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Citation de cprevost


(…) puisque notre malheur
expliquait mon père
C’est d’être né dans la vieillesse de Dieu comme d’autres naissent dans la vieillesse de leurs parents, d’être nés avec un Dieu déjà trop vieux, égoïste et fatigué pour se soucier de nous, n’écoutant plus que ses propres organes avec une attention fébrile, l’automne de son estomac, les élégies de son foie, l’oignon ou le chrysanthème de larmes concentriques de son cœur, un Dieu tombé dans l’oubli de lui-même et qui nous considère de son fauteuil avec une stupeur farouche
expliquait mon père
tout comme les cubains dans la forêt qui séparait Dala de Marimbanguengo, lorsqu’ils tombaient sur les mercenaires de l’Unita ou les pelotons de Katangais dont on ne savait pas au juste pour qui ou contre qui ou pour quelle raison ils se battaient de la même façon qu’on ne savait pas qui les commandait et les payait, ils s’exprimaient dans une langue qui était une sorte de français aboyé, avançaient parmi les broussailles dans une anarchie féroce qui consternait les corbeaux, empalaient ceux qui leur barraient le chemin sur la pointe des huttes, je me souviens de la reine de Dala embrochait avec ses enfants sur le mât du drapeau que les Portugais avaient laisséà l’entrée du bourg, du pilote sud-africain planté sur une hélice enfoncée dans le sol, une guerre où ce n’était pas les vivants mais les morts qui combattaient en se terrassant les uns les autres à coup d’odeurs nauséabondes et molles (…)
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