Notre prière est le fikr. Elle se danse en rond. Elle nous a aidés durant des siècles. C'est Hadji Kounta qui l' ramenée de ses voyages, il est allé à La Mecque et à Bagdad. Il est né vers 1830 et connaissait le Coran par coeur à dix ans. A cette époque nous étions en guerre contre les Russes. Les Tchétchènes ont combattus hardiment. Nous avons dû aller chercher notre force auprès de Dieu, et Hadji Kounta nous a initiés au fikr, avec le chant et la danse. Imam Chamil, qui nous dirigeait à ce moment-là, préférait la prière à voix basse. Le fikr nous permet de trouver Dieu. Le soufisme ne dépend pas de l’État et n'a pas besoin de mosquées. Tout est dans l'être humain, c'est pourquoi il a résisté à tout - à l'invasion du tsar, à l'oppression de Staline, à la déportation, aux guerres. C'est pour cette raison que la scène à la mémoire de mon frère dont nous avons été aujourd'hui était si importante. Le soufisme, c'est la proximité entre les êtres, l'amour et le respect de l'autre et l'absence de violence."p.227