ROMAN DE LA ROSE Entretien avec Armand Strubel, éditeur et traducteur de l'ouvrage (BNF, 2012)
Entretien avec Armand Strubel, l'universitaire responsable de l'édition et de la traduction du roman pour la fameuse collection "Lettres gothiques", dans le cadre de l'exposition qu'organisa la Bibliothèque Nationale de France, en 2012 et 2013, sur 'Le Roman de la Rose' écrit par Guillaume de Lorris et poursuivi par Jean de Meung.
Voici l'histoire de la très sainte coupe qu'on nomme le Graal, dans laquelle fut recueilli le précieux sang du Sauveur le jour où Il fut crucifié pour racheter les hommes. C'est Joséphé qui en a écrit le récit, sous la dictée d'un ange, afin que par son témoignage soit connue la vérité sur les chevaliers et les saints hommes qui acceptèrent de souffrir peines et tourments pour glorifier la religion que Jésus-Christ a voulu instituer par Sa mort sur la Croix.
Voici le commencement du Haut Livre du Graal, au nom du père, du Fils et du Saint-Esprit. Ces trois personnes ne sont qu'une substance, et cette substance est Dieu, et de Dieu procède le Haut Conte du Graal. Tous ceux qui l'entendent doivent s'efforcer d'en comprendre la signification et oublier tout le mal qu'ils ont dans leur cœur, à cause des saints hommes et des bons chevaliers dont ils entendront raconter les actions. Joséphé nous rapporte cette sainte histoire en l'honneur du lignage d'un bon chevalier qui vécut après la mort du Christ Notre-Seigneur. C'était véritablement un bon chevalier, car il était chaste et vierge dans son corps, hardi et généreux de cœur, et ses qualités étaient sans tâche. Il ne parlait pas volontiers, et, à le voir, on ne l'aurait pas cru d'aussi grande vertu. Mais faute d'avoir prononcé quelques paroles au moment opportun, il fut cause de graves infortunes pour la Grande Bretagne: toutes les îles, tous les royaumes furent dans le malheur, mais par la suite il leur rendit la joie par la vertu de ses qualités chevaleresques.
La genèse du théâtre français passe par le latin - le bilinguisme des clercs est une réalité fondamentale de la culture médiévale - et doit se comprendre comme une variante locale dans un cadre beaucoup plus vaste, la chrétienté occidentale, au sein de ces grandes abbayes qui, en France, e Angleterre, dans les pays germaniques, en Bohême, sont les conservatoires des sciences et des arts (Fleury-sur-Loire, Saint-Gall, Saint-Martial de Limoges, Marmoutier de Tours, Einsiedeln...).
Ce théâtre de l'église est étroitement lié au culte et totalement étranger à la "littérature" : en toute rigueur, il faudrait l'étudier comme un chapitre de l'évolution des liturgies.C'est pourtant là que sont élaborés, pendant trois siècles, les procédés de l'écriture dramatique, tandis que parallèlement et dans la discrétion des bibliothèques monastiques, une sauvegarde très fragmentaire du legs antique est assurée par la copie et l'imitation des auctores, parmi lesquels Plaute et Térence effacent jusqu'à la Renaissance le souvenir des grandes œuvres grecques.
Noble chevalier qui venez, au nom de Dieu, ne me faites aucun mal, car je suis le Chevalier Couard.
D’après le récit véridique de Joséphé, le Château Tournoyant avait été construit par Virgile, qui y avait mis toute sa science, au moment où les philosophes étaient partis à la recherche du Paradis Terrestre. Et une prophétie avait annoncé que le château ne cesserait de tourner que lorsque viendrait le chevalier à la chevelure d’or, au regard de lion, au cœur d’acier, au nombril de vierge, doué de vertus sans taches, de la vaillance d’un homme et d’une foi absolue en Dieu.
Perlesvaus senti le colp qui grant fu et son hiaume enbarré ; il revient vers Aristor si tres durement qu’il li enpaint son glaive tres par mi le cors et abat lui et le cheval tot en un mont ; puis est descendus sor lui, si li oste la coife del hauberc et deslace la ventaille. « C’avez vos enpensé a faire ? fait Aristor. – Je vos trencherai la teste, dist Perlesvaus, si le presenterai a ma seror, a qui vos avez failli ! – No ferez, fait Aristor, mais laissiez me vivre et je vos pardonrai ma haine. – De vostre haine me soufferai je bien, ce m’est avis, d’ore en avant, fait Perlesvaus, mais la vie ne poet plus demorer en vos, kar vos l’avez bien deservi, et Damnedieus ne vielt sofrir ! » Il li trenche la teste tot errant et la pent a l’arçon de sa sele [...].
- Laissez-moi vous couper la tête : c’est à cette seule condition que je peux obtenir grâce.
-Cette grâce-là, je ne peux vous l’accorder, dit Lancelot.
Puis il leva la hache et lui trancha la tête avec une telle force qu’il la fit voler à sept pieds du corps.
Les chevaliers se levèrent d’un bond, rendus tout aussitôt furieux et enragés ; ils roulent des yeux et se déchirent les vêtements en hurlant comme des démons. Ils s’emparent des hallebardes et des épées qui se trouvaient là, avec l’intention de se jeter sur Perlesvaus, mais ils en furent incapables, car Dieu ne le voulut pas ; ils se précipitèrent l’un sur l’autre, se déchirèrent et s’entre-tuèrent sans même vouloir écouter la demoiselle.
Il fait aprester une grant cuve en mi la cort et amener les .xi. chevaliers ; il lor fait les chiés couper en la cuve et tant sainier con il peurent rendre de sanc et les cors oster ariere et les chiés, si que il ne n’ot que le sanc tot pur en la cuve ; aprés fait desarmer le Segnor des Mores et amener devant la cuve ou il avoit grant fuison de sanc. Il li fait les mains lier et les piez molt estroit. Aprés li dist : « Sire des Mores, vos ne peustes onques estre saoulez del sanc as chevaliers ma dame ma mere, mais ge vos saolerai del sanc as vostres ! » Il le fait pendre en la cuve par les piés, si que la teste fu el sanc dusque as espaules, puis le fait tant tenir que il fu noez et estainz. Aprés fait porter son cors et les autres et toz les chiés as chevaliers en un charnier anchien qui iert dejoste une viés chapele en la forest, et le cuve a tot le sanc, fist jeter en la riviere, si que li aigue fu tote sanglente.
Le roi attacha son cheval à un arbre près de la chapelle, avec l’intention d’y pénétrer. Mais même s’il avait dû y trouver tout l’or du monde, il n’aurait pu y entrer, et pourtant personne n’en défendait l’accès : la porte était ouverte, et il ne voyait personne qui en interdise l’entrée. Le roi en éprouva une honte profonde.
Une granz doleurs est avenue novelement par un chevalier qui fu herbergiez en l'ostel au riche Roi Pescheeur, si s'aparut a lui li sainz Graaus e la lance de coi la pointe de fer saine, ne ne demanda de coi ce servoit ; por ce qu'il ne le demanda, sont totes les terres de guerre escommeües, ne chevaliers n'encontre autre en forest q'il ne qeure sus e ocie s'il puet.