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Citations de Arnhild Lauveng (29)


La bonté n'est pas si facile à reconnaître quand le monde a été mauvais si longtemps. Et il n'est pas évident de croire en soi quand plus personne ne le fait depuis belle lurette.
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Elle (l'infirmière) avait vu les dessins dans ma chambre, sur lesquels j'avais écrit : " Il n'y a que les oiseaux en cage qui s'ennuient. Les oiseaux libres volent." Elle avait vu que je regrettais de ne plus pouvoir voler, que la cage m'ennuyait.
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Peu importe ce que ça me coûte, je ne veux pas mourir avant d'avoir peint avec toutes les couleurs de ma boite, je ne veux pas vivre en pastel.
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Ce besoin d’attention que nous manifestons tous au quotidien est évidemment beaucoup plus intense quand nous nous sentons menacés ou en danger. Si quelqu’un tombait d’un quai dans l’eau et se mettait à appeler au secours, il ne viendrait à l’idée de personne de passer devant lui en disant calmement : « Il fait juste ça pour attirer l’attention ». Bien sûr qu’il cherche à l’attirer ! Il est en danger de mort, incapable de se tirer d’affaire, son unique espoir de préserver son intégrité physique et de continuer à vivre est d’attirer l’attention de ceux qui peuvent le secourir.
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Ce n'est pas très important de se perdre un peu tant qu'on sait où l'on va, et tant qu'on a la force de faire tout le chemin.
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Durant une longue période, j’ai été entourée d’assistants rémunérés. Pendant six ou sept années de ma vie, je n’ai eu personne dans mon entourage, hormis ma famille proche, qui soit avec moi volontairement, gratuitement. L’image que j’avais de moi s’en est trouvée modifiée. Certains assistants rémunérés étaient arrogants, indifférents ou négligents, mais en grande majorité ils ne l’étaient pas. Pour la quasi-totalité, ils ont fait preuve de respect, de compréhension et de professionnalisme, ou ils ont essayé. Ils voulaient presque tous m’aider à me construire une bonne image de moi-même, beaucoup m’ont expliqué que j’étais quelqu’un de valable, de bon, et j’en passe. L’effet en était pour ainsi dire nul. Les médecins et les infirmières pouvaient me répéter à l’envi que j’étais quelqu’un de fantastique, la vérité voulait qu’ils soient rétribués pour chaque minute qu’ils passaient en ma compagnie, et que s’ils m’accordaient un peu de temps supplémentaire, volontairement, ce serait déduit de celui qu’ils passeraient avec moi la semaine suivante. Dans ce contexte, que valaient leurs paroles ? Et que valais-je, moi, en fin de compte ?
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(...) elle s'est mariée avec un garçon qui souffre de schizophrénie. Ce n'était pas si clair au début de leur liaison : "Il était simplement pas comme les autres." Puis, peu à peu, la maladie s'est installée et a pris beaucoup de place dans leur couple. Une schizophrénie sévère, avec délires, hospitalisations et difficultés en tout genres. Du coup, leur existence n'est vraiment pas drôle dans les périodes où il va mal, qui sont actuellement fréquentes. Beaucoup de personnes lui ont recommandé de quitter son mari, plus ou moins ouvertement, plus ou moins délicatement. Et dans le lot, pas mal de soignants, médecins, infirmières, ce qui l'a surprise. Elle a toujours refusé : "Vous comprenez, je l'aime. Est-ce qu'on quitte quelqu'un qu'on aime parce qu'il est malade ?" Nous discutons de cela : personne ne nous recommanderait de quitter notre conjoint s'il était atteint de cancer, ou de sclérose en plaques, ou de diabète. On trouverait que ce n'est pas très digne. Alors pourquoi est-on tenté de le faire pour la schizophrénie ?
[dans la préface de Christophe André]
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Il m’arrive d’entendre des personnes qui ont traversé une crise dire que maintenant, après coup, elles n’auraient pas pu s’en passer. Je n’y arrive pas. Je me souviens à quel point ça faisait mal, à quel point la vie paraissait sans espoir. Je sais toutes les idioties que j’ai faites, contre moi et contre ceux que j’aime. Je sais que les choses auraient très facilement pu mal tourner, et que j’ai une chance incroyable d’être encore en vie. Alors si on m’avait donné le choix, j’aurais voulu éviter cette douleur. Mais c’est sans doute très bien qu’on ne me l’ait pas laissé. Car j’ai beaucoup appris, un savoir que je n’aurais jamais eu la chance d’acquérir autrement. Je suis peut-être devenue meilleure humainement, mais je sais surtout que je suis devenue une meilleure psychologue. Pas parce que mon histoire est générale et polyvalente, mais parce que mes expériences m’ont enseigné qu’il n’y avait pas d’« eux » et de « nous ». Nous sommes tous des êtres humains et rien de plus. Tous différents. Et tous fondamentalement identiques.
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J'ai été schizophrène. je sais comment c'était. Je sais à quoi le monde ressemblait alors, ce que j'en percevais, ce que je pensais, ce que je devais faire. J'ai eu aussi de "bonnes périodes". Je sais comment je les vivais. Et je sais comment les choses sont maintenant. C'est complètement différent. Maintenant, je suis guérie. Et ça aussi, ça doit être possible.
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« Je ne la revis pas avant plusieurs années », ai-je écrit, aussi simplement. Voilà un avantage énorme de l’écriture : on peut passer à toute vitesse sur plusieurs années en quelques mots, et vous pouvez avoir l’impression que j’ai passé ces années-là dans un congélateur ou quelque chose dans ce genre, bien à l’abri, en attendant que le monde s’améliore. Ce n’était pas le cas. J’ai fait comme tout le monde, j’ai traversé ces années en vivant un jour après l’autre. J’ai fait l’objet de pas mal de soins, et le reste du temps, j’étais un peu seule, un peu avec ma famille, beaucoup avec les employés des services de santé et des services sociaux. Même s’il me manquait des gens qui me connaissaient comme des amis et non comme des employés, ceux des services publics présentaient aussi des avantages. Par exemple, en règle générale, ils n’attendaient pas de moi que j’ai une vie. Ils connaissaient ma situation et mon dossier, ils posaient rarement des questions délicates auxquelles je ne pouvais pas répondre.
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La vérité sans curiosité devient vite un peu sinistre.
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Et pour l’avoir vécu, je sais que j’étais beaucoup plus facile à gérer quand j’avais un peu d’espoir et de respect de moi-même que quand tout avait été balayé. « Freedom is just another word, for nothing left to lose », chante Janis Joplin. Quand on vous a tout pris, quand il ne vous reste plus rien à perdre, qu’il s’agisse d’honneur, de respect de soi, de santé, de métier, d’amis, d’avenir ou de quoi que ce soit d’autre, vous êtes libre, complètement libre. Et épouvantablement dangereux. Car pratiquement plus rien ne vous retient. La contrainte est parfois nécessaire. Je ne serais pas vivante aujourd’hui si la contrainte avait été interdite en milieu psychiatrique. Mais l’humiliation et la violence ne sont pas nécessaires. J’ai été mise au tapis par des gens qui connaissaient leur boulot, qui avaient suivi une formation et savaient comment s’y prendre. C’est désagréable, mais ça ne fait pas mal. Mais d’autres personnes m’ont trainée par terre, en faisant taper ma tête sur les barres de seuil que nous franchissions, elles m’ont écrasée sur un sol en béton, flanqué un genou dans les reins et m’ont appuyé la tête dans des oreillers pour que le manque d’air me contraigne à cesser de résister. Ça, ça fait mal. Des douleurs physiques m’empêchent encore parfois de dormir la nuit, et même s’ils sont beaucoup plus rares maintenant, les cauchemars n’ont pas complètement disparu.
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Il me laissa finir de parler, ce qui m’impressionna beaucoup. Il fit ensuite une chose qui m’impressionna encore plus : il me demanda pardon pour avoir eu recours à la force sans me parler et sans avoir essayé d’autres méthodes au préalable. C’était la première fois qu’un médecin s’excusait auprès de moi, ce fut la seule, et j’ai trouvé ça fantastique. J’étais dans une situation incroyablement humiliante, je me sentais toute petite, mais il faut assez grand pour me relever un petit peu. Je lui en suis toujours reconnaissante. Il me demanda s’il pouvait faire quelque chose pour moi, à cet instant, compte tenu de la situation. Je compris que c’était une véritable offre, et parce qu’il me traitait avec respect, j’eus envie de collaborer et de lui demander une faveur qu’il avait réellement la possibilité de m’offrir, rien d’inaccessible, dangereux ou délirant. Je ne le provoquai pas en demandant à sortir, à « aller bien » ou ce genre de requête.
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J’entendais aussi des voix. C’était parfois un désordre grésillant ou hurlant dans ma tête, comme un baladeur à plein volume que je ne pouvais pas éloigner, quoi que je fasse. Il m’arrivait de me taper la tête contre le mur pour que les coups sourds atténuent un peu ce chaos. Ça aidait parfois, mais pas toujours. D’autres fois, j’essayais de m’arracher les cheveux ou de faire des trous dans ma tête avec mes ongles. ça ne m’était jamais d’aucun secours, mais c’était une espèce de réaction de panique visant à faire un trou dans ma tête pour en laisser échapper un peu de pression avant que tout n’explose. C’est ce que je ressentais. A d’autres occasions, c’était un murmure faible, immonde, ou une voix claire qui livrait des messages sans ambiguïtés. « Tu vas mourir », disait-elle. Ou bien : « Ouvre-toi les poignets et dessine un cercle de sang autour de toi, ou toute ta famille mourra ». Pas facile. Que feriez-vous si vous receviez un message pareil ?
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Ça a commencé doucement, progressivement, presque sans que je le remarque. C’était comme par une belle journée ensoleillée, quand le brouillard s’installe petit à petit. D’abord comme un voile mince devant le soleil, puis de plus en plus dense, mais le soleil brille toujours, et ce n’est que quand il ne brille plus, quand tout est froid et que les oiseaux ne chantent plus, que vous remarquez ce qui se passe. Mais à ce moment là, le brouillard est tombé, le soleil a disparu, les points de repère se fondent dans le paysage et vous n’avez plus assez de temps pour retrouver votre chemin avant que le brouillard ne soit si épais que tous les chemins deviennent invisibles. Alors vous avez peur. Car vous ne savez pas ce qui se passe, ni pourquoi, ni combien de temps ça va durer ; vous comprenez que vous êtes seul et sur le point de vous perdre, et vous avez peur de ne jamais retrouver le chemin pour rentrer chez vous.
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Se voir établir un diagnostic en psychiatrie peut être ressenti comme une condamnation, quelque chose d'inconnu, et si on ne se sentait pas encore malade, la situation change à ce moment là. Je me rappelle que pour ma part j'avais du mal à comprendre que ces expressions et ces descriptions aussi étranges qu'effrayantes s'appliquaient à moi. C'était très bizarre, très grave. C'est ce que l'on disait des gens mais moi je n'étais pas comme ça. Un diagnostic peut aussi avoir un effet positif. On peut enfin mettre un nom sur ce qui ne va pas, on a la confirmation qu'on est malade, pas méchant ou paresseux.
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La bonté n'est pas si facile à reconnaître quand le monde a été mauvais si longtemps. Et il n'est pas évident de croire en soi quand plus personne ne le fait depuis belle lurette.
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je me permets de rajouter un petit mot à ma première critique...
je découvre ce matin, un intéressant article dans le figaro santé sur les maladies mentales où l'on parle entre autres, de ce livre "Demain j'étais folle"...
Il s'appelle "Les langues se délient sur les maladies mentales"
voici le lien
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/02/21/22022-langues-se-delient-sur-maladies-mentales
et un extrait où l'on parle spécifiquement de ce livre... aide à une maman...
"Parmi tous les livres qu'elle a dévorés, c'est celui de Arnhild Lauveng, schizophrène devenue psychologue, qui l'a le plus aidée. «Tout au long du récit, on voit l'importance capitale des regards qui sont portés sur elle, explique Bénédicte. Ainsi, quand sa mère lui dit qu'elle lui garde un service en porcelaine pour le jour où elle aura son appartement personnel, la jeune malade se sent regonflée de confiance et d'espoir. Avec mon fils, je me dis souvent: “Suis-je en train de lui témoigner ma confiance ou pas?” Ce critère est devenu important pour moi.»"
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Les symptômes m’intriguent toujours, dans une certaine mesure. Il y a si peu de réponses toutes faites et tant de points de vue différents, le même symptôme peut avoir des significations très diverses en fonction de la personne et de la situation. Voilà ce qui fonde la bonne curiosité. Et l’humilité. Car même si ce n’est pas toujours nécessaire de comprendre la raison d’un symptôme, il vaut souvent mieux réfléchir un peu sur sa fonction pour le traiter comme il faut. A ce moment-là, il n’est pas idiot d’oublier les nomenclatures et les descriptions des pathologies, et de se concentrer plutôt sur l’individu et sa situation. Qui es-tu ? Dans quel contexte vis-tu ? Car ce ne sont jamais des personnes complètement isolées. Elles appartiennent à un système, quel qu’il soit. Elles peuvent modifier ces systèmes, mais l’inverse est aussi vrai. Alors, si nous voulons comprendre l’individu, nous devons non seulement le prendre en compte, lui, mais aussi l’ensemble dans lequel il s’inscrit. Nous en comprendrons sans doute pas tout à ce moment-là non plus, mais quand même peut-être un peu plus que si nous nous en tenons aux diagnostics. Car ces derniers ne font que décrire. Si nous voulons comprendre, il faut regarder les individus.
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Ce besoin d’attention que nous manifestons tous au quotidien est évidemment beaucoup plus intense quand nous nous sentons menacés ou en danger. Si quelqu’un tombait d’un quai dans l’eau et se mettait à appeler au secours, il ne viendrait à l’idée de personne de passer devant lui en disant calmement : « Il fait juste ça pour attirer l’attention ». Bien sûr qu’il cherche à l’attirer ! Il est en danger de mort, incapable de se tirer d’affaire, son unique espoir de préserver son intégrité physique et de continuer à vivre est d’attirer l’attention de ceux qui peuvent le secourir. Ceux qui entendent ses cris le comprendront sur-le-champ et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour l’aider. Bien entendu. Voilà pourquoi j’ai peur quand je vois que, dans le domaine des soins psychologiques, on continue à rédiger des dossiers qui identifient des appels au secours, souvent très directement, sans que suivent des réflexions professionnelles sur le type d’aide à apporter ou sur l’attitude que le travailleur social ou les services de santé doivent apporter.
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