En France, elle ne peut plus cacher son crâne sous son casque de feutre, il lui faut assumer sa tête nue. De toute façon, sa décision est prise, elle restera habillée en homme. Le temps n’est plus aux jupons et aux corsets. Elle a goûté à la liberté d’un corps sans entraves, libres de mouvements. Elle fait donc une demande exceptionnelle au Préfet de la Police de la ville de Paris afin d’être autorisée à porter un pantalon en toutes circonstances. Il faut se rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, les femmes ne sont pas autorisées à porter cette tenue vestimentaire strictement réservée aux hommes. On ne saurait imaginer toute la symbolique qui se cache derrière ce bout de tissu et la bataille de chiffonniers qu’il a engendré.
Nouma Hawa reine des fauves (2023-Editions Métropolis)
Pour les habitants des villes et des villages, se rendre au spectacle reste un événement que l'on manquerait pour rien au monde.
D'année en année, à la même période, la venue du cirque reste immuable. On coche la date sur le calendrier et on décompte les jours qui restent à l'attendre. Le jour J, comme pour se rendre à la messe, les villageois revêtent leurs plus beaux habits. Ils conserveront jalousement le billet d'entrée dans leur boîte à souvenirs. Les enfants restent collés aux jupes de leurs mères, de peur de voir surgir un lion.
Dans le brouhaha général, chacun cherche sa place. Une fois installés, les spectateurs trépignent d'impatience. Ils sont venus pour jouer à se faire peur. La tension est palpable, les pouls s'accélèrent. Assis sur sa chaise, on attend, fébrile, de découvrir toutes les créatures exotiques vantées par les tracts publicitaires.
Il y a un contraste frappant de voir cette femme si frêle et si gracieuse courir tous les soirs de sérieux dangers avec ces animaux qu'elle parvient quand même à apprivoiser, sans les frapper, mais simplement par le feu de son regard.