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3.59/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1973
Biographie :

Antoine Vigne est un auteur français qui vit à New York depuis 1999.

Il est diplômé à l'Institut d'Études Politiques de Paris (1992-1995) et licencié d'histoire à l'Université Paris Sorbonne (Paris IV) (1996-1998).

Il a été chargé de mission pour les arts visuels et l'architecture au Service Culturel de l'Ambassade de France à New York de 1999 à 2003 et Vice-président de Blue Medium Inc. (Relations publiques et communication) à New York de 2003 à 2011.

Il a publié de nombreux articles et ouvrages dans le domaine de l'histoire, de l'architecture et de l'art contemporain.

Consultant dans le domaine culturel, il a également contribué à la réalisation de très nombreuses expositions et projets artistiques à travers le monde.

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Vidéo de
Antoine Vigne interviewed by Jean Poderos, founder of Editions courtes et longues, about his new novel “American Dreamer”. Albertine Bookstore, New York, November 2, 2019

Citations et extraits (6) Ajouter une citation
En 1754, William Stukeley, un antiquaire anglais qui avait passé sa vie à étudier les vestiges archéologiques de son pays, compara le mur d'Hadrien à la Grande Muraille de Chine et suggéra que cette dernière était visible depuis la Lune. Sans le savoir, il venait de créer une légende dont la postérité se révèlerait extraordinairement tenace en regard de l'impossibilité où se trouvaient ses contemporains de vérifier ses dires. On sait aujourd'hui que son jugement était hâtif, mais l'historiographie de la Grande Muraille montre à quel point la fascination qu'a exercé cet ouvrage d'architecture hors du commun a parfois eu raison des vérités les plus évidentes et contribué à la perception fautive d'un certain nombre de faits.
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Ils parlent
longtemps
du Michigan d'abord puis de Trump, de l'Amérique contemporaine,
de ses travers, de ses errements,
du capitalisme mondial,
le désastre écologique,
et la violence,
les grands combats de l'époque
— Nous sommes des monstres, des parasites Gilles écoute, sent Luc en train de s'enflammer tout seul,
entend des mots auxquels il songe souvent lui-même mais qu'il préfère généralement ne pas employer
Il a les mêmes instincts, la même colère vis-à-vis de ce qu'il voit,
L'idée inepte que la richesse constitue le but ultime des sociétés, et tout ce qui en découle implicitement, toute la folie du monde contemporain, ses aberrations et ses compromissions,
Les ventes d'armes que personne ne peut arrêter parce qu'il faut bien rester au top, parce que la technologie qui en résulte est garantie de domination p. 65
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(Les premières pages du livre)
Cette histoire n'est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l'Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l'asphalte désagrégé des rues. Le rêve d'une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu'il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d'équilibre, Et au creux duquel nous inventons nos vies.

Les gros porteurs sur le tarmac
Le soleil moite et vitreux dans la chaleur du matin
L'été
Les camions qui passent sur l'autoroute, larguant leur lot de pollution qui décolore le ciel
Les avions qui descendent vers Roissy, arrivant de partout
De Madrid, Sydney, New York, Toulouse ou Conakry, de Rome et de Düsseldorf, de Tunis et du Caire,
Ces vols qui parlent de l’Europe et d’ailleurs, de notre société mondiale, des échanges et du tourisme, de ce que nous sommes devenus, des voyageurs que rien ne peut contenter, aveuglés par leurs miles
Oui, on dit miles, tout le monde le dit, la langue elle-même s'est liquéfiée

Gilles, assis dans le cockpit
Aux commandes du Boeing
La machine lourde, impensable, qu'un levier suffit à emporter dans les airs
Comment sommes-nous arrivés à ce degré de technicité ?
Ce rêve de l’homme qui ne fait plus rêver
Devenu évident, commun
Abîmé par l'argent lui aussi, les profits indécents des compagnies aériennes qui vendent des slogans aguichants, promettent l'horizon et n'offrent que des sièges chaque jour plus exigus
Et des écrans
Des écrans pour tous alors qu'à l'extérieur il y a le ciel, les nuages, l'Océan, la vision de la Terre, des plaines, des rivières, des villes, l’ouate lourde et dense dont on ne sort pas toujours

Gilles donc
Pilote de ligne
Abîmé dans sa routine
Les derniers réglages, les données du fret, des passagers, la météo sur le parcours, le plan de vol, long couloir invisible qu’ils suivront pendant dix heures
Et là-bas
De l’autre côté de l'Atlantique
La destination, le point d’arrêt
Détroit
Cité fantôme dont ne restent que des ruines

Un copilote absent ou presque
Quelques mots échangés
Des vérifications encore
Et toujours le soleil en suspension derrière le pare-brise de l'avion, lourd et épais,
Un astre de plomb tombé dans une mare translucide

Les pistes bondées
Des véhicules qui vont et viennent entre les portes et les ponts entre les avions, embarquant et débarquant des passagers
Et puis l'attente derrière les parois de verre des terminaux
Par groupes, par famille, par destination
Les voyages organisés, les touristes solitaires, Les hommes, les femmes d’affaires,
Ceux qui attendent en lisant sur leur siège et les autres
Tous les autres
La foule grouillante et piétinante
La fourmilière d'individus
Nous sommes ces corps, ces planètes minuscules, ces univers entiers enfermés dans la chair,
Toujours inquiets de nous-mêmes, nos destinées,
le temps qui passe, la vie promise
comme une épiphanie,
Brûlure indélébile
Qui pourtant nous entraîne

Gilles les regarde
Tous, derrière la paroi de verre
Il suffira d'un mot et ils s’engouffreront dans le sas
S'installeront
Coussins, oreillers, iPads, iPods, écouteurs
Jeunes, vieux, grands, gros, tranquilles ou énervés
La foule du quotidien
La foule qui vole et qu’il observe chaque fois
Il fait partie du tout, il le sait, le système
L'immense chaîne qui tourne chaque jour un peu plus vite
Enserrant la Terre
Cordon d’asphalte, de câbles, de drones, d'avions, d'immeubles,
De villes et de frontières, lignes invisibles, balafres sanglantes sur lesquelles viennent se briser les destins des plus pauvres
On dit toujours «les plus pauvres» comme s'ils étaient un tout étranger à nous-mêmes
Et l'assemblage tourne, il emporte ses passagers
Pour propulser des ventes, des rendez-vous, des vacances, des images d'Instagram, des achats, toujours plus d'achats
Un tourbillon insensé dont tout le monde sait qu’il faudrait
l'arrêter
Entraîné par les rires des puissants, des ayants,
Les décideurs du temps,
Nos guides, nos prêtres suprêmes
Qu'on entend sur les radios, les réseaux
Exhibant leurs vies, leurs succès, leurs visages cadrés
sur des séjours idylliques que nous ne nous lassons pas d'observer, de commenter, d’envier, d’imiter
Nous sommes assoiffés de leur or

Des messages échangés avec la tour de contrôle puis l'attente
sur la piste
La chaleur qu'on perçoit à travers la vitre
La lumière change, transperce la pesanteur de l'air, scintille
sur l’aile
Le métal blanc
Les avions avancent un à un comme de gros animaux allant à la pâture
Suivant les lignes aux sols
Les marquages du béton
Nos sociétés sont ainsi, des couloirs arrangés entre des pelouses rousses où gambadent des lapins rescapés
Enfin vient l'envol
Les roues se détachent du sol
Les ailes tanguent
La matière résiste, cabre, s'étonne, s’apaise
On entend le bruit des soutes se refermant sur les trains d'atterrissage
Suit le silence

À l’intérieur, la vie reprend - les écrans s’allument, les sièges s'abaissent, les oreillettes se branchent, le personnel de bord va et vient - mais est-ce la vie quand tous se ruent sur la même chose, que les hublots se ferment, et se répète à l'infini la comédie des slogans publicitaires censés nous expliquer que notre sécurité prime, tout est fait pour nous
Juste pour nous
Et nous savons, nous acceptons le mensonge
Nous le laissons traîner, rôder autour de nous
Pensant qu’il n'est rien, une nuisance tout au plus,
Un murmure qu'il est possible d'ignorer, d'oublier
Mais il reste là, il nous assiège, il nous traque
Il nous pénètre, nous salit
Boue quotidienne
Résignation
Compromission
Renoncement à tout ce qui nous fait
humains

Les côtes de Normandie, la botte inversée du Cotentin Gilles aime ces premiers moments
La première heure
La montée dans l'azur
Les champs qui diminuent
Le pays se dévoile avec ses routes, ses rivières, ses villes, ses forêts, le grand kilt agricole aux couleurs dorées ou vertes — c’est encore la France
Et puis la mer, le premier saut
Le moment où le panorama change, l'horizon s'agrandit Nous sommes plus haut, l'air est plus vif
Il reste l'Angleterre, les bocages se succèdent, la côte de Cornouailles,
Précédant l'appel du large, l'Irlande
Les détails s'estompent
Et le dernier saut, le grand cette fois,
L'écume autour des roches, du granit, des falaises, du monde
C'était le monde pendant des siècles, des millénaires
qui s’arrêtait là, se jetait

dans le vent
dans le bouillonnement des vagues
dans l'éclatement de l'Océan
sur l'élément solide
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Cette friche n’en est pas une
Cette campagne n’en est pas une
Ces étendues vertes au long des avenues — il y avait des maisons là et là, partout, sur tous ces espaces vides, ces terrains
vagues, ces pelouses improvisées
Des populations, des tramways, des cafés, des théâtres, des familles, des histoires sordides ou gaies ou solitaires, des parades des véhicules, des amoureux, des enfants courant après un chien
La vie
D'une métropole
décomposée p. 26
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"En architecture, une erreur, ça peut durer longtemps."
Renzo Piano.

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Rien
Que le ciel
Le ciel sans fin
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