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4.09/5 (sur 74 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Londres , 1975
Biographie :

Antonia Medeiros est une romancière franco-américaine qui vit à Montréal. Après avoir grandi entre Londres, Madrid et la Normandie, au milieu des langues et des livres, et beaucoup écrit pour les autres, elle décide de se lancer dans la rédaction d'un roman qui deviendra la saga des Crèvecoeur.
Fort de son succès en France, le roman, considéré comme un véritable hymne à la féminité, partira prochainement à la conquête des lecteurs anglophones.
Sensible aux problématiques féminines et aux histoires avec un grand H, Antonia prépare la sortie de son nouveau roman, tout en courant après ses enfants.

Suivez-la sur son site www.antoniamedeiros.com


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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Il entonna ses grandes phrases, remplies de bons sentiments, sur le mariage et l’amour et l’amour éternel, ajouta quelques allégories bibliques dont il oublia la signification et acheva l’ensemble par une déclaration d’union surréaliste des époux. Avant même qu’Edith et Romain puissent s’embrasser, il les avait poliment dirigés sur le côté et, par de grands gestes hospitaliers, s’affairait à inviter l’auditoire à boire le vin divin. Les nouveaux mariés observèrent la foule avide se précipiter vers l’autel sans se dire un mot, jusqu’à ce que Romain glisse sa main dans sa poche pour en sortir une fine alliance.
« Tenez, je crois que c’est à vous », dit-il en lui tendant l’objet.
Intriguée et émue, Edith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s’aperçut alors que c’était le père Violette qui avait conservé celle qu’elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Edith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l’entrainait vers la sortie de l’église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c’est ainsi que commença le mariage d’Edith et Romain Crèvecœur, sur un petit oubli et un grand malentendu.
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Sur le bord du lit, Édith regardait ses chaussures. Elle balançait ses pieds dans le vide et repensait aux histoires de princesses qu’elle lisait toute petite. Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Mais personne ne lui avait raconté ce qui se passe après le mot «fin», lorsque tout commence vraiment et que le monde des adultes souille celui des princesses. Elle se demanda soudain d’où venaient les méchantes sorcières qui en voulaient tant aux jeunes filles parfaites et innocentes des contes de fées. Et elle comprit avec horreur qu’il s’agissait surement de princesses déçues, celles que les princes avaient trompées et bafouées en leur faisant miroiter une vie de rêve, tout en leur offrant la laideur d’un mariage trop humain, ou l’ennui finit par laisser place à une terrible solitude.
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Je voyais bien que le vieil homme attendait sa pénitence avec douleur. Ninon nous quitta, je m'assis près du vieillard et me contentait de le remercier. Il marmonna quelque chose et prit une semelle entre ses mains. Il m'en expliqua la fabrication, les matières premières et le statut que conférait sa hauteur. Plus la terre était proche du pied, plus cela annonçait la pauvreté du sujet. Les rois et les reines ne devaient jamais toucher le sol, mais plutôt se rapprocher du ciel. Puis il m'apprit à tisser les filaments de paille, les tresses, les sangles de cuir et même de bois, afin de recouvrir le pied et de le décorer comme s'il s'agissait de la plus noble chose du monde. Il me raconta les bijoux légendaires que l'on plaçait entre les orteils, les pigments que l'on collectait des animaux pour teinter la sandale et comment le soleil s’immisce entre les fibres et sèche les lanières pour les rendre plus serrées. Je sentais monter les parfums de l'Afrique et, sous ces sandales d'apparence si ordinaire et dénudée, je voyais se dessiner les secrets d'un monde qui savait communier avec la nature. C’était palpitant, et je tirais grande satisfaction de cet échange qui me ramenait encore une fois à l'essence des choses et de mon savoir. J'appris à redéfinir les bases de la chaussures et à ne plus voir le pied comme un objet de honte, mais comme un complément qui pourrait orner la chaussure. Au bout de deux journées de travail, nous tendîmes plusieurs chaussures à des visiteurs, qui hochèrent la tête avec dépit. Nous ne laissions personne indifférent, et cela me rendait heureux. Je remerciai encore le vieil homme et lui expliquait à plusieurs reprises que je n’étais pas le fils d'un sorcier maléfique. Il eut l'air rassuré, fit une pause de plusieurs minutes puis ajouta : « Je vais te dire un secret. Si tu as peur de ton ennemi et que tu veux le vaincre à tout prix, alors dessine son visage sur la semelle. Comme ça, tu lui marcheras dessus à longueur de journée, et il t'apparaitra soudain bien plus facile à vaincre.»
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Un jour que je rentrais manger un morceau, avant de commencer mon travail du soir, j'entendis Louana crier dans la rue des Rosiers. Comme tous les jours, à la même heure, elle laissait tomber ses seins lourds dans les fleurs de ses jardinières, du haut du troisième étage, et tentait, tout en touillant sa marmite, de réunir ses enfants pour le souper. Son chemisier était toujours un peu déboutonné, tant elle avait chaud derrière ses fourneaux, et ses cheveux bouclés, qu'elle grattait quand elle se faisait du soucis, étaient remontes autour d'un bandeau. Elle rassemblait ses troupes en appelant chacun des enfants par son nom et elle s’égosillait tellement que la rue entière savait que les Majewski s'apprêtaient à dîner.
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Evidemment, à l’annonce que je suis Germain Crèvecœur, on se tait. On écoute, on réfléchit, on fronce les sourcils, mais on ne dit rien. Crèvecoeur, c’est tout sauf invitant, sympathique ou chaleureux. Crèvecœur, Crèvecœur. Et voilà le malaise qui s’installe. Et moi, je vois bien que derrière ce non-dit, derrière leur regard, il y a une image qui se dessine ; celle d’un cœur que l’on perce avec une violence inouïe. Et cette violence, bien sûr, ne peut se solder que par une chose : la mort ou la lente agonie.
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- Nous avons une section un peu spéciale dans laquelle la plupart des gens n’aiment pas aller. Mais comme ce sont des patients aussi, nous devons nous en occuper. Nous l’appelons entre nous «la section Z». C’est là que nous mettons les blessés allemands. Ils ne font pas partie des blessés prioritaires, mais quand on a du temps, on va les voir. Quand on n’en a pas, on les laisse crever. Mais bon, ce sont des gamins, qu’est-ce que vous voulez. On a un peu pitié quand même. S’ils sont à part, c’est par mesure de sécurité. Nous n’avons pas le temps de gérer les revanches et les conflits. Ce sont des malades qui souffrent des mêmes blessures que les autres, donc rien que vous ne puissiez gérer. S’il y a un problème, vous nous appelez, et si vous voulez changer, revenez me voir, et je vous placerai ailleurs. Ça vous va ?
- C’est très bien, je n’ai pas d’à priori. Au fait, pourquoi la section Z ?
L’infirmière sourit et regarda Édith. «A cause des Anglais qui les appellent Ze Germans. Allez, il faut bien rigoler un peu de temps en temps…»
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Le soir, autour du souper que leurs deux épouses avaient préparé, il s’enivrait des récits de voyage rocambolesques de Romain, dans lesquels ce dernier emportait le cœur des femmes, fuitait dans des contrées lointaines, se battait à poings nus contre des voleurs malhonnêtes et rendait à l’occasion justice pour protéger les plus démunis. Le tout, bien entendu, dans l’humilité que lui conférait son métier.
Plus Thomas était médusé, plus Romain en rajoutait, abusant avec sarcasme de l’ignorance qu’avait Gervais du monde. L’Italie voisinait la Chine, les Amazones buvaient le vin d’Espagne, et encore récemment, on avait battu une flotte viking avec des flèches indiennes empoisonnées, spécialement conçues avec le sang de vierges grecques.
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Ne me juge pas trop vite. Tu verras, toi aussi, que l’on finit tous par se soumettre à des forces supérieures, que ce soit pendant une guerre ou pendant une vie dominée par le pouvoir des autres sur soi. Tu penses que tu es libre ? Que tu es maître de ton destin, que ta jeunesse te pardonne tout ? Détrompe-toi : l’heure tourne déjà, tes craintes s’accrochent aux parois de ta mémoire sans même que tu ne t’en rendes compte et tu te diriges vers la fin. Ta vie vient à peine de commencer, et tu te diriges déjà vers la fin. Ta jeunesse n’est qu’une triste illusion qui sert à masquer l’irrémédiable : un jour, tout cela s’arrêtera, et tu verras que, même si tu penses avoir vaincu tes démons, ils t’attendent derrière la porte de sortie.
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Je ne veux pas te mentir. Ce serait aller à l'encontre de tout ce que j'ai fait, et maintenant, de toute façon, cela n'a plus d'importance. Je suis mort, tu es vivant, je suis celui qui raconte, et tu es celui qui écoute. Si tu me lis encore, si tu n'as pas abandonné la lecture, malgré l'absurdité de notre situation, c'est que tu veux savoir. Qui est donc Germain Crèvecoeur, qui se cache derrière la tristesse de ce nom, qui est cet homme aux mille secrets et qui prétend être ton père ? Je veux que les choses soient claires entre nous, qu'il n'y ait plus de silence ni d'absence. Je souhaite te livrer mon histoire dans sa nudité la plus absolue, avec toute la cruauté et la fragilité qui l'ont sillonnée.
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Elle s'assit à son pied, à la fois fascinée et terrifiée par l'énormité de cet arbre dont elle n'avait jamais jusqu'alors remarqué l'existence. Il était effrayant et majestueux à la fois, mais étrangement, elle s'y sentait bien. à l'ombre des noeuds verts de ses branches, recroquevillée contre la monstruosité de son tronc, Edith se mit à pleurer. Elle pleura de plus en plus fort, de tout son corps, pour vider ce qui restait encore en elle. Elle pleura encore et encore, sans pouvoir s'arrêter inondant de ses larmes l'écorce sèche du hêtre qui semblait lui aussi couler ses pleurs le long de ses branches.
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