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Citation de fanfanouche24


[cf: Michel Abescat

Telerama n°3610-Créé le 19/03/2019.]

"Dans Nos vies romancées, paru en 2011, Arnaud Cathrine s’était déjà essayé à l’autoportrait en convoquant quel­ques livres fondateurs : Carson Mc­Cullers, Françoise Sagan, Fritz Zorn ou Sarah Kane. Cette fois-ci, c’est en s’appliquant à « voler des gens », c’est-à-dire en imaginant l’histoire d’anonymes rencontrés dans les trains ou aux terrasses de café, qu’il se dévoile à nouveau, devenant en miroir de ses personnages l’acteur principal de ces soixante-cinq récits, aussi courts que vifs. Depuis l’origine, il y a maintenant vingt ans, les romans d’Arnaud Cathrine composent d’ailleurs, à la manière d’un puzzle subtil, une sorte d’autoportrait crypté, les masques de la fiction servant à faire tomber ceux de la vie réelle. En se plaçant aujour­d’hui au premier plan, maître d’un théâtre où s’improvisent et se rêvent les histoires de ceux qu’il croise, ce sont ses propres fantasmes qui occupent l’avant-scène où il se montre pour la première fois à poil, tel qu’en lui-même.

Ce quatorzième livre dessine ainsi une géographie familière, entre Paris, la Normandie et Arcachon. Les plages souvent vides des basses saisons, les cafés, les restaurants, les gares et les trains évoquent une certaine solitude. La récurrence de son intérêt pour les très jeunes gens, souvent empêtrés dans le carcan familial, ou bien pour les femmes âgées, à la gloire passée, dit, une fois encore, la difficulté d’échapper à un destin trop bourgeois et trop conforme, le goût des garçons longtemps caché, l’angoisse du vieillissement et de la mort. Comme Luka, héroïne d’un roman paru en 2002, Arnaud Cathrine invente des vies pour mieux affirmer la sienne, met à nu un long chemin où dominent la mélancolie, la difficulté de supporter sa liberté, et la nostalgie de ce qui n’a pas eu lieu, rencontres trop éphémères, amours dérobées. La beauté du livre tient à l’acuité du regard et du verbe, à sa quête bouleversante de la vérité. « Ce fut épuisant et long de devenir nous-mêmes, mais nous pouvons être fiers d’y avoir consenti. » "
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