Citations de Arnaldur Indriðason (1498)
Elle pensait à Runolfur, à cette méchanceté qui l'habitait et qui coulait au fond de sa conscience telle une rivière noire, profonde, froide et tourmentée.
Elle était totalement détruite. Elle m'a expliqué que le pire de tout, c'était le harcèlement , qui faisait de toi une loque humaine. On finit par avoir de soi la même opinion que ceux qui nous tourmentent.
L'espoir est fort chez les gens à qui il ne reste plus rien.
C'était un mois de janvier glacial, l'imposante bâtisse semblait grelotter, isolée au bord de la mer, au milieu de son grand parc sombre planté d'arbres.
L’histoire n’est qu’un tissu de mensonges – et nous le savons bien, vous et moi. Il y a eu tant de dissimulations, tant de choses inventées de toutes pièces ; nous avons dit la vérité sur des mensonges, et menti sur la vérité, enlevé telle chose pour la remplacer par telle autre. C’est notre job, vous m’avez dit un jour que l’histoire de l’humanité n’était rien d’autre qu’une succession de crimes et de malheurs. Eh bien, c’est aussi une succession de mensonges savamment construits.
C’est ainsi que je commençai à apprécier les grandioses récits de héros et de vengeances, d’amour, d’honneur et de droiture, les histoires qui parlent d’hommes entiers, de femmes subjuguantes, d’affrontements exaltants et de morts héroïques qui m’arrachaient des larmes. P 27
Le métier de la guerre contient en lui tous les autres.
" Oh, où suis-je donc,
Maintenant que s'abat l'hiver
Et où ont fui les fleurs
Le soleil
Et l'ombre rafraîchissante de la terre ?
Résonnent les murailles,
Muettes et glaciales,
Grincent les girouettes
Dans la tempêtes. "
Extrait de Au milieu de la vie Friedrich HÖLDERLIN
Il pensait à la façon dont les parents maintenaient parfois leurs enfants à distance jusqu'à ce que leurs relations se résument à des comportements convenus et polis, minėes par le mensonge né de l'expérience commune bien plus que construites sur un amour authentique.
Souvent, elle repensait à ces instants et se disait qu'elle serait peut-être parvenue à changer le cours des événements si elle avait essayé de réagir tout de suite face à cette violence, si elle avait tenté de le quitter, de s'en aller et de ne jamais revenir, au lieu de se contenter de trouver des raisons et de se faire des reproches.
- Et Robert, il nous en dira peut-être plus ? demanda Erlendur.
- Robert est mort hier soir, répondit Elinborg, un soupçon de mauvaise conscience dans la voix. […]
- Il a laissé un bref message dans son placard juste avant de mourir, dit Sigurdur Oli. « Elle m’a tué. »
- Nom de Dieu, quel humour ! répondit Elinborg. C’est franchement nul.
(…) chaque pas que nous faisons en avant en engendre un second qui nous ramène vers le passé…
Le jour se levait à peine et les ruines fumaient encore dans le froid glacial de janvier.
Les jours raccourcissaient de plus en plus vite, l'hiver approchait. Bientôt, ils ne dureraient plus que quatre petites heures qui feraient de leur mieux pour illuminer un ciel rempli de ténèbres.
Quand il rentra ce soir-là, il s'en prit à leur mère. Le lendemain matin, elle avait un oeil au beurre noir et elle boitait. Ils entendirent ses gémissements pendant que Grimur la battait. Tomas vint se réfugier dans le lit de Simon, il fixait son frère dans la pénombre et, comme si cela avait le pouvoir d'effacer ce qu'il avait fait, il répétait constamment :
-... pardon, je ne voulais pas, pardon, pardon, pardon...
Ils se turent un long moment. Le vin italien venu de Toscane avait un goût aussi doux que fruité sur leurs papilles. La musique qui tombait du plafond était italienne, tout comme le plat qu’ils attendaient qu’on leur serve. Seul le silence entre eux était islandais.
Importants ou non, les livres voyagent partout. Bons ou mauvais, ils ne choisissent pas leurs propriétaires, pas plus que le genre de maison dans laquelle ils vont se retrouver ou l'étagère sur laquelle on les rangera.
Tous ces gars-là ont des jeeps. Moins ils en ont dans le pantalon, plus la bagnole est chère.
Nous passons notre temps à attendre la fin du monde. Qu’elle se manifeste sous la forme d’une comète ou d’autre chose. Nous avons tous notre fin du monde personnelle. Certains vont même jusqu’à l’attirer. Certain la désirent. D’autre tentent d’y échapper.
Le temps, répondit Erlendur, en replaçant le drap sur l'enfant, il ne guérit pas la moindre blessure.