Armand Bernier

L’écureuil


C’était, tout au sommet d’un arbre, un écureuil.
Prudent, il se gardait de rejoindre la terre.
Il dansait dans le vent, multiple et solitaire,
Tel un bûcher sur fond de ciel.

Les oiseaux, en passant, lui parlaient de l’espace
Et proposaient : « Viens-tu jouer dans les nuages ? »
Mais il savait que c’est au faîte des feuillages
Que Dieu avait marqué sa place.

Je suis pareil à l’écureuil de cette fable,
Trop léger pour le sol et trop lourd pour flotter,
Toujours à la merci d’un équilibre instable
Entre l’argile et la clarté.

Je vous vois, humble goutte de pluie


Je vous vois, humble goutte de pluie.
Vous êtes là, contre la vitre.
Comme un regard chargé de ciel, qui m’interroge.

Je n’ai rien à vous dire.
Je vous demande humblement des nouvelles.

Je suis tout seul, dans cette chambre
Comme un marin perdu.
Vous partez ? Vous partez ? Je tremble
Vous ne m’avez pas répondu.