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4.34/5 (sur 73 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Morges (Suisse) , le 01/04/1911
Mort(e) à : Marmande (Lot-et-Garonne) , le 09/10/1980
Biographie :

Armel Guerne est un poète et traducteur suisse de langue française.

Il est né de parents français en Suisse. Ses parents reviennent en France alors qu'il a neuf ans. Il poursuit ses études au lycée de Saint-Germain-en-Laye, avant de se voir couper les vivres par son père, il refuse d’étudier le commerce pour succéder à son père, patron d’usine.

Aidé par la famille de son meilleur ami Mounir Hafez, il peut continuer ses études. Il est ensuite professeur en Syrie avant de revenir en France en 1934. À la Sorbonne, il fonde avec Roger Frétigny le Groupe d'études psychologiques.

Guerne publie son premier recueil « Oraux » en 1934.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il cesse toute activité littéraire pour se consacrer aux actions de résistance : il s'engage dans un réseau britannique du Special Operations Executive, le réseau Prosper-PHYSICIAN, aux côtés du chef du réseau, Francis Suttill « Prosper », dont il devient le second.

Lors de l'effondrement du réseau fin juin 1943, il est arrêté par la Gestapo, est interné à Fresnes puis près de Compiègne, est envoyé à Buchenwald, mais il réussit en chemin à s'échapper du train et finit par rejoindre Londres.

Après la guerre, il entreprend un travail conséquent de traduction des œuvres de Novalis, Höderlin, Virginia Woolf, Lao Tseu ou Kawabata.

Il se retire dans le Lot et Garonne dans un moulin qu’il a acheté en 1960. Sa santé, fragilisée à cause de la guerre s’aggrave et il meurt de maladie dix ans plus tard.

Poésie salutaire, lucide, elle prône l’espérance par un langage dépouillé.

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Source : Wikipédia
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Vidéo de

Armel GUERNE – Qui est Armel Guerne ? (France Culture, 1984) L’émission « Agora », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 10 avril 1984 sur France Culture. Invité : Dominique Gagnard.


Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
Méditer sur le verbe, secrètement, pour le salut de l’âme et l’honneur de l’esprit, est devenu, avec la fin des temps, d’une nécessité absolue. Quand tout le monde triche, il n’est ni beau, ni grand, ni héroïque d’être honnête : c’est seulement indispensable pour la sauvegarde de l’honnêteté.
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Novalis ou la vocation d'éternité - extrait
 
Mais qui peut dire que c’est lui qui a mené sa vie quand il lui arrive de parler de la vie qu’il a menée ? Qui peut prétendre sincèrement ne pas avoir été conduit par elle, et fréquemment de très loin, à la rencontre de tel ou tel événement ? Qui connaît seulement les circonstances, le contour même des circonstances de sa propre existence ? À quel moment de son enfance chacun a-t-il fait connaissance avec soi ? Et ce moment, cette heure capitale à partir de laquelle se séparent et divergent la vie profonde et l’existence superficielle, est-il un seul homme qui puisse en fixer la date, ou seulement décider consciemment au bénéfice de laquelle des deux s’est prononcé le divorce ? À laquelle des deux, partant de là, appartient son vrai moi ? Et encore, quand on parle de vie profonde, encore ne s’agit-il pas d’un, mais de plusieurs courants qui se superposent, s’entremêlent, divergent ou convergent, s’engloutissent ou jaillissent, partent ou arrivent. L’amitié de deux êtres repose dans ces eaux-là ; et l’amour, quand on le rencontre, vient de cette source ; le mystère de la douleur – la douleur dont il ne faut jamais rien dire – c’est qu’elle s’enfonce en nous et dans notre existence jusqu’à la vie profonde indéfiniment ; et la vérité indicible, c’est qu’elle est en elle-même, tout au fond, quelque chose comme un sanctuaire où s’opère une réconciliation impossible, où se fait un aveu parfaitement inavouable, un radical changement de sens que tout accepte en nous spontanément alors même que nous le refusons : un changement de sens par lequel nous n’apprenons pas, mais nous savons et connaissons qu’elle est la porte, oui, l’unique porte ici-bas qui ouvre sur la joie. Que l’une et l’autre sont un seul être, le nôtre, qui n’avait pas deux visages, mais un seul, le vrai, qu’on ne connaissait pas : un visage sous lequel et dans lequel tout se passe visiblement ; mais sur lequel, invisiblement, il n’y a qu’un sourire.
   
Éditions Points, 2011 (pp. 128-129)
La première édition a paru en 1977 aux éditions Phébus.
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SAINTE SOLITUDE
     
Virginal horizon tendu
À l’angle des mémoires,
Désert de pureté
Néant noir inconnu :
Je suis l’ombre dit l’ombre
Et mon ombre n’est pas.
     
Je suis l’errant qui ne sais pas
Dit le vent où il va,
Portant dans l’urne des printemps
Ou sur la croix des hivers
Un chant plus solitaire
Que le gémissement d’un mort.
     
Je suis qui parle dit la voix
Plus lourdes d’évidences, dévalant les parois
De l’invisible,
Plus lourde d’éminence que la réalité.
Océan, océan, vieux rebelle
Toi qui brasses et la rumeur
Millénaire et l’instant
Tout en précipitant les matins nus
Au labyrinthe de tes profondeurs ;
Vieil océan vengeur
Marins peuplés d’éternités
Et de folles géographies,
Toujours depuis toujours
Halant sous le soleil et dans la nuit
Ton voyage sans bords :
Je suis la mer, dis-tu ;
Et toutes choses à jamais
Sont enchantées
Dans ton silence triomphal.
     
Mais autour des sommets, la meute des abîmes…
     
Car voici que le nombre a dit le nombre
Au nombre, et le matin brutal détruit
Les châteaux de la nuit.
Je suis celui qui fut
Voyageur, voyageur
Venu sous le soleil et les mains de la pluie
Celui qui est et qui n’est plus,
Car voici que le don de vie
A passé par les fleurs ;
Je suis le coeur, je suis le nom,
Je suis l’itinérant qui longe l’horizon
Et voici que le ciel se ferme comme un poing.
     
Consolez-vous de lui, maisons abandonnées !
Ces deuils extasiés n’avaient point de racines,
Et du lent paysage ils n’avaient point l’accueil.
Consolez-vous de moi, rochers subtils
Penchés au creux torride de l’été
Sur les sources taries.
Dans l’immobile extase du silence
Une respiration – mais où ?
Bat comme un pouls.
Retentissantes sont les profondes années
Loin au-dessous.
     
Prophétique lumière ! émerveillée
des feux qui transitent l’abîme,
Est-ce toi, pâlissante éblouie
Aux jeunes franges du matin ?
Est-ce toi ?
Et ta danse vertigineuse
Est emplie d’anges et de démons
Plus transparents encore et plus légers
Que la transparence inouïe
De ta joyeuse incantation !
     
Blanches ténèbres radieuses
Épaissies de splendeur,
Blanche ténèbre enfin blessée
Sanglante de lumière et de solennité,
Vois : l’immobile orage de l’attente
N’attends plus
Maintenant sous la neige
Impatiente et furtive
De l’éternité.
Et je ferme mes yeux en toi.
     
1958
     
Le poids vivant de la parole, pp. 37-39.
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Karoline von Günderode
Libre voici que je l'étais, des frontières étroites de mon individu ; et cessant d'être une goutte isolée, j'avais été rendue au tout que je possédais à mon tour ; du tout j'avais la pensée, du tout j'avais le sentiment ; dans l'océan j'étais une onde, dans le soleil j'étais rayon, avec les astres la gravitation ; en tout j'avais sentiment de moi-même, et en moi-même je jouissais de tout. p 686
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Novalis ou la vocation d'éternité - extrait
         
Per speculum in aenigmate, dit Saint Paul. Nous tous, nous nous connaissons tous dans cette même expérience, où tout à coup les frontières ont changé de bord et chaviré les habituelles perspectives ; chacun de nous a essayé sur soi, peut-être pas un jour, mais une nuit ou l'autre, la possibilité magique d'une brusque lecture transversale. Nous avons tous eu des rêves qui suivaient en nous ces chemins-là. Est-ce pour rien ? Tant d'hommes si différents, et tant de rêves si semblables ! Or le rêve n'est pas fautif, quand il nous a parlé son langage, si le matin nous l'appelons un rêve, et si nous nous empressons de l'oublier pour aller au bureau. D'ailleurs, il n'est pas du tout sûr que de seulement négliger d'y penser suffise pour qu'une chose s'oublie ; il n'est absolument pas certain que ce que nous oublions nous oublie. On devrait y songer sans trop de présomption ; c'est probablement par ce côté-là que nous arrive à peu près tout ce qui nous concerne vraiment, tout ce qui a authentiquement, personnellement, pour notre vie, de la valeur et a assez d'importance pour n'être pas soumis à notre estimation.
C'est par là que s'opère aussi, pour Novalis, le ministère religieux de la poésie : aménager en nous, en nous faisant baisser la voix, cette matrice de silence vivant qui ressemble au silence bruissant des rêves où chaque chose retrouve sa voix, ou peut-être à cet autre silence dont on rêve dans une église, où la prière, au lieu de monter de nous comme une fumée, descendrait par amour dans notre amour, ou serait aspirée en lui.
       
Éditions Points, 2011 (pp. 123-124)
La première édition a paru en 1977 aux éditions Phébus.
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Société de consommation ? C'est société anthropophage qu'il faudrait dire : une société de consommés. Ils gueulent, mais tous se font manger avec l'espoir, eux aussi, qu'ils mangeront tous les autres.
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SOUDAIN

Des mots, rien que de les poser
L’un à côté de l’autre,
Qui disent plus et vont plus loin
Que nous n’allons ; des mots
Soudain qui ne sont plus les nôtres
Et qui se tiennent tellement
Près d’une vérité suprême.
Des mots qui cessent d’être dits
Pour mieux venir, soudain, redevenir
Des paroles de la parole.

(Sourde écoute) vers 1973

Le poids vivant de la parole, p. 57
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Si le monde est si loin, à présent, de la poésie qui a toujours été si prés du monde, c’est qu’elle est avant tout une école où l’on apprend comment se taire, et pourquoi.

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Armel Guerne se plait à voir dans l'Orient l'origine même de la civilisation avant qu'elle ne dégénère (...)
En s’étendant vers l’Occident, la civilisation a progressé vers sa déchéance, vers la trahison de sa source, poétique et édénique : car c’est bien en Orient que se trouvait l’Eden perdu, et cet Orient éveille encore en nos mémoires la nostalgie de cette première patrie de l’enfance de l’humanité, la nostalgie de l’enfance elle-même, que nous aspirons à retrouver avec « le délicieux jardin de ces Mésopotamies où l’on sait que jadis, caché dans la fraîcheur de ses ombrages, se situait l’Eden ». Préface de Sylvia Massias
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Bientôt nous verrons les hommes (comme ils le font déjà sans le savoir) transporter matériellement avec eux leur petite provision de ténèbres, afin d’y voir briller leurs lumières.

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