AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Aude Seigne (63)


En récupérant ses affaires dans le casier, Evan ressent un étrange soulagement. Il a l'impression de sortir d'un labyrinthe anonyme à l'écart du monde, où se trouverait pourtant une copie de chaque élément, une sorte de répertoire exhaustif mais illisible. Il a soif de vraie lumière, de lignes irrégulières, d'imperfections.
Commenter  J’apprécie          160
Elle revient à la cuisine, presse un citron qu'elle additionne d'eau tiède, plonge une pastille de vitamines effervescente dans un verre d'eau, fait couler le café noir, bien serré, dans une tasse à expresso. Elle dispose les trois récipients sur un petit plateau qu'elle emporte dans la chambre. Elle se remet au lit, dos calé par les coussins, couverture remontée sur les jambes. La dernière pièce de composition est l'ordinateur portable qu'elle attrape sur sa table de nuit et déploie devant elle.
Commenter  J’apprécie          162
Dans sa rêverie, il y a ce sentiment difficile à qualifier, parce que rare. La conscience de vivre un moment historique et d'en être une pièce maîtresse. L'impression que le destin vous ouvre une voie qui a toujours existé à votre insu.
Commenter  J’apprécie          140
La simple idée qu'internet puisse être éteint - volontairement ou non - n'a jamais effleuré Pénélope. Songerait on à se priver d'air ou d'eau potable ? Elle se formule cette remarque pour elle-même, tout en se disant qu'elle exagère, et que par ailleurs, oui, l'être humain s'adonne à quantité d'activités qui altèrent son air et son eau potable sans se préoccuper outre mesure des conséquences.
Commenter  J’apprécie          120
Birgit entend d'ici la remarque d'Andrea, un jour où elle venait de mentionner Samuel pour la énième fois lors d'un de leurs tchats sur Facebook :

- T'es complètement dingue de ce type.

Derrière son ordinateur, Birgit à senti son coeur s'accélérer, mais elle a coupé court aux insinuations de son amie en écrivant :

- Je crois que je suis un peu trop vieille pour être amoureuse d'une seule personne.
Commenter  J’apprécie          110
La lumière qui descend sur les allées new-yorkaises se réverbère sur les gratte-ciel et tisse, comme au laser, une toile dorée dans la longueur des rues.
Commenter  J’apprécie          100
Je travaille pour une ONG qui essaie de sensibiliser les gens au tout environnemental d'Internet. Ce qui n'est pas rien, car dans ce domaine soit on vénère la technologie, soit on considère qu'on ne comprend rien et qu'on l'utilise jusque ce qu'il faut pour des mails professionnels et communiquer avec sa famille. Cette catégorie n'a pas envie de savoir comment marche internet. Et l'autre n'a pas envie qu'on lui rebatte les oreilles avec des faits qui pourraient laisser croire qu'Internet n'est pas aussi rose que cela.
Commenter  J’apprécie          100
Je l’attends souvent au même café, à la même table, nous nous enlaçons pour nous saluer. Il me parle de sa famille, de sa femme, des autres filles qu’il a aimées, il parle des voyages qu’il aimerait faire et des choses qu’il ne fait pas, juste pour les préserver. Il dit qu’il n’a pas toujours été fidèle, sans préciser davantage, il parle des relations qui n’entrent pas dans les cases, des amitiés folles et des tentatives d’amour – il prononce aussi le mot polyamour. Je prends ses paroles pour des aveux, une reconnaissance claire de ce que nous pourrions être. Ses mots, sa simple présence physique, m’apaisent.
Il parle de nous comme d’une évidence. Il dit que le temps passe trop vite quand nous sommes ensemble, que nous sommes à moitié pareils et à moitié différents, et que c’est l’équilibre parfait pour faire un couple. J’ai envie de lui dire qu’il provoque, qu’il feint l’innocence, qu’il tente de me séduire avec des banalités, mais tous les clichés semblent justes quand c’est lui qui les prononce. Il dit qu’il y a toutes sortes de manières d’aimer quelqu’un, et que le couple n’en est qu’une.
Il dit qu’on se permet souvent avec lui une sorte de rudesse parce qu’il a l’air fort, mais que ça n’est pas toujours le cas. Je l’écoute avec une attention infinie, tant je veux comprendre qui il est, être un réceptacle pour tout ce qu’il ne peut pas être. Même les défauts et les complexes que je pressens me touchent, je me vois en prendre soin, naviguer chaque jour autour de ses impossibilités. Parfois j’ai l’impression qu’il se découvre en me parlant et j’aime ça – le regarder se construire. Parfois mes yeux s’égarent sur son visage, je me demande à quoi ressemblent ses taches de rousseur quand on s’y attarde, le disque fragmenté de son iris quand on s’y noie. Je me demande comment ce serait, si j’avais le droit, d’être tout près de lui.
Commenter  J’apprécie          90
Le café des Mineurs est plein comme un cul. Anatoli et Isobel sont encore au fond, ils ont mis un échiquier entre eux et pas mal de vaisselle sale, ils jouent pas et je me demande de quoi ils parlent. À Terdef, si tu bosses pas à la mine, si t'es pas policière ou disons mécano, t'as pas plus de raisons de rester que de te foutre en bas d'une montagne. Du coup ceux qui restent, je me demande toujours à quel moment ils ont décidé de pas partir. Bermann pense qu'il deviendra chef quand Isobel sera trop vieille. Donna a le seul job de la ville qui paie, et encore, tout le monde vit à crédit. Anatoli est marié à sa locomotive — c'est le seul qui passe chaque mois quelques jours à la capitale en attendant le chargement du convoi, j'hallucine de voir qu'il reste pas là-bas. Zed voudrait travailler à la mine et pérenniser sa vie pour arrêter de braquer des trains. p. 39
Commenter  J’apprécie          80
C'est une plage californienne, sable beige à perte de vue et petites falaises déchiquetées. Il arrive que la largeur de la plage gonfle en champ de dunes et de broussailles, où l'on aménage alors des chemins balisés nommés "Sentier de la plage".
Commenter  J’apprécie          70
Comment se fait-il que la région soit si peu connue alors que la plupart des matériaux qui constituent internet - le germanium des fibres optiques, l'indium des écrans tactiles - viennent d'ici ?
Commenter  J’apprécie          60
Que nous ayons été témoins de cette époque ou non n'a aucune importance. Nous sommes d'une espèce capable d'infliger cela à ses semblables, et voilà en quoi réside la honte. Je marche dans le camp d'Auschwitz. Il fait grand beau et presque doux (...) J'ai honte d'être ici humaine, j'ai honte d'être ici libre et j'ai honte d'être ici par beau temps.
Commenter  J’apprécie          60
Je lis avec le ravissement délicieux des heures qui passent. La lumière fait le tour de la pièce puis s'en va. Elle revient le jour suivant, et le jour encore d'après, et les jours passent ainsi à attendre un être que j'aime dans une solitude ravie.
Commenter  J’apprécie          60
Arriver dans une nouvelle ville un dimanche, c'est en quelque sorte voir la ville comme un fantôme, la contempler dans sa nudité, dans son dépouillement, comme on traverserait un décor de cinéma avant que les acteurs y jouent.
Commenter  J’apprécie          50
On ne sait pas très bien pour quoi on s'embarque quand on commence à voyager, mais comme dans un roman, tout est déjà là dès l'incipit. L'ignorance des causes qui nous gouvernent et la relativité de ces causes, la difficulté à partir et l'inexplicable attrait qui nous y pousse, la souffrance latente et la capacité au bonheur.
Commenter  J’apprécie          50
"Je n'avais jamais pensé qu'on pouvait être aussi heureux. C'est cet été boréal qui m'a fait prendre conscience que l'état nomade avait quelquechose à m'apprendre."
Nicolas Bouvier.
Commenter  J’apprécie          50
Dans la colonne de droite d'un média en ligne, une publicité pour une compagnie d'assurance la surprend. C'est écrit "Chez nous, votre conseiller a un nom et un prénom" et l'encadré coloré, clignotant, retient son attention un instant. (...) Elle se demande qui a inventé ce slogan. Elle se demande comment s'appelle la caissière du supermarché, à 100 mètres de chez elle, où elle se rend tous les jours. Elle se répète la phrase : "Comment pourrais-je ne pas connaître son nom et son prénom ?". (...)Elle se demande, comment elle, ils, on en est arrivés là.
Commenter  J’apprécie          50
J’aime le mot ravissement. Je n’aime pas sa sonorité, son côté rêche et benêt, son étendue. Mais j’aime sa double acception: ravi du temps, enlevé à l’instant présent, et par voie de fait ravi, heureux, ébaubi de beauté. “Le jeu nous ravit” avait dit un professeur de philosophie aux mains maigres, et il m’avait ainsi fait éprouver pour la première fois l’étrange polysémie du terme. Il y a ici quelque chose de l’ordre de Rimbaud, de Dante, de Claudel, quelque chose de la beauté par l’absence. Et une des manières de rapprocher la lecture du voyage est encore cette absence. (..) Et Dostoïevski, justement, me ravit. Je lis L’Idiot à Ouagadougou et l’idiot ne me rend pas heureuse mais me sort du temps où je vis. Dans le silence vertical de la rue ouagalaise aux heures brûlantes, je vois s’élever une datcha, des calèches, des duvets de neige. D’élégantes dames très pâles se promènent dans leurs manteaux de fourrure au milieu des mamas noires suantes et colorées. Les jeunes hommes russes déchaînent leurs passions vers de jeunes Africaines aux courbes suaves. En vérité, les passions qu’on n’a pas la force d’exprimer ici, le bouillonnement intérieur qu’on tait faute d’air, faute d’espace, semble vivre chez ces quelques têtes brûlées, chez ces Slaves blancs lointains de papier. Je suis enlevée à moi-même. Ravie mais pas enchantée.
Commenter  J’apprécie          40
Chez soi, ce n’est pas forcément un lieu, ça peut être un sentiment.
Commenter  J’apprécie          30
Matteo est pensif. Il n'a pas encore dit à Pénélope que la compagnie lui a proposé une prolongation de contrat généreuse, mais qui les forcerait à vivre séparés la majeure partie de l'année. Alors qu'elle voit sa liberté de travail restreinte en rejoignant un bureau physique qui met à l'épreuve sa santé, il accumule les offres qui lui permettraient de vivre sur la route. Il aimerait convaincre Pénélope qu'elle pourrait quitter son job, partir avec lui.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Aude Seigne (195)Voir plus


{* *}