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Critiques de Ashley Audrain (177)
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Entre toutes les mères

Voici une histoire sur le thème des héritages familiaux qui me donnait fort envie. Sur trois générations, on assiste à la fatalité qui s’abat sur trois mères incapables d’aimer leur fille.



L’auteure parcourt différentes époques autour de la vie de Blythe, fille de Cécilia et petite fille d’Etta. Blythe va elle aussi donner naissance à une fille, Violet et la malédiction poursuit son chemin.



Je peux ma foi très bien comprendre que lorsqu’on a manqué d’amour plus jeune et assisté à trop de drames et de tristesse durant sa prime enfance, qu’il soit difficile de rompre le mauvais sort et d’aimer en dépits de l’absence d’amour comme terrain depuis toute jeune. Dans cette relation conflictuelle, Blythe va assister impuissante à l’évolution de sa fille en mini monstre.



Plusieurs choses m’ont dérangée dans cette histoire.

La narration tout d’abord. Je m’y suis perdue entre les -tu, je, il- jamais nommé. Qui parle ?

Ensuite, j’ai nourri très peu d’empathie envers Blythe qui s’étonne des comportements de sa fille alors qu’elle est elle-même dénuée de fibre maternelle. Bon dieu, pourquoi faire des enfants si ça révulse à ce point de consoler son enfant ? Oui, certes on s’imagine que la fibre maternelle c’est comme un déclic au premier regard avec son nouveau né.

Enfin, le thème familial est selon moi trop survolé. Le mystère sur ces trois femmes est entier. Personne n’a de réponse claire. Ni de prise de conscience.



Ce roman démarrait assez bien pour terminer pour moi en vau de l’eau. Violet prend beaucoup de place au début pour finir dans l’ombre au profit d’une femme-mère névrosée très peu sympathique, très peu encline à changer les choses.



« Un page-turner magistral » mentionné sur la quatrième de couverture. Je dirai davantage que c’est un pâle roman qui manque à mon sens de travail pertinent sur les affres de la maternité et le poids des hérédités familiales.

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Entre toutes les mères

Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully (6/6).



Blythe est heureuse, elle a rencontré Fox et ils ne se quittent plus. Rapidement, elle est enceinte et très heureuse de l’être. L’accouchement est très difficile. La relation entre Blythe et Violet, sa fille, sont difficiles dès le début. (Rejet des bras de la maman, morsure à la joue, pleurs incessants…)

Blythe souffre de cette désaffection, sa fille montrant une très nette préférence pour son père.

Les années passent et Blythe accouche de Sam, un petit garçon avec lequel tout se passe à merveille. L’Amour déborde entre eux deux. A tel point que Violet demande à sa mère si elle préfère son petit frère.

Et puis Sam est tué dans un accident…



Tout le monde de Blythe s’effondre.



Voilà un livre dont le sujet me paraissait très intéressant. Cependant, malgré un style simple, je l’ai trouvé confus.



Dans sa structure, je n’ai pas compris les flashbacks, ni leurs intérêts, qui nous faisaient remonter à des épisodes faisant référence à Cecilia, la mère de Blythe et à Etta sa grand-mère. Peut-être pour montrer que ni l’une ni l’autre n’étaient maternelles voulant peut-être expliquer pourquoi elle ne savait pas aimer sa fille ?



Au début de chaque nouveau chapitre, je perdais le fil. Je n’arrivais pas à déterminer si j’étais dans un flash-back ou dans le récit. Et bien souvent, il m’a fallut parcourir un bonne page pour me placer dans l’histoire.



Je n’ai pas compris, peut-être parce qu’étant un homme, je ne peux pas ressentir les liens qui peuvent se créer lors de l’accouchement et lors des tétées…



Je vous encourage malgré tout à le lire car la fin est glaçante.
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Entre toutes les mères

Etta, sa fille Cécilia et sa petite fille Blythe ont des problèmes relationnels mère /fille. Elles n'arrivent pas à être de bonnes mères et à s'épanouir dans la maternité.

A travers ce premier roman percutant, l'auteure explore les relations mère /fille, le poids du passé, la maternité qui n'est pas forcément épanouissante, les fêlures que peuvent laisser une éducation sans amour maternel. Nous assistons à la démistification de la maternité. L'instinct maternel n' est pas inné pour toutes les femmes et ne serait du qu'à la sécrétion d'ocytocine....

Blythe sous la pression de son mari essaie d'être une bonne mère mais Violet est une enfant à part, très à part.... elle n'aime pas sa mère et le lui fait comprendre. Blythe se perd dans cette relation dans laquelle c'est elle qui est évidement mal vue

Ce roman est un page turner que l'on lit d'une traite pour en savoir la fin. On aurait envie d'aider Blythe qui est incomprise et malheureuse. Personnellement j'ai eu envie de tordre le cou de Violet !
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Entre toutes les mères

« Entre toutes les mères » est un page turner implacable. Ce roman a bousculé mes certitudes, torpillé mon cœur de maman. C’est à la fois un roman coup de cœur et un roman coup de poing !

Dans ce premier roman, Aschley Audrain, auteure canadienne, dissèque les angoisses d’une relation mère/fille. La maternité est au cœur du récit mais pas que. Le poids du passé, les fêlures de l’enfance, la culpabilité sont des thèmes que l’auteure aborde également.

Blythe et Fox se rencontrent lorsqu’ils sont étudiants. Ils tombent amoureux presque immédiatement et deviennent inséparables. Lorsque Blythe tombe enceinte, Fox est fou de joie. Blythe, elle, a le vertige. Abîmée par une enfance passée auprès d’une mère complètement dysfonctionnelle, elle craint de faire subir la même chose à son enfant. Lorsque la petite Violet naît, un déferlement d’émotions assaillit la jeune maman. Blythe fait de son mieux mais malgré tout son amour et toutes ses attentions, Violet pleure sans cesse et la repousse. Très vite, Blythe se demande ce qui ne va pas. Ce qu’elle fait mal. Ce sentiment de culpabilité et d’incompétence s’accentue quand elle observe la relation fusionnelle entre Fox et Violet.

Ashley Audrain construit son roman sur l'alternance de deux récits. Dans l'un, son héroïne adresse une longue lettre à son mari. Elle l’interroge, le tutoie tout au long de son récit, nous incluant dans cette intimité brisée. Elle retrace son parcours de maman et de femme, fait le constat d’un gâchis innommable et d’une détresse absolue. Dans l'autre, nous découvrons le destin tragique de la mère et de la grand-mère de Blythe, deux femmes qui n'ont pas pu ou pas su s'occuper de leur enfant et les ravages que cela a causé. La plume de l’auteure laisse pressentir un drame, un acte fou, entre la mère et l’enfant.

J’ai été happé par ce texte noir, glaçant, bouleversant. Une sorte de huis-clos intense, électrique, un combat entre une mère et sa fille. La psychologie de ces deux personnages est parfaitement décrite. La tension monte page après page. Le récit est brillamment construit. J’ai adoré !

Une femme devient-elle mère ? ou l’est-elle naturellement ?

Une mère est-elle obligée d’aimer son enfant ? et vice versa ?

Dans notre société, nous avons souvent l’impression que la maternité doit toujours être une expérience positive. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Cette image peut favoriser l’apparition d’un sentiment de culpabilité ou d’impuissance ou encore causer une perte d’estime de soi chez les femmes pour qui la maternité n’est pas toujours rose.

Ce premier livre est une réussite ! Lisez-le.











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Entre toutes les mères

Ce livre m'a beaucoup fait penser à "Il faut qu'on parle de Kevin"... A ceci près que ce dernier, d'une intensité glaçante, s'apparentait presque à un thriller psychologique. Entre toutes les mères est moins "spectaculaire", moins saisissant, mais demeure très intéressant en tant que drame psychologique.



Nous avançons à pas tendus dans le délicat questionnement d'une mère, Blythe, au sujet de sa relation avec Violet, sa fille. C'est un peu comme si elle avait devant elle un petit animal sauvage qu'elle n'apprivoise pas, dont elle ne comprend pas les réactions... Ou qu'elle a peur de comprendre justement. Le doute la saisit, l'étreint, de plus en plus suite à divers incidents... jusqu'à un point de non retour quand survient le drame...



Terriblement seule face à son mari qui prend toujours le parti de leur fille et qui ne manque pas d'insinuer qu'elle n'est pas à la hauteur de son rôle de mère, Blithe est intimement convaincue qu'il ne veut pas voir Violet telle qu'elle est... A moins... à moins que ce soit elle qui délire, qui se décharge de sa culpabilité sur sa fille ?

En filigrane, quelques pages éparses nous évoquent la relation de sa mère avec sa grand-mère et de Blythe avec la sienne... Transmission, scénario de répétition ? Est-on mauvaise mère de génération en génération ?



J'ai accompagné Blithe et me suis laissée porter avec elle, à travers toutes ses interrogations, ses doutes, sa culpabilité, sa détresse. J'ai aimé la suivre, ne pas la juger. J'ai aimé jusqu'au bout être au bord du vertige avec elle, jusqu'à la frontière où la réalité vient percer au-delà de toute irrationalité.



Une lecture rythmée, aux chapitres courts et aux mots déliés, qui s'ancre avec une certaine profondeur dans une analyse délicate et travaillée du rôle de mère.









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Entre toutes les mères

Premier roman magistral d'Ashley Audrain, auteure canadienne. Magistral, il l'est à la fois dans l'intrigue qui distille une tension entretenue jusqu'à la fin et dans les thèmes traités qui forcent à réfléchir à des questions que la société semble considérer comme acquises et ne pouvant prêter à divergences.

Blythe et Fox, jeune couple très amoureux, veulent un enfant, surtout Fox. Mais l'arrivée de Violet ne se passe pas comme prévu; le bébé, puis la petite fille rejette sa mère et crée un lien fusionnel avec son père. Violet est difficile, capricieuse et les parents sont souvent convoqués à l'école car leur petite fille de 4 ans fait du mal à ses camarades. Sept ans après, naît Sam et Blythe ressent un amour absolu pour ce fils avec lequel elle est en parfaite symbiose. Mais le bébé meurt dans un accident dans lequel sa fille pourrait avoir joué un rôle; le couple se sépare; Blythe sombre. Violet vit la plupart du temps avec son père, sa nouvelle compagne, Gemma, et leur fils, Jet.

Ashley Audrain évoque des thèmes très forts, pose des questions dérangeantes, sous couvert de fiction, que nos sociétés occidentales ont tendance à mettre sous le boisseau, voire d'en faire un tabou.

Elle aborde le sujet de la maternité qui n'est pas vue ici comme le bonheur suprême mais comme une épreuve; cela me rappelle une célèbre phrase d'Elizabeth Badinter "on ne naît pas mère, on le devient" sur le modèle de la très célèbre maxime de Simone de Beauvoir "on ne naît pas femme, on le devient". Elle décrit une femme qui ne ressent pas cet amour absolu qu'est censée ressentir toute mère digne de ce nom. Ce qui s'installe entre la mère et la fille est une sorte de rapport de force dont Violet sort en général gagnante puisque le regard extérieur condamne d'emblée la mère distante.

Elle aborde également un sujet encore plus dérangeant pour l'inconscient collectif qui démolit le mythe de l'enfant pur, innocent : peut-on envisager qu'un enfant puisse être pervers et démoniaque?

Elle évoque enfin, par les autres personnages, les mères dysfonctionnelles qui lèguent à la lignée de femmes derrière elles une mémoire traumatique qui, soit pousse à reproduire les traumas qu'on a soi-même vécus, soit se mettre une pression terrible pour que tout soit parfait entre mère et enfant.

Mais elle nous offre aussi des portraits de femmes qui sont mères avec simplicité et amour : la belle-mère de Blythe, la voisine Ellen qui a joué le rôle de mère de substitution pour Blythe, la deuxième compagne de Fox, Gemma.

Ce roman, dont le titre original, plus percutant et plus intrigant, est "Push", est une vraie réussite littéraire; on ressent le malaise de Blythe, sa peur face à sa fille, la tension qui empoisonne sa vie, son immense douleur lorsqu'elle perd son fils; les personnages sont psychologiquement fouillés dans ce huis-clos familial étouffant. Mais il est aussi une réussite en ce qu'il démythifie intelligemment les diktats d'une maternité forcément heureuse et offre une voix à toutes ces femmes que la société culpabilise parce qu'elles ne correspondent pas totalement au schéma de la mère éperdue d'amour pour "la chair de sa chair", prête à tous les sacrifices pour ses "chères têtes blondes" !!!

Ce roman raisonnera longtemps en moi et je suivrai attentivement les pas de cette brillante auteure.

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Des murmures

Un quartier résidentiel style Wisteria Lane.

Whitney, Blair, Rebecca, trois voisines à la vie apparemment parfaite.

Whitney a un poste qui l’accapare, du sex appeal, trois enfants mais aucune fibre maternelle.

Blair a renoncé à travailler pour s’occuper de Chloé, sa fille unique.

Rebecca, médecin urgentiste, enchaîne les fausses couches et son coeur saigne de désespoir.

Il y a aussi Mara, la voisine portugaise qui ne s’est jamais consolée du décès de son fils adolescent.

Et - en arrière-plan - les maris.

Des gens qui auraient (presque) tout pour être heureux, mais considèrent que l’herbe est plus verte chez le voisin.



Un événement vient cristalliser les rancoeurs, les secrets et les passions : Xavier, 10 ans, le fils aîné de Whitney, a chuté depuis la fenêtre de sa chambre.

Whitney y est-elle pour quelque chose ?

Aurait-elle pu empêcher l’accident ?

D’ailleurs, s’agit-il d’un accident ?





Des scènes du passé s’invitent, pour nous permettre de mieux connaître, et par là comprendre, chaque personnage. Car c’est la somme de ce que nous avons vécu, enfants puis adultes, qui nous constituent. Traumatismes, frustrations, rencontres, accomplissements, petits et grands bonheurs, joies immenses et drames profonds.





Le roman explore les thèmes de la maternité et de la fémininitude, sous toutes leurs coutures. Whitney, Blair, Rebecca et Mara sont les pièces d'un puzzle qui pourrait représenter la femme dans sa globalité. Pour des raisons différentes et à divers degrés, toutes éprouvent de la frustration et de la culpabilité. Dans chacune nous pouvons nous reconnaître, et c’est là que l’empathie fonctionne.





La plume d’Ashley Audrain est fine et précise, intime et cynique, tendre et cruelle.

Absolument addictive.



Dans la veine de Robyn Harding, Joyce Maynard, Liane Moriarty, Joy Fielding.
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Entre toutes les mères

Les débuts d'Ashley Audrain sont un drame familial d'une intensité rare, presque difficile à lire - entendez-le à un sens personnel, d'une certaine façon, pas parce que la lecture n'est pas aisée -, une intensité électrique qui se décline à plusieurs niveaux, et chacun de ces niveaux est plus troublant que le précédent. C'est dire.

C'est donc un roman au récit fluide mais au contenu complexe et effrayant, mettant en forme les pires cauchemars de la vie, viscérale et vibrante, un thriller psychologique qui s'aventure largement dans les (pires) territoires de l'horreur. Pas besoin de tonnes de sang pour ça, vous pouvez me croire.

Oubliez le graphic-design de Éditions Lattès, et le titre choisi pour la version française ; croyez-moi, THE PUSH, le titre original, est bien plus représentatif et effrayant en soi.

C'est effroyable. C'est sinistre, percutant. Et c'est brillant.
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Entre toutes les mères

« Entre toutes les mères » est le roman d’une génération de femmes « maudites » pour lesquelles la maternité n’est pas instinctive, ne coule pas de source, ne vient pas spontanément lors de la naissance de l’enfant. Chacune doit composer avec ses failles, se remémorer ses relations avec sa propre mère et cet héritage est extrêmement lourd à porter. Mais pour Blythe, les choses seront différentes, elle va briser ce cercle infernal, couper la chaîne des traumatismes qui se transmettent de mère en fille et avoir avec sa fille Violet des liens puissants, aimants, et tendres. Lorsqu’elle rencontre Fox, ils forment le couple parfait, ils sont en symbiose totale. La question d’avoir des enfants surgit naturellement et malgré les appréhensions légitimes de Blythe qui a connu des relations très conflictuelles avec sa mère Cecilia, elle se retrouve rapidement enceinte d’une petite fille, prénommée Violet. Les attentes de Fox sont énormes concernant la maternité et rapidement Blythe ne se sent pas à la hauteur. Son statut d’épouse disparaît pour laisser place à un statut de mère qui se doit d’être aimante, câline, attentive. Elle doit tisser avec son enfant des liens profonds. Sauf que… Violet n’est pas une petite fille comme les autres et ce lien entre elles ne se noue pas. Blythe perçoit des choses que son mari refuse de voir. Commence alors une bataille silencieuse, à coup de non-dits, de regards lourds et sombres et d’évènements angoissants.



« Entre toutes les mères » est un premier roman qui aborde de façon EXCEPTIONNELLE tous les aspects de la maternité, sous des angles différents et en profondeur. Il ne s’agit pas ici d’un nième récit sur les problématiques liées au fait d’être mère, il met en lumière ce dont d’habitude les mères ne parlent pas, parce que c’est politiquement incorrect. Incontestablement, nous sommes dans un roman contemporain noir qui démonte toutes les approches explicitées dans des livres du type « j’attends un enfant », car Ashley Audrain prend le parti de disséquer tout ce qui peut mal tourner lorsqu’on trimballe soi-même des tares familiales. Elle démonte le mythe de la dépression post-partum, expression valise et facile pour exprimer l’abattement ressenti par une jeune accouchée due à la chute des hormones, en défendant des femmes qui doivent, en réalité faire le deuil de leur « vie d’avant », parfois d’un métier, d’une identité propre et refusent, en leur for intérieur d’être cantonnées à ce rôle de mère qui n’est pas ce qu’elles sont. « Je ne voulais pas être l’axe autour duquel vous tourniez. (…) je réfléchissais à des moyens de m’échapper. »



Blythe veut être une femme et une mère, et pas simplement une mère.



Le roman dresse le portrait de plusieurs femmes. D’abord la lignée de Blythe : Etta sa grand-mère et Cecilia sa mère. Sont évoqués alors dans des apartés en italique, des souvenirs d’enfance qui permettent de mieux appréhender comment elles se sont construites, et la façon dont elles se transmettent le fait d’être mère. Une sorte de malédiction familiale se répercute de mère en fille : « Un jour, tu comprendras, Blythe. Les femmes de cette famille… nous sommes différentes. » et s’ancre profondément dans l’esprit de chacune, tant et si bien que lorsque Blythe devient elle aussi mère elle pense immédiatement « Pourquoi avais-je cru que je serai différente de la mère dont j’étais née ? » lorsqu’elle ne parvient pas à calmer les pleurs de sa fille. En sus, trois personnages de femmes viennent contredire cette fatalité, Madame Ellington mère de substitution de Blythe, la mère de Fox, et plus tard Gemma.



Implicitement, « Entre toutes les mères » explore le transfert des traumas de l’enfance dans l’ADN. Pour faire simple, le récit pose la question du « vais-je fatalement reproduire ce que j’ai vécu ? » ? Blythe bien décidée à rompre le fil de ces traumas intergénérationnels se retrouve mère d’une enfant qui semble avoir une conduite prédestinée : celui de la détester. Néanmoins, la pression sociale de la mère parfaite ne cesse de s’abattre sur elle, d’activer une forte culpabilité, d’être dans l’impossibilité de dire ce qu’elle ressent, même à son mari, face à cette enfant qui ne supporte aucun contact physique. « J’avais l’impression d’être la seule mère au monde qui n’y survivrait pas. La seule mère qui ne se remettrait pas d’avoir le périnée recousu de l’anus au vagin. La seule mère incapable de faire face à la douleur causée par des gencives de nouveau-né cisaillant ses tétons comme des lames de rasoir. La seule mère qui ne pouvait pas faire semblant de fonctionner avec son cerveau écrasé dans l’étau du manque de sommeil. La seule mère qui regardait sa fille en pensant, s’il te plaît. Va-t’en. »



Évidemment, Ashley Audrain pose un regard sur le couple qui passe de deux entités à trois. Au début sur un pied d’égalité, les forces en présence se déséquilibrent. L’un poursuit sa vie, l’autre stagne. L’un sort pour travailler, l’autre vit enfermé. L’un dort, l’autre non. L’un voit, l’autre préfère demeurer aveugle et se dresser en rempart entre la mère et la fille. La rancœur, l’aigreur et le début d’une forme de haine surgissent. « Je voulais à tout prix avoir plus de temps pour moi. Je voulais faire une pause – une pause d’elle. Ça me paraissait une demande légitime, mais tu me donnais l’impression de devoir encore faire mes preuves. » Le fossé se creuse, les mesquineries arrivent, les phrases blessantes sont jetées là sans pouvoir être reprises « Tu vas finir exactement comme Etta. », l’insulte suprême.



Je n’oublie pas ce que j’ai écrit en préambule, « Entre toutes les mères » est un roman noir. Au milieu de l’épuisement, de la fatigue des nuits sans sommeil, des interrogations de la mère, il y a Violet qui grandit, Violet qui n’est pas une petite fille tendre, Violet au regard dur et sans pitié, Violet et ses questions jamais innocentes. « Mais Violet était aussi violente qu’un cyclone. Et j’avais de plus en plus peur d’elle. » Le fantasme du bébé parfait s’évanouit. La suite, il vous faudra la découvrir seuls…



Ce roman a été un énorme coup de cœur, de même qu’un coup au cœur. Il a réveillé de nombreux souvenirs d’enfance pas toujours heureux. Il m’a fait me questionner sur mes relations passées avec ma mère, mais aussi sur mes relations avec mes propres filles auxquelles j’ai toujours dit la vérité sur mes blessures… comme pour conjurer le mauvais sort et empêcher ainsi que l’innommable ne se reproduise. J’ai adoré la franchise de l’auteur qui démystifie la maternité sans avoir peur du jugement tout en laissant entendre qu’on peut dire des choses, mais sans trop s’étaler de peur d’effrayer les esprits bien pensants. J’ai eu envie de serrer Blythe contre moi pour la consoler, mais aussi la laisser vider son sac. J’ai compati à ses émotions, « Notre journée était encadrée par ton départ et ton retour du travail. Tout ce que j’avais à faire, c’était la garder en vie dans l’intervalle. », j’ai détesté le personnage de Fox autant qu’il est possible de haïr ce mari pitoyable qui condamne sa femme au silence même s’il est un bon père, j’ai eu des sentiments ambivalents vis-à-vis de Violet que j’avais envie de claquer. Et puis, il y a le reste… tout ce que je ne peux pas vous dire… un abîme d’émotions, une totale empathie, de la colère, des larmes… La maternité n’est pas toujours un moment idyllique et ce n’est pas une provocation que de le dire. Les liens avec un enfant sont parfois difficiles à tisser, surtout quand votre enfance vient vous chatouiller.



« Entre toutes les mères » est un roman remarquable, tendre et brutal, sombre et lumineux, mais si SINCÈRE.



Je remercie les éditions JC Lattès de leur confiance.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Entre toutes les mères

Un thriller psychologique passionnant avec un narrateur peu fiable, dans la même veine que La femme à la fenêtre (AJ Finn) ou Les apparences ( G. Flynn). Blythe , qui vit seule avec ses souvenirs, se demande ce qui a bien pu se passer dans sa famille apparemment parfaite. Le ton intime avec lequel elle parle de sa vie ressemble presque à une confession. Dès le début, elle vous met dans la confidence et vous donne un aperçu de la maternité qui est très différent de tout ce que j'ai lu auparavant.

Blythe et son mari attendent un enfant. Tous les deux sont ravis, mais elle est aussi nerveuse, car les femmes de sa famille ont l'habitude de ne pas bien s'adapter à la maternité. Mais la jeune femme est persuadée qu'elle sera une excellente mère, jusqu'à ce que Violet naisse et qu'elle ait du mal à créer des liens avec elle. Blythe trouve que sa fille est un peu aimable et, en grandissant, elle est convaincue qu'il y a quelque chose de fondamentalement mauvais chez Violet qui la rend nocive.



Entre toutes les mères est un aperçu brûlant et accablant de ce que la société attend de nous et auquel rien ne peut nous préparer. C'est aussi un livre novateur sur les mères et sur la réalité brutale de la maternité, qui n'est pas toujours synonyme de la douceur, du bonheur, de soleil et de chansons au bord de l'eau. Il y a parfois des nuits (ou des mois) sans sommeil, des enfants qui ont des problèmes de comportement, des belles-mères qui pensent que vous n'en faites pas assez ou qui vous rappellent qu'elles ne permettraient jamais à leurs enfants de faire X, Y ou Z, et des partenaires qui ne vous soutiennent pas.

Aussi sombre que soit ce roman - et il va dans des endroits vraiment très sombres - sa lecture n'a rien d'une histoire tordue, en fait, elle est plutôt poétique et lyrique. Les mots vous sont murmurés à l'oreille avec une telle intensité qu'ils deviennent une voix très familière.



Ce roman traite de ce que la société fait aux femmes, de ce que les femmes se font à elles-mêmes et de la façon dont elles sont punies, à l'intérieur comme à l'extérieur. Un chef-d'œuvre psychologique d'une maturité incroyable, qu'il m'a été quasiment impossible de lâcher.
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Entre toutes les mères

En voilà un bon bouquin qui cache bien son jeu. On penserait à un livre sur la maternité. Ça l'est aussi. Mais pas que. C'est extrêmement prenant, et comme dit le "Blurb" du journal The Guardian : c'est un "page turner"magistral. Excusez l'emploi de l'anglais, mais ce roman est canadien, canadien anglais. Et je ne parle pas du bandeau jaune, une ligne signée par une écrivaine inconnue (peut-être canadienne, elle aussi)....



Blythe parle à son mari, dont elle est divorcée. Pour raconter, elle le tutoie, en pensée. Elle lui dit qu'elle raconte leur histoire, de son point de vue à elle. Leur rencontre, leur vie à deux.

Les chapitres où elle raconte sont parfois entrecoupés par des épisodes de la vie de sa propre mère, Cécilia, maltraitée par sa mère à elle, Etta. Et des chapitres de la vie d'Etta, entre 1935 et 1958. Etta qui ne voulait pas être mère. Cécilia qui ne voulait pas être mère. Et elle, Blythe, qui se rêve mère, autant que son mari veut devenir père.



Lorsque son test de grossesse est positif, quelques mois après le mariage, Blythe est enchantée. C'est une fille. Elle l'imagine, sa fille. Sa belle-mère la couvre de cadeaux, de petits vêtements pour bébé, jouets, etc.

Mais l'accouchement se passe très très mal. Ça dure une quarantaine d'heures, sans péridurale, avec forceps et déchirure. Blythe a tellement mal, est tellement fatiguée qu'elle ne s'intéresse pas à ce bébé, qu'on pose sur elle..

Le lendemain, lorsque l'infirmière amène le bébé, nommé Violet, pour que Blythe l'allaite, tout est difficile. Et le bébé ne la regarde pas, et c'est comme ça à chaque fois. Son mari, par contre, est tout de suite à l'aise avec les changes, les couches, il sait la calmer lorsqu'il la prend dans ses bras, sait gazouiller, lui parler "bébé" qui est presque naturel aux pères et aux mères.



Mais Violet ne dort pas. Violette hurle. À la maternité comme à la maison. Blythe dit que ses seins sont "comme des pierres", et chaque fois qu'elle nourrit sa fille, c'est désagréable. Et Violet hurle à plein temps. le mari rentre, prend la petite qui se calme de suite. À chaque fois. Il ne se rend pas compte de l'impossibilité de se reposer avec ce bébé qui refuse de dormir. Elle a pourtant tout essayé.



Les jours, les semaines, les mois passent. Il y a un sentiment d'animosité entre Violet et sa mère. Violet ne la regarde pas, fait exprès de faire des bêtises, en la défiant du regard. Alors le lecteur se pose la question. Est-ce un "simple" cas de dépression post-partum ? Est-ce devenu une psychose de la part de la mère ? Les mots de détestation sont dits, de la part de la fillette et de la mère. Qui est si heureuse lorsque parfois l'enfant lui parle. Ou s'assied près d'elle. Seul le père compte, pour l'enfant.



Une fois à la garderie, puis au jardin d'enfants, les responsables parlent à Blythe des accès de violence de la part de sa fille, sur d'autres enfants. Blythe retrouve une énorme poignée de cheveux blonds dans une poche de l'enfant. Comme les cheveux du petit Noah. Que la fillette a dit clairement qu'elle détestait.

Un jour, au square, les mères sont assises sur un banc et les enfants s'amusent sur les jeux à grimper. Violet a cinq ans. Un enfant du même âge tombe de la plate-forme du toboggan. Blythe a clairement vu que sa fille se reculait à l'arrivée du petit garçon, puis tendait la jambe pour le faire trébucher. Blythe l'a vue. Violet le sait. Mais encore une fois, on se pose des questions. Est-ce la mère qui voit tout ce que fait sa fille à travers un prisme tordu, ou est-ce que Violet est une enfant psychopathe ?

On s'attend au pire, tout le temps. Et lorsque Blythe donnera naissance à un petit garçon, Sam, qu'elle adore, avec lequel elle est vraiment mère, on a peur de ce qui pourrait arriver...

Une histoire extrêmement prenante, une histoire crédible, probablement Ashley Audrain s'est documentée sur les relations mère-enfant (oui, c'est dans les remerciements), sur des problèmes dont on parle peu, sauf dans les faits divers. c'est un suspense incroyablement bien mené, jusqu'au bout on est sur les dents. Ce n'est pas "heurtant" pour les mamans. On comprend Blythe. J'ai beaucoup aimé. Voire même, adoré !


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Entre toutes les mères

Seule face à l’enfant. Seule à entendre et à voir, à sentir l’anomalie, à se taire puis chuchoter. Seule face aux souvenirs qu’elle étouffe quand ils l’assaillent lui rappelant les dysfonctionnements que pourraient porter les gènes. Blythe a compris ce qui semble évident quand d’autres préfèrent nier : son mari, sa belle-mère, la nouvelle épouse de son ex., tous la jugent. Mauvaise mère, folle, inconsciente, Blythe est celle dont il faut se méfier, qu’il faut éviter. Pourtant …

Comment être mère quand l’enfant ne nous aime pas ? Comment gérer ce que l’on sait ? Comment concilier sa propre histoire et ses désirs ? Comment faire face au deuil ?

Ce récit est addictif, si bien construit, si bien écrit, il prend au tripes jusqu’à la dernière ligne de ses pages que l’on tourne avec frénésie. Lu en quelques heures ! Il me fallait connaitre l’épilogue, vivre et vibrer dans les pas de Blythe, sentir son désarroi, mesurer sa force, pleurer et comprendre. Ce texte est dément, implacable. Dérangeant. Vrai. Aucun chichi, tout est brut.

Cette lecture est à prendre sur la table de votre librairie et à emporter. Ne passez pas à côté ! Ce serait vraiment dommage !

Un roman à deux doigts du coup de cœur.


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Entre toutes les mères

C'est un livre difficile à lire.

Psychologiquement je veux dire.

Comment la folie des ancêtres peut arriver à toucher les vies de leurs descendants.

Ce n'est pas un thriller.

C'est un livre sur ce qu'on appelle la transgénerationalité ou bien psychogénéalogie.

Ou bien comment nous vivons avec les traumas, les secrets de famille, les fautes ou faiblesses de nos ancêtres.

C'est une science sérieuse et reconnue dans le monde entier.

Hélas.

Cette histoire est terrible car très bien décrite et écrite.

L'amour maternel sans limite.

Et c'est de cette lignée maternelle que le ver pourrira le fruit.

Dès la naissance, cela ne se passe pas bien entre Blythe et sa fille Violet. Un truc pas net, une animosité de la part de cette toute petite fille qui aime faire du mal aux autres enfants. Elle aime les terrrorriser, avec une joie extrême et un sadisme à peine dissimulé.

En grandissant, cela ne s'arrange pas. Le père, Fox, est indulgent, ayant une relation forte avec sa fille.

Puis il y a un autre enfant, un petit garçon. Blythe est comblée. Ou presque.

Et puis l"'accident", atroce, terrible, indicible.

Pourquoi tant de malheurs, tant de haine ?

Le livre est entrecoupée de scènes du passé, où l'on apprend à connaître les ancêtres de Blythe, sa grand-mère et sa mère. Deux folles qui engendreront la folie à leur tour.

C'est un petit peu plus compliqué que ça mais je ne veux pas spoiler le livre.

Lecture très intéressante, dérangeante parfois, dégoutante jamais.

J'ai toujours cru en cette science de la psychogénéalogie.

On paye pour les fautes de ses ancêtres, c'est d'une évidence crasse.

Cela peut même sauter des générations.

Tant que des mots ne seront pas prononcés, tant que des mots ne seront pas vomi comme un lent poison morbide, ces descendants iront d'échec en échec, de mal-être en mal-être, sans comprendre ce qui leur arrive.

J ai lu une étude très sérieuse qui parle de transmission dans les gènes même, d'un gros trauma ou bien d'un crime ou autre chose de très grave. Alors que les victimes ne savent rien de ce trauma.

Étrange et effrayant à la fois.

Caroline Elyacheff, psychanalyste des enfants et même des bébés (si, si), a toujours soutenu cette thèse.

Pourquoi Violet est aussi diabolique que méchante ?

Lisez le livre, vous le saurez.

Et même si je ne peux pas parler de thriller, la dernière phrase du livre vous entraînera dans une horreur sans fin.

Bienvenue chez Blythe et chez Violet...

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Des murmures

Ambiance Wisteria Lane. Dans un quartier cossu, une femme reçoit ses voisins pour une garden party à l'occasion d'un anniversaire d'enfant. Tout est parfait, préparé avec soin. le jardin est entretenu, les gens sont aisés et beaux, le magicien charme les enfants.



Qui dit Wisteria Lane, dit femmes désespérées… Quatre femmes, quatre profils différents, tous en lien avec la maternité, thème central de ce roman.



Blair qui s'est mise de côté suite à la naissance de sa fille Chloé.



Rebecca, médecin urgentiste, qui rêve d'avoir un enfant mais qui enchaîne les fausses couches.



Mara, une vieille portugaise qui tue l'ennuie en observant ses voisins.



Enfin, Whitney Loverly, chez qui la fête a lieu. Belle et indépendante, admirée de tous, carriériste, elle pense à son bien-être personnel et délaisse ses enfants.



Alors quand elle hurle sur son fils et l'humilie, les invités se figent.



Alors quand son fils tombe de la fenêtre du troisième étage de sa chambre plusieurs mois plus tard, ils imaginent le pire.



Sous des abords caricaturaux, ces portraits de femmes sont d'une finesse incroyable et Ashley Audrain leur donne vie et observe les jeux de dupes et de pouvoirs qui se jouent entre elles. Les dialogues sont très réalistes, elle a le souci du détail et le langage non-verbal en dit autant sur ces héroïnes que leurs paroles. "Tant de choses étaient échangées dans ce qui n'était pas dit". Des murmures que l'on peut refuser d'écouter, mais que l'on entend... «Ces moments qui essayent de nous dire que quelque chose ne va pas. »



Chacune a une fêlure, sous le beau vernis de l'aisance sociale. Chacune se bat avec le rôle de mère. C'est un texte qui parle de femmes, qui nous plonge dans la tête de ces mères et qui invite à l'empathie.



Dur de lâcher ce thriller psychologique. On veut savoir, on entre dans la ronde des ragots et des rumeurs. La double temporalité et l'alternance de points de vue nous permettent de retrouver les pièces manquantes de ce drame qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière phrase.



J'ai pensé à Laura Kasischke ou à Jonathan Dee qui excellent aussi dans l'art de disséquer la psyché de leurs contemporains, dans une Amérique privilégiée.



J'ai été bluffée par ce roman chorale. Si j'étais romancière, c'est le texte que j'aurais voulu écrire. Brillant !
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Des murmures

Après « Entre toutes les mères » publié en 2021, énorme coup de cœur, Ashley Audrain revient cette année avec « Des murmures » toujours publié chez JC Lattès. Un sujet commun rapproche ces deux romans : la maternité. Tant et si bien que l’on pourrait presque attribuer à l’auteure une sorte de palme d’or du traitement qu’elle fait de cette thématique. Non seulement elle couvre les différentes aspérités du sujet, mais elle le fait brillamment et avec beaucoup de finesse.



« Des murmures » présente quatre couples à travers son personnage féminin qui devient le coeur de la représentation familiale. Whitney, mère de trois enfants, éprise de son travail et de son bien-être personnel qu’elle ne souhaite pas oublier dans l’aventure. Blair, mère d’une petite fille qui a pris toute la place dans sa vie et pour laquelle elle laisse tout le reste aller à vau-l’eau. Rebecca, médecin accomplie qui souhaite ardemment avoir des enfants. Mara qui a été mère autrefois et qui « profite » aujourd’hui de ses vieux jours pour observer la vie de son quartier. Tout ce petit monde va virevolter dans les rues de cet hypothétique Wisteria Lane.



La communauté est recentrée autour du jardin des Loverly, là où, le couple Whitney/Jacob accueille régulièrement ses voisins. C’est précisément là que vont avoir lieu « les accidents », accidents qui vont faire tomber les masques. Car, si l’on joue un rôle face à la communauté, les mères de cette histoire jouent également un rôle dans leur propre foyer. Jeux de dupes, jeux de massacre, la chorégraphie conjugale et maternelle permet de nombreuses postures. Si « Des murmures » s’ouvre sur un mystérieux incident, Ashley Audrain prend le parti de retourner quelques mois dans le passé pour asseoir et les personnages, et les situations. Certains chapitres placent l’intrigue dans le présent où l’on suit un personnage central face au drame qui la frappe.



« Un jour, elle a entendu quelqu’un appeler ça les murmures — ces moments qui essayent de nous dire que quelque chose ne va pas. » Est-ce dont cela l’instinct maternel ? Cette possibilité qu’ont les mères de savoir de manière si intuitive ce qu’elles doivent faire ou dire, la façon dont elles doivent agir dès qu’elles ont donné la vie ? Pas si sûre… Et Ashley Audrain le démontre fort bien en plaçant d’abord la femme (et non la mère) au centre de son roman. « Des murmures » est un roman de femmes. Il explore tous les challenges qu’une femme doit traverser tout au long de sa vie (d’où aussi le choix de femmes d’âges différents). Pour n’en évoquer que quelques-uns développés dans le récit : concilier vie professionnelle et vie personnelle, ne pas oublier ses besoins personnels au détriment de la famille, exister par soi-même en dehors de la maternité, naviguer entre fausses couches et enfant différent.



J’ai eu énormément d’empathie pour chacune de ces femmes, à des degrés différents, mais aussi pour des raisons différentes. La fameuse sororité devrait nous inciter à ne juger aucune d’entre elles, mais simplement à essayer de nous mettre à sa place. Or, nous savons bien qu’entre femmes, le jugement tombe souvent comme un couperet, tant nous avons besoin de nous comparer les unes aux autres et de nous tirer dans les pattes. Mais je digresse… Compassion et empathie, vous disais-je, car, finalement, dans chacun de ses portraits de femmes, il y a un peu de nous.



J’ai compris le besoin de Whitney de fuir son domicile pour aller s’épanouir ailleurs et autrement, car son statut de mère ne comble pas tous ses manques.



J’ai entendu les peurs de Blair qui, après avoir tout sacrifié pour sa fille, se rend compte qu’elle en a oublié son couple.



J’ai ressenti dans ma chair, les douleurs physiques et mentales de Rebecca, quand l’envie d’avoir un enfant dévaste tout et peut faire sauter toutes les barrières de ce que l’on peut décemment encaisser.



J’ai été attendrie par le vécu de Mara, ses luttes perpétuelles au sein de son propre foyer, lorsqu’il faut s’opposer continuellement à son conjoint pour protéger son enfant.



Présent et passé se chevauchent dans « Des murmures » pour permettre au lecteur d’envisager chaque personnage, et donc chaque situation dans sa globalité. Certaines situations ne reflètent pas qui nous sommes. Notre manière de réagir vient puiser dans d’autres racines que celle du moment présent. C’est une somme de petites et grandes expériences, drames, apprentissages qui nous construisent. La part accordée à la maternité n’est qu’une parcelle de qui l’on est (même si elle peut être conséquente) et ne devrait pas entièrement nous définir en tant que femme. Whitney, Blair, Rebecca, Mara forment à elles toutes un puzzle qui pourrait représenter, de manière métaphorique, une femme dans sa globalité. Dans notre vie, nous avons le droit d’être tantôt l’une, tantôt l’autre ou de puiser un peu de chacune lorsque cela est nécessaire.



« Des murmures » explore la thématique de la maternité, mais à travers elle dresse le portrait de femmes, de qui elles sont avant, pendant, et après avoir eu ou pas un enfant. Ashley Audrain parvient à mettre en lumière la force de chaque femme face aux épreuves du quotidien, qu’elle soit mère ou non. Elle le fait avec finesse, avec tendresse, avec sororité. Encore une fois, elle a su proposer un texte riche, nourrissant et intelligent.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Entre toutes les mères

C'est Séverine de la chaîne Youtube Tube Il est bien ce livre qui m'a convaincue de lire ce roman. Et je ne peux que tomber d'accord avec elle. Ce roman est un miroir des relations mère-enfant et une description des dégâts que peut provoquer l'attitude d'une mère qui elle-même a été victime dans son enfance de la maltraitance, sur son enfant, la fameuse répétition de ce que l'on a vécu dans son jeune âge. Nous suivons Brythe qui malheureuse dans son enfance ne veut surtout pas répéter les erreurs que sa propre mère a commises. Elle voit donc arriver sa première grossesse avec joie. Malheureusement, ce premier bébé ne se révèle pas ce qu'elle avait espéré dans ses rêves. Le caractère de Violet est difficile, Violet est grognon, elle pleure beaucoup, et le fameux lien mère-enfant est inexistant entre Blythe et Violet. Pourtant sa fille se comporte tout a fait différemment avec son père. Est-elle une mauvaise mère ? Cette situation commence à la miner et à avoir des conséquences sur son couple. Toutefois elle avance et ne se laisse pas abattre. La voilà qu'elle tombe enceinte une seconde fois (c'est son désir le plus cher) et là, miracle la magie opère à l'arrivée de Sam. Sam est un rayon de soleil auquel elle se réchauffe. Je ne peux pas vous en dire plus au risque de déflorer l'histoire qui contient une bonne dose de suspense, vous verrez pourquoi. L'auteur a su de main de maître nous décrire les relations compliquées entre une mère et ses enfants, le poids de la culpabilité, l'horreur de la perte. Elle a su également remettre en cause l 'image d'Epinal de la maternité forcément heureuse. Avec grand talent Ashley Audrain explore le poids de l'hérédité sur nos vies et les relations compliquées mère-enfant, jusqu'à la dernière page, et vous refermerez ce livre avec le souffle coupé. Vous verrez pourquoi.
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Entre toutes les mères

Mes mots, mes sentiments à la minute où j'ai fermé mon livre :



- Quelle horreur !



- Impressionnant



- Frissons partout



- puis effroi



- pour finalement terminer en sanglots



Comment puis-je noter ce livre comme coup de coeur, c'est plutôt un coup de poing mais ce libellé n'existe pas alors pour les émotions que m'a donné ce livre ce sera donc un méga coup de coeur.



La construction de l'histoire a fait que parfois pendant quelques lignes, je ne savais plus qui parlait : Blythe ? sa mère Cécilia ? sa grand-mère Etta? ça a participé à ce que toutes les histoires de chacune s’entremêlent et finalement c'est bien ce qui s'était passé, elles se sont refilés le relais de mère à fille jusqu'à Blythe, était-ce une volontaire de la part de l'auteure où parce que en ce moment j'ai quelques difficultés d'attention à ma lecture ? aucune idée mais ça a participé pour moi à faire le lien entre elles toutes : le comportement d'Etta qui rejaillit sur Cécilia qui rejaillit sur Blythe ...



Blythe, quel poids sur ses épaules ! qui n'a pas dit un jour moi quand je serai mère je ne ferai pas telle ou telle chose, ou le contraire d'ailleurs : je ferai ceci ou cela ... Blythe porte sur ses épaules le passé des femmes de sa famille toutes maltraitantes à leur manière et elle veut à tout prix casser cette chaîne. Elle ne veut pas reproduire ce qu'elle a vécu avec sa mère. Le jour où elle est enceinte de sa fille Blythe se pose plein de questions sur sa capacité à être une bonne mère. Violet est une enfant difficile, elle pleure beaucoup, ne sourit pas mais elle se comporte différemment avec son père ce qui aura un effet néfaste sur Blythe en se sentant dévaloriser dans son rôle de mère et elle finira par se questionner : qu'est ce qui ne va pas chez elle ? ou chez sa fille ?



Je vous laisse découvrir cette histoire noire, la tension au fil des pages devient permanente et la fin où j'ai pris une grosse claque ... un combat entre une mère et sa fille.
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Entre toutes les mères

Quelle lecture!



Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman m'a emmenée là où je ne m'attendais pas. Lecteurs sensibles s'abstenir, ce récit glaçant bouscule fortement.



Pourtant, l'histoire de Blythe a commencé comme un conte de fées. Etudiante, elle trouve un prince charmant nommé Fox et, après des années de bonheur à deux, ils se marient. Le désir de fonder une famille apparaît alors. Mais Blythe, abandonnée par sa mère enfant, a peur ne pas être à la hauteur dans ce rôle.



Quand Violet naît, l'instinct maternel lui fait défaut. Jalouse de la complicité qui grandit entre sa fille et son mari, la jeune femme ne parvient pas à tisser de lien avec son bébé. Elle fait des efforts et tente d'oublier son lourd héritage familial. Cependant, la situation se dégrade peu à peu entre elle et Violet.



Ashley Audrain dépeint la maternité dans toutes ses nuances. Face à la pression sociale, à ce sentiment de culpabilité qui la ronge, on suit les aléas de Blythe qui tente vainement d'être la mère parfaite. Un récit parfaitement ficelé, ponctué de flashbacks nous restituant l'histoire tragique de la mère et la grand-mère de notre héroïne.



Mais, ce roman est bien plus riche qu'il n'y paraît au premier abord. Dès la scène d'ouverture, une atmosphère inquiétante s'installe. Les pages défilent à toute allure, sous tension. Jusqu'au dénouement qui m'a laissée sans voix.



La dimension psychologique est remarquablement bien fouillée. Blythe est un personnage ambivalent, à la fois détestable et qui suscite de l'empathie. Une histoire captivante, effroyable qui nous est racontée du point de vue de cette mère et qui amène le lecteur à douter. Est-elle victime de paranoïa? Son jugement est-il altéré par ses émotions ?



J'ai vraiment été bluffée par ce premier roman sombre et intense qui nous immisce au cœur de cette famille dysfonctionnelle. La plume est accrocheuse et je suis prête à parier que l'on n'a pas fini d'entendre parler de la romancière canadienne.



Un page-turner haletant et dérangeant, un uppercut qui vous fera côtoyer le pire. Emotions garanties.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Entre toutes les mères

“Dans une vie, un cœur de mère a un million de façons de se briser”.



Etta.

Cecilia.

Blythe.

Violet.

La lignée. De mère en fille.

Ces femmes n’ont pas reçu l’amour en héritage, non. Leur mère leur a légué le rejet, l’abandon, l’indifférence, la distance, la maltraitance.



Une mère, c’est quoi ?

Apprend-on à être mère ?

Peut-on devenir une bonne mère sans modèle auquel se référer ?

N’est-il pas « humain » d’avoir du mal à donner, à s’oublier, quand on n’a reçu ni chaleur ni tendresse, quand on nous a fait sentir que nous étions un poids, une gêne, une bouche de plus à nourrir, parfois même un objet de sévices ?





“Je m’efforçais uniquement de la garder en vie. Je me concentrais sur le fait qu’elle mange et qu’elle dorme. Sur le fait de survivre aux journées qui semblaient s’entrechoquer comme des rochers.” ; tel est le quotidien de Blythe avec Violet, sa fille. Une petit fille « bizarre », avec laquelle Blythe n’a pas réussi à nouer de lien. Une petite fille au comportement inquiétant, à moins que ne soit Blythe qui projette ses propres failles ?



Beaucoup aimé.
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Des murmures

Après Entre toutes les mères, le nouveau roman de l’auteure a encore pour sujet les mères, celles qui le sont, celles qui l’ont été et celles qui voudraient l’être.



J’ai aimé ces quatre femmes : Rebecca l’urgentiste qui enchaine les fausses couches ; Mara dont le fils autiste est décédé quelques années auparavant ; Blair la mère parfaite qui a tout de même un doute sur la fidélité de son mari ; et Whitney qui a tant de mal avec son fils aîné Xavier.



J’ai aimé suivre ces femmes par petites touches, découvrir la situation avant le drame et pendant.



J’ai eu de la peine pour Whitney qui possède son entreprise, a trois enfants, un mari souvent absent, qui a tout fait pour bien élever ses enfants mais qui ne fait que gronder et punir son aîné. Elle est consciente qu’elle en veut toujours plus ; comme son fils.



J’ai aimé certains détails : le ticket de bus dans la poche du manteau de la mère de Whitney (ticket qu’elle n’utilisera pas) ; le préservatif trouvé par Blair ; les bagues de Whitney qu’elle enlève quand elle trompe son mari.



J’ai aimé Mara, la vieille voisine un peu secrète. J’ai eu de la peine pour elle : sa vie avec un enfant autiste, son mari qui ne comprend pas, le décès brutal de son fils.



J’ai aimé que le fils de Mara lui chuchote à elle seulement au creux de l’oreille, habitude en résonance avec le titre du roman.



Les murmures, justement, expliqués p.25 comme ces moments qui essayent de nous dire que quelque chose ne va pas.



J’ai eu de la peine pour les fausses couches de Rebecca, placées au milieu du roman.



Enfin, j’ai eu de la peine pour Xavier, le fils mal-aimé et sans cesse rabroué par sa mère et repoussé par sa meilleure amie.



Une citation :



Ce n’est pas un événement avec un début et une fin. La fausse-couche se poursuit encore et encore, elle traque la femme à travers ses journées et ses rêves, et la femme connaît quelques rares secondes de bonheur quand elle oublie, que son cerveau peut encore ressentir le bonheur d’avoir ce bébé, jusqu’à ce qu’elle se souvienne que le bébé ne lui appartient plus, depuis des jours ou même des semaines. (p.179)



L’image que je retiendrai :



Celle des avions qu’adorait le fils de Mara et ceux en papier que Xavier envoi dans son jardin.
Lien : https://alexmotamots.fr/des-..
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