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Critiques de Arnauld d` Abbadie (1)
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Douze ans de séjour dans la Haute-Ethiopie

Arnauld d`Abbadie est parti découvrir l’Éthiopie en 1837 en tant que géographe, mais son récit fait surtout penser à celui d'un ethnologue. A noter qu'il ne parle que du Nord de l'Éthiopie , il fait une incursion au Godjam et c'est tout, il est resté bien au Nord de l'actuelle capitale, Addis-Abeba (qui n'existait pas à l'époque). Il souhaite visiter le centre, la province du Chawa, mais n'y réussit pas dans ce récit qui se déroule sur quatre ans (pas douze) et se termine par "Fin du premier volume".

Dans ce pays où les étrangers ne sont pas les bienvenus, Arnaud d'Abbadie essaie de comprendre les manières éthiopiennes pour se faire accepter. Il rend hommage aux puissants qui gouvernent les provinces et gagne leurs bonnes grâces. C'est assez incroyable de voir que tous les villages où il passe l'invitent et fournissent la nourriture pour lui-même et son équipage. Les habitants sont pauvres, mais c'est la coutume, toute personne amie du prince est leur hôte lorsqu'elle passe dans leur village.



L'auteur commence par analyser les mentalités des habitants, en distinguant ceux des basses terres et ceux des montagnes ou des hauts plateaux. Arnaud d'Abbadie nous décrit l'Éthiopie médiévale, avec son organisation en petits royaumes dominés par des souverains qui sont perpétuellement en conflit avec leurs voisins. Il donne de nombreux détails sur l'organisation de la cour d'un prince, les rôles exacts de ses différents conseillers, autant de points qui ne sont pas forcément passionnants pour le lecteur, à moins d'être réellement intéressé par l'histoire éthiopienne. Ensuite il raconte, toujours avec force détails, les différentes campagnes militaires que mène le seigneur qu'il suit, et auxquelles il participe avec curiosité et plaisir. Presque la moitié du livre est consacrée à ces campagnes contre des princes ennemis ou des vassaux rebelles. Pour chaque bataille l'auteur décrit les protagonistes, leurs alliés, les forces en présence, le déroulé des opérations et ce qui se passe après la victoire. Autant dire qu'on peut lire toute cette partie en diagonale, même en connaissant le pays on ne peut s'intéresser de manière aussi détaillée à toutes les péripéties de son histoire.



Arnauld d`Abbadie analyse la stratégie et la mentalité militaire des Éthiopiens, et c'est intéressant. Il n'a pas grande estime des commandants locaux, mal organisés et incapables selon lui de diriger des forces nombreuses. Il dit d'ailleurs que les forces nombreuses font plus de mal pendant leurs marches que pendant la bataille, car le passage d'une armée est signe de disette pour les habitants. C'était également le cas en Europe pendant fort longtemps, (jusqu'au 18ème siècle inclus je pense ?).

Il décrit les camps de l'armée comme mal protégés, et qui pourraient être pris d'assaut par un nombre limité d'ennemis tant ils sont mal défendus. Les batailles mettant en présence des armées nombreuses sont souvent des suites de petites escarmouches, loin des grandes batailles rangées européennes, et leur avantage est de faire moins de victimes. Les prisonniers sont divisés entre les riches, qui seront l'objet d'une rançon, et les pauvres qui sont souvent relâchés immédiatement. Il vaut mieux d'ailleurs être un soldat prisonnier qu'un simple civil car chaque bataille gagnée est suivie de scènes de pillage. Malgré tout les actes de cruauté gratuite sont peu communs parmi les soldats éthiopiens, quelle que soit la haine existant entre les belligérants.

Encore une caractéristique intéressante sur l'armée : pas de soldats professionnels en Éthiopie , on mobilise lorsqu'il faut lever une armée et tout le monde rejoint les rangs. Les Éthiopiens rencontrés par Arnauld d`Abbadie méprisent les militaires de carrière qu'ils voient comme de vulgaires soudards.



Dommage que l'auteur soit aussi prolixe dans son récit, car l'abondance de détails rend la lecture difficile. Il y a par exemple huit pages de notes sur la toge dont se couvrent les Éthiopiens, la manière de la porter, le tout comparé sans cesse à la toge des Romains. C'est fastidieux.



L'auteur utilise un français très châtié, très 19ème siècle, en voici un exemple :"Aïdine Aga exigeait que le Saïd Mohammed et moi, nous prissions notre repas du soir avec lui.". Voilà une conjugaison qui ne s'apprend plus dans les écoles, et qui ne facilite pas la lecture d'un récit de voyage. Est-ce pour imiter les Éthiopiens dont l'auteur dit que "le plus sûr moyen de les intéresser et de gagner leur cœur, est de parler avec esprit et élégance" ? Savoir parler est une qualité très appréciée en Éthiopie , et la politesse est d'une importance capitale. C'était déjà vrai à cette époque, et c'est encore une caractéristique de la société éthiopienne d'aujourd'hui.



Ce livre mériterait d'être épuré d'éléments qui apportent peu au récit. Seuls les fins connaisseurs de l'histoire du pays peuvent apprécier cet ouvrage, qui pourtant contient beaucoup d'observations bien senties sur les coutumes et la mentalité de l'Éthiopie ; j'ai ajouté de nombreux extraits dans les citations du livre.
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