Arthur Conte

Les choses sont ainsi faites que la politique est souvent la planche de salut des mediocres ou le tremplin des arrivistes...

Il profit de l'absence de Robespierre, pour plus solidement tenir le gouvernail au Comité, rassembler tous les principaux antirobespierristes, s'associer les montagnards les plus durs, conclure pacte avec les "Crapauds du Marais" - ainsi nommés du temps où ils osaient encore "coasser" contre la Montagne - devenus plus muets que carpes, qu'il méprise pour leur couardise, mais qui, comptent 450 députés alors que la Montagne, décimée par les tueries, est trois fois moins nombreuse, peuvent être d'un apport décisif dans un éventuel vote.

La valse s'arrête. Les danseurs s'immobilisent. Toutes les cloches de Paris égrènent les douze coups de minuit. Le chef d'orchestre tzigane, éblouissant dans son veston rouge à brandebourgs, la taille cambrée, l'oeil brillant et la moustache lustrée, accompagne gravement, sur un tambourin, l'orgue des cloches.
Mais cette fois-ci, on ne passe pas seulement d'une année à l'autre. On passe du 31 décembre 1899 au premier janvier 1900.
Le jour de l'an est aussi le jour du siècle.
L'instant est assez solennel pour frapper de quelques émotions les somptueuses cocottes et les joyeux fêtards venus célébrer l'événement chez Maxim's et que contemple d'un oeil blasé l'envoyé spécial du Gil Blas, le quotidien le plus indiscret et le plus cancanier du gai Paris.
(extrait du premier chapitre "la dernière valse d'un siècle" de l'édition parue chez "Plon" en 1975)

A sept heures trente du matin, Joffre signe une proclamation aux armées qui fera date, la plus belle de sa vie, quasi certainement rédigée sur ses directives par le capitaine de Galbert, supervisée par le général Berthelot et à peine remaniée de la main du généralissime.
L'appel de Joffre est entendu. On croit retrouver le souffle des soldats de l'an II. Jour de gloire du généralissime. On a jugé son armée morte. Elle révèle irrésistible. Jamais le haut commandement allemand n'aurait imaginé que Joffre pût encore mobiliser une telle masse, avec un tel allant.

"Vous êtes notre Canigou !" lui crie une voix.
Aucun autre homme, dans le royaume, n'a alors une telle autorité.
"Lorsque Arago monte à la tribune, notera Cormenin dans son livre Des orateurs, la Chambre attentive et curieuse s'accorde et fait silence. Les spectateurs se penchent pour le voir.