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3.47/5 (sur 362 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1981
Biographie :

Astrid Eliard est journaliste, son premier recueil de nouvelles, Nuits de Noces, est sorti, aux éditions du Mercure de France, le 11 février 2010.

Elle est aujourd'hui enseignante. Elle a reçu le prix de la SGDL pour Nuits de noces, et le prix Marcel Pagnol pour Danser.

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Bibliographie de Astrid Eliard   (10)Voir plus


Entretien avec Astrid Eliard à propos de son ouvrage Danser :



Votre roman Danser met en scène trois petits rats de l’Opéra : Chine, Delphine et Stéphane. Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser au monde de la danse classique ? 



J’ai fait énormément de danse classique, dans une école qui a donné une danseuse étoile de l’Opéra de Paris et pas mal de danseurs professionnels. J’étais assez douée, en tout cas passionnée, et l’idée de la vocation m’a évidemment traversé l’esprit. Une part de moi-même, enfouie, secrète, regrette de ne pas avoir eu la vie de Chine, Delphine ou Stéphane. 



Vos trois adolescents sont très différents et l’histoire de Danser nous guide à travers les aléas de leur amitié. Comment ces trois profils sont-ils nés de votre plume ? 



Leurs origines sont multiples. Ils sont nés de mes souvenirs – de cours de danse comme de cours de récréation – et des heures que j’ai passées, fascinée, à observer les danseurs. 



Est-ce facile, en tant qu’auteur, de se remettre dans la peau d’adolescents de 15 ans ? Comment avez-vous fait pour imaginer leurs réactions et avis sur les choses ? 



La question est plutôt de savoir s’ils sont crédibles et ça sera au lecteur d’y répondre. Pour ma part, j’ai essayé de me « reconnecter » à ce monde de l’adolescence, de déterrer tous les complexes, les craintes, les espoirs qui animent ou torturent les ados. C’est l’obsession du regard des autres, l’impression de voir sa vie défiler en transparence, comme si on en n’était que le spectateur. Cela dit, une fois que les personnages sont nés, ils gagnent leur indépendance, ils sont régis par leur propre cohérence, et il me semble que le romancier n’a plus à plaquer sur eux des réactions, des émotions. Ce sont les personnages qui décident pour eux-mêmes. 



Ces trois jeunes ont des rapports différents à leur famille et au fur et à mesure de la lecture il apparaît qu’aucune d’entre elles n’est idéale, malgré les apparences. Aviez-vous un message à faire passer à ce sujet ? 



Le lien familial est un thème très important de ce livre. Chine, Delphine et Stéphane sont internes à l’Ecole de Danse, ils doivent donc apprendre, cinq jours par semaine, à vivre sans leurs parents. Pour Chine, c’est une libération, elle est heureuse loin de sa mère, même si elle pense à elle tous les jours. Stéphane a déçu son père en devenant danseur et chagriné sa mère en choisissant de vivre loin d’eux. Delphine, elle, a le blues de sa famille. Ses parents lui manquent atrocement. Elle se rend compte qu’elle est moins émancipée qu’elle ne le pensait. Mes trois personnages ont une grande maturité – notamment artistique – mais ce sont encore des enfants qui ont besoin de leurs parents, que ce soit pour réclamer leur tendresse ou pour les accabler de critiques.



Vous mettez en scène l’éveil à l’amour, dans un premier temps fantasmé par vos trois héros, bien que chacun à sa façon. Cette première phase d’émoi dénué de tout réalisme est-elle importante selon-vous ? Pourquoi avez-vous choisi de la mettre en scène en particulier ? 


On est tous passés par là… non ? Ce moment où l’on rêve de l’amour idéal, tout en redoutant sa réalisation physique. Je crois que c’est le propre de l’adolescence, de ne pas percevoir l’amour comme un tout, mais de penser qu’il y a les sentiments d’un côté, le sexe de l’autre.  



Passé cette première phase, les étudiants prennent conscience de la trivialité de cet amour. Alors que certains acceptent d’y plonger, d’autres tentent d’y résister. Cette désillusion est-elle un passage obligé ?



A mon avis, mes personnages n’ont pas dépassé la phase 1) : l’amour rêvé/redouté. Quelques-uns se donnent en spectacle, prétendent « avoir fait l’amour » comme si ça faisait d’eux des grandes personnes. Il n’est pas encore question de désillusion, c’est plutôt une course à l’expérience –  il y a donc ceux qui courent, et ceux qui vivent la course en observateurs…



Vous avez déjà écrit plusieurs textes sur le couple. Pourquoi avoir choisi de traiter l’amour en amont du couple cette fois ?



L’amour, dans ce livre, déborde largement du cadre du couple : je voulais écrire sur l’amour de la danse, l’amour des parents pour leurs enfants et inversement, mais aussi sur l’amitié…



Sans directement dévoiler la fin du roman, qui surprend, est-ce malgré tout important d’avoir des rêves ?



Bien sûr ! A l’adolescence, les rêves sont grands, beaux et sublimes, plus on vieillit, plus ils rapetissent. Ils portent moins sur notre être, que sur ce qu’on pourrait posséder. On rêve de voyages, de repos, d’une grande maison ou d’une belle voiture. C’est un peu triste. 



Astrid Eliard et ses lectures :



Quel livre vous a donné envie d`écrire ?


Les contes de Perrault ; Alice au pays des merveilles



Quel est l`auteur qui vous aurait pu vous donner envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?



Aucun ! Les grands auteurs sont stimulants. 



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?


La Garden-Party et autres nouvelles, de Katherine Mansfield. Un cadeau de ma marraine, à la fois un émerveillement et un éveil. J’avais douze ans. 



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?


La foi d`un écrivain, de Joyce Carol Oates.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


Je ne ressens pas de honte, mais plutôt du plaisir par anticipation en pensant à tous ces chefs d’œuvres que je n’ai pas lus : Guerre et Paix, Ulysse, Belle du Seigneur… 



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?


Le Secret de Joe Gould, de Joseph Mitchell. L’histoire d’un vagabond, poète, marginal, qui traînait à Greenwich Village dans les années 30. Il prétendait avoir écrit « le plus long livre du monde »… Un mensonge auquel j’ai voulu croire, jusqu’au bout. 



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


Beaucoup de livres que j’ai dévorés à quinze ans et qui ne m’inspirent plus rien aujourd’hui : les romans et pièces de théâtre de Jean-Paul Sartre, les livres de Boris Vian et, j’ai un peu honte de l’avouer, mais une bonne partie de l’œuvre de Honoré de Balzac



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


« Bonne chance, et crois-moi, mon Doc bien-aimé, mieux vaut regarder le ciel que d’y être. C’est un endroit si vide, si vague. Juste l’endroit où se promène le tonnerre et où les choses disparaissent. », Truman Capote, Petit-déjeuner chez Tiffany.



Et en ce moment que lisez-vous ?


Histoire de la violence, d’Edouard Louis. Scotchant. 



Entretien réalisé par Marie-Delphine

Découvrez Danser de Astrid Eliard aux éditions Mercure de France :


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Astrid Eliard : Construire un recueil nouvelles .
Comment construire un recueil de nouvelles ? D'abord choisir un thème. Mais ensuite comment se créent les différentes nouvelles ? Astrid Eliard nous révèle comment elle a élaboré son recueil de nouvelles Nuits de noces.Cette interview a été réalisée dans le cadre de la 5e édition du Salon du livre d'Ozoir-la-Ferrière (77) qui s'est tenue le 19 novembre 2011. Astrid Eliard a été la lauréate du Prix Ozoir elles en 2010.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
artiste. ce mot me fout les boules comme vous n'en avez pas idée. dès que je l'entends, j'ai direct envie de rentrer à Montpelier de rejoindre Maelys et céleste sous l'abribus, de gratter l'échine de mon capuche.
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La première fois que j'ai vu Adèle, j'ai eu envie de la fuir, instinctivement. C'était un jour de rentrée, notre premier cours d'anglais. Elle était assise à coté de la seule place restée libre et qui par défaut est devenue la mienne. J'étais nouvelle et je ne connaissais rien des réputation des uns et des autres mais j'ai tout de suite compris à quelle catégorie appartenait Adèle, celle des filles qui retrouvent leurs sacs à dos dans la cuvette des toilettes, reçoivent des fausses lettres d'amour, ce genre là quoi. Elle m'a regardée et ce regard m'a dégoûtée, tant il était plein de l'espoir qu'on devienne amies, elle et moi.
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Sur la table, une tasse de café tournoyait entre les doigts de Michel. Comme un démiurge désœuvré, il se distrayait d'une tempête lilliputienne qui se déployait dans un cylindre de Porcelaine.
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J'ai jamais eu de petit copain. Je ne suis pas pressée de frotter ma langue contre la langue d'un autre. Faut voir la bouche des garçons à treize ans, il y a du métal, des élastiques, de la nourriture coincée dedans. Non, franchement, je préfère attendre...
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On n'a rien compris à la danse tant qu'on n'a pas saisi le génie du pied.
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« C'est frappant quand elles sont sur les pointes. Ça leur allonge les jambes et les bras, leur affine les chevilles, la taille. Je sais pas qui a inventé les pointes, mais j'imagine un putain de fétichiste, un type qui devait penser que l'idéal féminin est concentré dans le pied. Pas dans les seins, les fesses, non, ça c'est pour les mecs qui n'y connaissent rien. Dans le pied. La cambrure du cou-de-pied. Depuis que j'ai découvert ça, je déshabille tous les pieds que je croise ici. »
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Certains matins, juste avant le réveil de son fils, Marie s'accroupissait au bord du lit, et passait la main dans ses cheveux, si doux, si noirs, indiens, c'était une sorte de pélerinage sur les lieux de son tout premier baiser de mère. Elle sentait alors son corps se figer dans l'empreinte de l'amour perdu, ce creux un peu froid qu'avait laissé en l'abandonnant l'instinct animal, la tendresse évidente, absolue, de la louve pour son petit.
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On ne pouvait  pas bavarder ? Se raconter un petit morceau de nos vies ? (…) Mon dieu comme les gens devaient être seuls pour refuser le moindre dialogue, ils étaient soi-disant pressés, n'avaient pas le temps... Elle avait tout son temps, et justement il ne lui avait jamais semblé si long, si lent, si interminablement calme, voluptueux et reposant que depuis sa grossesse, un peu comme de très très grandes vacances.
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« Métier, passion... Le plus dur, je crois, est de devoir décider maintenant, comme si on n'avait que quelques secondes pour monter dans un train pour un trajet très long, un train sans arrêt et sans retour en arrière possible. Faut pas se gourer de destination. C'est con, mais je suis parfois un peu triste à l'idée que je ne ressemblerai jamais à ma mère, une femme ronde de partout, qui a une incroyable collection de tabliers et de livres de cuisine. Le genre de bonne femme, si tu la croises dans la rue, tu te dis qu'elle a eu au moins quatre enfants. Les danseuses sont plus sèches, elles ont les os « pointus », peut-être vieillissent-elles moins bien, même si elles se font appeler Mademoiselle toute leur vie, et qu'elles gardent leurs cheveux longs, comme les jeunes filles. C'est la scène qui les rend belles, d'une beauté éphémère, car en vrai elles sont toujours un peu... décevantes, comme ternies par le monde réel. »
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« Comment en est-elle arrivée là? À quel moment tout a basculé dans cette espèce de… de… drame? Marion reprend le fil des événements depuis vingt-quatre heures, elle n’arrive pas à voir… à trouver le nœud. Tout semblait si banal, si quotidien. le courrier sur le paillasson, Timothée sur le canapé avec ses écouteurs… À quel moment précis est-elle tombée de l’autre côté? Du côté des gens qui deviennent tristement célèbres dans leur immeuble, leur quartier, parce que la photo de leur enfant a été imprimée sur un avis de recherche? »
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