On rencontre toujours les bonnes personnes, Je souris en comprenant le sens véritable de ces mots. Ça doit quand même fonctionner un peu, ces trucs de sagesse indienne, car je me sens tout à coup un peu plus grand.
Je pose le morceau sur ma langue, comme quand j’étais enfant. Je le laisse
fondre tout doucement, appréciant la tendresse de sa texture. Je me revois plus jeune, dans cette même pièce, et j’ai envie de ressortir ma corde à sauter.
Papy Lucien m’accompagne dans cette dégustation. Il ferme les yeux et sourit.
Lui aussi est retourné vingt ans en arrière.
Dans la cour, je regarde le ciel zébré de teintes roses et violacées typiques des
soirées de septembre. Je hume le parfum de l’air, un doux mélange des senteurs de la lavande qui pousse dans notre jardin et de l’humidité qui tombe doucement.
« Quand tu avais cinq ou six ans, tu disais que tu voulais attraper un morceau de soleil pour le mettre de côté. Comme ça, les jours de pluie, tu n’aurais plus qu’à le sortir du placard pour le lancer dans le ciel, et hop, il ferait beau ! »
Tu sais, tout arrive pour une bonne raison. On avance dans la vie et parfois, on fait des erreurs. Elles agissent comme des alertes
que l'on doit écouter, pour trouver le bon chemin.
Bercée par ces images agréables, je me laisse aller. Je peux presque sentir les
rayons du soleil indonésien réchauffer mon visage glacé par le vent.
Je ferme les yeux, juste le temps de faire un vœu silencieux : celui de signer ce contrat avec Isabel et Larry Scott. Une simple ligne de stylo, apposée sur un morceau de papier, qui pourrait changer notre vie.
Les yeux noirs d’Erika parcoururent les mots. Ceux qui font saigner le cœur, qui broient les rêves d’une vie et poignardent sans préavis.
Tu dois continuer à prendre soin de ton corps. Il faut faire du bien à son corps, pour qu’une âme ait envie d’y rester.
Il est des moments justes, des instants rares où le monde entier semble retenir son souffle.