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Citation de Charybde2


L’une après l’autre, nous entendions Goodmann répandre avec maladresse ses poudres, qu’il avait celées dans des boîtes souvent inappropriées ou dans des salières dont le couvercle attaqué par le temps ne répondait pas à ses attentes, résistait puis s’effritait sous les doigts. Les poudres s’éparpillaient autour de nous, gaspillées et inutiles. Goodmann, au centre de l’attention, ne disait rien, ne gémissait pas de dépit, mais nous entendions son souffle de plus en plus difficultueux, nous souffrions avec lui par empathie et nous ressentions l’horreur de cet insuccès à plusieurs étapes qui risquait de nous affecter et de nous frapper et de nous décevoir et de nous consterner de façon égale, lui et nous. Les minuscules paquets se déchiraient dès qu’il approchait d’eux la pulpe de ses phalanges ou le bord de ses ongles ; les boîtes naines ne s’ouvraient pas, elles résistaient aux tentatives pourtant prudentes de Goodmann puis tombaient sur le sol ou se cassaient, éclataient, libérant avec un bref soupir un minuscule nuage irrattrapable. D’après les bruits, nous avions déduit que nous nous trouvions alors sur un plancher, sur une chaussée de bois solide, sur une passerelle bien équilibrée ou sur une scène de théâtre. Goodmann ouvrait les sachets de suifs photogènes sans perdre patience, il ralentissait ses gestes, espérant donner au suif l’intelligence de la lenteur. Rien ne réussissait.
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