Eh bien ! Voici ce qu'écrivait Deleuze au docteur Billot, le 6 novembre 1831 :
« Je respecte, j'admire vos sentiments religieux ; car c'est au magnétisme que je dois aussi mon retour au christianisme ; mais ces sentiments ne sont pas pour moi appuyés sur le genre de preuve qui vous a fait tant d'impression.
Le magnétisme démontre la spiritualité de l'âme et son immortalité ; il prouve la possibilité de la communication des intelligences séparées de la matière avec celles qui lui sont encore unies ; mais il ne m'a jamais présenté des phénomènes qui m'aient convaincu que cette possibilité se réalise souvent, et je ne crois point qu'elle soit la cause de plusieurs phénomènes magnétiques, ni qu'elle en offre l'explication la plus satisfaisante.
Dans ce siècle où toutes les écoles ont écrit sur leur drapeau, en lettres de lumière, le mot progrès, ce livre, qui vient montrer le christianisme seul, donnant au monde ce Messie attendu, est une oeuvre qui rappelle celle des chevaliers croisés plantant l'étendard du Christ sur les murailles de Jésuralem ! Suivant la marche de l'esprit humain dans l'histoire comme dans l'univers, l'auteur prouve que la force latente qui fait graviter le monde vers un état intellectuel supérieur est l'esprit même de Dieu.
Quiconque, en dehors des mathématique pures, prononce le mot impossible, manque tout au moins de prudence : telle était l'opinion du grand Arago ; telle n'est pas la vôtre, monsieur, si nous avons bien compris le sens de votre attaque contre les personnes qui, plus heureuses que le plus grand nombre des adeptes d'une science fort instruite des effets, mais très-ignorante des causes, ont retrouvé le secret de cette faculté sublime, apanage inaliénable de notre nature spirituelle, à l'aide de laquelle il nous est permis de nous mettre en rapport direct avec les intelligences qui peuplent à l'infini les régions sans fin de ce splendide univers.
Notre excellent ami, Paul Auguez, l'auteur spirituel et mordant de Moderne et Rococo, a accepté cette difficile mission, et nous l'en félicitons sincèrement. C'est du courage que d'oser attaquer le vice en face, - le vice fille de marbre surtout; — ce courage il l'a eu, et, avec ce style élégant et frondeur qu'on lui connaît, il a écrit quelques pages auxquelles nous sommes fier d'attacher notre nom, disposé que nous sommes à entrer fraternellement avec lui dans la lice pour lutter contre tout ce qui est mesquin et corrompu, pour défendre tout ce qui est grand, beau et pur !
LE BARON F. DE REIFFENBERG FILS
Vous avez amoncelé bien des lignes et bien des pages, Monsieur, en vue d'établir la non existence du magnétisme. En auriez-vous autant écrit pour prouver qu'il ne fait pas nuit en plein midi ? Quelle question, me répondez-vous ! J'ai voulu flageller une sottise, et la sottise a de si vives racines dans notre piètre cervelle, qu'on ne parvient pas aisement à nous dessiller les yeux...
A l'heure où se publie l'ouvrage qui taxe le magnétisme de fable ou de folie, il nous a semblé que c'était un devoir pour des hommes qui vivent dans l'étude, en dehors de toute exploitation, - par suite, à l'abri de tout soupçon d'intérêt personnel, - de livrer à la publicité quelques-uns des résultats de leurs expériences. Aux lecteurs compétents, d'apprécier dans leurs impartialité.
Aux esprits faibles, aux âmes qui n'ont la foi vive, il semble que le trône de la vérité doit rester éternellement voilé à nos regard !
Une civilisation est bien malade quand le vice s'étale avec impudeur et se drape impunément dans sa honte.