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Citations de Ariel Kyrou (23)


J'aime créer des univers qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours. J'aime les voir se désagréger, et j'aime voir ce que font les personnages du roman lorsqu'ils sont confrontés à un tel problème. J'ai comme une secrète prédilection pour le chaos.
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On parle encore d'une époque où la mise en mesure du monde avait créé une réalité chiffrée, optimisable du réel. Une époque où l'on s'extasiait de la victoire des diagnostics des Intelligences Artificielles sur ceux des docteurs. Où l'on encourageait, forçait, finançait la collaboration entre humains et IA en oubliant tout de la collaboration entre humains, ce concept obsolète jeté aux chiens de la compétition, abandonné dans la fausse jungle en plastique du darwinisme social.

Dans "Reliance" de Sabrina Calvo
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La lecture est un prisme qui permet à chacun le décalage par rapport à la vérité de l'écrivain, à supposer que celui-ci en ait une.
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Kraftwerk a créé l'imaginaire de la techno.
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"L’espace terrestre est d’ailleurs totalement repéré, connu, quadrillé : qu’est-ce que Google Street View si ce n’est le quadrillage total de l’espace ?"
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"Étant relais, il n’est pas propriétaire. Étant le serviteur intégral, il peut être partout."
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"Ce sentiment d’être dans une sorte d’exception permanente est quelque chose de très commun dans le monde du Net."
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"Google n’est pas un dieu créateur, c’est un dieu spinozien en ce sens qu’il est le relais, ou du moins qu’il se veut le relais d’une nouvelle nature qui est celle d’Internet."
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Croire que l’on pourrait revenir aux certitudes d’avant-hier pour répondre aux angoisses de demain n’est-il pas le plus désespérant des leurres ?
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L’ABC Dick refuse les sens uniques. Il ne défend aucune police du texte ou de la pensée. Aucun pouvoir. Il ne cherche pas l’adhésion, mais le décalage et le doute féconds. C’est peut-être un philtre d’amour et d’humour face à ce que d’aucuns qualifient de réalité. Un chemin de traverse pour se déjouer des idéologies dominantes ou pour en traduire le bonheur prédigéré en matière de catastrophes mentales réjouissantes. Au-delà du bien et du mal. Au-delà du réel.
L’enjeu, en effet, n’est plus de créer de l’imaginaire, de l’irréel à partir de réel, mais bien au contraire de se nourrir de fictions ayant su se réinventer un réel. C’est-à-dire une banalité primaire, à ce point décadrée qu’elle peut nous procurer un prisme pour mieux décrypter et survivre à notre irréalité quotidienne si pleine d’écrans et de mécaniques de calcul intégral. Le pari, comme l’écrivait Jean Baudrillard en 1981, est de « réinventer le réel comme fiction ».
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Dick renverse comme à son habitude les effets et les causes, les événements et leurs conséquences… Un texte de science-fiction décrit précisément une réalité à venir. En même temps, ce futur fait partie d’une fiction. Ce qui était réel devient fictif. Et ce qui était fictif devient réel. Si bien que la distinction entre réalité et fiction s’avère désormais impossible. N’est-ce qu’un jeu ? Ou qu’une façon d’annoncer un futur, le nôtre, d’où la réalité disparaîtra sous un déluge de fictions spectaculaires ? Le plumitif visionnaire comprend-il le sens de ses propres retournements d’intrigue ? Ce sont ses mots, tels ceux d’un Dieu omnipotent, qui créent la vérité de l’histoire, mais celle-ci est d’autant plus tarabiscotée qu’il s’y met lui-même en scène, tel un prophète religieux parlant de lui à la troisième personne… Sauf que ce prophète-là est un minable. C’est un prolétaire de l’écriture, un auteur avec un tout petit « a ». Il vole bas, à des lieues des cimes de « l’Auteur » romantique, à la Novalis ou à la Wagner, seul maître de son œuvre aux ambitions de totalité. Il en devient proche des millions de prétendus « pirates » qui samplent, téléchargent ou s’échangent en « pair à pair » des crottes et lingots de musique ou de cinéma. Dick a ceci de contemporain qu’il déshabille cette vieille lune du créateur absolu. Il descend l’auteur au niveau de l’internaute boutonneux, héritier du lecteur de pulps américains, ces magazines populaires où il a publié ses premiers textes au milieu des années 1950. Mais il y ajoute une notion qui, à l’inverse, risque de susciter moult maux de tête chez les zélateurs de la révolution Internet : c’est parce qu’il est plus bas que terre que le créateur au bas de l’échelle, ridicule et sans le sou, peut approcher l’universel. Le message involontaire de Dick, sur ce registre, rejoint les provocations du Merzbau de Kurt Schwitters et des suppôts de Dada il y a presque un siècle : seul l’art qui jamais ne prétend à la majuscule, imprégné des déchets du quotidien, conçu à partir de tickets usagés, de cheveux perdus ou encore de glapissements de caniches, a quelque chance de transcender son auteur. Et d’octroyer à sa création un zeste d’infini.
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« Retour au réel par la case désastre ».
Ces sept mots pourraient être un résumé lapidaire de l’œuvre de l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick, ainsi que des films et des séries télé qu’il a inspirés, de Blade Runner peu avant son décès en mars 1982 aux quatre saisons du Maître du Haut Château de janvier 2015 à novembre 2019.
Mais ce n’est que le titre de l’éditorial d’un numéro du Monde d’octobre 2008, alors qu’au coeur de nos sociétés occidentales explosent les bombes spéculatives des subprimes et autres crédits véreux, déposés auparavant dans les banques et les temples boursiers de la Terre.

« Confinement : un douloureux retour au réel ».
Tel est le titre d’un nouvel éditorial du Monde, daté de mars 2021 alors que se profile en France un troisième confinement… Cette accroche, telle tant d’autres dans les médias, rejoue encore et toujours le couplet du « retour au réel ». Avec cette fois, dans le rôle du désastre suscitant un réveil épouvantable, un virus aux très grandes facultés de mutation, source d’une épidémie planétaire aux conséquences inédites.

Dans ses plus de cent vingt nouvelles et quarante-cinq romans, Philip K. Dick n’a prédit ni la crise des subprimes ni celle du Covid-19. Littéralement, il n’a pas non plus « deviné » l’irruption de la notion d’Anthropocène depuis la toute fin du siècle dernier, puis la collapsologie et les théories de l’effondrement, largement partagées en France depuis l’essai de Pablo Servigne et de Raphaël Stevens en 2015. Dick, pourtant, aurait pu faire sien le titre de leur livre : Comment tout peut s’effondrer. Pour preuve : dès 1978, il a commis une conférence intitulée : « Comment construire un univers qui ne tombe pas en morceaux au bout de deux jours ». Il y avouait, comme en écho à sa capacité à raconter depuis déjà longtemps des histoires de collapse : « J’aime créer des univers qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours. J’aime les voir se désagréger, et j’aime voir ce que font les personnages du roman lorsqu’ils sont confrontés à un tel problème. J’ai comme une secrète prédilection pour le chaos. » Dans la plupart de ses textes, les effondrements s’apparentent moins à des événements appréhendables rationnellement, évitables même, qu’à des décors permanents désormais impossibles à nier. Ils forment le contexte, nécessairement chaotique, avec lequel les êtres n’ont plus d’autre solution que de composer. Les causes de la catastrophe en ressortent neutralisées, oubliées donc, car mille fois moins cruciales que ses conséquences, vécues au quotidien par les personnages des textes de Dick, comme aujourd’hui nous vivons les effets du réchauffement climatique ou de la pandémie de Covid-19. Le roman ou la nouvelle qui mettent en scène le désastre deviennent alors des fables de toutes nos apocalypses, passées, en cours ou à venir. D’où ce sentiment, pour le lecteur de Dick, du caractère intemporel voire très actuel de ses descriptions du réel.
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Les fictions de Nos futurs solidaires ne sont pas des utopies, ou du moins jamais totalement. « L’affection » de Régis Antoine Jaulin pourrait certes faire figure de curieuse farce utopique, mais ce serait pour le coup la conséquence d’un clin d’oeil de l’histoire : son scénario de propagation d’un virus, non pas du covid-19, mais d’empathie, est paru dans sa première version en novembre 2018 dans le troisième numéro de la revue Visions solidaires pour demain. Et son utopie, pour peu qu’on puisse qualifier ainsi son récit en cinq témoignages aussi drôles que contrastés, sonne parfois de façon grinçante.
Y a-t-il en revanche des dystopies parmi les quatorze nouvelles de l’anthologie ? Pas vraiment non plus. Les scènes d’interrogatoire de « Reliance », la nouvelle de Sabrina Calvo, ont certes quelque chose de glaçant. L’atmosphère y est pesante. C’est pourtant de l’hôpital un peu cassé qu’elle décrit et grâce à d’étranges « nanites », bio-puces issues de la nanotechnologie qui ont été implantées dans les yeux de son personnage Tirésias, que naît la magie collective et elle aussi mystérieuse des « Jours Heureux ».
Ces deux nouvelles de Régis Antoine Jeulin et de Sabrina Calvo, et sans doute plus encore celle de Ketty Steward qui clôt le volume, « Six faces d’un même cube », montrent à quel point l’utopie et son ombre la dystopie se dissolvent pour le meilleur dans ce que l’on pourrait appeler selon le terme du chercheur Yannick Rumpala des « prototopies » du futur. Des exercices de narration et de pensée où le lecteur se projette comme pour explorer des possibles pour demain, naviguant sans cesse entre les deux polarités de l’utopie et de la dystopie. Les quatorze fictions de Nos futurs solidaires prennent acte d’un contexte écologique, social et politique aux humeurs de catastrophe, mais non sans clés de réinvention d’un autre type de société, basée peut-être sur des valeurs moins productivistes, plus proches de l’économie sociale et solidaire. Quoi qu’il en soit, leurs histoires portent des imaginaires non pas détachés mais profondément intriqués dans notre réel, même lorsqu’elles s’appuient sur des révolutions technologiques ou vitales qui nous semblent pour le moment impensables, inconcevables. Par les folies d’une empathie virale, d’une capacité subite de guérir par le regard ou d’identités numériques aussi vivantes et reliées que certains humains rencontrés parfois sur le terrain des initiatives de solidarité, ces oeuvres de fiction nous offrent d’autres façons de regarder et d’agir sur notre monde dès à présent.
(Ariel Kyrou, in Introduction de l’ouvrage)
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Man Pitak n’aime pas qu’on la présente ainsi. Agrégèz, c’est un métier civil, un gagne-pain. Sa vocation est au plus près des corps et des esprits, dans le soin et l’accompagnement. Man Pitak se dit gadézafè, d’autres la disent quimboiseuse, voyante, rebouteuse. Mais elle ne formule rien, elle tient sa place.
L’infirmière-cheffe vient se loger près d’elle, debout contre la paroi du pod.
(Michael Roch, « Les vies de Man Pitak »)
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La catstrophe nous terrifie, et pourtant quelque part elle nous séduit. Car rien ne se reconstruit sans la crise et la petite mort qu'elle porte, lorsque bien sûr est évitée la destruction totale. La catastrophe est paradoxale. Elle vit en nous, trouble et troublante. Elle nous hante. Oh !, bien sûr, notre peine pour les victimes du tsunami en Thailande, de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans ou des crashs d'avions de ligne partout dans le monde n'est pas feinte. Et ce, d'autant que notre réflexe immédiat est de nous identifier aux sacrifiés - surtout quand certaines victimes sont de chez nous, selon la cynique loi de proximité journalistique du "mort au kilomètre".
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Lors d'une urgence sanitaire comme celle du printemps 2020, "Contagion" nous présente un miroir de nos espoirs et de nos désespoirs, de notre lâcheté ou de notre courage, face à une catastrophe qui nous dessille les yeux sur nos fragilités et notre aveuglement.

"Contagion", film de Steven Sodebergh
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Dans sa postface à la réédition en 1997 du roman Stalker, dont le titre original était Pique-nique au bord du chemin, Boris Strougatski donne le sens de ce mot inventé, né de l’anglais to stalk, qui signifie « traquer », « rôder » et surtout, selon lui, « s’approcher furtivement », « marcher à pas de loup ». Le stalker est un voyageur, un chercheur incroyablement attentif au nouveau et dangereux terrain qu’il découvre peu à peu. Il est à l’écoute du bruissement des herbes et des feuilles, aux aguets des ombres, des signes venant des pierres et des arbres, en éveil face aux frémissements des limaces, des mouches et des moustiques. Bref, sans cesse, il met ses sens en interaction, en symbiose aux êtres, objets, mouvements et phénomènes vivants ou non, visibles ou invisibles. C’est un passeur du monde terrestre ou plutôt d’un territoire a priori apocalyptique, né de la fusion du terrestre et de l’extraterrestre. Sans lui, entrer dans « la Zone » revient à y mourir. Il est l’explorateur de l’inconnu, qui emmène à ses côtés d’autres personnes, prêtes comme lui à risquer leur vie, si ce n’est leur âme, dans un espace non pas mort tel celui de La Route, mais ouvert à tous les changements, que ceux-ci s’avèrent in fine positifs ou négatifs, destructeurs ou constructeurs, porteurs d’espoir ou de désespoir.
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Les imaginaires de l’écologie et de la technologie ne s’opposent pas selon quelque loi à jamais figée dans le marbre. Leur antinomie théorique, entre retour pur et simple aux limites d’avant-hier et transgression absolue de ce que seraient les limites de l’humanité, est factice ou du moins circonstanciée et subjective. C’est ce que montre le détour par les imaginaires de l’espace, eux-mêmes contradictoires et immensément pluriels. De leur analyse, ainsi que de l’étude, via le meilleur de la science-fiction, des mythes et des représentations de l’intelligence artificielle et des scénarios d’effondrement sous le prisme post-apocalyptique, il ressort deux conditions indispensables pour réunir ces imaginaires de l’écologie et de la technologie dans une construction commune plutôt que de les laisser continuer à torpiller nos devenirs : d’une part la prise en compte du temps long des changements nécessaires, à l’échelle non pas de notre vie, mais de celle à venir de nos enfants, petits-enfants, arrières-petits-enfants et plus encore à échéance de plusieurs siècles ; d’autre part la nécessité de choix politiques tranchés, en amont et en cours de toute transition qui ne soit pas le leurre d’un retour au même.
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L’auteur de science-fiction ne clôt pas le débat d’idées. S’il semble en phase avec les Terrestres de Bruno Latour pour affirmer qu’il n’y a guère à l’heure actuelle de Plan B pour la Terre, il ne fige pas ses personnages. Il ne bloque pas leurs yeux vers le sol et la lithosphère. Point selon moi essentiel : au contraire de James Gray dans Ad Astra, jamais il ne convoque Dieu dans le théâtre de ses réflexions. Même pas son ombre, que l’on perçoit par exemple, bien que discrète, dans les circonvolutions intellectuelles de Bruno Latour. Mieux : par la voix de l’un des procureurs du procès qu’il intente sans le dire dans Aurora aux apôtres furieux de la conquête de l’espace, aux obsédés de la fuite vers un salut factice à court ou moyen terme, Kim Stanley Robinson prend acte de l’existence potentielle de vies indigènes sur des planètes pour nous inatteignables. Il reconnaît même la crédibilité de l’hypothèse qu’il pourrait exister dans le très vaste univers des extraterrestres tels Starman et son double Newton, joué par David Bowie dans L’Homme qui venait d’ailleurs, ou plus probablement comme la créature de la lune Europe de 2010 : Odyssée deux d’Arthur C. Clarke, dont il continue à creuser le parcours intersidéral. Kim Stanley Robinson préserve ainsi une figure de l’altérité radicale, quelque part dans nos étoiles, sans la réduire au statut de divinité. Sa lucidité dans le temps long de l’espèce humaine, d’un pessimisme justifié et légitime d’ici le quatrième millénaire sur le devenir de la Terre comme sur nos perspectives vis-à-vis de l’espace, ouvre des pistes pour nous extirper de la double impasse des imaginaires de l’écologie et de la technologie : d’un côté, elle encourage la révolution « terrestre » qu’un Bruno Latour appelle de ses vœux ; de l’autre, à rebours des analyses de l’anthropologue et philosophe, elle maintient et alimente la possibilité, voire la nécessité d’une écologie « hors limites », c’est-à-dire hors de Gaïa, laissant la porte ouverte à nos futurs – aussi compliquées que risquent d’être les prochaines décennies. Chercheur d’utopies, nourri de sciences humaines autant que du système Terre, Kim Stanley Robinson doute… Et ne veut surtout pas gommer les horizons de nos imaginaires.
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Cette pluralité de voix, je le répète est cruciale. Pour les uns, la catastrophe a déjà eu lieu. Pour les autres, elle est en marche, voire n’est pas encore suffisamment avérée pour justifier d’un radical changement de vie ou de politique. C’est cette diversité de points de vue, de l’intérieur des personnages, qui rend si prémonitoire Le Troupeau aveugle, livre pourtant publié en 1972, une année avant Soleil vert. Le concert de voix disparates, la diversité des imaginaires de l’écologie mais également des techniques que l’auteur décline face au désastre, permettent de laisser ouverts une multitude de devenirs, pas tous négatifs.
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