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Citation de Atarah


Atarah
08 décembre 2016


À LA MEMOIRE DE MARINA TSVETAEVA

I

Où est-elle ta vague qui gronde,
Étouffant et noir ressac marin,
Toi, toute ailée, étoile filante,
Qu'as-tu fais de toi ?

Comme tu brillais, bienveillante,
Et ton chemin était partage.
Se lever, crier, résister,
Saisir et emporter-

Tu n'empêches rien-trop tard pour les regrets:
Suffocante tu vas par le fond.
Ainsi une perle tombe
Dans les profondeurs interdites.

II

J'écoute, Je ne dors pas, tu m'appelles, Marina,
Tu chantes, Marina,
Comme la trompette de l'ange chante sur la ville.

Ainsi les proscrits prenaient la poussière
Des murs de Jérusalem, quand David chantait ses psaumes.
L'ennemi a dressé ses tentes sur Sion.
Ton appel retentit à mes oreilles, ton aile
Brille derrière un nuage noir,
Feu prophétique sur l'horizon sauvage.

III

Amis, Amants de la vérité, hôtes
De ces temps perdus avec les morts,
Qu'est-ce que Tsvetaeva vous a lu,
Au retour de son enterrement ?

C'était sans doute son seul lot:
Être sur la pointe des pieds
Et sans répit poser l'accent
À la crête d'une ligne impaire.

Quels mots ultimes sur la Kama
Ont pu venir à sa mémoire,
En cet été de grande amertume
Où la terre se consumait ?

À celle qui accompagnait les soldats,
Et comme une veuve, leur propre mère,
Qui avait gardé l'habitude
De ne pas flatter les étrangers ?

Et ce coin perdu, tout votre État,
C'est là que vous êtes, c'est votre ultime ligne,
Et toute votre vérité d'injustice,
Et ce juste sentiment de l'iniquité.

V.

Pour chaque homme-la mort; pour chaque herbe-
Le feu et le talon

Pourquoi, flèche, ne brûlai-je pas dans le brasier ?
Pourquoi n'ai-je pas achevé le demi cercle
De ma course? Pourquoi est-ce que je tiens la vie
Sur ma paume, comme un martinet ?

(...)
Pas de discours,
Pas ce courage devant la mort,
Pas cette préséance,
Pas l'insolence de tes passions,
Mais ce qui est toujours unique:
Du tombeau seulement apprends-
Nous, Marina, ton souvenir.

Comme j'ai peur de t'oublier,
D'échanger en un tour de main
Ce fil droit et phosphorescent
Contre une rime double ou triple-
Et de nouveau dans ton poème
T'inhumer

Mets dans ma main l'image de Nicolas,
Emporte-moi sur le sable marin,
Montre-moi une voile u sud,

Si j'entrais dans une isba,-pas de sainte flamme,
Si je me couchai sur le banc,-pas d’icône dans mes mains,
Si je me jetais dans la Kama, alors oui-la glace.

À l'heure dernière est-ce que tu évoqueras
Cette part lumineuse (et tu voles de nouveau),
Pourquoi toute la nuit, chantes-tu près de la Kama
Et que veux-tu dire aux hommes de l'escorte ?
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