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Citations de Antoine Sénanque (248)


Et je me sentais bien, Antonin. À cette époque, la jeunesse circulait dans mes veines. Apprends à sentir les flux qu’elle y déverse pour en imprégner ta mémoire. Leurs souvenirs irrigueront les heures sèches.
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Nos capacités de renouvellement et d'autoguérison sont probablement infinies. La science de la reconstitution ne crée pas des mécanismes inconnus, elle réveille des systèmes anciens qui sont en nous. Si elle en est capable, l'esprit l'est encore plus.
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Le silence durait. Il manquait une horloge qui aurait mis l'ennui en musique.
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J'attendais ma famille.
Dans l'antichambre d'un cabinet de psychiatrie. Pour une séance de groupe. Le psychiatre s'appelle le docteur Petit-Jean, 43 rue du Cherche-Midi, Paris 7.
Je donne l'adresse parce que les psychiatres sont plus des lieux que des personnes. Des endroits où les rendez-vous avec vous-même coûte de l'argent.
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Chacun connaissait trop bien la musique de leur amitié pour ne pas saisir les petites erreurs de cadences. La durée des échanges téléphoniques et des messages s’était raccourcie, les rendez-vous promis repoussés à plus tard. Aucune fausse note réelle, mais des accords un peu moins naturels, des variations. (p. 203)
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J'ai été médecin dans une autre existence, je sais reconnaître les mauvais signes. Le docteur Petit-Jean tousse gras et souvent. Ça vient de loin et de longtemps. Sa peau est cireuse et ses yeux pleins de petites artérioles rouges qui courent sous le voile des larmes. Il est gros et essoufflé. Il sue beaucoup, de l'effort de son corps pour se maintenir au repos. Dans un film, il est le personnage auquel il ne faut pas s'attacher. On sent, dès les premières scènes, le manque d'avenir. Je le visite pourtant depuis deux ans et je ne peux pas dire que son état ait empiré. Il reste au bord de l'inquiétant. Comme moi.
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Il recevait les notables et organisait des séances culturelles avec, parfois, lectures de ses œuvres. Il avait écrit deux ou trois recueils de poèmes somnolents sur le temps qu'il avait découvert passant, sur l'usure des jours, la patine des minutes, tout un tas de sucreries nostalgiques pour carier les dents des lecteurs et les empêcher de mordre. Comme on ne savait pas quoi lui dire, on lui disait qu'il avait du talent.
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Perdre son enthousiasme signifie donc laisser partir le Dieu qui est en nous. C’est ce que la maladie prend, à force de présence, cette grâce. On ne l’approche pas pour rien, en passant. Elle vous attrape. Elle est capable de tout vous prendre. Elle prend tout. Sans le Dieu qui est en vous, vous ne valez plus grand-chose, comme médecin et comme homme.
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La perte de l’enthousiasme, tout part de là. C’est ce qui permet d’entendre la phrase de Céline. C’est avec elle que la médecine devient proprement écœurante et laide, et jalouse, lente à quitter. Elle s’accroche à vous comme une femme qui sent que vous ne l’aimez plus. Tout devient difficile et gênant.
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La gêne obscure est une réalité en médecine.
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Je me souviens que l'on m'a encouragé à "faire mon deuil". Je n'ai pas compris ce qu'on entendait par là. Faire mon deuil, j'ai l'habitude, j'ai un esprit doué pour le noir. J'enterre régulièrement tout un lot de rêves déçus, d'espérances inutiles et de désirs inaccomplis. Faire du deuil, c'est à la portée de n'importe qui. Le meilleur conseil serait plutôt de le laisser faire par quelqu'un d'autre, de le sous-traiter et d'encourager celui qui pleure à faire son espérance, celle que ne partage pas tout le monde, qui demande des capacités spirituelles et mène à la certitude qu'il est possible de retrouver les morts.
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Les déviances qui séduisaient les pauvres étaient bruyantes et faciles à écraser, elles entraînaient des foules dont les cris grésillaient bien dans les flammes, mais aucun son ne s'échappait des cabinets secrets des érudits qui étudiaient sa pensée malsaine. Elle diffusait lentement par le haut. Ses racines étaient au ciel du monde, trop hautes pour être tranchées. Jamais un homme ne lui avait paru plus dangereux. Les mots... les mots d'Eckhart cachaient leur corruption. Ils n'infectaient pas l'esprit comme les remords ou les souvenirs honteux qui tournent en roues dans nos profondeurs. Leurs miasmes ne se formaient pas sur les marécages et sur les lieux de pourriture. La mort ne les accompagnait pas et ils ne terrifiaient personne. Ils ensorcelaient. Leurs vapeurs montaient subtilement pour éveiller un désir luxurieux. Leur charme était celui des ribaudes qui vous mènent sur les chemins de damnation. Les mots d'Eckhart avaient une telle beauté, pensait l'inquisiteur, leur peau une telle douceur, leur parfum vous enlaçait, irrésistible. Ils excitaient les désirs les plus enfouis, plus voluptueux que ceux du corps. Ils troublaient l'âme. Ils l'attiraient comme le chant des sirènes pour la fracasser ou l'engloutir dans les illusions de l'union divine.

Au temps de la grande pestilence, les rats annonçaient l'arrivée du mal, leurs cohortes fuyaient devant l'ennemi invisible avant d'être anéanties. Les mots promettaient une épidémie plus dévastatrice. La peste des rats tuait les créatures mais épargnait Dieu.
La peste d'Ekhart le tirait vers la terre, le coupait du ciel en le rendant a portée d'homme, autrement dit à portée d'arme. Sans la distance de majesté, le cœur de Dieu était ouvert. Il suffisait de l'ajuster.
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Mais comme l'apôtre l'a dit : "Le courage, au soleil de sa gloire, projette toujours une ombre de lâcheté. " C'est l'ombre qui m'intéresse, celle que tu n'a pas perçue chez ton disciple, celle qui révèle ce que sont les hommes. L'hérésie est une eau fétide qui s'infiltre partout, même dans les cœurs les plus purs.
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Voilà bien le monde, se disait Antonin, un grand orphelinat où on passait son temps à se demander pourquoi on avait été abandonné. Quand à la nature, Dieu l'avait créé en oubliant la tendresse en route, elle aimait "dur", si elle avait un cœur, ce dont on pouvait douter.
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Toutes les mémoires étaient recouvertes de croix de cendre, de grands cimetières d'actes dont l'oubli avait emporté les ombres. Chacun pouvait prétendre renier leur existence. Mais les croix demeuraient, elles prouvaient qu'on ne décidait pas du destin de ses actes et qu'aucune trace ne s'effaçait jamais de la surface de la terre.
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Au fond de son couvent, loin des réalités du monde, il ne percevait pas l’état de déliquescence de l’Église, empuantie par ses prêtres sans culture, ses évêques enrichis et ses mendiants cracheurs de morale. Tous ces bateleurs qui rejouaient inlassablement la triste farce que le Christ n’avait jamais écrite.
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Il ne prêchait pas comme les autres maîtres formés aux principes de l’ordre qui suivait l’enseignement de saint Paul. Pour eux, la femme était un être inférieur, son esprit moins perçant devait être fermement guidé. “Seule la femme qui se fera mâle pourra entrer dans le royaume des cieux”, avait prêché un père de l’Église.
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Tout le monde voulait en découdre et les clercs ne faisaient pas exception. Notre église était un champ de bataille. Les prêtres détestaient les moines qui se méprisaient entre eux. Le pape allait excommunier l’empereur élu contre sa volonté. Les Franciscains, fidèles à l’empereur, complotaient contre les Dominicains fidèles au pape.
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— Et vous, maître, pourquoi priez-vous ?
Sa réponse me saisit.
— Je prie pour que Dieu ne me donne rien. C’est cela qu’il faut attendre, Guillaume. Si Dieu donne du néant, il donne le juste prix de la prière.
Déconcerté, je continuai :
— Cela ne sert donc à rien de prier ?
— Je n’ai pas dit cela. Quand tu demandes quelque chose à Dieu, que crois-tu faire ? Lui rappeler son devoir envers toi ? L’inciter à t’offrir sa protection ? Personne ne peut inciter le ciel à quoi que ce soit. Ta voix pourrait porter à l’infini, elle ne ferait pas obéir les anges. Dieu n’est pas comme un roi qui distribue sa bienveillance et que tu pourrais émouvoir ou séduire. Dieu n’a pas de cœur, Il a sa propre guise.
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« Si tu veux être semblable à Dieu, Guillaume, il fait remonter le temps. »
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