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Citation de hcdahlem


L’exercice qui, à mi-chemin entre littérature et vécu, consiste à visiter les endroits que l’on a découverts dans les livres et à projeter sur eux, en les enrichissant de réminiscences de lecture, des aventures réelles ou imaginaires, des personnages historiques ou de fiction qui les ont jadis hantés est fascinant. Les villes, les hôtels, les paysages acquièrent un caractère particulier, quand on les aborde avec en tête un bagage de lectures. Les choses changent considérablement, en cela, quand on parcourt la -Manche avec Don Quichotte en main, quand on visite Palerme après voir lu Le Guépard, que l’on se promène à Buenos Aires en se souvenant de Borges ou de Bioy Casares, ou que l’on marche dans Hisarlik en sachant que se dressait là une ville appelée Troie et que les chaussures du pèlerin s'y couvrent d’une poussière dans laquelle Achille traîna la dépouille d’Hector attachée à son char.
Or, le phénomène ne se produit pas seulement avec des livres déjà écrits, mais aussi avec des livres encore à écrire, quand c'est l’imagination personnelle du voyageur qui peuple de tels lieux. Cela m’arrive souvent, parce que je suis un de ces écrivains qui situent généralement les scènes de leurs romans dans des cadres réels. Je ne connais guère de sensation plus agréable que celle de s’aventurer en des coins pareils comme un chasseur, gibecière ouverte, pendant qu’une histoire se trame dans votre esprit; d’entrer dans un édifice, de traverser une rue en se disant: cet endroit me convient, je vais le mettre dans mon histoire, et d’imaginer les personnages en train de se déplacer en ce lieu même, de s’asseoir où l’on est assis, ou de voir ce que l'on voit. Comparée à l’acte d’écrire, cette phase préparatoire est encore plus excitante et féconde, au point que certains moments de l'écriture même, la matérialisation en encre, papier ou écran de moniteur, peuvent apparaître par la suite comme une activité bureaucratique quasi ingrate. Rien ne peut être comparé à l’élan d’innocence originel, au commencement, à la genèse première d’un roman quand l'écrivain s'approche de l’histoire à raconter comme il le ferait de quelqu’un dont il viendrait de s’enticher.
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