L'opposition tombe sous les coups de pioche que ses propres membres abattent sur la terre nue, tels des condamnés creusant leur fosse. La bureaucratie obéira à l'ordre de ne pas conspirer ouvertement contre le régime pour s'y employer en cachette. La presse, plus simplement, se laissera bâillonner pour continuer de parler sans rien avoir à dire. Le travail de l'État fasciste est bien engagé. Son accoucheur, doté d'une compétence juridique absolue, n'est autre que le professeur Alfredo Rocco, leader nationaliste impitoyablement conservateur. Mussolini lui a confié la rédaction des lois liberticides. Le renversement de l'État libéral est prêt : ce n'est plus l'individu qui cède une partie de ses libertés à l'Etat pour recevoir en retour protection et soins ; c'est l'Etat qui dispense, à un taux d'intérêt exorbitant, dans une mesure et des limites établies chaque fois, le bénéfice des libertés publiques.