VERCHININE – Eh bien, si l’on ne nous donne pas de thé, échangeons au mois des propos philosophiques.
TOUZENBACH – Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ?
VERCHININE – De quoi ? Rêvons ensemble… par exemple de la vie telle qu’elle sera après nous, dans deux ou trois cents ans.
TOUZENBACH – Eh bien, après nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on découvrira peut-être un sixième sens, qu’on développera, mais la vie restera la même, un vie difficile, pleine de mystère, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir.