AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ayana Mathis (138)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les douze tribus d'Hattie

Philadelphie, 1923. À tout juste 15 ans, Hattie a fui le Sud rural et ségrégationniste de la Géorgie, en compagnie de sa mère et de ses deux sœurs, pour s'installer à Philadelphie. Peu de temps après, elle fait la rencontre d'August qu'elle épouse très vite. De leur union naissent des jumeaux qui, malheureusement, ne survivront pas à la rudesse de l'hiver. Une mort qui marquera à tout jamais la jeune Hattie. Et pourtant, au fil des années, et malgré l'inconstance et la légèreté d'August, d'autres enfants naîtront. Cinq fils et six filles qui, chacun leur tour, jalonneront l'histoire américaine...



Ayana Mathis dépeint, avec force et intensité, une galerie de personnages marquante et attachante, sur fond historique passionnant. Allant de 1925, soit deux ans après l'exode de la famille d'Hattie vers le Nord, à 1980, l'auteur consacre quasiment un chapitre pour chacun des enfants et ce, à un certain pan de leur vie. Des enfants devenus narrateurs, marqués, chacun à leur manière, par leur mère, Hattie, un personnage profond, complexe, malheureux, mystérieux et froid. Un personnage qui se dessine à travers le regard de ses fils et de ses filles. Il se dégage beaucoup de force et d'humanité dans ce roman choral où s'entremêlent désillusions, secrets, labeur, espoirs et où il est question d'homosexualité, de guerre du Vietnam, de maternité, de racisme, de maladie, de la condition des femmes... Un premier roman bouleversant, ambitieux et maîtrisé. Une plume dense et lyrique. Un portrait de femme saisissant dans une Amérique en devenir...
Commenter  J’apprécie          786
Les douze tribus d'Hattie

Quelle vie a-t-elle eue, cette Hattie, femme noire, femme forte, volontaire, dure.

Une matriarche ! Ah ça oui, quel caractère ! Il est vrai qu’avec ses onze enfants et un mari inconstant, faible et alcoolique, elle a dû trouver en elle de fameuses ressources, alors qu’elle pensait qu’en émigrant à 16 ans dans le Nord, à Philadelphie, la vie allait être plus douce.



Hattie nous est révélée « en creux », à travers la focalisation sur chacun de ses enfants, entre 1925 et 1980. Quasi un chapitre par enfant ou par deux enfants, selon que ceux-ci ont connu un moment fort ensemble. Un moment fort, effectivement, car ce ne sont pas une série d’anecdotes anodines qui nous sont contées, mais des évènements durs, impitoyables. Folie, harcèlement, violence, maladie grave, mort, et j’en passe… L’Amérique du 20e siècle n’est pas tendre avec la communauté noire, et je vous assure que cette auteure l’a bien compris, l’a bien fait passer.



Ce roman très humain est un véritable tableau de l’Amérique à travers les Noirs ; nous traversons les époques, les coutumes, mais l’amour maternel, même s’il parait retenu, transparait.

Hattie est le symbole de ces femmes noires qui portent un fardeau et qui, malgré tout, restent debout et affrontent la tempête de la vie.

Elles ont toute mon admiration.

Commenter  J’apprécie          546
Les douze tribus d'Hattie

On dit communément que les gens heureux n'ont pas d'histoire.

Que se faire conter les malheurs d'autrui est bien plus vendeur, alors que le bonheur est d'une grande banalité.

Cela explique peut-être l'addiction de lecture que ce livre tristement émouvant procure.



Hattie a eu des enfants et petits-enfants. Ils sont ses tribus, issus de la Grande Migration vers un rêve américain possible.



Dès le premier chapitre d'une puissance dramatique à vous donner un uppercut, Hattie apparait telle la mère nourricière, éreintée mais férocement responsable de ses maternités à répétition.



Sur plus de cinquante ans, les histoires personnelles des descendants vont se décliner en s'emboitant, dans un florilège de déveines et de crises personnelles qui laisse pantois.

Les hommes y sont irresponsables, fainéants, menteurs, joueurs, alcooliques, violents. Les femmes isolées, trompées, abandonnées, sans le sou pour nourrir, habiller, éduquer.



Hattie, froide et distante, tente de garder la tête hors de l'eau, en dépit d'années de vie d'épouse sans bonheur. "Elle est robuste comme un cheval de labour". Sa seule volonté est de garder vivants les enfants qui lui restent, ne pas leur offrir de tendresse pour les armer pour les difficultés de la vie.

Sa rage silencieuse est le seul geste d'amour maternel qu'elle est capable de montrer.



Voici donc le monde sans joie d'Hattie, mère douloureuse de la communauté noire américaine, dont la famille participe à l'histoire de ce pays: sud raciste et ségrégationniste, tentes de prédicateurs, essor de la middle-class noire citadine, bars enfumés et salles de jeux, complexité des relations interraciales, guerre du Vietnam.

On y évoque l'adultère, l'homosexualité, la religion, les pulsions interdites, l'abandon, l'adoption, la maladie et la guerre.



Un livre sombre, très ambitieux pour un premier roman, qui dégage une force dramatique parfois excessive mais assumée, portée par une aisance sans artifice dans l'écriture.

Un livre difficile et éprouvant, riche d'émotions, qui trouble autant qu'il fascine.
Commenter  J’apprécie          431
Les douze tribus d'Hattie

J’ai été bouleversée par l’histoire de cette femme. Elle fuit en compagnie de sa mère et de ses soeurs le sud pour gagner une terre de liberté. Pour elle, c’est certain elle ne retournera jamais dans sa région natale. A seize ans elle épouse August. Quelques mois plus tard elle met au monde ses jumeaux un garçon et une fille. Qu’y a t-il de pire pour une femme que de voir mourir ses deux bébés dans ses bras ? Le premier chapitre donne le ton. La vie de cette jeune femme est une tragédie et une formidable leçon de résilience. Mais aucune femme ne pourrait sortir indemne d’un tel chagrin, d’une telle perte. Hattie fera face à sa vie, à son mari, à ses nombreux enfants, à sa petite fille. Fracassée à l’intérieur, elle renvoie aux autres une apparence froide, dure, glaciale. Ses enfants la surnomme le général, son mari, homme irresponsable, la trompe et dépense l’argent du ménage quand il daigne travailler. Elle veille sur ses enfants, se débrouille pour qu’ils ne manquent de rien, malgré la pauvreté. Une belle histoire d’amour lui rend espoir et rêve, et elle part avec sa dernière dans les bras rejoindre la douceur d’un amour partagé. La culpabilité et la pensée de laisser ses aînés avec son mari seront les plus forts, elle rentrera le lendemain de sa fugue. Chaque chapitre représente un enfant et quelques années de la vie d’Hattie. Je ne sais plus à quel moment et pour quel enfant les soeurs s’en mêlent en demandant à Hattie d’abandonner son dernier né pour que sa soeur stérile l’adopte et l’emmène dans le sud. La misère est tenace et colle à la peau. Une belle somme d’argent pour améliorer le quotidien des grands. Le coeur d’Hattie sera broyé une seconde fois. Pour un enfant il est facile de juger ses parents et de détruire ainsi sa vie d’adulte en gémissant, se plaignant ou d’avancer coûte que coûte. Hattie a payé toute sa vie le prix de sa liberté. Elle trouvera un peu de paix en lâchant-prise et en tendant la main vers sa petite-fille qu’elle va devoir élever. Une histoire sans fin, bouleversante et pourtant magnifique.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          370
Les douze tribus d'Hattie

Les douze tribus d'Hattie , c'est peut-être un premier roman, mais quel roman !!



Ayana Mathis signe un roman qui s'ancre parfaitement dans la tradition littéraire afro-américaine. On sent les influences qu'elle a pu avoir, mais de là à dire que c'est une nouvelle Toni Morrison, ou voir Toni Morrison dans son récit, ce serait ne pas rendre justice à cette auteure qui a tout de même créé un style qui lui est propre.

L'auteur nous fait le portrait minutieux de plusieurs moments de vie (ou de morts) significatifs des 10 enfants d'Hattie, et de sa petite fille. Cette histoire est présentée avec une écriture très limpide, un ton juste et des analyses parfois très fortes et sans concession.

Le tour de force d'Ayana Mathis vient entre autre du fait que le personnage éponyme de son roman est vu, la plupart du temps, à travers les yeux de ses enfants. Heureusement, le narrateur omniscient permet d'équilibrer des visions un peu tronquées de certains personnages.



Avec ce roman, Ayana Mathis peut directement prétendre à jouer dans la cour de ses pairs car avec les personnages complexes et réalistes qu'elle a créés, elle inscrit les Noirs dans l'Histoire des Etats-Unis, de la ségrégation (avec ses conséquences) aux années 1980, en passant par la guerre du Viet Nam. Toutefois, c'est quelque peu malhonnête de dire une telle chose, car ce roman a une portée bien plus grande. S'il est vrai qu'elle analyse avec beaucoup de minutie les spirales d'échecs et les raisons qui ont fait que certains Noirs n'ont pas réussi à se sortir de leur condition, le propos de l'auteur a aussi une dimension universelle dans la mesure où ce roman nous parle de transgressions. Et le plus souvent, de transgressions qui tournent mal…



Hattie Shepherd brise plusieurs codes de la littérature "mainstream" américaine : c'est une figure du sacrifice de soi, une Mère Courage qui se bat pour la survie de ses enfants et ne se laisse guider que par cela même si pour cela elle doit s'oublier. Mais avec ce portrait maternel, on est bien loin de la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras, débordante d'amour et de tendresse. Non, Hattie n'est pas une mère parfaite. Les enfants Shepherd craignent leur mère. Quant au père, disons-le clairement, c'est un minable, incapable de prendre en charge sa famille et de subvenir à ses besoins, préférant de loin les soirées entre amis qui finissent dans le lit d'une inconnue.

C'est donc Hattie le "berger" (shepherd) qui guide cette famille tant bien que mal et se bat pour la survie de chacun avec les armes qu'elle possède, contre leur plus grand ennemi : la misère. Hattie n'est donc pas une victime, bien que le fait d'être une femme noire l'exclu doublement de la société où elle vit - et si vraiment le lecteur voulait faire d'elle une victime, elle ne l'est que de ses choix ; mais elle affronte les conséquences avec tant de dignité...

Et comme les 12 tribus formée par les enfants de Jacob, les 12 tribus d'Hattie créeront la société moderne.



Petite anecdote pour finir : j'ai eu "la flemme" comme on dit, de lire le roman en anglais, et en terminant la lecture : je m'aperçois que ce livre a été traduit par un prof que j'ai eu la fac ! Un très bon prof, très calé , très exigeant et pointilleux ; avec des allures peut-être un peu bourrues parfois, mais c'est l'un des rares qui en dehors des salles de cours doit être quelqu'un de fréquentable car il n'avait pas la grosse tête. Je pensais que ça valait la peine de le signaler étant donner le peu d'estime que j'ai pour cette institution ( façon française) - la preuve qu'il ne faut jamais mettre tout le monde dans le même sac !
Commenter  J’apprécie          356
Les douze tribus d'Hattie

Attention, chef d'œuvre ! Mais un chef d'œuvre dans lequel on entre lentement, de nouvelles en nouvelles à mesure que se construisent l'histoire et le personnage principal, une jeune femme noire volontaire et dure, mariée à un (gentil) bon à rien.

Toutes les souffrances du peuple noir aux USA, l'évolution des conditions au fil des années sont un premier niveau de lecture, mais à un second niveau, c'est un livre profondément humain sur les peines des hommes et des femmes, la découverte de soi-même, l'impuissance, la folie. Découverte de l'homosexualité, panique imbibée d'alcool du combattant au Viet Nam, schizophrénie, jalousie, abandon d'enfant... Un douce plongée dans l'horreur, un grande finesse psychologique et beaucoup d'amour, beaucoup de tendresse. .

Un très beau premier roman qui ne vous le fait pas à l'épate.
Commenter  J’apprécie          320
Les douze tribus d'Hattie

Avec sa peau claire et son énergie débordante, Hattie, fraichement débarquée de Géorgie à Philadelphie en 1923, pouvait espérer une vie meilleure que celle de ses parents, marquée par le racisme et la ségrégation.

Oui mais voilà, Hattie se retrouve à 16 ans implacablement embarquée dans le piège de la maternité et d’un mariage subi plus que choisi : mère à 17 ans de deux jumeaux, elle devra également affronter leur mort tragique à 7 mois dans un premier chapitre féroce qui marque le début du malheur et des désillusions.

Hattie aura 9 autres enfants et une petite-fille, 10 enfants donc, qu’elle n’aura de cesse d’empêcher de mourir… tout son amour maternel s’emploiera à les nourrir et à les habiller malgré la pauvreté, malgré un mari sur lequel elle ne peut pas compter…

Dans une construction originale, chaque chapitre donne voix à l’un des enfants d’Hattie, dévoilant un pan de sa vie ainsi que ses rapports à sa mère et à sa famille : un kaléidoscope qui peu à peu forme le portrait d’Hattie, une femme courageuse, malheureuse, dure et ambigüe, marquée par son destin, par la difficulté d’être mariée à un bon à rien gentil mais paresseux, qui n’a que deux qualités : il aime ses enfants et il ne la bat pas… Piètre satisfaction pour une femme fière et orgueilleuse qui avait une grande ambition, celle d’acheter une maison.

Alors certes, le spectre du racisme recule, mais à chaque nouvelle grossesse, celui de la misère augmente.

A travers l’histoire poignante d’Hattie et de sa famille, c’est également un pan d’histoire du peuple noir américain que l’on découvre, de 1920 à 1980, des deux cotés de la ligne Mason-Dixon qui depuis la guerre de Sécession séparait les états esclavagistes du Sud des états abolitionnistes du Nord.



Commenter  J’apprécie          250
Les douze tribus d'Hattie

En exergue:

"Et vous vous êtes tous approchés de moi et avez dit: Nous enverrons des hommes devant nous, et ils reconnaîtront pour nous la terre , et ils nous feront un rapport sur le chemin par lequel nous devons monter et sur les villes où nous arriverons. Et cet avis me parut bon; et je pris douze hommes parmi vous, un par tribu".

Deutéronome



Dans un entretien, Ayana Mathis dit avoir écrit ce roman en pensant à sa grand-mère qui, comme Hattie, a fait partie de la grande migration de 1910 à 1940.Plus d'un million d'Afro-Américains sont montés du Sud vers le Nord pour y trouver du travail. Cette grand-mère était une femme qu'elle qualifie de stoïque. Mystérieuse et complètement silencieuse. Ayana Mathis a essayé d'imaginer ce qui se cachait derrière ce silence perturbant, à travers un très beau portrait de femme qui n'est pas linéaire, mais raconté de façon fragmentée à travers des bribes de vie de ses enfants, entre 1925 et 1980.



En arrivant à Philadelphie, la très jeune Hattie a eu l'impression de commencer à vivre. Elle n'a pas " vécu" comme elle l'aurait souhaité longtemps. Un faux pas avec un voisin dont elle est amoureuse, qui l'abandonne très vite, elle se retrouve avec des jumeaux , et un mari qui n'en est pas le père. L'hiver de Philadelphie aura raison des deux bébés , et la mort des jumeaux , dans le premier très beau chapitre, semble la glacer à jamais sur le plan affectif. Car des enfants, il faut déjà pouvoir les maintenir en vie..

C'est en tout cas ce qui sera ressenti par ses enfants , qui vont payer pour cela plus ou moins lourdement. Le chapitre le plus déchirant est sans doute celui qui raconte la guerre de Franklin au Vietnam, mais toutes les histoires sont intéressantes et souvent très émouvantes.

Et les hommes dans tout cela? Et bien.. assez faibles, peut être, oui. Jamais méchants, bien au contraire. Dépassés ...

Hattie s'est vite aperçue que quitter un homme pour un autre n'allait pas lui apporter grand chose dans ce qu'elle recherchait, en fait, la sécurité pour elle et ses enfants. C'est une femme forte extérieurement, Hattie, mais pleine de failles, de désirs, de besoins et très vite consciente qu'ils ne seront pas comblés, ce qui l'aigrit encore davantage. Et ce que les enfants voient, c'est l'aigreur. La dureté de leur mère.



Dans les remerciements à la fin du livre, Ayana Mathis parle bien sûr de l'influence de Toni Morrison. Mais si on ne peut la nier, l'écriture d'Ayana Mathis est beaucoup moins dense, moins chargée d'une rancune tout à fait légitime. Du temps a passé..

C'est un portrait de femme qui appartient à la communauté afro-américaine, mais ce portrait a une valeur plus universelle.Un portrait de ces femmes qui n'ont eu aucun autre choix que de subir et de faire face. En l'acceptant, ou non, et le problème d'Hattie, c'est sa révolte , et que peut -elle en faire? Plus tard...



"Ils ne comprenaient pas que tout l'amour qu'elle avait en elle était accaparé par la nécessité de les nourrir, de les habiller et de les préparer à affronter le monde. Le monde n'aurait pas d'amour à leur offrir; le monde ne serait pas gentil.

.....Elle n'était pas âgée au point de ne pas survivre à un nouveau sacrifice. Elle mit le bras autour de l'épaule de Sala et l'attira contre elle. Elle tapota le dos de sa petite-fille avec une certaine rudesse- elle était si peu habituée aux démonstrations de tendresse."



Un beau premier roman.
Commenter  J’apprécie          253
Les douze tribus d'Hattie

Les douze tribus d’Hattie représentent les onze enfants et la petite-fille qu’Hattie a élevés. A travers cette saga familiale qui traverse le temps et une partie de l’Amérique, nous côtoyons l’histoire des Noirs-américains, leur lutte contre le racisme, leur grande ferveur religieuse, mais surtout nous rencontrons Hattie, une mère et une femme avec ses rêves et ses désillusions.







1923, Philadelphie. Hattie, seize ans et jeune épouse d’August, arrive pleine d’espoir et de confiance en l’avenir, de Georgie pour fuir le Sud et la ségrégation...







Même si je n’ai pas été happée par l’écriture, j’ai bien aimé la construction de ce roman découpé en dix chapitres qui pourraient se lire comme dix petites histoires indépendantes. Chaque chapitre permet de découvrir des instants de vie de l’un des enfants et de leur mère. On comprend ainsi comment cette fratrie s’est bâtie dans le manque : manque d’amour, de temps et d’argent. Mais on comprend aussi le courage de cette mère qui ne baisse jamais les bras face à la maladie, au deuil, à l’alcoolisme... Un beau portrait de femme.


Lien : http://mespetitesboites.net
Commenter  J’apprécie          240
Les douze tribus d'Hattie

Les éditions Gallmeister, merci, merci, merci...une nouvelle fois, je suis conquise par une de vos brillantes sélections !

Un récit puissant et intense, qui prend des allures de fresque familiale, touchante, gravitant autour du personnage d'Hattie, une jeune fille au début du roman, qui fuit sa Géorgie natale, ségrégationniste, pour s'installer à Philadelphie. Elle y devient une épouse, une mère ... une femme armée d'un courage admirable, que nous constatons au fur et à mesure que les pages, les chapitres, dressant les portraits de ses douze enfants, "douze tribus", s'égrainent, rapidement tant ses portraits nous happent. Des histoires qui dressent aussi le portrait d'une Amérique au XXème siècle; il y est question de racisme, de musique, de moeurs, de folie aussi, de condition des femmes, de difficultés à surmonter un quotidien où l'argent se fait rare. De drames.

L'entame du livre est troublante, marquante pour nous lecteurs, pour Hattie, confrontée à une situation douloureuse qui la conditionnera, la façonnera, détruira toute propension en elle à aimer, à chérir ...
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          240
Les douze tribus d'Hattie

Philadelphie, 1925, fraichement débarquée de sa Géorgie natale, Hattie, 17 ans, assiste impuissante à la mort de ses jumeaux, bébés de quelques mois emportés par une pneumonie aigüe. Après ce drame elle donnera naissance à onze enfants, cinq garçons et six filles, et pourtant pas un seul jour ne se passera sans qu’elle ressente l’absence des deux nourrissons.



Hattie, concentrée de mère courage, tendre et violente à la fois, mère et femme imparfaite, traversera le siècle, se battra pour rester vivante et pour maintenir en vie ses enfants. Elle le sait : « elle doit les préparer à affronter le monde, et le monde n’a pas d’amour à offrir, le monde n’est pas gentil.. » Elle ne devra rien attendre d’August, son mari, géniteur passif et bon à rien.



L’arbre généalogique d’Hattie et d’August Shepherd se déploie en douze tribus qui vivront la pauvreté, la ségrégation, la folie, la guerre mais aussi la solidarité, la révolte, la réussite, la condition homosexuelle, le jazz et mettront à l’épreuvece lien maternel si fragile et, si puissant.



Dix nouvelles, autant de destins, qui forment un formidable premier roman. Ayanna Mathis maitrise parfaitement son écriture, elle évite le mélo, le pathos et la facilité, en retraçant la vie des onze enfants et d’une petite fille d’Hattie, elle ne nous raconte rien de moins que la douloureuse et difficile intégration du peuple Afro-américain dans l’Amérique du XXe siècle en construction"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          230
Les douze tribus d'Hattie

J’ai été très agréablement surprise par ce premier roman, pour lequel il me semblait avoir lu quelques avis un peu réservés, et que sa couleur rose me faisait imaginer comme gentillet, ce qu’il n’est pas du tout.

Tout commence avec Hattie qui s’occupe tant bien que mal de ses deux bébés malades, nés quelques années après son installation à Philadelphie dans les années vingt, jeune femme venue des plantations de coton du sud pour une nouvelle vie. Après ce prologue qui fend le cœur, on espère le meilleur pour Hattie. Mais à cause d’un mari volage, inconséquent et joueur, elle ne trouvera jamais vraiment la vie dont elle avait rêvée. Même ses nombreux enfants ne lui rendent pas vraiment dans sa vieillesse tous les soins qu’elle a tenté de leur prodiguer, lorsqu’ils étaient enfants. A sa manière, sans trop de tendresse, l’essentiel étant des estomacs pleins plutôt que des caresses.

Comment serait-il possible de se lasser de romans sur le thème de la discrimination, de la mixité raciale et sociale, surtout lorsqu’ils sont aussi bien écrits que celui-ci ? Alors que j’entrais dans le roman sur la pointe des pieds, mon enthousiasme n’a pas faibli d’un bout à l’autre des soixante années vécues par la famille Shepherd, racontées des points de vue successifs de plusieurs membres de la famille, au moment où, tour à tour, ils subissent des événements traumatisants ou qui donnent un tournant nouveau à leur vie. A chaque chapitre, quelques années plus tard, un nouvel angle de vue est donné, un enfant d’Hattie est au centre du propos et éclaire l’histoire familiale d’un jour un peu différent.

Je me souviens que plusieurs avis mentionnaient que le roman ressemblait plutôt à une suite de nouvelles, je n’ai pas eu du tout cette impression. C’est dû au fait que la personnalité d’Hattie marque chacun des membres de la tribu (mot à prendre dans un sens moins chaleureux et convivial que son acception habituelle) et que leur enfance rejaillit sur leurs comportements et leurs actions. Un beau portrait de famille, de 1920 à 1980, que je ne peux que conseiller pour sa force, sa vivacité et ses beaux moments d’émotion.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          180
Les douze tribus d'Hattie

Lorsqu’Hattie épouse August, en 1923, elle n’a que 16 ans. Ensemble, ils fuient la Géorgie pour en finir avec les brimades des blancs. Direction Philadelphie avec l’espoir d’une vie meilleure, plus juste.



« Et il y eu tant de bébés : des bébés qui pleurent, des bébés qui commencent à marcher, des bébés à nourrir, des bébés à changer. Des bébés malades, des bébés brulants de fièvre ».



Onze enfants sont nés de l’union d’Hattie et à travers leur histoire Ayana Mathis va brosser soixante ans de vie d’une famille Américaine.

À travers de petits moments de vie de chacun de ses enfants, c'est le portrait d'une femme, belle et forte bien que maintes fois éprouvée par la vie que nous offre Ayana Mathis en la personne d'Hattie Sheperd.

Un roman fort qui vous tord l'estomac et parvient à vous broyer le cœur sans aucun pathos ni larme futile.

Un petit bijou de premier roman et une auteure à suivre



Commenter  J’apprécie          180
Les douze tribus d'Hattie

Années 20 à Philadelphie. La jeune Hattie a fui le sud rural et sa ségrégation pour ce qu'elle espère une vie meilleure et plus libre dans le nord. Ce roman nous fait découvrir son histoire par la voix de ses 11 enfants et de sa petite-fille qui au fil des années et des moments particuliers nous racontent chacun l'histoire de leur famille.



Le premier chapitre de ce roman, consacré aux jumeaux premiers-nés d'Hattie et à sa bataille pour les sauver d'une pneumonie avec les moyens dérisoires dont elle dispose faute d'argent et de médicaments, est juste bouleversant. Pas un mot de trop, le récit brut de cette jeune mère, loin de sa famille et des siens qui se bat, terrifiée, contre la maladie et pour ses enfants qu'elle aime plus que tout. Alors que je m'attendais à adorer ce livre, j'ai malheureusement été un peu déçue par la suite



Le procédé narratif est original et aurait pu être très réussi. Il consiste à donner la parole successivement aux enfants (puis petit enfant) de Hattie qui vont chacun raconter une tranche de leur vie, égrenant ainsi leur histoire sur toute la durée du XXe siècle. Hélas ces chapitres ont très peu de liens entre eux : comme dans un roman choral, on aurait apprécié d'y recroiser les frères et sœurs entraperçus précédemment, or chaque histoire est quasi indépendante des précédentes et se focalise sur un seul enfant avec en trame de fond le personnage clé de sa mère, Hattie. On a parfois plus l'impression de lire des nouvelles qu'un roman et cela oblige à chaque chapitre à faire l'effort de comprendre qui parle, quel est le contexte et comment cette histoire s'inscrit dans le récit global puisqu'il s'écoule près de 60 ans entre le début et la fin du roman. Ce qui m'a le plus gênée est que chaque chapitre décrit une histoire dramatique : violence, alcoolisme, viol, guerre, maladie, folie... rien ne sera épargné à cette famille et même si bien entendu leurs conditions de vie étaient extrêmement difficiles on aurait pu espérer qu'au moins un des enfants s'en sorte et ait une vie correcte, et surtout l'accumulation de drames finit par lasser et paraître artificielle. Mon intérêt a donc fluctué au fil des chapitres, certains étant beaucoup plus réussis que d'autres.



Ces points négatifs mis à part (je me rends compte que j'ai commencé par les défauts sans parler du positif... sans doute parce que j'attendais beaucoup plus de cette lecture et que j'ai fini un peu déçue !), ce roman reste un magnifique témoignage de la vie d'une famille noire dans une Amérique en proie à la ségrégation et au racisme et sans pitié envers les plus faibles. L'auteur nous fait traverser avec talent toute l'histoire du XXe siècle aux Etats-Unis et réussit de magnifiques portraits d'hommes et femmes en proie aux difficultés de leur époque. Le plus beau portrait est celui de Hattie, mère courage, tenant bon malgré les tempêtes, prête à tout sacrifier pour ses enfants et pourtant (ou à cause de cela) paraissant souvent froide et sans coeur à force de devoir tout porter sur ses épaules, les difficultés de la vie mobilisant toute son énergie au détriment des démonstrations d'affection et des bons moments. Les dernières pages où après avoir élevé toute sa tribu elle se retrouve en charge de sa petite fille sont particulièrement émouvantes et justes et font écho à ce premier chapitre si terrible.



Une lecture un peu en demi-teinte pour moi mais un auteur qui sait trouver les mots justes et nous émouvoir, à suivre pour ses prochains romans.
Commenter  J’apprécie          170
Les douze tribus d'Hattie

Toujours sur les conseils très avisés de ma chère Lydie, je me suis lancée dans la lecture des "Douze tribus d'Hattie".



Alors, ce livre est scindé en douze chapitres (un pour chacun des enfants qu'a eu Hattie) formant le portrait de cette mère incapable d'affection, dépressive, agressive, froide et au coeur sec parce que trop éprouvée par la vie.



D'ailleurs le premier chapitre nous met immédiatement dans l'ambiance : Hattie a fui avec sa famille de Géorgie en raison d'une ségrégation raciale trop présente en raison des lois Jim Crow, avec l'espoir d'une vie meilleure et plus égalitaire à Philadelphie.



Mariée à 16 ans, elle a ses deux premiers enfants, des jumeaux, à 17 ans et ceux-ci connaissent un destin tragique puisqu'ils meurent de pneumonie à 7 mois. Ce chapitre est déchirant et franchement j'ai hésité à continuer ma lecture tant ça m'a marquée et j'ai trouvé ça dur.



Puis, j'ai continué à tourner les pages et je ne le regrette pas. L'amertume est prégnante dans ce récit rythmé par la vie d'Hattie marquée par les déceptions successives.



Elle aura donc douze enfants et le récit de sa vie va se dérouler de 1925 à 1980 : Il y aura Floyd, le musicien de Jazz), Six, le prédicateur, Billups, Bell qui fera des études, Ruthie, , fruit d'une liaison extra-conjugale, Cassie avec sa maladie mentale, Sala, Ella, Franklin qui va s'engager dans l'armée et « faire » le Viet-Nam et la dernière, Alice, née alors qu'Hattie avait 46 ans et qui sera en quelque sorte « sacrifiée ».



Son manque d'amour manifeste ou du moins son incapacité à l'exprimer nous amène à nous poser la question suivante : l'instinct maternel existe-t-il ? Moi, je dirai oui, car si Hattie est avare de démonstration sentiments elle n'en jette pas moins toutes ses forces dans la survie des siens et n'a plus ni amour, ni tendresse à donner, comme pour ne plus se brûler aux émotions. Mais c'est une vraie combattante car elle n'oublie pas ses devoirs envers ses enfants.



Mais à mon avis, on peut donner à ce récit une autre dimension et une interprétation un peu différente:



Ces douze histoires représenteraient toute la mosaïque du peuple noir en Amérique symboliquement rassemblées en un livre et fait d'Hattie une mère universelle et/ou qu'elle représente la « mère patrie » soit les États-Unis… donnant peu d'amour (c'est-à-dire pas d'attention ou du moins inégale à son peuple démuni…



Toutes ses histoires seraient le condensé de tous les malheurs subit et justifierait l'accumulation de catastrophes et d'histoires tristes et sordides.



Dans cette optique, douze devrait être aussi un symbole donc… J'avais pensé aux premières étoiles sur la bannière américaine, mais elles étaient au nombre de treize… peut-être douze enfants plus Hattie la fédératrice = treize !



D'accord, c'est capillotracté… donc, là du coup, je sèche. Enfin tout cela n'est que supputation et peut-être que je m'égare !



Cela étant dit, j'ai beaucoup aimé cette histoire pleine de désespoir et qui résonne comme une complainte des minorités défavorisées.

Commenter  J’apprécie          173
Les douze tribus d'Hattie

Voilà un premier roman d’une force inoubliable. Hattie débarque donc de sa Géorgie natale à Philadelphie. Dès sa sortie de la gare, elle sait qu’elle ne retournera pas dans le Sud raciste, quoi qu’il arrive. Elle perd très vite sa mère et ses soeurs (la première meurt, les autres retournent en Géorgie), elle épouse August, un ouvrier, alors qu’elle a seize ans. Des jumeaux naissent, Philadelphie et Jubilee, de beaux bébés aux prénoms qui incarnent le rêve de nouveauté de la jeune mère. Ce premier chapitre du roman est déchirant : les enfants attrapent une pneumonie en plein hiver et on assiste, aussi impuissants qu’Hattie, à leur agonie dans une salle de bain à l’ambiance apocalyptique. Hattie ne se remettra sans doute jamais de cette mort, toute sa vie elle s’enveloppera de solitude et de rudesse pour affronter la vie sans espoir que lui procure August, qui change sans cesse de travail, dépense l’argent du ménage en soirées et en maîtresses. Et pourtant ils restent ensemble, et pourtant Hattie tente d’économiser un peu pour réaliser son rêve, acheter une petite maison.



Ce ne sont pas les neuf autres enfants qui naîtront de ce mariage qui guériront Hattie mais au fil des chapitres qui nous les font connaître, de 1923 à 1980, avec l’évolution de la société américaine, on découvre la vie de la famille, la pauvreté dans laquelle ils ont vécu enfants. Chacun des enfants, malgré ses tentatives de partir, de s’éloigner, voire de couper les ponts – ou même de retrouver le Sud -, est marqué par la rigueur maternelle. Certains en perdent même la raison. Mais on comprend aussi qu’Hattie n’a pas eu d’autre choix que de se montrer si rude car elle devait avant tout protéger ses enfants, tenter de survivre avec et pour eux et il n’y avait pas de place pour la tendresse dans cette survie. Mais Hattie a tenu bon, elle aura connu une longue vie et sa colère s’adoucira un peu grâce à sa petite-fille Sala.



Ayana Mathis a réussi un coup de maître avec ce premier roman longuement élaboré. Hattie n’est pas particulièrement attachante, forcément, mais les événements de sa vie et de celle de ses proches nous attachent à cette femme qui rêvait de liberté et à ses douze tribus.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          160
Les douze tribus d'Hattie

Les douze tribus d'Hattie sont les cinq fils, les six filles et la petite fille de cette femme afro-américaine, qui, très jeune quitte le sud ségrégationniste des Etats Unis pour s'établir et fonder une famille dans le Nord près de Philadelphie.



Ayana Mathis construit son roman à la manière d'un recueil de nouvelles. Le personnage de Hattie est le fil conducteur de ces différents récits. Ils racontent la vie de chaque enfant tout en composant le portrait en creux de leur mère et de son existence âpre et douloureuse. La composition est passionnante et parfaitement maîtrisée; il y a beaucoup de lumière et d'amour sous les pas pesants de Hattie.
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
Commenter  J’apprécie          160
Les douze tribus d'Hattie

A travers ce roman une bonne partie du XXème siècle américain que nous traversons. Hattie, jeune noire à la peau claire quitte sa Géorgie natale où la ségrégation raciale est omniprésente, direction Philadelphie. Le roman présente les uns après les autres des enfants d'Hattie qui vont nous faire découvrir un personnage fort et attachant.





Le roman s'ouvre avec les jumeaux Philadelphia et Jubilee qui vont mourir de pneumonie sous les yeux de leur mère impuissante. La perte des jumeaux va profondément marquer Hattie. A travers les témoignages des enfants nous découvrons une famille nombreuse et pauvre, une mère autoritaire et énergique qui n'a qu'un but, sauvegarder la vie de ses enfants au détriment parfois de leur vie affective.





Bell l'une de ses filles se souvient ainsi de sa mère : "Elle se repassa en mémoire chaque moment de son enfance et y retrouva immanquablement Hattie en train de donner des coups de ceinture sur les cuisses de ses enfants, Hattie en train de piquer une colère, Hattie plongée dans le silence. Peut être essayait-elle alors de protéger ses enfants ou de leur enseigner la discipline et le respect, mais Bell pouvait à peine se souvenir d'un mot tendre ou d'un baiser de sa mère. Elle lui manquait pourtant. N'y avait-il pas là quelque chose de plutôt drôle : c'était à partir du moment où elle avait quitté sa mère et les rigueurs du domicile familial que Bell s'était peu à peu désintégrée."





Chaque enfant racontant son histoire et celle de leurs parents c'est l'histoire de la société américaine et notamment celle de la population afro-américaine que nous découvrons. De la ségrégation dans les états du sud avec leur plantations, à la guerre du Vietnam, en passant pour le mouvement des droits civiques, la grande histoire est omniprésente dans l'histoire de cette famille.







Les douze tribus d'Hattie est un magnifique roman dans lequel on finit par s'attacher à ce personnage austère et autoritaire d'Hattie, marqué par la condition des noirs et par la pauvreté que connaissait la plupart d'entre eux à l'époque. Chaque enfant d'Hattie a sa vision des choses et sa manière de décrire son histoire dans son style particulier faisant de ce roman un recueil de nouvelles articulées autour du personnage de la mère.
Commenter  J’apprécie          160
Les douze tribus d'Hattie

Douze comme les douze fils de Jacob, fondateurs des douze tribus d’Israël dans l’Ancien Testament. Douze ici comme les douze enfants d’Hattie, mère nourricière fuyant en 1925 avec son mari la Géorgie sudiste vers Philadelphie, la « terre promise ».

Pendant plus de 50 ans on va suivre la famille d’Hattie. Les hommes se laissent emporter par leurs passions, le jeu, l’alcool, la débauche, la violence, le prêche, la musique. Ils connaîtront le chômage, les petits boulots, le Vietnam. Les femmes sont guidées par leurs devoirs, deviennent mères, restent à la maison, toutes durablement perturbées par leur malheureuse mère la superbe Hattie, belle et courageuse mais aussi très fière, trop fière et dure, le « Général ».

On suivra cette famille à travers 10 chapitres. Ayana Mathis a fait le choix de consacrer un chapitre par enfant, un peu comme un recueil de nouvelles dédiées chacune à une vie, à un moment de la vie d’un (voire 2) enfants. L’intérêt pour moi souffre de ce parti pris. Le procédé a le mérite d’être clair, lisible facilement et de se focaliser pleinement sur un moment. On n’est jamais perdus da mais il faut à chaque nouveau chapitre se familiariser avec un nouvel univers et l’attention est moins soutenue. Le fil conducteur, fort et réussi, c’est Hattie leur mère, peu démonstratrice, décrite sans complaisance mais toujours présente lorsqu’il le faut.

On traverse deux époques, l’époque des lois Jim Crow et l’après 1964 et l’abolition de la ségrégation. On traverse aussi 2 lieux, le Sud profond qui n’inspirait plus que terreur, rage et nostalgie et Le Nord, essentiellement la Pennsylvanie, qui leur avait donné asile. Le passage est comme une nouvelle naissance dans la douleur et apportant son lot de difficultés et de déception.

Un roman édifiant sur les difficultés inhérentes à leur condition, leur exil et le peu d’espoir de réussite immédiate. C’est un pan de l’histoire en devenir.







Commenter  J’apprécie          150
Les douze tribus d'Hattie

Ayana Mathis nous raconte le destin des noirs américains au cours du XXème siècle à travers le portrait d'une femme (Hattie) et de ses dix enfants. Chaque chapitre évoque la vie d'un enfant et dessine en filigrane le portrait de sa mère. De 1925 aux années 80, chacun sera discriminé plus ou moins violemment et de façon différente, à mesure que le temps avance et que le sort réservé aux noirs dans ce pays s'améliore enfin. Certains chapitres sont très forts et resteront longtemps dans votre mémoire.



Ce premier roman se lit avec grand plaisir et montre une ambition narrative peu ordinaire. La construction du livre permet à l'auteur de varier les styles mais colle toujours au plus près des personnages et des époques. L'ampleur du projet aurait pu faire échouer bien des écrivains. Les éditions Gallmeister ont découvert là un écrivain qui a un bel avenir devant lui!
Commenter  J’apprécie          150




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ayana Mathis (848)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter (Expert)

Quel est le deuxième prénom du frère de Sirius Black ?

Romulus
Arcturus
Remus
Severus

40 questions
277 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}