Aurore Nox

Chapitre 1 :
Thomas
«… – Et vous, Thomas ? me demande Sébastien.
– Oh, vous savez…
– Thomas finira vieux garçon, me coupe Serena.
– Quoi ? Mais pas du tout ! réponds-je, hors de moi.
– Bien sûr que si ! Tu ne vis que pour le travail, rien d’autre ne t’intéresse, lâche-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine opulente.
Oui, mon travail est important et je n’aime pas être distrait lorsque je bosse, c’est vrai, mais il y a tout de même une marge de manœuvre entre une petite distraction et vouloir me faire tailler une pipe pendant qu’on tourne une scène d’action.
– Ah ! C’est certain que moi, au moins, j’arrive à l’heure sur le plateau et pas avec quatre heures de retard parce qu’il a fallu me refaire une manucure d’urgence, m’énervé-je. Et si tu veux tout savoir, oui, j’ai quelqu’un dans ma vie. C’est une femme bien qui n’a rien à voir avec notre monde.
– Oh, mais c’est fantastique, répond le présentateur. Peut-on savoir son nom ?
– Ce ne sont que des foutaises, il n’a personne, prétend Serena, avec raison.
Non, je n’ai personne, je n’ai pas le temps ni l’envie de m’engager dans une relation bancale qui sera, de toute manière, vouée à un échec certain. Toutes les femmes rêvent de sortir au bras de Thomas Leroy pour sa plastique, son compte en banque et son carnet d’adresses, certaines sont même amoureuses, je n’en doute pas, mais aucune n’accepte que j’embrasse une autre femme à l’écran, et encore moins que je simule un acte sexuel avec une autre partenaire qu’elle.
– Je te dis que j’ai quelqu’un !
– Parfait ! Donne-nous son identité alors, ricane-t-elle.
– Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle se prénomme Charlotte et que c’est un amour de jeunesse que j’ai retrouvé récemment. Pour le reste, ça fait partie de la sphère privée, et vous comprendrez que je ne peux vous en dévoiler plus.
Charlotte ? Sérieusement ? Mais pourquoi ai-je donc pensé à elle ?
... »

Chapitre 3 :
Thomas
«… J’aime les ambiances festives et le moment où la fille vient se frotter à…
– Thomas, tu m’écoutes ?
– Hmm…
– Tu peux arrêter de regarder le postérieur de mon amie de cette manière ? chuchote ma sœur à mon oreille.
Mes parents m’ont doté d’une paire d’yeux, c’est pour m’en servir ! Et je sais faire ça en toute discrétion… D’habitude…
Sans détourner mon regard de Charlotte, et sans me départir de ce sourire vainqueur qui me caractérise tant, je réponds à Clothilde.
– Tu m’excuseras, mais là tout de suite, je ne regrette pas d’avoir dit qu’elle était ma petite amie !
– Elle n’a plus rien à voir avec ce garçon manqué qui tentait d’attirer l’attention par tous les moyens, répond-elle à voix basse.
Je ne suis pas dingue au point d’être hypnotisé par elle, mais il faut avouer que, avec son allure, elle pourrait faire de l’ombre à plus d’une femme que je côtoie au quotidien. Plus je la regarde, plus je trouve que Charlotte a ce port de tête digne de Scarlett O’hara. Un visage rond aux pommettes saillantes et, même dans sa combinaison ample, je peux apercevoir qu’elle n’a rien perdu de sa poitrine. Seul atout, à l’époque, qui la différenciait des garçons avec qui elle était en permanence.
– Vous savez que je vous entends ? lance tout à coup la petite bombe atomique.
Durant un court instant, nos regards se croisent et je suis happé par la lueur féline que le sien dégage.
Trois Pommes a définitivement disparu du paysage, laissant place à la luxure d’un corps que je devine parfait !
Parfaitement appétissante.
– Si vous pouviez arrêter de me mater comme une bête de foire, ça m’arrangerait !
Les bras croisés et les yeux levés vers le ciel, elle se dirige vers la réserve.
Clothilde et moi nous regardons, interdits, puis je pars dans un fou rire solitaire, tandis que ma sœur marmonne un « pitoyable » presque inaudible, avant de partir rejoindre son amie... »

Ce soir là, on s'était retrouvés à l'accompagner parce qu'elle rêvait de voir la mer. La vraie mer comme elle disait. Elle ne l'aura jamais vue, et ma sœur ne sera jamais entrée à l'université. Alors, quand une crise survient, j'entends la mer.

C’est à ce moment que Time of my Life décide de retentir dans la poche de ma veste. Grand moment de solitude !

Viens Lullabel, sinon la vilaine dame va crier parce que tu auras mis des paillettes partout.

Je suis libre. Libre de vivre ma vie, libre de rire, libre de pleurer. Libre d’aimer.