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4.18/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Mendoza , le 02/11/1922
Mort(e) à : Buenos Aires , le 10/10/1986
Biographie :

Antonio Di Benedetto est un écrivain et journaliste argentin.

Au début des années 1940, il commence des études de droit aux universités de Córdoba et Tucumán, mais décide de se tourner vers le journalisme, notamment culturel. Il réalise sa carrière journalistique dans sa Mendoza natale, où il travaille pour le quotidien local "Diario Los Andes" - dont il est nommé sous-directeur en 1967 - et le national "La Prensa", pour lequel il couvre par exemple les festivals de cinéma européens.

Il publie en 1953 le premier de ses recueils de nouvelles : "Mundo animal". Suivront quatre romans : "El pentágono" en 1955, "Zama" (son chef-d’œuvre) en 1956, "Le Silenciaire" ("El silenciero") en 1964, "Les Suicidés" ("Los suicidas") en 1969.

Sans atteindre la célébrité d'autres auteurs sud-américains contemporains, son talent est reconnu et honoré : il reçoit plusieurs prix littéraires, Borges l'invite à donner une conférence à la Bibliothèque nationale en 1958. Il est également promu chevalier de l'Ordre du Mérite de la République italienne en 1969 et reçoit la bourse Guggenheim en 1974.

Persécuté sous la dictature de Videla : arrêté dès mars 1976, il est emprisonné et torturé, à Mendoza, puis La Plata, pendant un an et demi. L'intervention de personnalités telles que Ernesto Sabato, Victoria Ocampo et le Nobel Heinrich Böll permettent sa libération en septembre 1977.

Il s'exile un temps aux États-Unis, puis en France, avant de s'installer à Madrid où il réside six ans. En 1984, la dictature terminée, Benedetto reçoit un prestigieux Konex de Platine et est nommé membre de l'Academia Argentina de Letras.

Il rentre définitivement en Argentine l'année suivante et s'installe avec sa dernière épouse Graciela Lucero à Buenos Aires, où il obtient un emploi modeste à la Maison de la Province de Mendoza. Il publie un cinquième et dernier roman, "Sombras, nada más" (1985), et meurt l'année suivante d'une hémorragie cérébrale, à 63 ans.
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Source : Wikipedia
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Bande annonce du film Zama (2017), adaptation du roman d'Antonio Di Benedetto


Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bien qu'elle soit fort douce, je me méfie de la nature de cette terre, je la sais enfantine et capable de me ravir ; dans ma lassitude mi-endormie il me venait des pensées traîtres et soudaines, de celles qui ne donnent, et pour longtemps, ni aise ni repos. Elle me portait, cette nature, à me rencontrer avec des choses extérieures, de celles en qui, si je m'y résignais, j'aurais pu me reconnaître.
Ces sujets ne valaient que pour moi, exclus de la conversation avec le gouverneur et les autres, étant peu, voire pas du tout, enclin à me faire des intimes devant qui m'épancher.
Je devais supporter l'attente - et sa souffrance - en ne parlant qu'à moi, sans rien communiquer.
Comme me le disait le parfois insolent Ventura Prieto qui me trouva cet après-midi-là sans m'avoir cherché, et tandis qu'il allait au hasard, j'avais l'air, sur ce pays plat, d'être dans un puits. Il me le dit une fois, et même plus d'une, il le dit aussi à d'autres, sans se soucier de ce que tous savaient, que j'avais été coq de combat ou du moins possesseur d'une arène.
Il apparut juste au moment où je me distrayais à regarder le singe et je le lui montrai afin de détourner son attention et d'éviter qu'il ne me demandât ce que j'attendais là. Et lui, qui m'était inférieur, il réfléchit un moment, cherchant la façon de m'écraser sur le chapitre des curiosités et des découvertes. Puis il m'assena un de ces traits qu'il appelait enquête, et si c'en était une, je ne saurais le dire, mais dans la mesure où je pouvais y discerner une insinuation, ils me déconcertaient et entraînaient des mouvements qui dépassaient parfois les limites du supportable.
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Je sortis de la ville, fleuve aval, à la rencontre solitaire du navire que j'attendais sans savoir quand il viendrait.
J'atteignis l'ancien môle, construction inexplicable puisque la ville et son port furent toujours là où ils sont, un quart de lieue plus haut.
Entre les pilotis s'y débat la portion d'eau du fleuve dans cet espace retenue. Porté par la houle et les tourbillons sans issue, allait et venait avec précision un singe entier et non décomposé. L'eau, devant la forêt, avait toujours été une invitation au voyage qu'il ne fit pas tant qu'il fut singe et qu'il fit cadavre de singe. L'eau allait l'emmener, l'emmenait, mais les pilotis l'arrêtèrent et il demeurait là, prêt à partir, ne partant pas, et nous demeurions là.
Et nous demeurions là, prêts à partir, ne partant pas.
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Un bruit s’approche, qui me perturbe. Il passe à mes côtés. Il m’apparaît comme un point mobile à l’éclat doré. C’est une abeille. Son bourdonnement m’assiège. Elle se pose sur ma joue et ne met pas fin à sa vibration sonore. Je la frappe et elle tombe. Ce n’est pas une abeille, c’est une mouche
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La grille donne directement sur l’étroit patio carrelé. J’ouvre la grille et me heurte au bruit. Je le cherche du regard, comme s’il était possible de déterminer sa forme et de mesurer sa vitalité. Il vient d’au-delà des chambres à coucher, d’un terrain vague que je n’ai jamais vu – arrière-fond d’une vaste maison qui émerge d’une rue voisine. Du seuil de la cuisine, ma mère me prévient : « Ç’a été comme ça toute la matinée. » Déconcerté, je m’enquiers : « Mais qu’est-ce que c’est ? – Ils ont amené un autobus, mis le moteur en marche, et ils le laissent tourner, alors il tourne… » Comme je n’ai plus mine de vouloir entrer, elle ajoute : « Ton oncle est venu. Il va manger avec nous. Il est en train de lire le journal. » Le soleil ruisselle sur la table de la salle à manger. Louer sa bonté appartient au rituel du déjeuner et passe pour aussi nécessaire que l’action de grâce. Mais pas moyen de procéder comme à l’accoutumée. Le bruit, continu, s’impose à nous plus que n’importe quel autre objet. « Comment savez-vous que c’est un autobus ? – J’ai demandé à ton oncle d’aller jeter un coup d’oeil. » Le frère se borne à un hochement de tête qui avalise l’information. Le pourquoi de la démarche est implicite : depuis que le bruit a commencé, elle s’énerve et s’agite et s’inquiète, par anticipation, pour le fils. Mon oncle opine : « Ça ne peut pas s’éterniser. Les autobus, ça va ça vient. » Le bruit, qui me comprime la tête, m’excite à répliquer : « ‘‘Ça va ça vient’’ ? Balivernes ! Vous ne vous rendez pas compte que cet autobus est différent, qu’il est encastré dans la maison ? Vous ne l’entendez pas, par hasard ? Évidemment vous n’allez pas en souffrir, vous n’habitez pas ici !…»
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Le bruit est un tam-tam.
[…] Le tam-tam est une émanation, une armure, un combat (ou l’annonce d’un combat qui n’aura pas lieu) contre l’ennemi en son entier, même s’il n’est pas en vue.
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