eux aussi avaient une vie, une famille, des rêves comme des peurs, mais penser à leur humanité au cœur de la bataille, les considérer comme des semblables, c'était courir à sa perte. Les gestes étaient mécaniques, de simples réflexes parfois, la somme d'années d'apprentissage du combat.
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