Arthur Weigall

Quand l'étrave du navire aborda sur la rive troyenne il se redressa et lança un javelot sur les pentes désertes qui s'étalaient devant lui, comme s'il y voyait l’armée fantôme du roi Priam ; puis, sautant seul sur la plage de façon à montrer tout de suite qu'il était le chef réel aussi bien que nominal de l'expédition, il s'écria qu'il annexait désormais ce pays entier par le droit des armes. Puis il donna l'ordre à ses gens de débarquer, après quoi, en l'absence de l'ennemi, il ne resta plus qu'à célébrer un nouveau service religieux et à dresser des autels à Zeus, à Athéna, et à Héraclès.
Il se mit alors, en humeur romantique, à visiter le site de l’ancienne Troie ou Ilion, un monticule bas, appelé maintenant Hissarlik, sur lequel se dressait à cette époque-là une ville considérable bâtie par des colons athéniens sur les ruines de la cité de Priam. Là, dans le temple d'Athéna, son attention se porta sur un bouclier et quelques pièces d’armure qui avaient, disait-on, servi à l'un des héros grecs dans la guerre de Troie ; et ces armes il se les approprie aussitôt, promettant aux prêtres en échange une armure complète à lui, que, dans l’exaltation des ses hautes aventures, il pressentait devoir acquérir une valeur historique encore plus grande. Il ne se servit pas véritablement de l'armure troyenne dans ses aventures ultérieures, mais il faisait toujours porter le bouclier auprès de lui dans la bataille comme un symbole magique de son affinité avec les héros homériques de jadis.

2624 – [pbp n° 299, p. 177/178]