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Critiques de Aurélien Bellanger (230)
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Téléréalité

Cette comédie humaine d'aujourd'hui revêt les atours d'une autobiographie en creux, celle de Stéphane Courbit à travers son double fictionnel, Sébastien Bittereau, Rastignac drômois, fils d'un plombier, qui, avec son modeste bac G spécialité compta, va connaître une ascension fulgurante et de devenir le roi de la télé. Personnage frappant que ce Courbit / Bittereau, importateur en France de la téléréalité à travers l'émission Loft Story, qui est parvenu à rester dans l'ombre tout en amassant une fortune colossale et une influence démesurée dans les médias.



Ce roman très accessible ravira les enfants de la télé. Il m'a ravie par sa description alerte, vivante, très drôle aussi des coulisses de la télé des années 90 à 2000. Ludique aussi avec tous ses personnages réels  : Patrick Roy ( très beau personnage, le plus désenchanté et le plus touchant aussi ) , Christophe Dechavanne, Pascal Sevran ( les passages sur feu La Chance aux chansons sont hilarants ), Corbier du Club Dorothée, la clique Azoulay d'Hélène et les Garçons, Philippe Vecchi, Arthur, Jean-Luc Delarue ( incroyable scène post fiesta où il se cache dans un frigo pendant que le futur académicien François Weyergans palabre ). Des années où on regardait la télévision ensemble et qu'on en parlait le lendemain au lycée. Le récit palpite d'une forte sensation de familiarité voire de complicité avec le lecteur.



En fait, c'est toute une époque que raconte Aurélien Bellanger, sans condescendance ni volonté satirique « méchante », avec nostalgie et mélancolie même. Plutôt rare à souligner, appréciable aussi, que cette description du monde de la télé sans mépris intellectuel. L'auteur met en lumière ce changement de paradigme, ce moment où l'Etat français cède les clefs de la télé à Berlusconi et Bouygues, où les animateurs-producteurs règnent en maître ( les fameux «  voleurs de patates » des Guignols ), où cette télévision privatisée bascule dans le cynisme et l'obscénité. L'appartement témoin du Loft, criard de laideur, devient l'appartement témoin de notre société capitaliste. L'auteur et son oeil acéré excellent à décrire les ressorts contemporains.



J'ai cependant un peu décroché dans la partie du récit post Loft Story, l'intrigue tournant un peu à vide dans sa thèse, pas totalement convaincante, de présenter les nouveaux codes télévisuels de la téléréalité comme un mode artistique spécifique. Mais les dernières pages revigorent parfaitement le roman avec son surprenant épilogue à la créativité iconoclaste, très houellecquienne mais avec un peu plus d'optimisme, peut-être.



Mineur mais très plaisant à lire.
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Téléréalité

Régler la mire.

Après voir sorti du grenier nos vieux Minitels, 3615 Ulla et bonne compagnie, dans « La théorie de l’Information » en s’inspirant du parcours de Xavier Niel, Aurélien Bellanger s’éprend du destin d’un autre « self made man », à la one again, pour faire un peu la nécrologie de la téloche à paillettes.

Sa muse, ici, c’est le discret magnat des médias, Stéphane Courbit, importateur du concept de Big Brother et recycleur sans fin d’émissions et de jeux TV d’inculture générale. Perso, à choisir des modèles, nues si possible, la Suzanne Valadon de Renoir ou de Toulouse Lautrec m’appâte davantage que la Loana subaquatique. Plus fan de Rimbaud que d’Arthur, plus mioche au grand air qu’enfant de la télé, la genèse de la télé bling-bling et prélude aux rats de laboratoire confinés, atteints du narcissovirus, ce n’est pas ma tasse de Coca light décaféiné. Pour autant, je ne vais pas faire le snob qui se gargarise de ne pas avoir de télé chez lui. Si ces émissions me parlent, c’est que j’en ai regardé certaines. Mea Culpa est pleine.

La littérature ne manque pas de provinciaux naïfs mais ambitieux qui montent à Paris pour frayer dans le beau monde, faire la roue de la fortune et perdre quelques illusions au passage. A l’époque de la calèche, des hordes de puceaux rêveurs qui ne le restaient pas longtemps (rêveurs et puceaux), envahissaient ainsi la Capitale. Le problème de Sébastien Bitereau, au-delà de son nom, c’est qu’en prenant la fuite de sa Drôme natale, il a préféré idéaliser la télé que relire Balzac et faire de sa vie une illusion.

Le roman va suivre son arrivée à Paris dans la valise d’un animateur, puis son entrée dans le poste de nos salons, dans des emplois plus ou moins invisibles d’assistants pour des présentateurs vedettes et chasseurs de patates guignolesques des années 90. Aussi instinctif qu’opportuniste, il renifle avant les autres les tendances télévisuelles du surlendemain. Il importe ce que beaucoup appellent la télé poubelle et que j’ai plutôt tendance à nommer télé-miroir.

A mi-chemin entre la réalité et la fiction, l’auteur décrit les coulisses de la Chance aux Chansons (sevrés de Sevran, abstenez-vous !), des enfants de la télé, de Loft Story et des émissions de Delarue. Dans le roman, des personnages réels côtoient des êtres de fiction qui sont eux-mêmes des avatars reconnaissables d’autres poids lourds du PAF. Des faits irréels qui rendent le récit prenant et la lecture, avouons-le, un peu voyeuriste. Habilement, l’auteur fait du lecteur un téléspectateur privé de sa télécommande.

Bien moins cynique que moi, Aurélien Bellanger parvient à décrire de façon romanesque cet univers sans le juger négativement, ce qui relève de la prouesse, en se plaçant dans les pas de ce héros aux ambitions parfois esthétiques mais aux réalités très prosaïques. Le côté assez insaisissable de ce producteur fait à la fois la force et la faiblesse du roman. Selon les passages, le sieur Bitereau apparaît tantôt doté d’un charme mystérieux tantôt accablant à cause d’un caractère insipide. La frontière entre les deux n’a pas de douane et il est difficile de s’attacher à ce genre de personnage.

J’ai une autre réserve concernant le dénouement du roman, un peu trop mystique à mon goût.

Aurélien Bellanger n’a pas renié ici ses racines de philosophe. J’ai ressenti une certaine filiation avec les Mythologies de Roland Barthes, lequel définissait le mythe comme un système de communication. La Citroën DS est remplacée par l’opium de la ménagère de tout âge, prélude aux réseaux sociaux actuels.

Bien mieux écrite qu’une biographie pathétique d’un ancien animateur télé, l’auteur est parvenu à composer une œuvre littéraire autour d’un sujet qui ne me semblait pas en osmose avec la prose.

Une certaine folie se dégage de ce romancier hyperactif et passionné, aussi doué que décalé, curieux de tout et ennuyé de rien.

Y'a quoi à la télé ce soir ?

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Téléréalité

Livre atypique qui nous plonge dans le monde télévisuels des dernières décennies.

C'est une remontée dans le temps romancée mais s'appuyant sur tous les acteurs et évènements réels s'étant déroulés dans la fameuse petite boîte qui atteint maintenant des dimensions murales.

En gros, l'auteur nous dévoile, par l'entremise d'un personnage fictionnel et de son poulain (Le richissime présentateur/producteur Arthur) les coulisses de la réalisation de programmes télés et de leur évolution, depuis les années 1980 jusqu'à aujourd'hui.

Au centre : la télé-réalité et surtout Loft Story.

En sujet de réflexion : quel rapport entre ces programmes et l'évolution de la société.

Belle écriture, fluide et assez rythmée malgré le peu de suspense à attendre d'une histoire qui s'est déroulée sous nos yeux en direct ou en léger différé (Loana dans la piscine du Loft).

J'ai trouvé ce roman un peu longuet alors qu'au début, cela démarrait plutôt bien. Peut être la litanie des producteurs, animateurs de chaînes TV etc m'a t-elle un peu ennuyé malgré la sensation de familiarité, de proximité temporelle avec les programmes dont la conception nous est révélée.

A moins que les personnages décrits, de M. Berlusconi et son yacht pleins de milliardaires et de jeunes putes sans doute prépubères à M. Delarue et son appart plein de coke ne produisent l’impression que finalement, nous confions le remplissage de nos écrans muraux à de pervers ambitieux narcissiques.

Mais cela, on le sait, non?

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Le Grand Paris

Parce que ses oeuvres m'intriguent, je suis Aurélien Bellanger de livre en livre depuis « La théorie de l'information » (un docu-roman partant de Xavier Niel pour arriver sur le thème de la singularité), « l'aménagement du territoire » (…inpitchable !) et maintenant ce singulier et passionnant « Grand Paris » qui tient parfaitement la corde par rapport aux précédents, et passe même une tête au-dessus.

Ces livres sont des OLNI, des objets littéraires non identifiés érudits et singuliers mêlant de manière déroutante roman, reportage et essai, fiction et réalité, établissant des convergences entre différentes disciplines, de la géographie à la philosophie, de l'urbanisme à la religion, le tout avec une tonalité post moderne assez houllebecquienne (auteur dont il a d'ailleurs écrit une biographie) bien que moins désenchantée. Il y a en effet des thèses et des propositions dans ces livres, plutôt novatrices voire iconoclastes – et sur ce chapitre « le grand Paris » n'est pas en reste !



C'est ici la genèse et le développement du grand projet de l'ère sarkoziste, le Grand Paris, qui sont abordés à travers l'évolution et la carrière fictives de son concepteur, Alexandre Belgrand, qui rejoint le cabinet du « Prince » pour convaincre les élus que Paris et le découpage départemental de ses couronnes sont des concepts dépassés, et lancer le projet révolutionnaire d'une Ile de France recomposée, réinstallée dans les rangs des villes-monde du 21ème siècle, ouvrant les portes d'un Paris vieillissant et dont le 93 serait le poumon vivifiant. Pour ce faire, des idées et contributeurs neufs seront nécessaires pour que le grand projet avance au-delà de la chute du prince…



On ne lâche pas ce riche récit qui tisse une trame faite d'urbanisme, d'économie, de politique et de religion pour composer une thèse qui bouleverse les représentations mentales de la ville, de la République et de l'Occident, questionnements à la mode mais traités ici de manière originale, instructive et qui donne à penser.



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Téléréalité



Sébastien Bitereau ou l l'histoire d'un fils de plombier drômois, que ses talents de comptable et sa fascination pour la télé va le mener un peu par hasard dans la production de contenu télévisuel.



Fort de son ambition, et en phase avec son temps, le petit provincia a priori sans envergure va devenir un puissant et incontournable producteur qui fera les grandes heures de la télévision française, inventant "les enfants de la TV" et important le concept de "Loft Story" en France .



Aurélien Béranger, fidèle à ce qu'il avait déjà réalisé dans la Théorie de linformation sur Xavier Niel ou l'aménagement du territoire sur la SNCF, poursuit sa volonté de raconter des destinées incroyables d'un passé pas si lointain sous la forme d'un « roman balzacien », où l'on suit un personnage principal, à la Rastignac, de ses tous débuts très modestes à sa gloire dans un monde dont il va vite apprendre les codes.



Ici, Sébastien Bitereau, entrepreneur primordial dans l’histoire récente de la télévision, fait évidemment grandement penser au parcours de Stephane Courbit, producteur des émissions d'Arthur et importateur en France de la télé-réalité à travers l’émission « Loft Story », en 2001, mais qui aura réussi à rester dans l’ombre,



La destinée incroyable de ce petit comptable de province qui aura révolutionné la télé en réalisant un coup qui va transformer le paysage audiovisuel des années à venir est l'occasion pour Bellanger de plonger son lecteur dans la télévision des années 80 à celle de début 2000, entre « La Chance aux chansons » et "Loft Story."



Ardisson, Arthur Patrick Roy, Delarue, Sevran, Dechavanne, tous- certains gardent leur vrai noms, d'autres, ceux qui jouent un vrai rôle dans l'histoire, prennent un pseudo- vont croiser plus ou moins longuement la route de notre Rastignac des années 2000 qui connaitra la course aux audiences et touchera du doigt le pouvoir fou laissé dans les mains de celui qui fabrique. les immages.



Aurélien Bellanger raconte ces 20 années de télévision résumées en 300 pages énormément de brio et d'érudition, de Debord à Barthes.



Ce décalage entre l'intelligence de la forme et la vacuité du monde du petit écran contribue au plaisir du lecteur, qui, s'il a biberonné à la TV de ces années là jubilera de cette petite piqure de nostalgie voire de mélancolie véhiculée par ce monde qui n'existe plus...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Grand Paris

« À nous deux, Paris ! » : Alexandre Belgrand, pas plus que le héros de Balzac, ne pousse ce cri du provincial bien décidé à conquérir la capitale, mais l’ambition est bien la même. Sinon que Belgrand ne vient pas d’Angoulême, lui, mais des Hauts-de-Seine. Le rapport névrotique à la capitale n’est plus le fait des provinciaux, il est devenu celui des banlieusards.

Les déménagements successifs du narrateur signalent ses succès puis son retour à l’anonymat : il passera de l’ouest à l’est, après avoir connu l’ivresse du pouvoir dans le Triangle d’Or parisien. Mais ce déplacement géographique n’est pas simplement le symbole des déboires du héros ; Bellanger ambitionne lui aussi d’écrire un roman total et les transformations de Paris constituent le sujet principal de ce livre. Belgrand découvre les ors ministériels parce qu’il a pu souffler à Nicolas Sarkozy le projet du grand Paris qui doit conjurer la muséification de la capitale en la rattachant à une banlieue qu’elle méprise mais qui est seule susceptible de la dynamiser.

Décidé d’en haut et réduit à une réorganisation des transports urbains, ce projet sera incapable de construire un commun à partir des territoires hétéroclites qu’il est censé fédérer.

Sans doute l’hétérogénéité du roman de Bellanger qui convoque histoire, politique, philosophie, religion et urbanisme est-il à mettre au crédit de son auteur dont les diverses thématiques ne prennent pas davantage, selon moi, que les différentes zones qui composent l’Île-de-France, mais restent à l’état de grumeaux dans la pâte romanesque.

À moins que mon peu de goût pour ce met plus roboratif que digeste vienne moins de sa technicité que de l’omniprésence de Sarko dont le portrait impitoyable ne m’a tiré aucun sourire. Notre ancien président me paraît si dénué d’épaisseur romanesque que l’insignifiance que je lui prête (à tort, sans doute, hein) a contaminé tout le roman que j’ai lu avec application et sans y trouver d’intérêt – ce dont j’ai honte, mais avouez que j’ai des excuses (enfin, au moins une).
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Téléréalité

C'est toujours un plaisir pour moi de retrouver Aurélien Bellanger, son côté Houellebecq optimiste et son regard clinique mais positif sur le pays, comme celui d'un enfant surdoué, curieux et fasciné par ce qu'il découvre.



"Téléréalité" gagne en efficacité et en rythme ce qu'il perd en holisme car on n'y retrouve pas cette fois-ci cet aspect touche à tout, cette approche multi-disciplinaire qui faisait tout le charme de La théorie de l'information ou L'aménagement du territoire.

Il faut dire que le sujet est une sorte de tautologie en soi, un univers complet auquel l'auteur vient chanter une ode où se mêlent admiration, mépris et fascination à l'heure où celui-ci se meurt : la télévision. Celle des grandes heures de TF1, des producteurs/ animateurs stars. Celle qui signera son arrêt de mort au tournant du siècle en faisant la courte échelle à l'irrépressible déferlante du moi omniprésent, à travers la fascinante abomination de la téléréalité.



J'ai pris un grand plaisir à lire cette bio semi-inventée du magnat français aux manettes de ces spectacles cathodiques de plus en plus obscènes et égocentriques, de plus en plus régressifs et addictifs, que je ne regarde pas mais néanmoins connais!

Comme quoi la télé et sa réalité sont bien un incontournable fait de société, qui méritait bien cet éloge funèbre.
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Eurodance

Voici un petit livre qui reprend la première partie d'une pièce de théâtre écrite par Aurélien Bellanger et mise en scène par Julien Gosselin : 1993.



Aurélien Bellanger met en lumière, à travers la ville de Calais (son tunnel, sa jungle), une Europe prise au piège de ses illusions.



"Calais est moins la porte de l'Angleterre qu'un portail irréversible vers le futur - l'ultime stade du grand projet de modernisation de l'Europe.

C'est à Calais que le monde est devenu absolument moderne".



Une Europe qui a cru en un monde nouveau, un monde où les Européens inventeraient des règles nouvelles et pourraient faire fi de l'Histoire et de la Géographie pour relier les êtres et abolir les frontières (géographiques et culturelles).



"Les Européens de l'âge du tunnel avaient grandi dans la paix. Soixante-dix ans de paix. Une paix immense, une paix continentale.



La péninsule européenne s'était vitrifiée dans un ensemble d'institutions bienveillantes et de traités régulateurs.



L'Europe était le lieu où la guerre était sortie du monde.



Une génération de Playmobil.



Le verre brisé de l'histoire redevenu du sable".



Mais une Europe vite rattrapée par la réalité, par cette mondialisation qui a ouvert une guerre d'un autre genre.



Nous pensions que "les villes, longtemps fermées et fragiles comme des oeufs, étaient enfin rendues au ciel (...) avaient enfin abandonné leurs formes défensives". Sans vouloir nous apercevoir que "l'Europe est devenue folle, devenue hostile et malveillante. Les normes de sécurité des grands aéroports sont devenues les procédures de contrôle standard des flux humains et logistiques".



Face à la génération des années 80, qui sait au plus profond d'elle-même qu'elle a participé à l'élaboration d'une chose sans précédent, dans le temps et dans l'espace, et qui reste encore pétrie de toutes ces promesses européennes, il y a la génération des années 93...



On ressent cette fracture, cette sorte de nostalgie aussi, mêlée d'incompréhension : Qu'est-ce qui a bien pu foirer dans notre si beau projet ? Comment se peut-il que nous parlions à nouveau de frontière, de sécurisation..., là où nous n'avions à la bouche que les mots de liberté, d'abolition et de renouveau ?



"Les formes recroquevillées et humaines sont apparues, en fausses couleurs, sur les écrans de contrôle.



Les clandestins de la marchandise, les passagers de la fin de l'histoire.

Des réfugiés venus d'un monde en guerre et risquant de contaminer le continent de la paix".



Eurodance, du nom de "la musique la plus triste du monde, le bruit d'un univers qui vacille dans le néant".



Telle une fuite en avant ?
Lien : https://wordpress.com/post/p..
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La théorie de l'information

Dès la fin juillet, un roman était sur toutes les lèvres, un roman qui devait bouleverser le petit monde littéraire parisien : « La théorie de l’information ». Gallimard étant un éditeur sachant créer le désir chez les critiques littéraires et séduire encore et encore les inconstants jurés du Goncourt (« Les Bienveillantes » ou « l’Art français de la Guerre » sont des exemples récents de séduction aboutie), j’ai encore une fois fait confiance à la légendaire couverture et au marketing intense.



Sur environ 500 pages qui se lisent sans risque de méningite, « La théorie de l’information » narre le destin de Pascal Ertanger, petit génie et grand visionnaire qui, d’ abord créateur de sites roses pour le minitel (si vous avez autour de la trentaine et au-dessus, 3615 Ulla devrait vous dire quelque chose… Non ? Mensonge !), va se lancer dans l’aventure Internet et révolutionner les moyens d’y accéder. Nombreux sont ceux qui y reconnaîtront Xavier Niel, fondateur de Free – personnellement, j’ai beau avoir choisi ce fournisseur d’accès à Internet, je ne connaissais pas ce bonhomme ; d’ailleurs, incidemment, le culte qui est rendu à un créateur de smartphone récemment disparu me dépasse un peu même si j’utilise ses appareils – et le roman a largement été présenté sous cet angle.



Toutefois, Aurélien Bellanger n’a pas souhaité faire de « La théorie de l’information » la simple évocation d’une success story à la française. Son texte à l’allure houellebecqienne – style neutre, presque clinique, recours aux théories scientifiques, vision sociétale – ne manque pas de dérouter.

Tout d’abord, les dialogues sont presque totalement absents du roman : ça vit, mais ça parle très peu. Or, en ne montrant que des êtres qui agissent, en occultant l’expression directe de leurs émotions, Aurélien Bellanger fait de ses personnages, non plus des êtres qui se pensent en tant qu’êtres et qui ont donc connaissance de leur existence propre, mais les illustrations d’une théorie.

Il n’est plus question de s’interroger sur leur psychologie mais de les observer.



Le texte est donc un vaste laboratoire, la littérature comme expérience scientifique, qui semble tenir beaucoup par les intermèdes théoriques dont il abonde, intermèdes dont les intitulés successifs interpelleront les fans de science-fiction.

En effet, steampunk pour la science du XIXè siècle, cyberpunk pour celle du XXè, et biopunk pour celle du XXIè, ne peuvent qu’exciter les amateurs de littérature de genre ; ils y retrouveront de plus des références à la fantasy pour achever de les satisfaire.



Ces passages scientifiques, vingt-et-un, de une à deux pages, n’ont pas vocation prétentieuse ou décorative : ils portent littéralement le roman, et Aurélien Bellanger excelle à les rendre à peu près abordables et passionnants.

On sent rapidement que l’auteur sait avancer une théorie, la démontrer, la raconter aussi, ce qui constitue un véritable tour de force tant la langue scientifique et la langue littéraire ont fait chemins séparés de longue date.



D’ailleurs, le passage sur l’article de Xavier Mycenne, ami d’enfance du héros Pascal Ertanger, article qu’il nomme comme le roman « la théorie de l’information », m’a personnellement bluffé et je cherche presque vainement une œuvre romanesque qui ait autant d’intelligence que ces quelques pages : peut-être « La théorie du chaos » de Gleick chez Champs-Flammarion, un ouvrage de vulgarisation scientifique, si brillant qu’il en devient romanesque (lisez ce chef-d’œuvre, c’est un conseil).



Léger bémol cependant, le style est assez inégal dans la trame romanesque, chose frustrante qui provoque une sinusoïde dans le plaisir de lecture.

J’aurais aimé que l’ensemble se porte à la hauteur des passages scientifiques, très techniques, ardus, mais qui sont plus soignés, plus fulgurants que la description de l’ascension de Pascal Ertanger.

On en vient à espérer le retour des parties théoriques et leur multiplication, ce qui peut être gênant puisque se voulant roman, « La théorie de l’information » vaut plus pour ses parties dont l’aspect littéraire semblait a priori le moins évident.



S’il n’est donc pas au niveau d’un Maurice G. Dantec, dont le « Sattelite sisters » (éditions du Ring) sorti cette rentrée pousse l’ambition tant théorique que littéraire à son paroxysme et réussit à l’atteindre, il demeure indéniable qu’Aurélien Bellanger livre avec « La théorie de l’information » un roman qui, même s’il n’aura pas le Goncourt, le place parmi les auteurs à suivre avec attention lors des prochaines rentrées littéraires.

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Le Grand Paris

Voici une lecture qui n'a pas été facile, tant le propos est dense et frôle parfois l'indigestion. Mais je voulais lire Aurélien Bellanger, alors je l'ai lu jusqu'au bout. Je n'ai pas détesté, j'ai même ressenti un certain intérêt à l'ensemble mais j'aurais préféré 200 pages de moins, une narration plus resserrée et un objectif plus clair. Car on finit par perdre un peu le fil entre cours d'urbanisme, analyse politique et données historiques, tout ceci assaisonné de principes sur les religions. Je ne suis pas contre une littérature foisonnante et ardue mais à condition que l'objectif vaille le coup (voir : Illska). J'avoue que je n'ai pas eu l'impression d'être récompensée de mes efforts en arrivant au bout.



"Il existe, malgré les fulgurances transdisciplinaires du Corbusier, designer, architecte et urbaniste, une hierarchie évidente qui place l'architecte d'intérieur au-dessous de l'architecte et qui subordonne celui-ci à l'urbaniste. Le niveau supérieur serait alors occupé par ce que les philosophes nomment de façon grandiloquente le politique : la ville envisagée en tant que cité, en tant que lieu d'exercice d'une citoyenneté exemplaire et glaciale."



L'auteur nous délivre une vaste leçon d'urbanisme dans le sens éminemment politique du terme et c'est certainement le volet le plus intéressant du livre. Il s'appuie pour cela sur un jeune héros issu d'une lignée d'architectes dont les parcours se confondent avec l'Histoire. Le grand-père d'Alexandre Belgrand a oeuvré en Algérie avant de disparaitre mystérieusement, ses parents ont pris part à l'élaboration des grands parcs de loisirs de le région parisienne. Alexandre reprend le flambeau familial et se trouve propulsé, grâce à son mentor de prof de fac aux nombreuses relations politiques dans l'entourage du" Prince", en pleine campagne électorale de 2007 (vous voyez de qui il s'agit). Le candidat devenu Président de la République décide de faire du Grand Paris le dossier du quinquennat et charge Alexandre d'en définir le concept et les modalités.



"Le Président voulait à ses côtés un philosophe, pas un technicien, quelqu'un d'audacieux et de libre, pas un juriste ou un technocrate. Il voulait que je l'aide à dessiner quelque chose qui porterait son empreinte et qui marquerait l'histoire de France."



Et là, on a droit à des passages assez savoureux et érudits qui décortiquent la façon dont le politique utilise le territoire comme une arme de destruction ou de construction massive, avec au coeur, l'opposition entre les Hauts de Seine et la Seine Saint-Denis, respectivement les départements le plus riche et le plus pauvre de France. Moi qui habite une ville qui bénéficiera dans quelques années d'une gare du Grand Paris Express, j'avoue que je n'avais pas vu les choses tout à fait comme cela. Car au-dessus de nous, simples habitants de quartiers ou de villes, il y a ceux qui pensent à grande échelle, envisagent de redonner à Paris sa grandeur perdue face à Londres ou à Berlin. Pour cela il faut désenclaver, casser les oppositions entre centre et périphéries de plus en plus éloignées... L'auteur nous offre une plongée historique et philosophique passionnante mais qui part un peu trop dans tous les sens pour captiver jusqu'au bout.



On suit avec un intérêt mitigé les aventures du jeune Alexandre dans l'entourage du "Prince", tout simplement parce que cet aspect a déjà été souvent traité et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil (notamment bien plus convaincant dans L'insouciance de Karine Tuil). Désillusions, prise de pouvoir des conseillers, grâces et disgrâces... La routine. Et j'avoue que le retournement final qui vient mêler la religion à tout ça m'a passablement agacée.



Aurélien Bellanger est sans conteste un écrivain érudit qui tient à insuffler à ses livres une bonne dose de réflexion. D'ailleurs, j'ai appris un certain nombre de choses et je n'ai pas l'impression d'avoir perdu mon temps. Mais je suis loin d'être convaincue par un livre peut-être un peu trop conceptuel à mon goût, et pas certaine de retenter le coup.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le continent de la douceur

Plusieurs personnages évoluent autour d'une petite principauté imaginaire de l'ex-Yougoslavie : un prince play-boy déchu puis réhabilité avec l'aide sa femme, une banquière avide, des rejetons oubliés dont l'auteur décrit l'enfance et l'adolescence (à partir de ses propres souvenirs), un faux intellectuel sosie d'un faux brillant réel et aussi entartré, une galaxie d'extrême-droite,...

Cet endroit étant le paradis des mathématiques et des objets de précision, un illustre et fantasque mathématicien en est un des protagonistes, quasiment chaque tête de chapitre présente un extrait de "son œuvre".

Il s'agit d'un récit à tiroirs, d'une profonde érudition sur l'histoire de l'Europe contemporaine - le vrai sujet du roman en réalité - , mais auquel j'ai trouvé plusieurs longueurs. Trop alambiqué pour moi !

La fin seulement comporte une action spectaculaire.
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Le vingtième siècle

Aurélien Bellanger a écrit de très bons livres, notamment le très caustique "téléréalité ". Mais là c'est raté, c'est totalement indigeste.

Ce roman très complexe , souvent incompréhensible, est plutôt une sorte d'Essai qui brasse de trop nombreux sujets.

Le récit est très fragmentaire, il n'y a aucun fil conducteur auquel le lecteur peut s'accrocher.

Aurélien Bellanger nous parle du philosophe allemand Walter Benjamin mais ça reste très confus, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Au final, un livre bavard, ennuyeux, foutraque et pédant que j'ai abandonné en cours de route.
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Le vingtième siècle

Livre incompréhensible. A aucun moment, je n'ai réussi à entrer dans la narration. Difficile de déceler le fil conducteur au bout de 100 pages. Alors le mieux est d'arrêter. Dommage car la presentation sur france culture était passionnante. Sans queue ni tête. En tous cas, pour moi ! Désolé.
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La théorie de l'information

Au début, je me sentais élue, j’y croyais : c’était écrit pour moi. Ça parlait de mon époque.

Ça parlait d’entreprises, de lieux, d’institutions, de projets, de programmes, d’événements, de faits divers qui avaient constitué un temps mon environnement professionnel dans les années 80 et 90 : les technologies de l’information, la netéconomie. Ça parlait de personnalités que j’avais croisées (enfin : plutôt moins que plus, et plutôt de loin que de près).

J’étais touchée, émue, et reconnaissante envers ce jeune homme né en 1980 de souffler sur la poussière télématique qui avait enseveli le minitel de mes trente ans.


Pour un peu je croyais savoir ce que j’allais lire au chapitre suivant.

Je regrettais déjà — on ne se refait pas — l’absence d’index à la fin du livre, de bibliographie, de notes à consulter en bas de page, de tableau chronologique.


Et puis au bout d’une centaine de pages, j’ai lâché prise et enfin compris que c’était un roman, un vrai, un bon. Plaisant, intrigant, et dérangeant à la fois. Qui décolle. Je me suis laissée embarquer loin dans le temps, l’espace, voire plus.



Le héros de La Théorie est un pirate, mais un pirate de haut vol... un seigneur du phishing ! Pascal Ertanger a bâti sa fabuleuse réussite entrepreneuriale sur des coups d’envergure croissante avec les années et l’évolution des technologies de communication. C’est tout d’abord, alors qu’il est encore adolescent, la captation artisanale et laborieuse d’usagers du 3614 (service minitel gratuit) pour les attirer vers les messageries dites roses, services payants du kiosque 3615. Puis, un peu plus tard, c’est le piratage automatisé de l’annuaire 3611 de France Télécom pour permettre la recherche inverse d’un abonné connaissant seulement son numéro (si je ne me trompe pas, c’est effectivement Xavier Niel, le modèle vivant de Pascal Ertanger qui en fut l’auteur véritable !). Le dernier coup, le plus fort, n’a peut-être pas encore été réalisé dans la vraie vie, mais on peut penser que les tentatives ont été nombreuses et qu’il existe déjà des réussites partielles : le phishing des profils facebook pour recréer une humanité virtuelle et servir de base à un ultime projet démiurgique - ou démoniaque, selon !



-- Alors, c'est de la science fiction ?

-- Non. Enfin, si. Un peu, quand même. Mais n'étant pas calée en SF j'ai juste repéré les références à différents courants : entropique (steampunk), cybernétique (cyberpunk), bionique (biopunk). Ils structurent La Théorie de l'information par le biais de notules courtes qui précèdent chaque chapitre de la biographie de Pascal Ertanger. D'abord informatives et très intéressantes, je les ai trouvées de plus en plus fumeuses et délirantes au fur et à mesure de la progression du roman, ce qui me fait penser que le personnage d'Ertanger en est l'auteur supposé, et que l'effet sur le lecteur est voulu et maîtrisé par Aurélien Bellanger.




-- Et le style ?

-- Clairement : pas lyrique. Très efficace, car parfaitement en ligne avec la structure et le sujet du roman : une biographie, supposément écrite ou pensée par un métaphysicien (le personnage de Xavier Mycenne, sorte de double de l'écrivain). Mycenne/Bellanger est aussi "l'auteur" d'une publication scientifique intégralement reproduite dans la troisième partie de la bio d'Ertanger (2.0). Comme par hasard, le ton et le style de l'article (La singularité française 1960-1970) est étonnamment ressemblant à celui de la bio du magnat français de l'Age de l'information, à ceci près qu'il est totalement dénué d'humour, d'ironie, et de poésie, ce dont ne manque pas le reste (la plus grande partie) de l'ouvrage.
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La théorie de l'information

Sous des allures de roman, cet ouvrage est avant tout un Objet Littéraire Non Identifié… Voici ce qui vaut sans doute à l'auteur tant d'articles dithyrambiques dans la presse !

A travers cet essai romancé (je ne vois pas comment le qualifier autrement), c'est toute l'histoire de la révolution informatique qui nous ait contée à travers trois grandes époques : l'invention du minitel, le développement d'internet, l'émergence du Web 2.0 (Web participatif).



La première période est passionnante : Chapitres techniques et chapitres romancés alternent pour notre bonheur. Malgré des aspects parfois un peu trop scientifiques qui pourront rebuter quelques lecteurs, on se laisse prendre au jeu de l'histoire du héros, jeune geek avant l'heure, qui va devenir un acteur important dans le développement du minitel. Un personnage qui a de l'épaisseur et auquel on s'attache…

Cependant, on déchante rapidement dans la seconde partie : l'histoire s'englue dans des considérations financières qui relatent sans nulle doute la vérité historique de l'émergence d'internet mais se révèlent bien peu palpitantes… Par ailleurs, le héros perd singulièrement en personnalité et… J'avoue en être arrivée à me moquer totalement de ce qui pouvait lui arriver dans la suite de l'ouvrage ! Un comble pour un roman !

Le troisième partie est d'avantage une réflexion sur le Web 2.0, l'aventure Facebook, etc. Du concret, de l'actuel et… une digression vers la Science Fiction qui aurait pu être intéressante. Mais… Elle se résume à quelques pages seulement. Et le héros devient tellement antipathique qu'on peine à finir la lecture de ces quelques 500 pages...



A mélanger tous les genres, on obtient au final un espèce de gloubi-boulga bien froid… Un livre à lire pour l'aspect scientifique, technique et historique d'une technologie qui a bouleversé notre époque. Pour ce qui est du roman… Un ouvrage à oublier sur le champ !
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La théorie de l'information

Pascal Ertanger est né à la fin des années 1960, dans un pavillon de la banlieue parisienne. Marqué très jeune par l’avènement des premiers calculateurs puis ordinateurs, il s’enthousiasme à l’adolescence pour le Minitel. Génie de l’informatique de la première heure, il comprend rapidement les enjeux économiques de ce nouveau média et se construit une fortune en pianotant dans sa cave sur les différents forums de messagerie rose qu’il a créé. Les idées vont et viennent à toute vitesse, toujours portées par l’envie de casser le système établi, qui sera longtemps le monopole de France Telecom sur les télécommunications. Pascal grandit trop vite et croise le chemin d’Emilie, danseuse dans un peep-show. Il en tombe amoureux et tente de la faire sortir de son milieu. Puis internet vient remplacer le Minitel et Pascal se lance dans une nouvelle ruée vers l’or en inventant successivement les cd-roms de connexion, la box et les offres triple-play… Et après internet, qu’y a-t-il ?



L’histoire de Pascal Ertanger, volontairement calquée sur celle de Xavier Niel, fondateur de Free, n’est qu’un prétexte pour Aurélien Bellanger. Ce personnage est plus froid qu’un glaçon, n’inspire aucune sympathie et même sa relation avec Emilie sonne faux, ou plutôt garde la trace indélébile d’un béguin d’adolescent. Dans certains chapitres, il apparaît à peine. Une fois la déception de cette vacuité acceptée par le lecteur, que reste-t-il ? L’histoire des réseaux, des luttes entre France Telecom et les entrepreneurs, le récit de coups commerciaux et de déploiement d’infrastructures de plus en plus complexes, entrecoupés de longues explications ardues sur les règles de la thermodynamique d’abord, puis sur la théorie de l’information de Shannon. Passages que j’ai fini par passer tant je me sentais dépassée par des explications scientifiques parfois embrouillées (imitant selon l’auteur les notices Wikipedia). Tout ce qui se conçoit bien ne s’énonce-t-il pas clairement ? Je ne nierai pas qu’il ressort au final de ces longues digressions mathématiques, de ces vastes data center où clignotent les diodes des serveurs, une certaine poésie, comme si ces enchaînements de mots donnaient naissance à une autre langue, la langue des machines et des réseaux. Mais très vite, l’aridité du style vous ramène à la terre ferme et à l’ennui. Les cent dernières pages, dans lesquelles l’auteur nous conduit doucement vers la vision quasi mystique d’un monde désincarné, n’ont pas rattrapé ce sentiment profond de déception. Parce que j’attends autre chose d’un roman.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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Le vingtième siècle

Voilà un mystère. Aurélien Bellanger est un auteur brillant, avec une réputation sans doute même supérieure à son poids commercial, et il ne s'est donc trouvé personne chez Gallimard pour lui dire qu'il était à côté de la plaque ? En amont et en aval, c'est à se demander si quelqu'un a vraiment lu le roman avec un regard critique ou si l'argument du livre et la crédibilité de l'auteur ont suffi à faire la maille. Bellanger entreprend avec une mosaïque de textes apocryphes et un échange de mails entre trois de nos contemporains de faire une sorte de portrait du 20e siècle à travers celui de Walter Benjamin. C'est un philosophe un peu à la mode (je viens d'ailleurs de le croiser dans un autre roman dont je ferai la critique), pas facile à appréhender, et bien qu'ayant lu certains de ses textes (ce qui m'a retenu dans cette lecture), je me garderai de faire la leçon à Bellanger qui paraît maîtriser son sujet. Le problème est qu'il n'en fait rien d'autre que de jouer avec son érudition, ce à quoi il éprouve certainement beaucoup de plaisir mais n'en communique aucun. Les personnages sont inexistants et Benjamin est sans doute insaisissable, et c'est en tout cas tel qu'il paraît du début à la fin de son entreprise. Bref on n'est guère avancé. Mais comme tout procède aussi d'un jeu de miroir et de mise en abîme, toute critique est réversible, tout est dans tout et réciproquement, jusqu'à la pirouette finale qui conclut toujours ce genre de geste littéraire, faisant de l'objet son sujet et inversement. Non seulement le roman est souvent incompréhensible, mais il ne nous gratifie même pas du plaisir d'entrevoir quelque chose de substantiel quand on fait l'effort d'aller jusqu'au bout.
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L'aménagement du territoire

J'ai lu et beaucoup aimer le premier livre de l'auteur , " La théorie de l'information " .

J'aime ce côté documentaire que l'on trouve dans son écriture .

Il propose une narration hors norme , quelque chose d'unique , bîen au dessus de Houellebecq à qui il est comparé , un peu hâtivement à mon sens .

Cet opus confirme tout le bîen que je pense de cet auteur .

On a une intrigue qui curieusement est assez basique , et qui , quand elle se déploie se révèle être d'une richesse remarquable .

Il construit son livre avec patience , on peut y voir de la froideur , pour ma part j'y vois une volonte d'inscrire son texte , son oeuvre dans une logique réaliste .

Le style est tout simplement remarquable .

On a une qualite d'écriture indéniable , qui redonné envie de croire en la litterature ,

C'est profond , fort , érudit .

C'est un bijou ce livre .

Incontournable .
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Le vingtième siècle

Quand j’ai vu qu’Aurélien Bellanger sortait un nouveau livre, je me suis dit « chouette ! ». J’avais beaucoup aimé son caustique « Téléréalité » et les critiques de son petit dernier étaient élogieuses .

Et puis… Le livre m’est tombé des mains. Je me suis accrochée, mais peine perdue, je n’ai pas réussi à le finir : je ne suis pas rentrée du tout dans le livre. C’est rare que j’écrive une critique aussi courte, mais je n’ai pas dépassé les 60 premières pages. ☹
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Téléréalité

Aurélien Bellanger a une belle plume.



Son récit de l'ascension d'un surdoué des affaires faisant fortune dans la téléréalité n'est pas inintéressante, mais à la longue il m'a lassée.



Le ton y est, l'élan y est. Mais je n'ai pas suffisamment d'intérêt pour le monde des affaires et du spectacle pour ce type de lecture, finalement assez monocorde. Et puis n'ayant jamais regardé de téléréalité, il me manque les bases nécessaires.



C'est exactement le genre de bouquin qui me donne l'impression d'être "hors-sol", une espèce rare et non protégée. Bon, la téléréalité, ce n'est pas le top, puis-je toujours essayer de me rassurer, mais une petite voix murmure au fond de moi "comment ai-je pu passer ainsi à côté de mon époque? ", "où étais-je pendant ce temps-là ?"



Pour ce qui est du style houellebecquien que l'on prête à Bellanger, il y est, c'est certain... mais Houellebecq, s'il a inauguré ce côté Chat Botté de l'analyse hyper acérée et lucide de grands pans de la vie économique (art, littérature, tourisme...) et sociétale, sait aussi revenir vers l'individu et ses désarrois intimes face à la grande machine broyeuse. Ses personnages sont sympathiques, car ils vivent et souffrent et tombent amoureux, et même s'ils sont de fieffés salauds, on les sent si proches de nous que ç'en est troublant ; d'ailleurs, Houellebecq a de l'indulgence avec l'humain, nul n'est à ses yeux un salaud à 100 %. Il y a chez lui une rédemption par la souffrance, ce qu'il n'y a pas chez le Sébastien de Bellanger, sorte de surdoué sans épaisseur.

Et pourtant... la fin du roman la suggère, cette épaisseur. L'auteur l'a faite brève pour qu'elle soit plus percutante. Je l'aurais aimée au contraire plus fouillée. le roman s'est ainsi raccroché à la tradition métaphysique et mystique de son mentor et la boucle est bouclée.



Cette oeuvre doit avoir son lectorat et le talent se sent. Mais il serait bon que Bellanger se dégage un peu de l'influence du Maître.
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