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3.92/5 (sur 59 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Tavanasa , le 01/02/1978
Biographie :

Arno Camenisch est né en 1978 à Tavanasa dans le canton des Grisons. Il écrit en allemand et en romanche (Sursilvan). Il a étudié à l’Institut littéraire suisse à Bienne, ville où il vit. Son premier roman «Sez Ner»paraît en 2009 aux éditions Urs Engeler ; il sera suivi de «Hinter dem Bahnhof» [Derrière la gare, éd. d’en bas] en 2010 et d’«Ustrinkata» en 2012. Arno Camenisch a déjà obtenu plusieurs distinctions, entre autres le Prix Schiller de la Banque cantonale zurichoise et le Prix de littérature de Berne (en 2010 et 2011). Il est traduit en 18 langues.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
On est peut-être un peu plus catholiques quand même nous autres les montagnards, ça je pense bien, dit la Sylvia, elle sourit, c'est aussi qu'on vit là où le ciel il est plus bas. Elle vide son café-goutte, tu m'en remets un siouplait.
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Le Kurt, le pauvre bougre, dit Paul en redressant son bonnet de laine, comme un clown il tremblait dans les vestiaires avant le cours de gym, rien que d’enfiler son survêt, ouais ouais, il savait très bien que le prof, ce vieux lascar avec son bas de training bleu remonté jusque sous les aisselles que ça te dessinait exactement le contour de son poireau, il savait très bien que le prof allait encore le fouetter comme une domina parce qu’il arrivait pas en haut de cette foutue perche, le pauvre loustic. Georg épluche sa banane et mord dedans. Ouais, essaie donc de faire grimper un éléphant en haut d’une perche, comment que tu fais, c’est mathéphysique, ça va pas, c’est tout, le bon Dieu dans les cieux a beau dire qu’on est tous égaux, on est égaux qu’à demi, faudrait décerner le titre de chevalier au pédagogusse qui arrivera à faire grimper un Kurt en haut de la perche, un miracle ce serait, mais le Pilatus avec son training sous les aisselles, il obligeait tout ce qui avait au moins un bras et deux jambes à monter à la perche, et il chronométrait par-dessus le marché. Il aurait carrément voulu qu’on grimpe au ciel, aller baiser les pieds du Bonidiu.
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Orapronobis, le vieux là-haut dans le ciel il prend son temps cette année, sacrediu, s’il pouvait tomber un peu de neige ce serait pas fâcheux, dit Paul en regardant le ciel, mais saint Petrus, cet âne, il nous nargue, et son boss l’a autre chose à faire. Il est debout devant la cabane du téléski, la main en visière, un bonnet de laine sur la tête. Le ciel est bleu acier, le soleil se lève.
(Incipit)
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On le voit pas souvent seul pourtant, il a sûrement pas laissé tomber ses potos, et il est souvent avec une cholie madame quand il revient au village d'un coup, dit Georg en repliant sa carte, et toujours elles saluent très poliment, un peu dans toutes les langues. Ca oui, dit Paul avec un soupir, mais sa tête c'est du vif-argent, au point qu'on dirait qu'il veut les avoir rien que pour mieux les quitter, elles ont beau être sensass, il est un peu comme le Houdini. Qui ça ? demande Georg. Le Houdini, le Harry, dit PAul, c'est le magicien, là, de la Merica, le briseur de chaines, il se sentait jamais aussi libre que quand il venait de les briser, d'abord il se faisait enchaîner bien comilfo, comme un veau, et après il se déliait en faisant beaucoup de cirque, et dès qu'il était détaché il avait enfin le sentiment d'être vraiment libre. Il secoue la tête, va comprendre.
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La cave à fromage se remplit. Plus l’été est long, plus il y a de fromages dans la cave à fromage, plus l’armailli est gros. Les bouèbes sont assis derrière l’étable dans le crépuscule et s’inquiètent parce que l’armailli a encore grossi. Le vacher dit que si ça continue comme ça, on devra démonter la Justy de l’armailli. Il tend au porcher le cigare Rössli qu’il a échangé avec le paysan contre un peu de beurre d’alpage. Le mieux serait d’enlever le siège avant, pour que l’armailli puisse conduire sa Justy depuis le siège arrière. Le porcher hoche la tête et tire sur le cigare.
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Paul est dans la cabane occupé à faire reluire la coupe de championnat avec un chiffon blanc. Georg ouvre des poires en conserve. Sur le mur, l’horloge indique deux heures dix. Faudrait inventer un ouvre-boîte ou un truc dans le genre, dit Georg en brandissant l’ouvre-boîte, on serait riches. Comme l’autre de Davos, dit Paul en arrêtant de polir, Alfred ou Anton ou Anselm qu’il s’appelait. Il secoue son chiffon, il doit y avoir un sacré bon air là-haut, ils se sont pas contentés de construire le premier téléski du monde, y en a pas mal d’autres à qui la chance a souri, me demande pas pourquoi, quand on pense que Davos veut dire derrière en romontsch, en tout cas l’autre là, l’Alberto, c’est ça que je voulais raconter, il a inventé l’économe Rex, pour éplucher, et il a fait des millions avec ça, mais me demande pas comment prononcer son nom de famille, c’est un truc à se démettre la mâchoire tellement c’est complicau, ça oui, les derniers, on les retrouve souvent tout devant, mhm. Georg redresse le couvercle de la boîte de conserve et pose l’ouvre-boîte. Même sur les billets de cinquante francs y a une femme de Davos, avec sa photo, dit Paul, elle a un choli chapeau, un comme Claire en portait aussi. Mais c’est pas encore aujourd’hui qu’on deviendra millionnaires. Il souffle de la buée sur la coupe et frotte avec son chiffon, par la fenêtre on voit la neige tomber. Tu en veux aussi ? demande Georg en lui tendant les poires en conserve.
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Vous avez vu un peu le Rhin, demande l’Otto, c’est quelque chose quand même, la grosse pierre elle est dans l’eau jusqu’à mi-hauteur, et s’il continue à pleuvoir comme ça, alors adieu. Il boit. En 1985, dit le Luis, la grosse pierre était presque entièrement sous l’eau nomdebleu et ici dedans on était assis avec de l’eau jusqu’au genou, c’était en 1987, dit la Tante, on aurait pu chercher de l’or sous cette table, dit l’Otto, y serait sûrement resté quelques mâchoires avec des dents en or coincées dans la passoire, après que Dieu il avait délavé pareil les pentes et que l’eau avait déferlé sur le cimetière, quand le mur a fichu le camp, ça t’a droit soulevé la moitié des tombes, elles ont été emportées en bas du village. Ça, la fortune que la Filomena elle avait dans la bouche, dit le Luis, j’en aurais bien eu besoin à l’époque, la moitié de mes veaux noyés dans la crue, que j’ai presque dû arrêter de faire paysan après. Contre les trompettes de Dieu y a rien à faire, dit l’Otto, le Luis prend du tabac à priser dans la poche de son pantalon, et les gens qu’étaient sur le pont à regarder comme des Japonais, il renifle le schnouff, bouah, tu veux aussi, l’Otto tend le dos de sa main, regarder ça veut pas forcément dire qu’on voit, dit l’Otto, le Luis remet la boîte dans sa poche, ma grand-mère elle a été emportée avec, il dit, quand on l’a remarqué c’était trop tard. Oha, dit l’Otto et il sort son torche-morve de sa poche de pantalon.
La Tante replace dans l’armoire l’article sur la chute de pierres. La porte de la cuisine s’ouvre et la Grand-mère apparaît sur le seuil. Dans sa main, elle a sa fiole d’eau bénite et dans la bouche une cigarette. Laisse voir ça, dit la Tante, elle lui enlève la cigarette de la bouche. La Grand-mère boitille jusqu’à la table, la Tante la soutient, qui donc qu’est mort aujourd’hui demande la Grand-mère en faisant un signe de croix. Personne, dit la Tante, assieds-toi maintenant. La Tante va derrière le comptoir lui servir un schnaps. Tu vois, dit l’Otto, bientôt cent ans et pourquoi crois-tu, il toque sur la table et désigne l’Alexi, un kirsch aux vêpres et tu restes frais comme une pantoufle. Tu peux toujours verser une gouttelette d’eau bénite dedans si c’est pour ton orapronobis, mais rien que de l’eau ça veut pas suffire, qu’est-ce que tu crois si la vieille buvait que de l’eau bénite, dit l’Otto, je te le dis, transparente comme le verre qu’elle serait. La Grand-mère remet la fiole dans la poche de son tricot et goûte le schnaps. Mon arrière-grand-mère elle a vécu jusqu’à 103 ans et elle a honoré le schnaps jusqu’au bout, dit la Silvia, elle recrache la fumée, à peine si elle pouvait se tenir debout, marcher plus du tout ni parler ni voir, rien, et à la fin elle entendait plus tant bien non plus, mais elle est toujours restée fidèle à son schnaps jusqu’au jour crucial, et probablement qu’au ciel elle le négocie pas plus que tant, son schnaps. Ça, sûr qu’elle serait pas devenue vieille comme le pain et le lait sans ça, dit le Luis. Le jour où elle a fêté ses cent ans le Pfaff, c’était encore le vieux Josefi, il a fait dire une messe pour elle, à la Sainte-Marie mère de Dieu et tout son ontourasch, pour qu’elle puisse mourir en paix. Mais qu’est-ce que tu crois, elle a quand même rempilé pour trois ans, la sainte-trinité, exprès pour emmerder. 103 ans, mi-morte, mi-pierre. Qué, demande la Grand-mère.
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Georg est assis sur le banc devant la cabane et il tripote les boutons de la radio à l’antenne cassée. Paul regarde le thermomètre accroché au mur. Un peu chaud pour dire que c’est l’hiver, tu crois pas ? il demande en retirant son bonnet de laine. Il tapote le verre du doigt. Oh, ça c’est un vieux thermomètre, dit Georg en continuant à tourner le bouton de la radio, une tortue ce truc, qui affiche les températures avec deux jours de retard, il est sûrement déjà kaputt. T’en es bien sûr ? demande Paul, j’en serais pas si sûr qu’il est foutu, d’un autre côté c’est quasi pas possible que ce soit correct ce qu’il m’affiche là, on est quand même en hiver, et en hiver on a quand même pas des montées pareilles, ou alors c’est que le diable a mis un peu trop de charbon. Il se frotte la joue, décroche le thermomètre, le secoue et le tient contre son oreille. Ça nous ferait presque penser que ça se réchauffe comme disent les grenouilles de la météo à la télé, mais l’autre, de la Merica, là, la tête de nœud avec ses cheveux jaunes, il continue à dire dur comme pierre que c’est des foutaises. Comment qu’il fait pour avoir toujours cette même frisure tous les jours, ça c’est étonnant en tout cas. Georg tient la radio contre son oreille, ça grésille. Et le rien de neige qu’on veut bien nous accorder, eh ben elle fond comme un cœur de jeune fille devant Elvis, dit Paul, y a plus que sur les affiches qu’on voit vraiment de la neige pour finir, je veux même pas repenser au temps qu’on était gamins et qu’on avait pas école pendant des semaines parce qu’il y avait tellement de neige qu’on pouvait plus sortir de la maison, la première, elle arrivait en novembre au plus tard, et en avril il neigeait encore. Des murs de neige comme les immeubles de Parigi, comment tu veux dire ça à tes petits-enfants maintenant, ils croiraient direct que tu fabules, quand aujourd’hui faut se mettre à genoux et remercier le ciel et toutes les bonnes sœurs si à Noël il t’est tombé un brin de poudre, ouais, c’est tout de même devenu une curieuse histoire cette neige, ah ça c’est sûr. Georg se gratte l’arrière de la tête. Et puis tu as toujours ces paillasses qui osent encore prétendre que la météo elle serait exactement la même qu’il y a cinquante ans, il secoue la tête, si ça continue comme ça, ce sera bientôt le Maroc ici. Là-bas aussi on peut skier, dit Georg. Paul le regarde d’un air surpris, t’en es bien sûr ? Mais oui, sûr, dit Georg en opinant du chef. Ah foutaises, dit Paul, comment tu veux t’imaginer ça quand tu peux même pas luger là-bas en face, au Schneckenhof dans la Forêt-Noire, ou bien ? S’il veut déjà plus neiger ici, à qui que ça viendrait à l’idée d’aller en vacances de ski au Maroc. Georg pose la radio sur ses genoux et sort une cigarette de son paquet, évidemment qu’on peut faire du ski là-bas, il cherche ses allumettes. Y a quelqu’un qui vient, dit Paul, l’index tendu. Georg lève la tête, la cigarette lui tombe des lèvres. Ils font rapidement le tour du banc et entrent dans la cabane pour se poster derrière la vitre.
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L'Otto est sur le seuil de la porte d'entrée de l'Helvezia, il tient une poignée de porte dans la main. Comment ça se fait que tu te pointes par ici et pas par le couloir, demande la Tante, et c'est quoi que t'as là. (...) La poignée de la porte des toilettes, dit la Tante, oui dit l'Otto. Et pourquoi que tu l'as avec toi, elle demande, il hausse les épaules, juste comme ça, quoi juste comme ça elle dit, juste comme ça, il dit (...) elle m'est restée dans les mains. Non mais ça alors, dit le Luis en tapant du poing sur la table, et comment qu'on fait pour aller aux toilettes nous autres maintenant, espèce de sale brute qui casse tout. C'est la poignée de dedans crénom, vous pouvez entrer te bile pas, faut juste se gaffer de laisser la porte ouverte ou alors vous faites comme moi, vous escaladez pour sortir par la fenêtre et vous revenez par la porte d'entrée. Il s'avance vers la grande table, bouah qu'est-ce qu'il flotte. Ben quoi, qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça, j'ai tué quelqu'un ou quoi.
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Derrière la gare sont garées les autos des soldats. Nous, on regarde les soldats qui partent le samedi matin et reviennent le dimanche soir et se parquent derrière la gare. Ils ouvrent les coffres des autos, ils sortent leurs sacs et leurs sacoches et leurs fusils. Les fusils ont pas de chargeur. On les regarde qui nouent leurs cravattas et ferment les boutons de leur chemise. Ils mettent des vestes avec des décorations sur les épaules et des képis, ils discutent en passant devant la gare et disparaissent dans le virage de la route de la gare.

Le Gion Baretta attrape les deux lappis par les oreilles pour les sortir du carton. Il lâche les lappis dans le jardin? Eh ben vualà, il dit. Les lappis sautent dans tous les coins du jardin. On leur saute après. Le Gion Baretta dit à notre Fatre qu’il faut attendre quelques semaines epi c’est bon vous pourrez les laisser couvrir. Ils trinquent. C’est le Fatre qu’a fait la cage. Nous, on a mis la paille. Les lappis vont dans la cage. On fera une plus grande cage après pour que les lappis ils aient de la place quand ils auront des pitis. Et si vous vous occupez pas d’eux comme il faut et que vous changez pas la cage régulièrement, on les zigouille. Et hop, à la casserole, capito. On fait oui avec la tête. Le Fatre dit mersi toi hein au Gion Baretta, ouais y a pas de quoi. Le Gion Baretta passe par-dessus la barrière, monte dans sa subaru, lève la main et zou.

Le Giacasepp vit au-dessous de chez nous. Il a un magasin et une moustache. Il vend des vis. Il vend des clous et des tronçonneuses. Il vend des marteaux, des tourne-les-vis, des pinces, des haches, des bonbonnes pour le gaz, des mètres, des perceuses et des perceurs. Il vend aussi des caissaoutis, des mars et des glaces. Et si on commande, on peut aussi acheter des vélos chez le Giacasepp. Mais ça met long avant que les vélos arrivent et après il faut encore les construire. Et le Giacasepp dit qu’il va faire après, que là il a pas le temps. L’a jamais le temps. Il doit porter des vis à la cave et il doit faire des clés. Dans le magasin il a une tour, il peut s’asseoir devant sur un tabouret et faire des clés. Dans le magasin il a une tour, il peut s’asseoir devant sur un tabouret et faire des clés. Il met des lunettes pour ça. Pendant que le Giacasepp fraise ses clés, on se promène dans le magasin et on s’accroche des hameçons dans les pulls, comme des médailles. Vers la porte de derrière, il y a des boataclous. Dans ces boataclous, il y a des clous longs comme des crayons. Les clous ont des têtes plates, et les têtes sont larges. On en fourre dans les poches de nos pantalons.
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