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Citation de enjie77


Une nuit de janvier mille neuf cent trente-huit, les coups résonnent enfin à sa porte. Mais ils ne sont pas venus pour l'emmener seulement pour confisquer les derniers biens du renégat Heinz Neumann. Les policiers en uniforme rassemblent les derniers livres que Greta n'a pas encore mal vendus pour acheter de quoi se nourrir, quelques vieilles chaussures de son mari et en partant, ils lui donnent un reçu. Quelqu'un lui raconte que l'ami qu'elle retrouvait dans le parc a été arrêté quand il essayait de prendre un train pour la Crimée.

Ils sont arrivés un matin très tôt, le dix-neuf juillet, et en s'apercevant que cette fois c'était vraiment pour elle qu'ils venaient, Greta (Beuber-Neumann) n'a pas été saisie de panique mais plutôt de soulagement. On l'a conduite à la Loubianka sur le siège arrière d'une petite camionnette noire, entre deux hommes en uniforme bleu clair qui ne la regardaient pas et ne lui adressaient pas la parole. Cette fois ses genoux ne tremblaient pas et à ses pieds se trouvait la valise qu'elle avait préparée depuis si longtemps. Elle s'est rappelé la dernière chose qu'elle avait vue dans les rues de Moscou avant que la camionnette ne franchisse la porte de la prison : une horloge lumineuse qui dans l'aube avait un éclat faible et rougeâtre.

Le douze juillet, le professeur Klemperer se souvient dans son journal de quelques amis qui ont quitté l'Allemagne, qui ont trouvé du travail aux Etats-Unis ou en Angleterre. Mais comment partir sans rien, lui, un vieux, et sa femme malade sans connaître de langues étrangères, sans aucun savoir-faire pratique, comment abandonner la maison qu'ils ont fini par construire avec tant de difficultés, le jardin qu'Eva a presque transformé en un verger. Nous sommes restés ici dans l'ignominie et la gêne, comme des laissés pour compte, des enterrés vivants, enterrés pour ainsi dire jusqu'au cou en attendant d'un jour à l'autre les dernières pelletées.

pages 75/76
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