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Critiques de Arlette Sérullaz (12)
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La Liberté guidant le peuple : Eugène Delacroix

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« J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle »



En 1830, lorsqu’il peint « La Liberté guidant le peuple », Eugène Delacroix n’a que 32 ans. Il a exploré presque tous les genres et manières de peindre. Son appétit de gloire a réussi à s’exprimer pleinement. Pourtant ses grandes toiles de jeunesse « Dante et Virgile aux enfers et « Scènes des massacres de Scio » avaient sérieusement perturbé les visiteurs et les critiques des Salons annuels qui n’avaient pas de mots assez durs envers lui. Malgré son récent cuisant échec de « La Mort de Sardanapale », les deux premiers chefs-d’œuvres avaient été acquis par l’Etat. Delacroix apparaissait comme le chef de file des « novateurs » et, aidé par Adolphe Thiers depuis ses débuts, il devenait l’emblème du romantisme.



L’artiste écrit à son neveu « Nous avons été trois jours au milieu de la mitraille et des coups de fusil ; car on se battait partout. » Cependant, il se garde bien de participer aux affrontements de 1830. Il assiste à l’insurrection parisienne :



Les émeutiers avancent dans la lueur du soleil couchant en chantant la Marseillaise. La fumée des canons les enveloppe. Ils enjambent les soldats morts. Le drapeau français bleu, blanc, rouge, domine la mêlée. Une forte femme, la poitrine dénudée, conduit le peuple. Elle brandit cet ancien drapeau tricolore que la royauté avait remplacé par le blanc royal à la Restauration. Depuis 1789, cette femme coiffée d’un bonnet rouge symbolise la liberté. À ses côtés, un enfant déluré maniant deux pistolets s’élance d’un pas décidé. Des ouvriers, des travailleurs, avancent le regard dur.

La revendication principale des Parisiens a été la sauvegarde de la liberté de la presse. Le 27 juillet 1830, des ouvriers de tous métiers sont descendus dans la rue. Le 28 juillet, 5000 barricades sont dressées dans Paris. La population est aux côtés des insurgés. Des pavés sont jetés des fenêtres sur les soldats du roi. Le 29 juillet, les révolutionnaires occupent tous les points stratégiques. Bientôt le drapeau tricolore sera hissé sur les tours de Notre-Dame au son du tocsin.



L’artiste, devant ce décor d’émeute, engage un travail d’imagination mettant en valeur les personnages. Tout l’inspire. Dans cette « Liberté guidant le peuple », le peintre reprend le modèle de femme, érigée au rang d’allégorie, de sa toile de 1826 « La Grèce sur les ruines de Missolonghi ». Mais, cette fois, il n’en va pas de même. La Liberté, les seins à l’air, mi-déesse, mi-femme du peuple, entraine les combattants derrière elle. Contrairement aux malheureux grecs des « Scènes des massacres de Scio » de 1824, le peuple de Paris n’est pas passif dans l’attente d’un sort cruel, il est l’auteur de sa propre histoire.

Cette Liberté aux seins nus agitant le drapeau pour conduire les hommes offusque au Salon. « Une poissarde » hurlent certains critiques. « Vraiment, M. Delacroix a peint notre belle révolution avec de la boue ».



Je ne peux m’empêcher de penser à Géricault et son « Radeau de la Méduse ». L’homme, à la pointe du radeau, qui fait des grands signes avec sa chemise rouge à un bateau dans le lointain, rappelle fortement la Liberté brandissant le drapeau tricolore. La construction est également pyramidale. La même force évocatrice…

Cette femme marchant sur les cadavres, suivie d’une cohorte d’hommes et d’enfants en armes crée un mouvement d’une violence exceptionnelle. À ses côtés, figure un jeune garçon, pistolets de cavalerie dans les mains. Enfant de Paris, il symbolise la jeunesse de tout temps révoltée par l’injustice. Il y a de la fougue, du plaisir, de l’envie, dans son œil. Son père, qui s’est battu dans la Grande Armée, lui a conté ses exploits. À son tour, il s’enivre de l’odeur de la poudre et exhorte les insurgés. Il n’a pas peur. Se doute-t-il qu’il va mourir dans peu de temps ? Ce personnage inspirera plus tard Victor Hugo pour son Gavroche dans les Misérables.



Plus qu’une oeuvre, le tableau d’Eugène Delacroix va devenir un symbole que se sont appropriés à tour de rôle les évènements de l’histoire de France. Il entrera plusieurs fois au musée du Luxembourg, sera retiré par différents gouvernements, avant de s’installer définitivement au Louvre en 1874.



https://www.wikiart.org/fr/eugene-delacroix/la-liberte-guidant-le-peuple-1830



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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Delacroix :

Comme tous les volumes de la série « Découvertes Gallimard », celui consacré à Delacroix est très complet, abondamment illustré, et le seul reproche que j’y fait, je l’ai déjà évoqué pour d’autres, c’est l’absence d’une chronologie de la vie de l’artiste.



Les deux autrices, Arlette Serullaz et Annick Doutriaux y retracent le parcours de la vie artistique de ce peintre majeur du dix-neuvième siècle, un peu trop facilement classé comme peintre romantique, alors que, et c’est ce que montre ce livre, comme d’ailleurs la merveilleuse exposition de 2018 au Louvre l’avait fait, Delacroix ne se limite pas à La liberté guidant le peuple ou aux Massacres de Scio, mais fut aussi un formidable coloriste, comme le montrent notamment tous ces tableaux faits lors de son voyage au Maroc, dont le prodigieux Les femmes d’Alger, avec son extraordinaire camaïeu de couleurs. Mais il fut aussi un peintre « officiel » appelé à décorer l’Assemblée Nationale et le Sénat. Et enfin, à la fin de sa vie, voilà cet athée qui s’épuise dans la réalisation de deux tableaux et d’une coupole pour l’Eglise Saint Sulpice à Paris, dont cette merveille, La lutte de Jacob avec l’Ange, si fascinante et si symbolique.



Ce livre nous les multiples facettes d’un Delacroix, dont on peut dire, je crois, qu’il est d’abord et avant tout un maître de la couleur, et dont Signac faisait même un précurseur de l’impressionnisme; et le livre, de fait, comme l’avait montré l’exposition au Louvre, ne dément pas cette assertion, puisqu’il nous donne à voir que Delacroix à la fin de sa vie, va aussi explorer la peinture de paysage, avec notamment Une vue de Dieppe, « quasi-impressioniste ».



En conclusion, un livre de bonne qualité, très complet, facile à lire, pour qui veut connaître (ou refaire le point sur) Delacroix.
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Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple

Elle a été baptisée « déesse de la liberté » par les Japonais, lors de son exposition au Musée National de Tokyo en 1999. Sa dernière sortie française l'a conduite pour un an, en 2013, dans la Galerie du Temps au Louvre Lens où un léger outrage lui a même été infligé, heureusement vite réparé. On en avait presque oublié sa présence discrète sur les anciens billets de 100 francs frôlant la tête de son créateur, quand elle a resurgi brusquement sous nos yeux dans les jours qui ont suivi les attentats : une photo de l'AFP a suffi et plusieurs citations dans différents médias et voilà à nouveau la figure de la « Liberté guidant le peuple » sur le devant de la scène (peinte à l'automne 1830 par Eugène Delacroix), qui symbolise encore et toujours notre liberté chérie devenue Liberté charlie.



Pas inutile donc de relire cette monographie de la collection Solo (28), présentée par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède (2004), pour examiner d'un peu plus près l'histoire de cette oeuvre emblématique devenue icône de la République que son auteur appelait aussi La Liberté ou La Barricade. Eugène Delacroix (1798-1863) a trente deux ans lorsqu'il réalise ce tableau, peu de temps après les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830, les trois glorieuses, qui mirent fin au règne de Charles X et installèrent Louis-Philippe d'Orléans au pouvoir pour dix-huit ans. Présenté au Salon de 1831 et assez mal accueilli par la critique, le tableau est acquis cependant par le roi mais n'intégrera les collections du Louvre qu'en 1874 après quelques vicissitudes. 1830, c'est le moment où Delacroix, prend ses distances avec le milieu romantique et "s'assagit".



Comment lire alors cette immense composition haute de 2,60 m et large de plus de trois mètres, peinte en un laps de temps très court, trois mois, et mettant en scène une page d'histoire dont le peintre a été témoin (de loin, si l'on en croit son ami Alexandre Dumas) ? Que représente cette allégorie faite femme ? Est-elle un manifeste soudain à la gloire des insurgés dans un moment d'exaltation révolutionnaire ou, plus prosaïquement, une intention de l'artiste de relancer opportunément sa carrière après le scandale de Sardanapale au Salon de 1828, en s'attirant les faveurs du nouveau régime ? Rien de tout cela, mais de tout cela un peu. Contradictions d'un artiste exceptionnel, grand admirateur de l'Empire, dont l'âme tourmentée a vibré quelques années plus tôt pour le combat d'indépendance des Grecs contre les Turcs, partagé entre ses ambitions et ses combats esthétiques... La Liberté aurait peut être à voir avec une oeuvre précédente : "La Grèce sur les ruines de Missolonghi" (1826) tant son inspiration, apprend-on ici, n'est pas strictement contemporaine des événements auxquels son iconographie semble l'attacher...



Mérite d'une étude qui rebat toutes les cartes et examine toutes les interprétations. Perçue comme une oeuvre engagée par nombre d'historiens de l'art tout au long du XIXe siècle la Liberté guidant le peuple a pu acquérir le statut d'icône qu'elle conserve encore aujourd'hui. Pour mieux cerner les motivations de l'artiste les deux auteurs reviennent sur le contexte artistique, politique et social de l'époque, s'appuient sur les archives de ses contemporains et de ses amis, ainsi que sur les travaux de recherches et les études menées sur le tableau et sur la manière de travailler de Delacroix – ceux d'Hélène Toussaint notamment – pour en restituer la genèse. Une approche élargie qui permet au lecteur de mieux appréhender une oeuvre pourtant très connue mais autour de laquelle subsistent toujours bien des malentendus. Une manière aussi de se la réapproprier.









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Êtes-vous fort en art ?

Il faudrait avoir sacrément confiance aux ouvrages de poche Larousse pour se laisser persuader qu’à l’issue des quelques deux cents questions contenues dans ce livre, on pourra se situer sur l’échelle de la connaissance dans le domaine artistique. Mais pour un passe-temps amusant et sans prétention, on trouvera son compte.



Les questions proposées au lecteur révèlent une volonté de diversité : elles abordent aussi bien les périodes antiques que modernes et les cultures occidentales qu’orientales ou tribales. On s’aventure à l’intérieur des plus grands musées, mais aussi sur le parvis de sites historiques ou dans l’univers moins concret des opinions et des bons mots.



La variété des domaines artistiques concernée par les questions de cet ouvrage montrera rapidement à l’amateur qu’il est loin d’avoir fait le tour de ses connaissances et lui donnera peut-être envie d’en savoir plus sur les artistes, œuvres ou mouvements découverts au détour d’une question… Des illustrations parsèment les pages et donnent souvent envie d’en découvrir davantage…



De quoi passer un bon petit quart d’heure de distraction pour se rappeler qu’il nous reste encore de nombreux domaines à explorer pour notre plaisir personnel…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Granet

Je suis partagée sur cet opus du cabinet des dessins du Louvre.





D'une part je l'ai trouvé très complet en terme de dessins avec une cinquantaine de planches ce qui est riche pour ce type d'ouvrage. Elles sont de belle facture et toujours bien imprimée





D'autre part le commentaire m'a semblé bien plus pauvre que dans les autres livres de cette collection. les dix pages sont essentiellement composées par le testament du peintre. J'ai trouvé cela bien trop léger. Ainsi, si une biographie est disponible dans le livre, le commentateur n'évoque pas ou peu la vie de l'artiste ni sa technique de dessin!





Bref je suis un peu plus mitigée par ce livre que d'ordinaire où l'on me trouve enthousiaste pour cette collection que j'essaye de savourer.
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L'ABCdaire de Delacroix

Il y a des très bon ABCDaire et des moins intéressants, celui ci fait parti des plus réussis. Il donne les grandes lignes de la vie de Delacroix ainsi que de nombreux détails intéressants. il est bien construit et contient de très nombreuses informations. Il présente la vie et les œuvres du peintre d'une manière didactique. on apprend beaucoup. j'aime les entrées alphabétiques qui permettent d'approfondir certains points. Vous l'aurez compris je recommande ce livre, je crois même l'avoir préféré au découverte gallimard.
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La Liberté guidant le peuple : Eugène Delacroix

Livre intéressant mais pas passionnant.

J'avoue avoir été un peu déçue par ce livre. j'en attendait plus.

Il est bien fait, le texte est intéressant, mais j'ai la sensation que l'on passe beaucoup plus de temps dans le contexte de la création de l'œuvre, qui est certes essentiel, mais pas assez sur l'œuvre elle même, les différents personnages, la technique et la couleur. J'aurais en outre préféré que les illustrations ne soient pas séparées du texte. En effet, si elles étaient insérées à celui ci la lecture serait rendue plus facile.
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La main dans l'art

Se livre laisse chez moi un sentiment partagé. Tout d'abord quel plaisir de la feuilleter et de découvrir toutes ces œuvres d'art sur lesquelles ont passe souvent trop vite et quel plaisir de s'arrêter sur leurs mains qui offrent une part de sa signification au tableau. Nombreux sont les artistes représentés que je connaissais pas. Leur découverte est un des atouts de ce livre.



Cependant face à ces œuvres superbes j'attendais plus du texte. Chaque chapitre et sous chapitre est dédié à la situation dans lesquelles ont voit les mains: les mains amoureuses, les mains jouant de la musique, les mains au travail. Les commentaires étaient systématiquement bien écrit mais j'avais la sensation de m'arrêter à la surface de l'analyse. J'ai eu l'impression d'avoir terminé le livre et finalement peu appris sur le sujet. là se trouve mon grand regret.



Toutefois il m'arrive de le reprendre et de le feuilleter et de regarder de nouveau les œuvres avec un bonheur indéniable.
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Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple

Livre intéressant mais pas passionnant.





J'avoue avoir été un peu déçue par ce livre. j'en attendait plus.





Il est bien fait, le texte est intéressant, mais j'ai la sensation que l'on passe beaucoup plus de temps dans le contexte de la création de l'œuvre, qui est certes essentiel, mais pas assez sur l'œuvre elle même, les différents personnages, la technique et la couleur. J'aurais en outre préféré que les illustrations ne soient pas séparées du texte. En effet, si elles étaient insérées à celui ci cela rendrait la lecture plus facile.
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Delacroix :

Bon découverte Gallimard. Vous y trouverez toutes les informations essentielles sur la vie de Delacroix et son œuvre. Le livre est riche en illustrations même si certaines pourraient être de meilleures qualités. Les grandes étapes de son histoire sont abordées et ainsi que ses œuvres principal. le livre s'intéresse à ses toiles mais aussi aux grandes décorations que l'Etat lui a commandé. cependant, à mon gout le livre, bien que très intéressant manque d'âme et de chair. J'aurais aimé mieux discerner l'homme "Delacroix" mais c'est certainement plus le travail d'une biographie comme celle de Frederic Martinez quoiqu'ici les la partie témoignages et documents soit très utile. Une chose est certaine cependant, après cette lecture il ne faut pas manquer d'aller découvrir les œuvres de l'artiste de visu!

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Delacroix :

Un livre à lire ou à relire pour préparer la visite de la grande exposition Delacroix au musée du Louvre en partenariat avec le Metropolitan Museum of Art de New York (à compter du 29 mars)
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Delacroix (édition française)

Beau livre sur les talents de dessinateur de Delacroix. Oublions l’opposition entre Ingres et la ligne fermée et Delacroix et la ligne ouverte et admirons la talent sans limite de ce grand peintre et dessinateur du XIXème siècle. Comment rester insensible à la vie à l'énergie et au romantisme de ces œuvres. En quelques coups de crayon il parvient à rendre vie à une scène, une femme ou un animal.





J'aurais peut être préféré que l'auteur passe un peu moins de temps sur la constitution de la collection de dessin de Delacroix du Louvre (même si j'en comprend l'intérêt historique) pour se consacrer plus à l'analyse des œuvres car la lire sur le trait de Delacroix s'est révélé passionnant.
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