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Note moyenne 3.58 /5 (sur 323 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : NANCY , le 26/03/1979
Biographie :

Arnaud Dudek est né en 1979. Il vit à Paris.
Il a participé à plusieurs revues, dont Les Refusés, la Revue Décapage, Tempo, ou encore Rouge Déclic. Il est également le cofondateur des rencontres littéraires AlternaLivres.
Il est l'auteur de Copenhague, nouvelles, Éditions Filaplomb,
Les vies imperméables, nouvelles, StoryLab Éditeur (2011), Rester sage, roman, Alma Éditeur 2012, Les fuyants, roman, Alma Éditeur (2013), et Une plage au pôle Nord, roman (2015).


Source : Alma éditeur
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Bibliographie de Arnaud Dudek   (13)Voir plus


Entretien avec Arnaud Dudek à propos de son roman Une plage au pôle Nord

D`où vous est venue l`idée de ce titre original ? S`est-il imposé dès le début ou après avoir écrit le livre ?

Le fil conducteur d`Une plage au pôle Nord, c`est le télescopage de deux personnages opposés, Françoise et Jean-Claude, la veuve sans enfant et le père divorcé, l`institutrice à la retraite et l`ouvrier au chômage... Je souhaitais que le titre du roman leur ressemble, ou du moins traduise ce qu`ils s`apportent mutuellement. J`ai tâtonné quelques semaines, et puis j`ai trouvé. Il n`y a ni igloo ni palmier dans le livre, c`est mon Automne à Pékin, mais l`image est parlante, je trouve.


Vous jouez sur les conventions romanesques en interpellant le lecteur, en proposant un point de vue extérieur au récit qui rappelle en permanence que vous racontez une histoire : pourquoi ce choix ?

Mes ouvrages, je les vois comme des contes de la vie ordinaire. La mode est manifestement au « biopic » littéraire, à l`exofiction (ça peut donner de très bons romans, du reste, comme l`Evariste de François-Henri Désérable, parce que le garçon a du style) ; moi, je préfère dire des « mensonges plus vrais que la vérité », comme l`écrit Ivo Andric. D`où cette prise de distance narquoise, cette envie de rappeler de temps à autre au lecteur que je raconte une histoire, ce qui donne plus de liberté pour parler du monde, finalement.


Quelles ont été vos influences littéraires pour écrire ce livre ? Si l`on vous dit qu`il rappelle Jacques le Fataliste par ses digressions, est-ce quelque chose qui vous plaît et auquel vous aviez songé ?

La digression est un sport que j`aime pratiquer. Croiser des histoires, assembler des morceaux de tissu narratif... C`était encore « pire », si j`ose dire, dans Rester sage, mon premier roman. Après, le but, c`est que les coutures ne se voient pas. Mes maîtres dans ce domaine ? Je dirais Laurence Sterne et son Tristram Shandy, mais aussi Philippe Jaenada et son Chameau sauvage... Soit dit en passant, je n`ai jamais lu Jacques le Fataliste (ce qui me permet de répondre, hop, une pierre, deux coups, à votre douzième question)...


Vous évoquez par petites touches rapides des thèmes importants dans notre société actuelle : le chômage, la montée du Front National, les mesures anti-SDF… Vous concevez-vous comme un auteur engagé ?

Disons plutôt que je suis un auteur concerné. Je ne peux pas raconter la vie en passant sous silence ce qui me dérange, ce qui m`émeut, ce qui me révolte. Mais j`aborde ces sujets à ma manière, par petites touches, le sourire en coin. Des pichenettes, plutôt que des coups de poing. Parfois, c`est plus efficace.


Il est beaucoup question d`amour et d`affection dans ce livre, mais pas comme dans les comédies romantiques : entre un couple de personnes âgées, entre deux amis de longue date, entre une retraitée et un jeune chômeur… D`où vous vient ce goût pour la focalisation sur l`original, sur le peu commun et le peu évoqué ordinairement en littérature ?

J`aime jouer avec les codes, orchestrer des rencontres amoureuses ratées, lancer des fausses pistes... Dans Une plage au pôle Nord, je me suis amusé avec le « double fond » des personnages : des vieilles personnes qui ressemblent à des sales gosses, un juriste qui dessine des extra-terrestres en cachette, un chômeur doux et flottant, pas très futé a priori, et qui se révèle brillant dans bien des domaines... L`idée, c`est de saisir le quotidien dans ce qu`il a de plus banal, mais aussi de plus surprenant. C`était déjà le thème des Vies imperméables, mon premier recueil de nouvelles.


Vous faites parfois preuve d`une certaine ironie envers vos personnages : comment les considérez-vous, quel est votre rapport avec eux ?

J`ai de la tendresse pour chacun d`entre eux, évidemment. Petit, j`avais des amis imaginaires. Ils sont leur prolongation, d`une certaine manière.


Le titre du livre et le ton employé peuvent faire penser à la fable ou au conte : quelle serait alors la morale de l`histoire ?

Pas de morale, juste ce message : n`abandonnons pas tout espoir, on peut réussir à se tenir droit malgré toutes ces peaux de banane qui prennent un malin plaisir à se jeter sous nos semelles, on peut tenir parce qu`il y a les autres, parce qu`on n`est pas seuls ici.


Arnaud Dudek et ses lectures

Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

L`Attrape-coeurs de J. D. Salinger.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Emmanuel Bove. La plupart des auteurs publiés chez Minuit. Tant d`autres… Et puis David Markson, bien entendu.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

L`Attrape-coeurs, encore. Je devais avoir treize, quatorze ans. Je ne savais pas que la littérature, ça pouvait aussi être ça. Un roman qui me parlait. Un roman qui mettait des mots sur mes angoisses. D`une certaine manière, J. D. Salinger a changé ma vie. Il a changé beaucoup de vies, d`ailleurs.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Tintin au Tibet, sans doute.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Jacques le Fataliste.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Le petit malheureux, de Guillaume Clémentine. Dommage que ce type n`ait publié qu`un seul livre.
Et j`ajouterai Epépé, de Ferenc Karinthy (plus vraiment méconnue, la perle, grâce aux éditions Zulma qui l`ont rééditée récemment).


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Le Mars de Fritz Zorn. Je suis complètement passé à côté.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Cette phrase de Cesare Pavese : « Parmi les signes qui m`avertissent que ma jeunesse est finie, le principal, c`est de m`apercevoir que la littérature ne m`intéresse plus vraiment. » Nous sommes encore jeunes.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Je viens de terminer deux romans d`anticipation aussi palpitants que glaçants, Un regard en arrière d`Edward Bellamy (l`an 2000 vu depuis 1887) et Entre toutes les femmes d`Erwan Larher (le futur vu depuis 2015).
Et je viens de commencer Chut, de Charly Delwart.


Découvrez Une plage au pôle Nord de Arnaud Dudek aux éditions Alma :




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Arnaud Dudek vous présente son ouvrage "Le coeur arrière" aux éditions les Avrils. Rentrée littéraire automne 2022. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2640899/arnaud-dudek-le-coeur-arriere Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
"Choisir c'est renoncer, choisir me pétrifie .
Je crois que je n'aime pas le changement ."
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Des amis lui ont proposé de dîner chez eux, il a décliné. Aucune envie de s'extasier sur les progrès de leur bébé, ses premiers pas, sa première dent, ses premiers mots. Augustin marche en canard, sa canine pousse de travers, il beugle "baba" quand on lui montre un cheval, tout cela est d'un intérêt très relatif. Au lieu de féliciter les parents d'Augustin pour le splendide étron verdâtre que ce dernier a déposé dans sa couche, Simon choisit de se frotter au monde, de boire beaucoup, de ne surtout pas rentrer seul.
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On le sait, L’Escalator souffre d’un déficit d’image dans le cinéma comme dans en littérature. Au rayon ressorts narratifs, les artistes lui préfèrent l’escalier, ou bien l’échelle. Assez rare qu’un personnage de roman franchisse une étape importante de sa vie sur un Escalator. Roméo ne déclare pas sa flamme à Juliette depuis un escalier mécanique.
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"Jules n'est pas guéri car on ne guérit pas de ce dont il souffre, une douleur qui ne s'éteindra pas tant que la vérité ne se fera pas sur Céline , une douleur qui ne s'éteindra peut- être jamais ..".....
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Simon a vingt minutes de retard, ils n'ont pas réservé, est ce que cette table vous convient, souhaitez vous prendre un apéritif, je vous apporte la carte.
- Je peux te demander quelque chose?
- Je t'écoute.
Il l'écoute, et tout de suite le coude d'un catcheur mexicain vient s'abattre sur son plexus solaire. il lui faut une bonne trentaine de secondes pour retrouver son souffle.
- Me présenter à tes parents?
Dans sa tête Simon a quitté le restaurant, volé une voiture et rejoint l'autoroute. Il se mêle au ballet des camionnettes et des berlines racées, slalome parmi des crédits à la consommation et les familiales couvertes d'autocollants de parcs d'attraction, tant pis pour les rognons de veau flambés à l'armagnac, qui sont pourtant très bons, spécialité de la maison.
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Martin raconte tout, son idée de vengeance ce matin, le coup de sonnette dans le vide, le marteau dans son sac (c'était donc ça !), tu te mets à souhaiter une pause dans le récit. Tu espères une rupture de ton, un éclat de rire avec une claque sur l'épaule, un je plaisantais prononcé avec force mimiques, une grande bouffée de rire bruyant, oh oh, tu m'as cru, ce que tu peux être naïf. Un temps d'arrêt, une parenthèse florale, une respiration bucolique, la description d'un paysage argentin empreint de sérénité, une plaine pampéenne reposante où il existe d'importantes variations de reliefs, où des paysans fendent la brume fraîche qui recouvre les champs. Oui, à ce stade, l'histoire de Martin manque singulièrement d'un moment argentin.
Martin a fini son monologue désespéré et désespérant. Manifestement, c'est à toi de parler. Tu hésites entre un mon Dieu hystérique et un je passe plus doux. Tu mesures la gravité de la situation. Le raisonner, lui faire la leçon ?
- C'est pas une solution... Non, franchement... Ta voix s'effiloche avant de se dissoudre. Tes arguments: aussi convaincants que la photo d'un poumon cancéreux posée sous le nez d'un ado rebelle. Martin fait mine d'être d'accord et tu es trop content de changer l'orientation de la conversation. Tu exhumes des histoires, ressuscites des anecdotes. Des placards sortent de doux souvenirs, des doudous rassurants qui prouvent que vous avez été vivants, et que vous pouvez l'être encore. Les événements les plus banals se changent en formidables épopées.
- Eh, tu te souviens des boîtes aux lettres qu'on remplissait de soda, avec Laurent ? Et les dix-huit ans de Lolo ? La tête des gendarmes quand il a baissé la vitre de la Panda !
Vous étiez mignons à l'époque. La vie était facile. Même si vous teniez à peine debout, l'avenir qui vous attendait forcément était droit comme un i.
- On était cons.
Déjà treize heures trente. Au même moment, à deux rues de là, le libraire Dupont se fait livrer un pack d'eau minérale et des sous-vêtements propres. En direct d'un balcon, un journaliste décrit l'action à la manière d'un commentateur de football italien. Martin te quitte après le tiramisu maison.
- Ça va mieux ? lui lances-tu sur le trottoir.
- Disons que ça pourrait aller plus mal, dit-il en s'éloignant.
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La vie se termine souvent là où commencent les statistiques.

Avant d'être une série de données, Laurent étudiait le droit. Jouait au mot de cinq lettres en cours de constit'. Arpentait les couloirs de la fac à la recherche du sosie de Kate Winslet. S'endormait sur les dépêches du JurisClasseur. Avec Martin, avec toi, avec d'autres, Laurent se rendait à des soirées où l'on refaisait le monde autour d'un plat de pâtes. Les lendemains de Laurent démarraient rarement avant midi... Sauf ce mardi, où la Ford blanche du chauffard a percuté sa voiture.
On ne devrait jamais rien changer à ses habitudes, songes-tu, et tu lâches la main courante. Après la mort de Laurent, quelque chose s'est cassé. Tu as voulu prendre l'air, te sauver, t'éloigner. Tu as passé une année à l'étranger à contempler, rêveur, les jupes des petites Anglaises insensibles au froid. Elles se baladent en soutien-gorge par moins dix degrés, crispées sur leurs talons, la lèvre supérieure tartinée de mousse de Guinness. De retour en France pour ton troisième cycle en ingénierie informatique, tu as subi les humiliations comico-sexuelles de tes aînés, avant de te venger sur la promotion suivante. Lors d'une soirée organisée par plusieurs associations d'étudiants, une soirée pleine d'alcools forts et de déguisements improbables, tu t'es pris pour Lucky Luke et tu as flashé sur le Petit Chaperon rouge. Elle a refusé de se laisser attraper par ton lasso. Tu as eu envie de la revoir. Pour lui offrir des fleurs (des gueules-de-loup, forcément), lui donner un double des clés, choisir un lave-linge commun, entendre tes parents lui dire Marie, appelez-nous Nicole et Robert. La vie était lancée. Plus le temps de rappeler les vieux copains, pas même Martin. Le temps a commencé à se compter en années.

Pas trop tard pour se rattraper.
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«  Je ne grandis pas dans un centre - ville rempli de néons et de bâtiments trop hauts , mais dans un village de cent cinquante - trois habitants avec des cabanes dans les arbres, des marronniers, des chèvres à poil ras, un bout de terre situé à quinze kilomètres au sud de la capitale régionale.

Pas de machines urbaines dans mes oreilles , ni marteaux - piqueurs , ni badauds avinés , ni Klaxons , ni sirènes.

Juste le souffle du vent dans les arbres, le pépiement des oiseaux , le tintement des cloches , et puis quelques vocalises de coqs face aux nuages, dès l’aube » ....
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Les photos de l'enfance, c'est toujours un peu pareil. Un bébé couperosé, donnant l'impression d'avoir mangé un plat trop pimenté, un bébé à élever volets fermés et rideaux tirés, un bébé que tout le monde ose trouver mignon. Puis les enfantillages, les poses en anorak orange devant un bonhomme de neige raté, les poses en slip de bain kaki devant un château de sable raté, les poses en sous-pull bordeaux devant un fraisier penché (le cliché ne raconte pas l'océan de larmes, dix secondes avant le flash: un gâteau aux trois chocolats avait été commandé). Ensuite ? Le corps commence à pousser, à nous cerner, à nous enfermer dans un bocal. La vie angoisse, la mort angoisse, l'amour angoisse et les bagues grises d'un appareil dentaire voilent le sourire. Il n'y a rien de moins photogénique qu'un adolescent complexé. Un poulpe, à la rigueur.

Martin n'a pas échappé aux heures de sourire figé, aux « ouistitis » et aux « cheeses » prononcés avec conviction. Martin n'a pas échappé aux recule, aux encore un peu à gauche, aux bah on la double t'as fermé les yeux d'une mère rarement aussi directive que dans ces moments-là.
Là où Cathy se démarquait, c'était dans la phase suivante.
Elle ne développait jamais les photos.
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Martin a treize ans, des tas d'amis imaginaires, un appareil dentaire. Il aime s'entraîner à marcher les yeux fermés au cas où, un jour, il deviendrait aveugle. Sa collection de pin's vient tout juste de s'enrichir des nattes de la Belle des champs. Au-dessus de son lit, Jean-Pierre Papin réussit un retourné acrobatique. Rien de violent dans son quotidien: on ne mange pas de cocaïne à la petite cuiller, des femmes mal rasées ne vendent pas leur corps sous ses fenêtres.
En revanche, il ne sait pas qui est son père.
Sa propre mère n'a pas bien connu le géniteur; une demi-heure, tout au plus. Elle pense l'avoir croisé deux fois depuis la conception: dans la salle d'attente d'un dentiste, puis, l'année suivante, dans un ascenseur, sans certitude. Elle n'a jamais cherché à mythifier ce père inconnu, en faire un légionnaire couvert de cicatrices, l'inventeur du vaccin contre la variole ou un nouveau Hemingway: très tôt, Martin a compris qu'il était le fruit d'une erreur de jeunesse, le produit d'une banquette arrière et d'une soirée disco trop arrosée. Voilà bien le genre de révélation qui n'aide pas à se construire, ni à avoir confiance en soi.
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