Il aurait ainsi existé deux politiques, la bonne et la mauvaise, la politique, au féminin, comme une maudissure mortelle au paradis des idées, et le politique, au masculin - pronom qui se déclinait sous la forme d'un partitif et qui amenait à parler du politique, comme s'il y avait là un réservoir de conduites et d'idées, le répertoire des formes pures du droit, entités facilement convocables et garantes ici-bas du bon fonctionnement des institutions souveraines : la cité de Dieu était presque laissée en concession aux hommes pour les habituer progressivement, à leur seconde vie de citoyens du ciel. Pour des raisons complexes et qui dataient sans doute de la Révolution, les deux conceptions recouvraient à peu près en France le clivage gauche-droite : la gauche était du côté du politique quand la droite était politicienne - la gauche exigeait des citoyens quand la droite se contentait des hommes.