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Critiques de Aymeric Caron (113)
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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Aymeric Caron aborde dans ce livre une question qui est brûlante et d'actualité : l'antispécisme, dont la définition est vaguement exposée en quatrième de couverture, et milite en faveur de la reconnaissance de droits aux " êtres vivants sensibles ".



En soi, le projet me parle, je veux dire, l'idée de considérer l'homme comme une espèce comme une autre, ni plus ni moins intéressante, ni plus ni moins noble qu'une autre, qu'il s'agisse d'un lombric ou d'un pissenlit. Là dessus, rien à dire, l'écologiste et éthologiste de longue date que je suis s'y retrouve.



Mais par ailleurs, on connaît ses positions sur la consommation de viande et le véganisme, ce qui n'est donc pas totalement dénué d'arrières pensées, je trouve, et suscite alors mes premiers doutes quant à l'honnêteté intellectuelle.



J'aurais évidemment mille objections à faire aux arguments de cet homme, non pas pour renier le fait d'attribuer une meilleure considération à tous les êtres vivants (je ne distingue pas, moi, sensibles et non sensibles, j'y reviendrai) mais plutôt parce que ce " projet " de donner des " droits ", au sens légal du terme, est à la fois irréalisable et tout aussi discriminant pour les espèces que ce qu'il prétend combattre. Pour illustrer ceci, je vais me contenter de dix simples constats (il y aurait matière à développer, bien entendu, et à en présenter beaucoup d'autres).



1er constat : l'être humain, en tant qu'hétérotrophe, est incapable de se nourrir d'autre chose que d'êtres vivants (animaux, végétaux, champignons). C'est un fait. La nourriture exclusivement minérale, ça marche moyennement pour nous autres. Donc, que l'on soit carnivore invétéré, végétarien, végétalien, végane ou autre, on mange, quoi qu'il arrive, de l'être vivant à longueur de journée. Il y aurait donc des êtres vivants de basse lignée, bons à être mangés, et d'autres êtres vivants, dits " sensibles " qu'il serait scandaleux de consommer. Il faudrait qu'on m'explique la nuance.



2ème constat : où placer la limite entre " êtres vivants sensibles " et " être vivants NON sensibles ". C'est une absurdité car, par définition, tous les êtres vivants sont sensibles. D'une sensibilité qui peut certes être différente de la nôtre mais sensibles tout de même. La tique est un être vivant incroyablement sensible, doué d'une aptitude à repérer un homéotherme absolument stupéfiante. Un pied de lierre est lui aussi incroyablement sensible, à l'humidité, à la lumière, à la verticalité, etc. Donc, dire arbitrairement que telle espèce est sensible et que telle autre ne l'est pas est, au mieux, malhonnête, et plus certainement totalement erroné et stupide.



3ème constat : puisque les poux, morpions, tiques et autre ténias sont des êtres sensibles, ils ont le droit de vivre sur (ou dans) les corps humains, et en particulier sur celui d'Aymeric Caron. De quel droit, lui, un simple représentant d'une espèce vivante aurait-il le droit de tuer d'autres animaux qui ne font qu'exercer leur droit à la vie ? De même, d'un point de vue juridique, est-il moral de tolérer qu'il refuse l'accès de son logement aux blattes, araignées et autre souris ou rats ? Ce sont des animaux sensibles après tout, non ?



4ème constat : l'une des plus grandes causes de diminution de la biodiversité ANIMALE est la déforestation (notamment au niveau des forêts équatoriales, mais pas seulement) ayant pour but la mise en culture pour des productions VÉGÉTALES destinées à l'homme (huile de palme notamment en Indonésie, thé en Inde mais c'est loin d'être les seuls cas : la liste est infinie).



5ème constat : on sait que de nombreuses espèces de végétaux comme l'acacia ont une forme de " perception de la douleur " lorsque leurs corps (en l'occurence des feuilles et des tiges) est consommé par des animaux qui se traduit par la production de molécules de stress et qui peut même se transmettre à des congénères (des acacias voisins) qui eux n'ont pas été consommés. Donc pour des êtres vivants non sensibles, je trouve que les végétaux sont étonnamment sensibles et même, n'ayons pas peur des mots, sociaux.



6ème constat : les éponges et les coraux, qui sont des animaux comme tous les antispécistes le savent, sont-ils plus ou moins animaux que des plantes carnivores ? Plus ou moins sensibles ?



7ème constat : que donner à manger à nos animaux de compagnie carnivores ? J'ai essayé la salade avec les chats : ils adorent ça.



8ème constat : toute l'activité humaine a des conséquences importantes sur les vies animale, végétale et fongique. Exemples : la construction d'une route ou d'un bâtiment, par exemple, détruit toute la microfaune du sol, toute la menue flore qui vivaient dans cette zone. L'endiguement des rivières et des fleuves afin d'éviter leur débordement pendant la période hivernale pour permettre une vie commode à des petits citadins comme Aymeric Caron augmente dans des proportions considérables le débit (ou la vitesse du courant) de ces rivières en période de crue, détruisant du même coup toute une faune des berges qui y vit normalement fixée (ex : les plécoptères) et l'absence de cette faune des berges fait disparaître à son tour les espèces prédatrices qui s'en nourrissaient. Donc, c'est l'homme dans son entier et dans ses modes de vie qui représente un problème, si l'on y réfléchit. Quel est le programme d'Aymeric Caron pour venir à bout de ce problème ?



9ème constat : les aménagements réalisés sur les fleuves pour produire, par exemple, une énergie propre rend ces mêmes fleuves impropres à la vie pour des espèces animales ayant des droits, comme les saumons. Donc, si je résume la situation, à cause de vos sales petits besoins en électricité, très cher Aymeric Caron, des saumons innocents sont tués, anéantis, décimés, occis. Honte à vous !



10ème constat : la pomme bio que vous venez de consommer, cher Aymeric Caron, n'est pas une pomme naturelle. En effet, elle n'a peut-être pas reçu de produit " chimique " mais elle a tout de même reçu quelque chose, sans quoi elle aurait un petit habitant à l'intérieur, n'est-ce pas ? Car bio, ne signifie pas " sans rien pour tuer les bestioles ". En effet, il est autorisé d'utiliser des produits non transformés, comme le cuivre, qui avec l'eau, a un effet insecticide " naturel ". Quand je pense à tous ces êtres vivants sensibles qui n'ont pas vu le jour à cause de vous, Aymeric Caron, je me dis que vraiment leurs droits ne sont pas du tout respectés...



Bon aller, comme je suis bien lunée, je vais même en donner un petit onzième rien que pour monsieur Aymeric Caron. En sa qualité de végane, il considère que consommer, mettons, du lait de vache ou du fromage est absolument contraire aux bonnes mœurs auxquelles il s'astreint. Dans sa cuisine, par exemple, pour remplacer le lait de vache, il utilise, mettons, du lait de coco. Super, me direz-vous. Eh bien, peut-être pas tant que cela si l'on y réfléchit.



Le lait de vache, qu'est-ce que c'est ? Une sécrétion. Le recueil de cette sécrétion n'entraîne pas nécessairement une fin atroce pour l'animal qui l'a produite. On peut imaginer qu'il meure de sa belle mort. Tandis que le lait de coco, c'est quoi ? C'est le sacrifice d'une graine, d'un embryon d'être vivant, qui, de par ce bris de la partie boisée de la noix de coco ne pourra jamais donner l'être vivant en réduction qu'il était. C'est comme de sacrifier un œuf fécondé en fait, alors qu'une sécrétion de vache, en soi, ça ne tue personne. Donc, tout végane qu'il est, l'ami Caron, il n'a pas les mains si propres que ça d'un point de vue rigoureusement biologique et surtout, d'un point de vue antispéciste.



Voilà donc, selon moi, un magnifique exemple de faux bon raisonnement. Que l'homme ait des choses à questionner, à se reprocher et à améliorer, c'est absolument indéniable, notamment du côté de l'élevage industriel (même si le remplacer par des productions végétales industrielles est tout aussi dommageable pour la planète et sa biodiversité). Mais que sur un tour moral on essaie de montrer du doigt " ceux qui ne respecteraient pas " les espèces en croyant dur comme fer que eux, les bien-pensants, les respectent, là je m'insurge complètement. Car aussi, si je lis bien " l'intention " qu'il y a derrière ce salmigondis, c'est, un de ces jours, de pouvoir faire un procès à un petit pépère, pourquoi pas un paysan, parce qu'il aura trucidé son coq dans des conditions " inhumaines ". Car qui dit " droit " dit " procès " et qui dit procès dit " faire casquer " ceux qui seront, une fois encore, les plus vulnérables et les moins aptes à se payer des avocats compétents. (Dans le mot " droit ", il y a malheureusement beaucoup de travers.)



Alors que ce même pépère, avec son hygiène de vie, aura peut-être certes trucidé son coq comme les derniers des Viking l'aurait fait, mais parallèlement aura peut-être contribué à supprimer moins d'animaux et de végétaux, toutes choses considérées, qu'un Aymeric Caron aux ongles bien propres et à la morale irréprochable, de par sa simple activité médiatique ou auctoriale.



Est-il plus " humain " de laisser une plante crever de soif dans son pot et s'éteindre péniblement pendant qu'on est parti en vacances que de manger un œuf sur le plat ? Est-il plus " humain " d'éclater la gueule à une femelle moustique en train de vous piquer, c'est-à-dire en train de lutter pour sa survie et pour s'assurer une descendance, que de manger un steak ? D'un point de vue antispéciste, je n'en suis pas certaine, vraiment pas.



Et tout le problème est là. Si l'on vient greffer du droit et du juridique là-dessus, ça risque de devenir compliqué et surtout, seules seront concernées les espèces " proches " de l'homme (mammifères et oiseaux essentiellement). Je n'ai jamais vu personne s'insurger contre l'assassinat des couleuvres et des vipères dans les prés fauchés pour la récolte du foin, par exemple. Donc, cela ne fait que révéler une nouvelle fois une vision anthropocentrique (l'homme et les espèces auxquelles il peut s'identifier). Le sort tragique des murènes, des encornets rouges, des scolopendres et des coléoptères longicornes n'émeut guère les populations.



Dans ce livre, l'auteur évoque les conditions industrielles d'élevage et d'abattage des animaux domestiques et les compare à des " camps de concentration ". Il prétend également que l'homme est la seule espèce à infliger un tel traitement aux autres " alors que ça n'est pas nécessaire ". (Donc ici, il met tout le monde dans le même panier et plus seulement l'élevage et l'abattage industriels, tous les petits producteurs respectueux également). Attention, je ne suis pas en train de prétendre qu'il faut absolument maintenir l'élevage industriel, je pense même tout le contraire. Mais je relève plusieurs problèmes :



1°) Lorsque certains s'arrogent le droit de décider pour les autres ce qui est nécessaire ou pas, cela n'est pas de la démocratie. L'extermination de la forêt équatoriale et de la biodiversité qui s'y trouve dans le but de récolter de l'huile de palme est-elle nécessaire ? La construction de nouvelles routes et les terrains grignotés par l'urbanisation et donc voués à une mort écologique certaine sont-ils nécessaires ? L'exploitation de mines de terres rares en République Démocratique du Congo avec son coût humain catastrophique dans le but de fabriquer des smartphones est-elle nécessaire ?



2°) Ensuite, l'image volontairement choquante du " camp de concentration " a pour but de rallier des personnes sensibles et qui n'ont pas spécialement réfléchi à la question. Toutefois, si vous considérez un champ de colza, par exemple. N'est-ce pas, au sens propre un " camp de concentration " d'une espèce vivante ? Mais là, ça ne vous fait rien. Pourtant, d'un point de vue écologique, c'est une pure catastrophe. Moi je dis, et cette fois-ci d'un point de vue antispéciste, c'est deux poids, deux mesures.



3°) Enfin, je signale que le prix du panier alimentaire représente certainement peu pour Aymeric Caron mais c'est très loin d'être le cas pour toutes les familles en France et je ne vous parle même pas du monde. Donc la suppression radicale d'une production à bas coût (quel que soit le type d'aliment) entraînerait un appauvrissement et une fragilisation encore plus grande des couches de la population qui sont déjà les plus vulnérables. (Je connais des tas de familles qui aimeraient manger " bio " mais qui ne le peuvent pas. Là encore, monsieur Caron n'en dit rien, or c'est un problème à considérer, ce me semble.)



Je suis la première (et je l'ai fustigé de nombreuses fois dans mes critiques) à condamner le mode de production industriel des denrées alimentaires. C'est le mot " industriel " qui pose problème selon moi, tant pour l'élevage que pour l'abattage des animaux. L'élevage à la chaîne, l'abattage à la chaîne : c'est ça la plaie. Mais il existe aussi des éleveurs et des bouchers nobles qui ne font pas ça comme ça et les mettre sciemment dans le même panier que les industriels, je trouve ça fondamentalement injuste et malhonnête.



Le fait que des gens mangent des animaux qui sans l'homme n'auraient pas vu le jour ne me choque pas plus que le fait qu'ils mangent du blé, par exemple, une plante qui, sans l'intervention de l'homme, serait présente dans sa forme sauvage à très peu d'endroits du monde et sous effectif anecdotique.



Je vous rappelle que l'auroch, par exemple, est une espèce éteinte et qu'elle ne vit, sous forme de vaches, que par l'action humaine. Sans cela, il y a beau temps que, par les simples perturbations de l'environnement occasionnées par l'homme, cette espèce aurait disparu quoi qu'il arrive.



D'un point de vue écologique, l'exploitation que l'homme effectue des espèces animales d'élevage est une symbiose : l'homme favorise la nourriture et la reproduction de ces espèces moyennant quoi il prélève son tribut. Ce n'est pas extraordinairement différent de l'exploitation des pucerons par les fourmis qu'elles maintiennent, elles aussi dans des sortes de " camps de concentration ". Et ce n'est qu'un exemple. Donc quand Aymeric Caron parle de " seule espèce ", il se trompe : les fourmis aussi pourraient s'y prendre autrement pour vivre que d'exploiter les pucerons.



Or, comme les pucerons et consort sont des petites espèces peu sexy, personne ne s'en émeut. Par contre, un lion qui bouffe une gazelle, là ça fait un pincement au cœur parce qu'une gazelle c'est " mignon " tandis qu'un lion qui bouffe un oryctérope ou une fouine qui dévore une couvée de passereaux, en général, le monde s'en fiche complètement. Mais je suis désolée, d'un point de vue antispéciste, il n'y a pas de " mignon " qui vaille : l'oryctérope a autant de valeur que la gazelle, le moustique anophèle autant que le panda géant. Donc réfléchissez bien à ce que veux vraiment dire le mot " antispéciste " et à l'utilisation qu'en fait sciemment monsieur Aymeric C.



Mais bon, je vais m'arrêter là car je ne suis qu'une brave bête abêtie et je ne sais pas si j'entre dans la catégorie des espèces sensibles. D'ailleurs, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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No steak

Les bobos parisiens ne mangent certes pas de steak, mais ils ont la dent longue. Merci à Aymeric Caron, Fabrice Nicolino et leur bande de suiveurs en col blanc et aux ongles impeccables de nuire à un secteur qui fait partie de l'identité même et de la culture de la France depuis la nuit des temps.



Les agriculteurs et en particuliers les petits éleveurs de races à viande gagnent au mieux des clopinettes et le plus souvent ne gagnent rien du tout, en faisant l'un des métiers les plus durs qui soient : travail non stop 365 jours par an, en n'oubliant pas, en plus, de se relever toutes les nuits quand il y a des vêlages, dans le froid, sous la fournaise ou sous la pluie battante, parce qu'il y a une magnifique campagne de dénigrement organisée par des lobbies divers (dont les grands groupes agroalimentaires car ils n'ont pas la main sur ce marché) de petits mirlitons parisiens ou d'ailleurs (la bêtise pousse très bien et dans n'importe quel sol, même à la campagne) qui n'y connaissent absolument rien et qui ont perçu au mieux 15 % des enjeux depuis la mince fenêtre de leur bureau en verre.



Je hais ces minables et c'est une fille d'éleveur bovin qui vous parle. Quelqu'un qui sait ce que c'est que d'avoir l'onglée, la fourche à la main, les mois d'hiver, quelqu'un qui sait ce que c'est que le stress d'une naissance difficile, quelqu'un qui sait ce que c'est que d'avoir le dos brisé à soulever un veau pour essayer de le maintenir debout quand il n'arrive pas encore à boire seul à la mamelle de la mère, quelqu'un qui sait ce que c'est que de voir réduit à néant ou à presque rien une à deux années de travail parce que les cours ont perdu 30 % en quinze jours sous l'effet de telle ou telle annonce.



Les ignares agricoles comme Aymeric Caron, qui prônent un végétarisme absolu savent-ils seulement que la production agricole végétale est encore bien plus polluante et dévastatrice pour notre planète que l'élevage ? Savent-ils que ce qui menace le plus actuellement la biodiversité, c'est justement la mise en culture pour des productions végétales d'espaces jusqu'alors sauvages ?



Les ignares agricoles comme Aymeric Caron savent-ils que le mode d'élevage traditionnel du bétail en France (je pense par exemple à la Bourgogne, au Limousin, aux Pays de Loire ou, à ma propre région d'origine, la Normandie), s'appuie (ou plutôt s'appuyait car il tend à disparaître justement sous l'action des gros lourds à la Caron) sur des bocages, c'est-à-dire de petites parcelles en herbe délimitées par des haies, le plus souvent des doubles haies (lisez Flaubert ou Maupassant, par exemple, qui le décrivent très bien dans leurs écrits du XIXème siècle et qui parlent plus spécifiquement de la Normandie).



Ces doubles haies servaient à la fois de chemins balisés pour conduire le bétail d'une pâture à l'autre ou de l'étable à la pâture, servaient au drainage naturel en cas de fortes pluies tout en ralentissant admirablement le ruissellement des eaux et en maintenant une humidité lors des mois les plus chauds. Avec leur effet tampon, elles luttaient donc activement contre l'érosion des sols, la pollution des nappes phréatiques et le besoin d'irrigation qui pille actuellement les ressources en eaux en bon nombres d'endroits en France ou ailleurs. C'était aussi, un abri naturel qui permettait aux vaches de bien supporter à peu près tous les climats en toute saison (ombre l'été, rempart contre la pluie et le vent, etc.), c'était un réservoir incalculable de biodiversité. Je pense notamment à une espèce autrefois très répandue comme la tourterelle des bois (Streptopelia turtur) qu'on ne rencontre quasiment plus dans ma Normandie natale, faute d'environnement adéquat.



C'était un système pérenne et non polluant qui a fait ses preuves pendant plus de mille ans avant que le XXème siècle et sa manie de vouloir tout mécaniser et sa prétention de tout savoir mieux que ceux qui avaient précédé ne vienne tout casser. SI bien qu'on a arraché ces haies (les Bretons savent de quoi je parle avec le traumatisme du remembrement avec les conséquences désastreuses pour les minces sols et les nappes phréatiques bretons, coincés qu'ils sont sur un socle en granit) en disant aux agriculteurs qui avaient toujours fait de la même façon : « Faites différemment, utilisez des engrais chimiques, donnez du maïs aux vaches, faites des ensilages, donnez des tourteaux de soja, mécanisez-vous, faites des grands bâtiments hors-sol, en un mot comme en cent, devenez IN-DUS-TRI-ELS ! »



En fait, Aymeric Caron confond le fait de consommer de la viande et le fait que la production soit devenue industrielle, sous l'effet combiné des banquiers (ces magnifiques banquiers que j'adore), de la grande distribution (ô, grande distribution de mon cœur !) et de l'ouverture des frontières à tous vents pour de la viande venue d'ailleurs et produite dans des conditions qu'il ne vaut mieux pas détailler (Ah ! la magique mondialisation et la somptueuse OMC, comme je vous aime !).



Savez-vous seulement, mon brave Aymeric Caron ce qu'est de la viande ? Le top du top de la viande, la Rolls-Royce de l'entrecôte, c'est de la génisse de 4 ans, si possible d'une race mixte et non d'une race à viande (je ne parle évidemment pas des vaches laitières de réforme puisqu'on ne peut décemment pas appeler ça de la viande), pour la bonne et simple raison que dans les races à viande actuelles, la sélection a été tellement faite sur le muscle et avec une telle volonté de proscrire le gras qu'on en a perdu du même coup toute la saveur, tout l'intérêt gustatif et même sa texture. Une entrecôte, ou, mieux encore, une araignée, ce n'est pas rose, ni rouge, ni uniforme comme ce que l'on vous propose avec une magnifique étiquette " jeune bovin ", appellation qui en terme gastronomique signifie " grosse infamie ".



Non, une entrecôte ou une araignée c'est sombre, de couleur violacée, et c'est constellé de fines inclusions de gras blanchâtres ou jaunâtres : on appelle ça " persillé ". C'est joli à voir tellement c'est irrégulier, tellement cela ne ressemble à aucune autre, cela pourrait se comparer à une belle roche métamorphique, comme un gneiss avec ses inclusions de feldspaths. Cela a pris longtemps à faire : quatre longues années dans les herbages à la belle saison et du foin à volonté l'hiver. Il n'y a besoin de rien d'autre, simplement du temps et de l'herbe et l'œil expert d'un éleveur pour savoir s'en occuper si elle est malade et pour savoir la faire abattre au moment idéal d'engraissement, ni trop, ni trop peu.



Malheureusement, cette qualité, ce travail, cette non pollution, cette activité économique honorable, plus personne ou presque n'est plus prêt à la payer à sa juste valeur. On ouvre les portes de n'importe où et on fait venir n'importe quoi si bien que les prix invariablement baissent. Mon père vend son kilogramme de viande à peu près au même prix qu'en 1983 avec une conversion du franc à l'euro. Vous connaissez un domaine où les prix n'ont pas bougé depuis 1983 ?



SI bien que les petits éleveurs ne vivent plus du fruit de leur travail mais du complément apporté par les primes européennes. Les éleveurs de veulent pas de ces primes, ne veulent pas faire la manche ni cirer les bottes de Bruxelles. Ils veulent juste vivre du prix de vente de leur travail et ce travail, je ne le répèterai jamais assez, sachez qu'il est dur et prenant et qu'on finit à 65 ans avec le dos bousillé, les mains caleuses et tordues dans tous les sens et la démarche trainante et qu'on ne fera visiblement pas un centenaire.



Donc, les petits éleveurs crèvent, les uns après les autres, et ne survivent (mal certes) que ceux qui font de l'industriel, la négation de ce qu'est la bonne viande et la production durable de viande. De sorte que plus l'on boycotte la viande, comme ce que préconise ce sinistre faible penseur de Caron, plus on favorise, plus on sélectionne par un processus quasi darwinien les pires éleveurs, qui font la pire viande et la moins durable. Celle qui est bien rose, sans une once de graisse, celle qui s'intitule " jeune bovin ", c'est-à-dire du taurillon de 2 ans, une hérésie, mi-veau mi-bœuf, qui n'a consommé que des ensilages abjects traités à l'acide propionique et d'origines les plus douteuses (les sojas OGM américains, par exemple, parmi une liste fort longue). [Juste pour info, ceux qui remplacent les protéines animales par des protéines de soja, renseignez-vous un peu sur votre sensationnel soja ; on va rigoler cinq minutes.]



Quand à l'argument saugrenu des tenants de la vie animale. C'est tellement juvénile, c'est tellement non réfléchi, c'est tellement facile à battre en brèche voire à humilier que je n'éprouve aucune satisfaction rhétorique à les contre-dire. Je vais juste souligner un tout petit problème logistique d'approvisionnement car il va bien falloir, lorsque plus personne ne consommera de viande, et donc, n'en produira, qu'ils trouvent, ces amis des bêtes, une solution alternative pour nourrir leurs millions de chiens et de chats, leurs petits amours d'animaux de compagnie qui ne raffolent pas spécialement de la salade ni des pois chiches...



Ouvrez les yeux ! Réfléchissez ! Depuis que l'homme est homme il mange de la viande, c'est ça qui lui a permis de survivre aux grandes glaciations et dans les zones les plus hostiles de la planète (allez dire aux Inuits que manger de la viande, ce n'est pas bon pour la planète, ah ! ah ! ah !, la bonne blague !) et parce que les mièvres Aymeric Caron et consort, avec leurs petits derrières bien propres et parce que du haut de leur infinie science (entendez la contrepèterie qu'on peut faire avec ces deux mots) ils ont trouvé ça tout seuls et qu'ils ont la possibilité d'ouvrir la bouche grand comme des hippopotames devant un micro de bas aloi ou une caméra dénuée de talent, il faudrait que l'humanité entière se convertisse ?



Et quand l'humanité convertie se rendra compte que c'était une grossière erreur et se retournera pour lui mettre son poing, il ne lui restera même plus assez de dents dans sa gueule de végane pour opposer une résistance honorable et digne de ce nom.



Souvenez-vous monsieur Caron, plus de mille ans de pérennité pour le système d'élevage traditionnel, ça fait un paquet de générations qui n'ont pas trouvé mieux, un paquet de générations qui ont su utiliser leur environnement de façon durable et optimale, sans un seul gramme de pesticide ni de produit chimique. Ce que vous voyez, c'est l'élevage industriel, ce à quoi je veux bien me joindre à vous pour dire qu'il est un scandale et un outrage aussi bien aux personnes qui les mangent qu'aux animaux qui le subissent.



L'ennui, c'est que vous jetez le bébé avec l'eau du bain : la production industrielle de viande est un scandale ERGO il ne faut plus manger de viande, quitte à faire crever ceux qui justement luttent avec leurs faibles moyens pour de la qualité et de l'élevage durable et respectueux. Sachez enfin, monsieur Caron, que les quelques fois où j'ai vu mon père pleurer, il y a bien la moitié des fois où c'était suite à la mort d'un animal pour lequel de toute son âme il avait fait, de longs jours ou de longues semaines durant, tout son possible et même un peu plus pour le maintenir en vie ; mais la nature est parfois ingrate et ne paye pas de retour le mal et la peine qu'on se donne.



Si bien que de tout cela, cher monsieur Caron, permettez-moi de vous dire que je vous désavoue totalement et que cet avis, qui n'est que mon avis, je vous le jette à la figure, mais j'aimerai autant qu'il fût un coup de poing et qu'il vous enflât l'œil pour un bon moment. Au moins auriez-vous l'occasion de connaître l'un des autres mérites de l'escalope froide...



P. S. : Je me souviens encore, au début des années 2000, lorsque la Pologne est entrée économiquement dans l'Union européenne, elle qui comptait 60 % de sa population active vivant de près ou de loin de l'agriculture, dans de petites structures de type familial, que des reportages étaient consacrés à la " modernisation " (ça signifie " dégradation drastique " en terme de qualité des produits, je vous branche le décodeur) de l'agriculture polonaise.



On y voyait le commissaire européen dont j'ai oublié le nom, déambulant devant la caméra dans les campagnes, avec son costume, sa chemise blanche et son gros bide en-dessous qui expliquait aux paysans qui avaient fait ça toute leur vie comment il allait falloir travailler à présent. Et cette phrase, qui sonnait beau et fort dans sa grosse tête de technocrate : « Chaque agriculteur polonais doit apprendre à devenir un chef d'entreprise. » L'enjeu, c'était que la Pologne puisse ENFIN toucher les subventions européennes...



Ah ! comme c'est beau l'Europe vu comme ça ! (Hep ! et si, pour s'en sortir, on leur achetait leurs produits à leur vraie valeur ? P't-être ben qu'ils en auraient plus besoin des subventions européennes les Polonais, et les Français non plus, et les Espagnols non plus et plus personne même ? Car les subventions, c'est qui ? C'est tout le monde, enfin, ceux qui payent des impôts, j'entends, c'est-à-dire, ceux qui ont le moins de capital, car ceux qui ont vraiment de l'argent, eux n'en payent pas.



Voyez que la vie est bien faite car ce procédé permet aux intermédiaires qui sont pleins aux as, dont la grande distribution, de continuer à prélever leur petite rente. Donc, vous me suivez, ceux qui achètent payent deux fois l'impôt (une fois à la grande distribution, qui elle n'en paye quasiment pas pour les subventions à l'agriculture) et une fois dans les impôts classiques. Quant à ceux qui sont végétariens, végétaliens, véganes, méganes ou rogatons, ils payent quoi qu'il arrive dans leurs impôts pour que la grande distribution puisse continuer à saigner les éleveurs tranquillement. Lesquels éleveurs on perfuse de menues primes compensatrices juste avant le seuil létal.



Dans l'absolu, les seuls qui devraient payer sont les consommateurs de viande et l'essentiel de ce qu'ils payent devrait revenir aux éleveurs qui ont fait tout le travail et qui ainsi vivraient réellement de leur activité. Donc, non seulement, si vous ne consommez pas de viande (notamment de viande de qualité) vous renforcez ce que dénonce Caron, mais en plus, vous vous faites royalement avoir.



En somme, mon petit Aymeric, cogne-toi un petit steak de temps en temps, mais choisis-le bien, d'une génisse de quatre ans, d'une race mixte, comme la salers ou la normande ou les magnifiques petites races des montagnes, assure-toi qu'elle n'aura mangé que de l'herbe, et si tel est le cas, tu peux être sûr que le paysan ne sera pas un gros exploitant, il aura peut-être un peu tendance à rouler les r et à patoiser, glisse-lui ton petit billet dans sa grosse main tannée aux doigts gonflés et aux ongles noircis.



Il ne te parlera pas beaucoup parce qu'il ne sait pas trop faire ça, mais il aura comme une lueur dans le regard, un brillant qui ne s'appelle pas encore une larme mais qui en est l'embryon. Il ne te dira pas grand-chose mais au fond de son cœur il y aura quelque chose comme de la reconnaissance, parce qu'il aura compris que tu respectes son travail, et son travail à lui, c'est toute sa vie, les vaches c'est toute sa vie et il en a marre de se faire insulter et de se faire montrer du doigt par des gens qui n'y connaissent rien et parce que certains éleveurs sans âme salissent sa profession. Penses-y Aymeric et ferme-la un peu, ça nous fera des vacances.
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La revanche de la nature

En cette période anxiogène où tout est fait pour nous maintenir dociles en jouant, comme d’habitude, sur la peur et en faisant de l’autre un danger potentiel, qu’il est bon de se plonger dans un livre qui, sans nier la dangerosité du virus ambiant, démonte point après point les discours et les actes stupides de nos politiciens et de bon nombre de « savants » complices.



La revanche de la nature d’Aymeric Caron est un journal de bord commencé au premier jour du confinement et qui s’achève la veille de la liberté conditionnelle généreusement accordée depuis le 11 mai.

J’en entends déjà commencer à hurler : « encore un journal de bobo » pour rester poli. Alors pour éviter à ceux qui seraient enclins à ce genre d’appréciation, sachez que sur 255 pages, si on met bout à bout quelques instants de sa vie privée, on atteindra une quinzaine de pages. Des bouts de vie qui introduisent certaines démonstrations des élucubrations hallucinantes de politiciens, de médecins, de journalistes au jour le jour.



Pas de théorie du complot dans ces pages, pas de leçons non plus. Juste du bon sens. De ce bon sens qui fait tant défaut dans nos sociétés. Comme dans chacun de ses livres, Aymeric Caron appuie là où ça fait mal et forcément sa cote de popularité est assez proche du QI d’une Nabila. S’entendre dire qu’on s’est trompé toute sa vie sur la manière dont nous vivons n’est pas agréable c’est certain mais il y a pire. Avec un minimum de recul, s’apercevoir que toutes les objections que nous pourrions opposer à ses dires ne tiennent pas la route, ça peut piquer les yeux des rageux et des marionnettistes qui nous tiennent (Sibeth Ndiaye n’avait-elle pas dit devant les caméras il y a quelques mois, qu’elle assumait très bien le fait de mentir pour protéger Macron ? Il y a un chapitre sur elle avec retranscription d’émissions de radio où elle était invitée qui vaut son pesant de cacahuètes).

Ce virus est dangereux oui. Oui mais… attention c’est là que ça va piquer certains noeils, nous sommes les seuls responsables de cette pandémie comme de tant d’autres. Nos modes de vie nous conduisent dans le mur. Ce virus est un des murs en attendant le prochain, plus dur encore.

Tous les thèmes chers à l’auteur y sont abordés car tout est lié. Le mépris pour la nature, l’élevage, notre barbarie envers les animaux (d’élevage et sauvages), les inégalités et l’organisation de la société, en résumé, Le VIVANT, ce miracle perpétuel que nous souillons.

Toutes les incohérences politiciennes, médicales, policières des deux derniers mois sont pointées du doigt.

Se souvenir de notre vulnérabilité, entendre la nature qui meurt par nos mains, identifier l’essentiel, remplacer la puissance par la plénitude, accepter que l’humanité est une, assumer ses responsabilités, retrouver l’humilité, être cohérent, désobéir à la stupidité. Voici quelques titres de chapitres, enfin de jours confinés, pour convaincre que ce journal n’a rien à voir avec un truc creux sans aucun intérêt comme l’ont fait certains écrivains… Ah, j’ai oublié celui du dimanche 5 avril, être épicurien : déconsommer, un chapitre que j’aime particulièrement.



« Le sage évite tout excès de quantité, de nombre et de mesure, affirme l’un des tout premiers décroissants, Lao Tseu »

« Contrairement à une idée reçue, l’épicurisme est une recherche du plaisir… dans la modération. Il est donc logique d’affirmer : soyons épicuriens, décroissons ».



Mention pour le chapitre « accepter que l’humanité est une » où les fermetures de frontières sont mises à mal.

« L’homme n’est pas fait pour construire des murs mais pour construire des ponts, prête-t-on à Lao Tseu ».



Voilà le type de bouquin qui devrait se retrouver en tête de gondole dans tous les endroits où un livre est à vendre. Malheureusement, il faut fouiller pour le trouver. Etonnant non ?

Plus qu’un livre à mettre entre toutes les mains, c’est en plus un livre à faire circuler… comme ses autres titres.

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No steak

En tant que citoyen m’inquiétant pour l’avenir de notre planète, que dis-je, de l’humanité plutôt, la planète n’ayant pas besoin de nous pour survivre, je voulais m’intéresser au débat de l’alimentation et du régime carnivore. Aymeric Caron que je connaissais bien entendu par sa place médiatique au sein de l’émission « On n’est pas couché » s’attaque donc à ce sujet, une raison pour moi de lire son livre.



Cet essai est d’une grande richesse et parcours de nombreux domaines tel que la politique, l’écologie, la sociologie, l’économie, la religion, l’histoire... Le tout détaillé en huit raisons d’arrêter de manger de la viande.



- RAISON N° 1 – PARCE QUE LA VIANDE DÉTRUIT LA PLANÈTE

- RAISON N° 2 – PARCE QUE NOUS SOMMES INCOHÉRENTS AVEC LES ANIMAUX

- RAISON N° 3 – PARCE QUE L’ON N’ASSUME PAS LA MORT DE L’ANIMAL QUE L’ON MANGE

- RAISON N° 4 – PARCE QUE L’AMOUR DE LA VIANDE EST CULTUREL, PAS NATUREL

- RAISON N° 5 – PARCE QUE NOUS N’AVONS PAS BESOIN DE VIANDE POUR VIVRE

- RAISON N° 6 – PARCE QUE LES ANIMAUX QUE NOUS MANGEONS NOUS RESSEMBLENT

- RAISON N° 7 – PARCE QUE LA MORALE NOUS COMMANDE D’ARRÊTER LA VIANDE

- RAISON N° 8 – PARCE QUE LE VÉGÉTARISME EST MODERNE DEPUIS DES MILLÉNAIRES



Malgré ce découpage, on ne sent pas vraiment une envie de l’auteur de nous mépriser, nous, mangeurs de viande. Bien au contraire, ce livre se repose sur des constats, sur des pensées, sur des déplacements de l’auteur et de ses rencontres avec d’autres personnages ou visions du monde. C’est bien là la force de ce livre !



Concernant le fond maintenant, la première raison dite écologique est amplement justifiée et rejoint même la quatrième raison. Pourquoi mangeons-nous de la viande ? Parce que cela nous procure du plaisir, ce n’est pas vital loin de là, c’est même contre-productif. Pourtant le plaisir n’est-il pas dans le fait de manger autour d’une table avec une bande d’amis ? Nous sommes tellement ancrés dans une société aveugle que nous en oublions bien souvent d’en prendre du recul. Oui l’élevage pollue (30% des GES) et gâche un potentiel énergétique énorme ! De plus, l’auteur le rappelle bien, mais un végétalien ne manquera pas d’éléments essentiels à conditions d’avoir une alimentation raisonnée.



Un autre aspect détaillé dans ce roman est l’aspect barbare de l’élevage et du devenir des animaux qui en sortent. On ne peut qu’approuver qu’un élevage intensif soit inhumain et que les pratiques de certains abattoirs laissent à désirer. Seulement, je ne suis pas forcément d’accord avec l’aspect évolutionniste du propos de l’auteur. Il justifie le végétarisme de par la complexité des animaux. Par exemple, pour lui, il est plus normal de manger des végétaux plutôt que de manger des insectes. Du point de vue évolutif, tout cela laisse à désirer : les premiers insectes datant du Dévonien alors que les angiospermes datent du crétacé. Mais bon c’est aussi parce que de mon point de vue, l’entomophagie et la grande solution aux problèmes alimentaires tant la biomasse disponible est conséquente et le rendement énorme. Surtout qu’on oubliant qu’il s’agit de vers ou de criquets, on ne voit pas la différence avec un bon poulet. Le problème ne vient pas tant de l’idée de tuer pour se nourrir mais bien d’adapter notre alimentation à la réalité du monde actuel. Tuer une vache et tout aussi tragique que de tuer un plan de maïs, les deux composant un même agrosystème...



Ce qu’il m’a manqué également, c’est peut-être ce lien qu’on aurait pu faire entre les animaux et les végétaux dans le sens, ok les animaux se nourrissent des végétaux mais sont également une richesse vis-à-vis des cultures. Sans oublier que les cultures intensives OGM roundupisé ne valent pas mieux qu’une culture intensive de poules en cages.



Bref il faut contraster tout cela, c’est un propos très complexe de notre temps, ce livre bien que complet nécessite des lectures latérales. Déjà bien avant de passer au végétarisme, voir au végétalisme, arrêter de manger de la viande matin, midi et soir, arrêter de prendre des œufs de catégorie 1 2 ou 3, arrêter d’alimenter des multinationales à la con, arrêter de ne pas acheter bio, arrêter de s’empoisonner aux pesticides ou aux nitrates. Devenir un Eco-citoyen responsable qui mange moins mais mieux et qui trouve son plaisir, non pas dans la bouffe, mais dans ces moments partagés autour d’un bon repas sain et équilibré.

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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Je sais , je sais , je ne vais pas me faire des amis en parlant de ce livre , et je l'assume .

Je ne suis pas d'accord sur tout avec Aymeric Caron , certaines de ces positions politiques sont contraires aux miennes , telle est la democratie .

Je le rejoins par contre totalement sur le sujet des animaux .

J'ai vécu toute ma vie avec des animaux , je les considère comme des humains à part entière .

Quand je lis ce livre , je retrouve la plume très consciencieuse de ce monsieur , ïl sait ce qu'il dis , contrairement à ce que certains pensent .

Ce livre est une méthode , le récit d'une expérience de vie , une maniere de prendre conscience , et de faire prendre conscience aux gens , de la souffrance des animaux .

Oui , il est hèlas normal dans nos sociétés gangrenées que la violence , la cruauté sur les animaux soit tolérées , voir meme hèlas encouragées quand il s'agit d'animaux de laboratoire ...

L'être humain fait du mal parce qu'il le veut , parce que c'est dans sa nature , non pas que les animaux eux memes ne soient pas cruels , ils le sont , mais ce n'est pas la même cruauté .

L'homme lui , veut du cuir , veut des sacs en croco , veut des fourrures , ect , alors pour satisfaire sa vantardise , eh bien ïl torture les animaux , avant de leur ôter la vie .

Et cela est considéré comme nomal !!!

Que voulez vous , Ïl fâut bîen que l'homme inculte brille en societe !!

Les politiques font la sourde oreille bien sur , on ne veut pas brusquer les gens , alors on laisse faire tout en condamnant devant la presse...

Que dire des élevages ....

On ne cesse de faire des reportages sur ces braves agriculteurs qui font naître des veaux , des agneaux , c'est mignon sur TF1 dans le monde merveilleux de Jean Pierre Pernaut ...

La vérité c'est que ces braves agriculteurs n'ont qu'une obsession , envoyer ces animaux à la mort , dans des conditions barbares , dont un malheureux agneau écartelé vivant , un cochon que l'on brûle par sadisme , un veau et un cheval que l'on découpe vivants , ect .

Les agriculteurs savent cela , ils le savent très bien ...

Mais ils s'en moquent , ils ne voient que leur bénéfice ....

Je n'oublie pas les requins massacres à la Reunion , île de barbares , ni les caïmans tués par des bourrins pour une émission de télé réalité debile sur M6 ...

Les exemples sont nombreux , chacun le sait , qui bouge ?

Qui prend le taureau par les cornes , et va dire aux toreros qu'ils sont des sadiques ?

M.Caron lui le fâit .

Son livre c'est une ode au respect de l'animal , c'est un livre important , qui fait preuve d'une rigueur irréprochable , d'une profondeur intellectuelle qu'il faut saluer .

Je conseille à tout ceux qui aiment les animaux de lire ce livre , car c'est un opus qui fera date .
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Utopia XXI

Un livre que l’on m’a prêté. Très rapidement j’ai eu envie de cocher des passages. Et plus j’avançais, plus il y en avait. Si bien qu’à un moment, je n’ai pas pu résister, j’ai coché, encore et encore. Et du coup, j’ai acheté le livre pour en rendre un intact à la personne qui me l’avait prêté.

Bravo monsieur Caron !

Une mine d’informations, de références, de Montesquieu à Marx, jusqu’à des économistes, des philosophes contemporains.

Aymeric Caron aborde tous les sujets politiques, sociaux et économiques, d’une manière si limpide que, malgré des sujets aussi complexes, on comprend tout.

C’est bourré d’évidences, de solutions simples et justes. Utopiques, pas tant que ça, mais difficilement réalisables dans le sens où les puissances financières ne sont pas prêtes à lâcher le morceau, si lucratif.

Pratiquement tous les sujets d’actualité sont abordés et traités d’une manière très objective et pertinente.

512 pages, sans que ce soit lassant ou hermétique.

L’auteur a mis en mots pratiquement tous mes ressentis et mes impressions sur la société actuelle.

Mais le plus, c’est qu’il propose des solutions qui, dans l’absolu, sont réalisables.

Je rêve d’un monde comme il le propose.

Le plus rageant, c’est que c’est possible, c’est faisable.

C’est un ouvrage extrêmement complet qui représente un travail colossal.

CA… RON ….PRE…SI…DENT…..

Et la France, et le monde, seraient tellement plus justes

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Utopia XXI

Attention, ce billet pourrait sembler violent et partisan à certains d’entre nous. Si violence il y a, elle n’est que dans la remise en cause de notre mode de vie, de nos formatages et de nos lâchetés. Si parti pris il y a, il est assumé.



Utopia XXI, d’Aymeric Caron. Pas facile de commencer un billet car l’utopie prête à sourire dans le meilleur des cas, voir à la moquerie allant jusqu’au dénigrement. Quand à ça on ajoute Aymeric Caron que la plupart d’entre nous définissent comme un bobo arrogant, méprisant et donneur de leçons, ça n’aide pas.

J’hésite à adopter la méthode de Notre Dame de Babélio qui avait fait de son billet sur « Antispécisme » un réquisitoire contre l’homme Caron sans avoir lu le livre, en me faisant « avocat » d’un homme de conviction dont j’ai lu le bouquin. J’avoue avoir été très tenté de répondre ici puisqu’on m’a interdit l’accès là bas (il y a longtemps) mais le si agressif Caron a par sa pensée imprimée sur papier, réussit à me faire adopter un angle plus modéré et de laisser de coté l’ironie qui me titille.



Avec Utopia XXI, Aymeric Caron continue de prouver qu’il est un homme de convictions. C’est probablement ce qui nuit à son image. C’est vrai qu’aujourd’hui mettre en accord ses actes et sa pensée devient un bien de plus en plus rare (perso, j’ai souvent du mal dans certains domaines) surtout quand il s’agit de la vie de la cité pour ne pas dire de la planète.

Utopia XXI à première vue c’est de l’enfonçage de portes ouvertes, des évidences. Mais…



— Quand il pleut, ça mouille.

— Oui merci t’es gentil mais te vexe pas, c’est pas un scoop. Et puis fais pas chier, je suis trempé.

— ???

— Ben il pleut...

— Et t’avais oublié que la pluie ça mouille.

— Euh… ta gueule.



Voilà, après quelques pages, bien trempé, on s’enrhume et on se dit que oui tout est évident, que tout n’est que bon sens et pourtant nos sociétés sont en rade en panne des sens.



Le livre est construit en trois parties. Songe, Mensonges, Rêves.

On commence le Songe par une interview imaginaire d’un habitant (descendant de Thomas More, auteur d’Utopia il y a cinq siècles déjà…) de l’île Utopie qui évoque la vie chez lui et met le doigt sur les aberrations de notre système. Caron se met dans la position de l’intervieweur contradicteur en opposant à l’utopiste les objections les plus courantes faites en général par la bien pensance ambiante dans nos pays soit disant développés…

Quelques claques plus loin (j’avais prévenu que ça allait être violent) avec des sujets comme l’argent, le logement, l’écologie, le droit des animaux, le travail, la justice, la liberté, le temps libre, le communisme, le religion et quelques autres réjouissances, les deux hommes se séparent d’accord sur la conclusion à tirer de ce choc des consciences et inconsciences de l’homme. C’est pas gagné mais ça vaut le coup d’essayer d’aller à contre courant.



Cette petite introduction de 120 pages nous amène naturellement au constat à charge (comment pourrait-il en être autrement) sur notre société, sur notre quotidien, notre soumission, notre passivité, en un mot sur notre responsabilité.

Les Mensonges que sont les concepts de la démocratie, du travail, de l’argent, du terrorisme, de la nation, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité pour ne citer que les grandes lignes, sont disséqués un à un par l’auteur avec nombre d’exemples (avec références) venant appuyer une plaidoirie sans faille contre notre système sclérosé par l’argent, le pouvoir, la bêtise et la peur.

A la fin de chaque sujet, des propositions « utopiques » bien argumentées qui feraient grincer des dents bon nombre de « non futurs lecteurs » s’ils se plongeaient dans ce livre. Des propositions qui tiennent la route bien mieux que ce qu’on nous explique à longueurs d’éditoriaux, de discours politiques, de journaux télévisés et autres instruments de lobotomisation.

Quelques exemples en vrac :

Un permis de voter après petit questionnaire au sujet du vote parce qu’il est vrai qu’on a tous un avis sur tout mais qu’on ne maitrise pas tous les sujets et que de s’en remettre à une traduction faite par un homme politique ce n’est même plus de l’irresponsabilité, ça relève de la connerie chronique aigue.

Plus aucun élu ne sera professionnel de la politique, semaine de quinze heures, revenu universel, salaire maximal, frontières abolies tout comme le scrutin majoritaire à deux tours, … oui j’entends quelques rires, quelques sarcasmes. Dit comme ça, je comprends mais ayez un peu de curiosité et lisez UtopiaXXI, seule une mauvaise foi de compétition peut trouver des objections valables aux arguments de Caron. On peut ne pas adhérer à tout (moi le premier, sur le mariage ou la justice par exemple) mais au moins y réfléchir même si on a pris l’habitude qu’on réfléchisse pour nous depuis toujours.



La dernière partie, Rêve, est une petite conclusion où Aymeric Caron explique un peu le cheminement de sa pensée et de son militantisme à travers son parcours. Je précise que ça ne fait qu’à peine vingt pages, ça évitera peut être à certains de parler de son égo…



Ce livre est à la fois déprimant et rassurant. Déprimant parce que malgré les évidences nous continuons à baisser la tête en allant droit dans le mur et rassurant parce que certains continuent malgré les embûches à croire qu’on peut changer les choses et à apporter sa contribution à un monde juste loin des considérations économicomerdicopolluantes.



J’ai fait long alors je vais terminer comme se termine le livre.

« Imaginons. Proposons. Risquons. Tant pis s’il nous faut pour cela sacrifier un morceau de carrière et quelques relations sociales. A quoi servent nos pas sur Terre, si nous passons pour nous taire ?

Réveillez vous, rêvez.

Début »

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No steak

No steak mais aussi no escalope, no tripes, no rognons…échine, poitrine, travers, palette, rouelle, gigot, demi-coffre, lamb & mutton shop et autres affriolants abats, des amourettes au thymus. Le livre d’Aymeric Caron revendique le végétarisme le plus complet, duquel il exclut également le poisson (parce qu’il s’agit d’un être sentient) et le lait (parce qu’il résulte de l’exploitation de dames laitières), avec une exception toutefois pour les œufs, les yaourts et le miel (les abeilles ne souffrent pas de l’exploitation mellifère ? il suffit de voir le film Des abeilles et des hommes pour en douter).





Estimant que nous n’avons plus besoin d’informations objectives pour nous convaincre de la pertinence qui sied au régime végétarien –et en effet, ces dernières années ont permis à n’importe quel quidam de prendre connaissance des conditions d’élevage industrielles des animaux par le biais de multiples documents et vidéos-, Aymeric Caron se propose plutôt de bâtir une petite philosophie du végétarisme. Manque de pot, cette philosophie est plutôt foutraque et tient de guingois, malgré la séparation de ce No Steak en plusieurs pièces argumentatives de choix. On veut bien considérer avec intérêt chacun des chapitres : ils valent ce qu’ils valent, certains étant très instructifs lorsque d’autres sont d’une démagogie qui nivelle le discours par le bas. Le bémol principal apparaît lorsque l’enchaînement des chapitres fait ressortir des contradictions violentes qui ne sont pas imputables à la condition du végétarien en général, mais qui sont le résultat de mascarades, révélation des divers costumes que revêt Aymeric Caron pour mieux convaincre (embobiner) son lecteur. No steak donne ainsi la regrettable impression de déambuler à travers les rayons d’un magasin proposant différents packs de « régime sans viande ». Les marques nationales sont le « végétarien », le « végétalien », le « végane », le « flexitarien » et le « pesco-végétarien » ; les marques discount excluent les bébés animaux ou permettent de se racheter de la souffrance infligée aux animaux d’élevage par la vénération louée aux animaux de compagnie ; les marques de luxe excluent tout produit animal alimentaire jusque dans l’huile de palme contenue dans les biscottes, les gâteaux industriels, les céréales mais aussi les produits cosmétiques. A partir de là, la prise de position dégénère vite puisque, comme le disait le Groland : l’homme qui ne pollue pas est un homme mort. Mieux que ça : puisque l’homme mort continue à influencer son environnement en se décomposant et en rejetant des particules néfastes pour l’atmosphère et les sols, l’homme qui ne pollue pas est l’homme qui n’existe pas. Mais l’homme qui n’existe pas ne peut rien faire pour améliorer la vie sur terre.





Le discours d’Aymeric Caron est souvent agaçant car il transforme le végétarisme en compétition. Qui sera le plus cohérent ? le plus intègre ? le plus incorruptible ? Même s’il approuve la moindre tentative visant à diminuer sa consommation de viande, Aymeric Caron ne peut s’empêcher de faire son apparition et de fanfaronner discrètement sur les victoires de son engagement contre ses goûts et instincts alimentaires originels. On comprend qu’il soit fier de lui et qu’il veuille démontrer que ses efforts ne sont pas vains, puisqu’ils lui permettent d’améliorer son estime de lui-même, mais ce comportement risque aussi de laisser dubitatif le lecteur qui n’aurait pas encore atteint son niveau de végétarisme : il faut avoir vraiment souffert d’abnégation pour ne pas pouvoir s’empêcher de réitérer à tout propos la preuve de la pertinence de son engagement.





Mais peut-être No steak ne me convint-il pas car Aymeric Caron et moi ne partageons pas le même point de vue philosophique ? S’il est une partie de son livre que je trouve indispensable, c’est bien celle-ci : « Parce que la morale nous commande d’arrêter la viande ». En évoquant Descartes, Rousseau Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione, Jeremy Bentham…, Aymeric Caron nous fait prendre conscience des principes moraux qui peuvent entraîner chaque individu vers le végétarisme (ou loin de lui). Si l’auteur se juge plutôt déontologiste et abolitionniste, je me situe plutôt du côté des welfaristes, conséquentialistes et utilitaristes (on découvrira également l’existence des spécistes et anti-spécistes, des anthropocentristes, des pathocentristes, des biocentristes égalitaristes et des biocentristes hiérarchiques, et enfin des holistes : tout un programme !). Ce qui me sépare d’Aymeric Caron est donc énorme : si lui souhaite voir disparaître toute forme d’exploitation animale aboutissant sur une mort précoce et douloureuse parce que l’animal est un être sentient, je considère que cette position est naïve car elle nie la dimension inéluctable de la mort et le caractère absurde de toute existence. Pour un peu, Aymeric Caron nous ferait presque de la psychanalyse animale : au nombrilisme humainement égoïste succèderait le nombrilisme animalement altruiste. Pauvres bêtes ! elles sont exploitées, souffrent et doivent mourir -oui, et alors ? C’est le sort réservé à tout être vivant. L’argument le moins approprié surgit lorsqu’Aymeric Caron croit bon d’évoquer ces scènes qui ont ému l’opinion publique, dans lesquelles on voit intervenir un animal d’une espèce X pour « sauver » un animal d’une espèce Y comme preuve de la bonté et de la gratuité altruiste du comportement animal. On peut aussi n’y voir qu’une nouvelle démonstration d’anthropomorphisme.





Plus généralement, No steak donne l’impression d’être avant tout un ouvrage en la gloire de l’homme (végétarien, végétalien ou mieux encore végane). L’intérêt porté par Aymeric Caron aux animaux est incontestable mais sa réflexion ne se poursuit pas à long terme. L’énumération intarissable des célébrités végétariennes laisse interrogatif : s’agit-il d’ajouter son nom à ce Panthéon des héros quotidiens ? Devient-on végétarien parce qu’« une étude menée en 2011 par des étudiants de Harvard semble [.. ;] l’attester : après avoir interrogé différents groupes de population sur leurs pratiques sexuelles, ils ont conclu que les végétariens sont plus nombreux que les autres à pratiquer le sexe oral ! » ?





Aymeric Caron est un conséquentialiste qui s’ignore : tous les moyens sont bons pour convaincre le premier lecteur venu à se convertir au végétarisme. C’est la raison pour laquelle son livre fait se côtoyer la fierté la plus puérile et la plus naïve à la portée symbolique, morale et historique de son steak synecdotique.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Abolition

Tous les écologistes sont daltoniens, ils voient vert partout". (Raymond Devos)





Lorsque le député de la 18e circo de Paris a revêtu, le temps d'un instant, les habits de rapporteur du projet de sa proposition de loi, pensait-il, à l'instar de son prédécesseur R. Badinter - le talent en moins, le ridicule en appoint - défendre l'abolition de la peine de mort en France ? J'ai voulu en connaître davantage par la lecture de son ouvrage.





Aymeric Caron connaît les taureaux et la corrida autant que je connais la culture de la patate en terre de Patagonie.





En regardant les chiffres Edistat (tenue des statistiques des ventes de livres en France), je constate qu'après avoir péniblement vendu 400 exemplaires, Aymeric Caron a, au fond, causé plus de mal aux arbres et à l'écologie qu'il n'a fait de bien aux taureaux...





Moralité, tant que les bovidés ne sauront pas lire, ils sont à l'abri du best-seller !
Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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No steak

Lorsqu'il faisait la promo de son livre, je me souviens, Aymeric Caron prenait soin de signaler que son ouvrage n'était en rien un manifeste du style "Arrêtez tous de mangez de la viande, c'est mal !". Ce n'était pas l'objectif qu'il affirmait s'être fixé.



En effet, il s'agissait avant tout d'amorcer une réflexion sur nos modes de consommations alimentaires, et ce à l'échelle de la planète. Et le contrat semble plutôt rempli puisqu'autour de moi, même des non-végétariens l'ont lu (même s'il faut bien l'avouer, ce n'est pas la majorité du public de cet ouvrage) et semblent un peu plus enclin à échanger avec ceux qui ont choisi un régime alimentaire excluant les aliments d'origine animale (à des degrés plus ou moins marqués, de l'ovo-lacto-végétarien (végétarien acceptant de consommer des oeufs et des produits laitiers - ce qui est mon cas) au vegan, qui "ne consomme que végétal", pour le dire très schématiquement).



Ensuite, ce qui fait, ici, la "force" du propos, c'est que le livre fourmille d'anecdotes présentées avec humour et bonne humeur, mais aussi de centaines d'infos concrètes, chacune étayée de références précises, permettant à chacun(e) de retrouver la source de ce qui est avancé par l'auteur. Ces notes, présentées en fin d'ouvrage, sont une véritable mine d'informations !



Enfin, à chacun(e) de prendre quelques instants, le temps de la réflexion, et de repenser à cette question toute "simple" : et maintenant, que fait-on ?





Bonne lecture !!

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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Enfin un livre bien construit, détaillé, très bien pensé sur les absurdités des inégalités des droits des animaux non humain. Je tiens juste à dire que si vous n'aimez pas la personnalité de l'auteur ou bien ses travaux précédents, ne vous arrêtez pas à ça, car le discours tenu dans ce livre est essentielle voir fondamental.



Surtout que le soin apporté à l'argumentation est remarquable. L'auteur aborde l'antispécisme à travers tous les aspects de la vie, en passant par la génétique, la philosophie, la culture...etc; et il aborde ce thème de manière à ne perdre personne en route.



Toute est très bien expliqué même les sujets qui pourraient, de prime abord, apparaître comme inaccessibles et que l'auteur explique suffisamment pour bien nous faire comprendre sa réflexion et nous pousser plutôt que de nous tirer durant cette réflexion.



Étant moi-même antispéciste, je me suis complètement retrouvée dans la pensée de l'auteur mais j'ai aussi appris énormément de choses auxquelles je ne m'intéressais pas vraiment, et pourtant il a su éveiller ma curiosité.



Un autre point du livre que l'auteur a très bien gérer, ce sont les données et les chiffres. Car contrairement à ce que je pensais, ils ne sont présentées que comme exemple dans l'argumentation philosophique qu'il y a derrière, et j'ai trouvée ça vraiment très appréciable.



Le fait de ne pas être submergé des chiffres qui sont mis en avant, est une très bonne chose dans la construction de l'argumentation. Ils sont là pour habiller la structure de sa réflexion, comme la peinture d'un tableau et non pas en tant que dessin ou cadre lui-même.



L'auteur souligne parfaitement les aberrations de la cruauté animale mais aussi de nos comportements vis-à-vis d'eux. Les parallèles sont très bien choisis, la réflexion ne se perd jamais dans des fioritures ou des enjolivements inutiles, et donc ne nous perd jamais dans son cheminement.



Je ne saurais que trop vous recommander de lire ce livre, concis, précis, essentiel et crucial, un essai profond qui vous donnera matière à réfléchir sur le monde et votre façon de le voir.



Enfin bref...Un livre que je recommande à tous, une ode au respect, à la vie sous toutes ses formes, et à la vérité. Je n'ai pas de mot pour définir la nécessité de ce genre de discours aujourd'hui plus que jamais. Une réflexion déterminante sur l'humain, l'animal et la nature.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
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Incorrect

Voila enfin un livre écrit par quelqu'un qui va à contre courant de la "pensée" actuelle qui bascule à droite toute . Aymeric Caron est un homme que l'on ne peut pas museler et qui utilise à bon escient la liberté de parole. À l'image de Caroline Fourest il se démarque du troupeau qui suit sans réaction les vindictes populistesde la droite qui ici de Sarkozy à Le Pen en prend pour son grade . Il est bien que quelqu'un aborde avec intelligence les cas les plus rudes comme Renaud Camus, afin de démonter les "théories" de ce genre d'individu . De méme le trop célébre Zemmour , mais aussi Finkielkraut , Elizabeth Levy , sont au coeur de cette démonstratioan brillante de ce que peut produire un cerveau qui est en mode éveil . De méme il envoie un gros tacle salutaire à Naulleau qui à il est vrai , contribué à ce que ce triste sire qu'est Soral soit autant médiatisé. Il est vrai que faire un livre avec Soral n'est pas trés malin m.Naulleau .... Cet ouvrage c'est enfin la preuve que des journalistes indépendants sont encore présents dans cette contrée . Il démonte tout le lexique des droitiers avec intelligence , avec méthodologie . La seule chose que l'on peut reprocher , c'est au fond un peu le fait qu'il enfonce des portes ouvertes sur des sujets que ceux qui on déja lu les oeuvres de Caroline Fourest connaissent déja . Mais cela n'est en aucun cas problématique et n'enléve rien à l'intelligence de ce trés bon livre qui devrait étre présenté à la place du "jt" de Pernaut . Ouvrage de qualité et d'un courage indéniable .
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Utopia XXI

Cet essai est une mine dans les deux sens du terme. D’une part il renferme des idées et des concepts explosifs et inflammables, d’autre part il est un puits d’information sans fond et une source de discussions intarissable. Le lire c’est l’assurance de faire émerger des débats passionnants avec son entourage au cours des six prochains mois ! Voici un essai qui va vous secouer, vous agacer parfois, mais qui va surtout élargir les champs du possible.



Toutefois, ce qui m’étonne, c’est qu’on n’en recense que cinq critiques (toutes positives) sur Babelio. Franchement, ce livre mérite davantage d’intérêt et d’égards. Pourquoi me direz-vous ? Eh bien simplement parce que chacun peut y trouver des réponses originales aux questions qu’il se pose un jour ou l’autre : vivons-nous bien dans une démocratie ? Travailler dur est-ce la garantie d’une vie réussie et pleine de satisfactions ? La manière dont nous gérons notre temps permet-elle un vrai épanouissement ? Etc.



Incontestablement, le questionnement le plus éclairant de cet ouvrage est : existe-t-il une alternative positive et réaliste à notre monde actuel ? Et là, à mon grand soulagement, la réponse est OUI !



A ce stade, je vois venir l’objection de certains fatalistes qui se prennent pour des réalistes : « Ça y est, encore un essai naïf qui promet le paradis sur terre au gogo de service... »



Détrompez-vous, vous n’y êtes pas du tout ! En s’appuyant sur un important travail de recherche documentaire, Aymeric Caron commence par mettre le doigt sur toutes les « petites choses » qui devraient nous surprendre par leur iniquité, mais auxquelles on a tous appris à s’habituer faute de mieux. Ces bénignes avaries de nos démocraties parlementaires, lorsqu’on les place bout à bout, débouchent en réalité sur d’énormes problèmes sociaux, une perte d’espoir profonde par rapport au sens de la vie et un sabotage programmé de notre environnement naturel, humain et finalement économique.



L’essai débute par un état des lieux cinglant de la société dans laquelle nous vivons : « En France, la liberté est toute relative, l’égalité n’existe pas, et la fraternité deviendra bientôt un gros mot, tant elle est attaquée et discréditée par nos représentants politiques. On pourrait en dire autant de la justice, de l’empathie, de la compassion, de la générosité, de la non-violence (...)

Le tour de force des dictateurs aux petits pieds qui nous dirigent est d’avoir instauré un régime à leur service sans que nous, citoyens anonymes et tranquilles, nous nous soyons aperçus du coup d’État : nous avons doucement basculé vers un totalitarisme soft, bon teint, une tyrannie 2.0 où le costume-cravate remplace l’uniforme militaire. L’oligarchie au pouvoir a réussi avec brio son hold-up sur nos vies, en imposant son modèle politique et économique unique et en persuadant une grande partie d’entre nous qu’aucun autre n’est possible. »



Une fois ce décor peu reluisant (mais assez réaliste) campé, l’essayiste entame un dialogue à bâtons rompus avec un habitant actuel d’Utopia, une île isolée au milieu de l’Atlantique dont l’existence avait été « révélée » par Thomas More au XVIe siècle. Installés dans une confortable brasserie parisienne, les deux protagonistes vont échanger durant des heures sur des sujets aussi variés que l’argent et la propriété privée, le travail et le salariat, le temps libre, la justice, la démographie et l’écologie. A chaque fois, il s’agit de comparer la vie dans les pays dits « développés » avec celle sur Utopia.



Et, rapidement, on s’aperçoit que les différences sont importantes et rarement en notre faveur ! Alors, fort de ces pistes de réflexion, l’auteur nous présente une série de situations emblématiques du monde dans lequel nous vivons pour les questionner sans craindre de se mettre certains lecteurs à dos. En voici un exemple. « Le peuple des classes modestes et moyennes constate et subit l’évident échec des politiques néolibérales à l’œuvre depuis trente ans. Il voit le droit du travail qui rétrécit, les libertés individuelles qui sont grignotées, les difficultés grandissantes pour se loger, la pollution qui empoisonne, les salaires qui sont bloqués et l’emploi qui ne revient pas. Et en parallèle, il observe, médusé, les cadeaux consentis à ceux qui sont déjà plus riches que les autres. »



Fort heureusement, Caron ne s’arrête pas à ce type de discours qu’on pourrait qualifier de démagogique. A travers la bouche de son interlocuteur utopiste, il propose aussi des solutions parfois très innovantes. Un exemple parmi les dizaines dont ce livre regorge : la gestion du temps libre qui serait dégagé par une diminution conséquente de l’horaire de travail.



« Nous nous occuperons de nous, de nos proches et des inconnus qui ont besoin d’aide. Nous essaierons d’être heureux en choisissant enfin les activités dont nous souhaitons remplir notre existence. En multipliant les occasions de sociabilité, nous briserons la solitude qui s’abat sur des millions de personnes isolées. Nous ferons du sport ce qui nous permettra de réduire les coûts de la santé. Nous lirons ces livres laissés fermés sur la table de nuit. Nous apprendrons. Sans cesse. Et surtout, nous nous informerons afin de faire de la politique en lieu et place des professionnels qui nous gouvernent depuis des décennies en toute incompétence.

Ne voyez-vous pas qu’un emploi à plein temps nous empêche d’être de véritables citoyens ? Épuisés à la tâche, nous préférons déléguer la prise de décision à d’autres personnes qui, elles, bizarrement, ne travaillent pas. Certes, elles nous dirigent, mais elles ne produisent rien... »



Le grand mérite de cet essai c’est ainsi de mettre en relief les dysfonctionnements de la société dans laquelle nous vivons, puis de proposer des solutions parfois radicales pour en venir à bout. On peut y adhérer ou pas, là n’est pas l’essentiel. Par contre, ce qui est sûr c’est que cet ouvrage est « bon pour la tête », car il stimule notre capacité de réflexion et favorise le débat en couple, en famille ou en société de thèmes qui nous touchent tous, quel que soit notre obédience politique ou notre niveau social.



Pour conclure, je vais citer encore une fois Aymeric Caron : « L’histoire nous enseigne que les rêveurs sont ceux qui ont permis à l’espèce humaine de tendre vers le meilleur d’elle-même, en gommant certaines de ses laideurs. Et, contrairement à l’idée reçue, celui que l’on désigne comme un utopiste appréhende très souvent la société avec plus de clairvoyance que ses contemporains. Il identifie avant les autres un dysfonctionnement profond et s’évertue ensuite à le faire comprendre à la majorité. L’utopiste s’autorise à voir le monde tel qu’il est vraiment, afin de pouvoir le changer (...) A quoi servent nos pas sur Terre, si nous passons pour nous taire ? Réveillez-vous, rêvez. »

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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Avec Antispéciste, on a plus qu'un essai, on a tout un système de pensée développé, argumenté, sourcé sur les animaux au sens large du terme (animaux humains et non humains), l'éthique animale (nos devoirs envers les animaux non en tant qu'espèces mais en tant qu'individus), l'aberration morale, écologique mais aussi économique de l'exploitation animale. Aymeric Caron pousse même la réflexion sur le domaine politique, prônant une écologie essentielle là où il n'y a actuellement qu'une écologie molle, une écologie politique souvent plus soucieuse de pouvoir que d'actes.



Avant de vous fournir en détail le contenu de ce fabuleux livre, expliquons tout d'abord le titre du livre. Qu'est-ce que l'antispécisme ? C'est le contraire du spécisme qui consiste à traiter de manière différenciée les animaux selon leurs espèces même si leur sensibilité et leur intelligence sont comparables. On catégorise ainsi les espèces au sommet duquel trônerait l'Homme « forcément » plus important que les autres animaux. Ainsi, la souffrance de l'Homme serait plus importante que celle du chien ou du chat qui eux-même seraient plus importants que les cochons etc. Ce spécisme qui concerne plus de 90 % des personnes vivant dans nos sociétés occidentales est le terreau qui permet l'exploitation animale industrialisée dans un contexte de capitalisme et de consumérisme à outrance.



À partir de ce vocable quasi-inconnu en France, Aymeric Caron pose les jalons d'une réflexion faisant appel à plusieurs disciplines (philosophie, génétique, cosmologie, droit...) pour que nous prenions conscience de l'importance d'élargir notre sphère de considération morale, de nous repositionner à notre juste place dans le monde des vivants et de projeter un nouveau modèle économique et politique où la biodémocratie serait maîtresse.



La première partie intitulée L'animal que je suis donc, explique scientifiquement, notamment à partir de la génétique, que l'humain est un animal et qu'il n'y a entre les animaux non-humains et nous qu'une simple différence de degré, et non de nature. Il pointe ainsi le fait que les animaux non-humains possèdent des caractéristiques communes avec les humains notamment une conscience et une capacité à ressentir les émotions comme le plaisir, la douleur, la tristesse. Malheureusement, beaucoup de personnes sont animalosceptiques ce qui favorise l'exploitation animale. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la déclaration récente de Cristina Cordula sur la fourrure : le port de la fourrure ne serait ainsi pas condamnable si elle provient d'animaux d'élevage car ils seraient faits pour ça... bel exemple de spécisme ordinaire.



Dans une deuxième partie – L'animal assassiné – Aymeric Caron met l'accent sur la désinformation faite sur l'exploitation animale et notamment sur les conditions dans les abattoirs. Il nous donne l'exemple d'un documentaire TV sur une ferme où vivent paisiblement des animaux, choyés par leur éleveur qui leur donne d'ailleurs des prénoms comme des enfants. Mais quel humain envoie ses enfants à l'abattoir ? La question ne se pose même pas dans le documentaire car elle est occultée complètement et sciemment. C'est comme si on faisait un documentaire sur les camps de concentration et d'extermination en ne parlant pas des millions de morts... car qu'on le veuille ou non, l'exploitation animale est un génocide ininterrompu.



Dans une troisième partie – Pour la fin de l'exploitation animale – l'auteur aborde la philosophie morale en présentant une expérience de 1967 du philosophe Philippa Foot, le « dilemme du tramway » : serait-on prêt à sacrifier une personne pour en sauver cinq ? Par extension, est-on prêt à sacrifier plusieurs animaux pour sauver un homme ? Si le trait est poussé, il invite à réfléchir sur les notions de « morale », d' « éthique ». C'est aussi une introduction pour parler de manière plus approfondie de l'éthique animale, définie plus haut dans cette chronique, et notamment des différents courants la composant : le welfarisme et l'abolitionnisme. Les welfaristes ne sont pas opposés par principe à l'exploitation animale si les animaux sont dans des conditions d'élevage répondant à leur bien-être. Les abolitionnistes eux estiment qu'il n'existe pas d' « élevage heureux » et revendiquent donc la fin de toute exploitation. Aymeric Caron en profite pour expliquer que ces courants ne sont pas hermétiques et qu'il est possible ainsi d'être dans un entre-deux. Il exprime aussi les quatre droits fondamentaux qui devraient aujourd'hui être accordés à tous les animaux sensibles :



Le droit de vivre, donc de pas être tué ;



Le droit de ne pas être emprisonné ;



Le droit de ne pas être torturé ;



Le droit de ne pas être une propriété.



Dans la quatrième partie – L'antispécisme est un nouvel humanisme – Aymeric Caron démonte les arguments de ceux qui disent qu'il faut d'abord penser à s'occuper des humains avant de penser à la cause animale en montrant qu'être antispéciste c'est combattre toutes les discriminations aussi bien humaines que non-humaines. C'est ainsi une lutte universelle pour les opprimés, les plus faibles, les humiliés. Les défenseurs des animaux sont traditionnellement et par essence des humanistes. L'antispéciste est donc aussi contre le racisme, le sexisme et toute forme de discrimination envers les hommes. L'antispéciste a ainsi une sphère de considération morale très élargie car il conçoit le monde des vivants comme un tout : il est donc plus qu'un humaniste, il est anumaniste. Et si on doute qu'on puisse voir un jour les droits des animaux défendus par tous, l'auteur rappelle comment l'humanité a su faire évoluer sa pensée au fil des siècles (avec difficultés et des phases de régression il est vrai)... l'esclave est devenu un homme libre comme un autre, la femme est devenue un être humain comme un autre, l'homosexuel est devenu un humain considéré comme normal et non malade... Ce qui pour l'instant bloque pour reconnaître le droit des animaux et abolir l'exploitation, c'est le profit économique qu'on en tire. On souligne aussi l'impact négatif en terme d'emplois alors que les éleveurs sont devenus des esclaves de l'industrie agricole et qu'on consacre un budget faramineux pour soutenir une agriculture qui produit bien plus que nécessaire.



Dans la cinquième partie – Antispéciste comme Superman – l'auteur montre l'absurdité du modèle économique et politique dans lequel nous vivons : un monde capitaliste, consumériste mais qui n'a de cesse de creuser les inégalités et que pour autant nous acceptons. Il reprend ainsi le terme de « consentement à l'inégalité » de l'historien Pierre Rosanvallon. Les empires capitalistes et les hommes politiques qui soutiennent ce type d'économie font régner en maîtres la triche, le mensonge, l'arnaque. Il suffit de voir toutes les affaires telles que les Panama Papers pour admettre cet état de fait. Nous sommes dans un monde où le hold-up règne et avec le consentement servile de la population qui n'en profite pas. Pourtant, pour Aymeric Caron, l'entraide est « plus bénéfique que la compétition » d'autant plus que l'argent ne vaccine pas du malheur. Il convient donc aux humains de se révolter, de refuser de suivre les ordres sans morale : faire de la désobéissance civile.



Dans une cinquième partie – Pour une écologie essentielle – Aymeric Caron aborde véritablement l'aspect politique de l'antispécisme. Il montre tout d'abord que l'écologie telle qu'elle est défendue actuellement par nos partis écologistes est une écologie superficielle – ou une écologie environnementale – qui ne s'intéresse qu'à la pollution ou à l'épuisement des ressources. L'objectif est uniquement de limiter les dégâts alors qu'il convient de tout réformer. C'est finalement le succès de ce qu'on appelle le développement durable : exploiter de manière « raisonnée » les ressources naturelles pour laisser de quoi se développer à nos générations futures. Ce développement durable est d'ailleurs enseigné en géographie dans nos écoles (je le sais d'autant plus que j'étais prof d'histoire-géo il y a encore moins de quatre ans). Pour Aymeric Caron, on ne peut pas de limiter à atténuer les effets néfastes. De plus, cette écologie est anthropocentrée alors qu'elle doit être biocentrée c'est-à-dire ayant une réflexion morale sur tous les êtres vivants basée sur trois préceptes : « moins produire, moins se reproduire, mieux se conduire ». Pour cela, il convient donc de faire une révolution politique et démocratique ce qui nous amène à la dernière partie.



Dans Pour une biodémocratie, Aymeric Caron pose les jalons d'une nouvelle vision de la démocratie étendue à l'ensemble des vivants : la République du Vivant. Cette république doit notamment s'appuyer sur une assemblée parlementaire qui doit prendre en compte les intérêts de tous les vivants et des représentants pour les animaux non-humains. Exit également le Président de la République. Évidemment, vu que les enjeux sont mondiaux, la biodémocratie ne peut se limiter à la France ou aux pays européens : elle doit dépasser les frontières, s'internationaliser.



J'espère avoir résumé avec la plus grande fidélité possible les propos de ce livre extrêmement riche et exigeant. Il peut évidemment apparaître comme radical ou prétentieux mais les propos sont cependant plus nuancés qu'on ne pourrait le croire. Personnellement, je partage beaucoup de choses avec ce qu'Aymeric Caron développe, aussi bien sur les animaux que sur ce modèle économique et politique aberrant. Peut-être est-ce parce que j'ai également une sensibilité de gauche. La dernière partie sur les prémices d'une biodémocratie me semble cependant très utopique (Aymeric Caron affirme d'ailleurs que ce « programme » a un côté utopiste) mais surtout parce qu'elle n'est pas suffisamment développée. Cette partie a au moins le mérite de proposer des solutions – même très parcellaires– là où beaucoup de gens se limitent à sortir des constats de grande banalité sans propositions (je peux classer dedans la plupart des livres agaçants des hommes politiques). Aymeric Caron a t-il des projets politiques dans le futur ?
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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Quelle culture et quel passionné défenseur des animaux !



Etonnée surtout par l'étendue des connaissances de cet auteur qui passe en revue les différentes étapes de notre évolution dans nos rapports avec les animaux. Il revient, en premier lieu, sur les grandes avancées scientifiques qui ont bouleversé notre perception du monde : la théorie du Big Bang, la formation de la terre, la naissance de la vie et le développement des espèces, puis celle de l'ADN. Autant de découvertes qui heurtent notre égo, remettent en cause la place centrale et dominante de l'homme dans la création à cause notamment de chercheurs comme Copernic et Darwin. Du coup, la parenté entre l'homme et l'animal étant admise, il évoque en second lieu, les nouvelles branches de la recherche qui sont nées au XXs. D'abord l'éthologie qui étudie le comportement animal avec des personnalités comme Jane Goodall, Richard Dawkins ou Jared Diamond dont la conférence de Cambridge en 2012 est l'aboutissement puisqu'elle reconnaît une conscience aux animaux. Ensuite, l'éthique animale qui est fondée sur 2 courants, le welfarisme représenté par Peter Singer et l'abolitionnisme par Tom Reagan. Une conception philosophique qui, doit amener à une refonte du droit des animaux et à des transformations profondes de nos pratiques envers eux jusqu'à aller, selon Caron, vers la fin de l'élevage, de la corrida, de la vivisection, des cirques et des zoos. L'homme étant un animal, les autres espèces d'animaux non-humains doivent intégrer notre sphère de considération morale comme l'a proposé en premier, Singer, et être considérés dès lors comme des personnes, non des objets. Ce mouvement de libération s'inscrivant dans la logique de la lutte contre l'esclavage au XIXs. Et l'auteur de citer aussi quelques associations qui ont pris en charge ce combat comme Greenpeace, L214, Peta ou une personnalité telle qu'Henri Spira, l'un des militants les plus impactants dans ce domaine.

Or, parallèlement, l'auteur rappelle et décrit rapidement les pratiques les plus criminelles et douloureuses envers les animaux qui se sont développées dans un même temps. D'abord l'industrie de la viande qui a connu un grand essor, abat toujours plus de victimes (70 milliards par an) et fait tout pour masquer la cruauté des conditions de vie des animaux de ferme. Mais aussi l'élevage de la fourrure, le massacre des dauphins dans la baie de Taiji ou encore le trafic des espèces avec l'effondrement de la population chez certains animaux sauvages en seulement un siècle comme l'éléphant (-95%), le tigre (-97%) ou le lion (-80%) par exemple. Un vrai génocide qui se réalise dans l'indifférence d'un grand nombre et des politiques.



C'est pourquoi, l'auteur va plus loin et pense que l'éthique animale et plus largement l'écologie doivent aboutir à la mort du système capitaliste qui façonne notre monde aujourd'hui, cautionne et stimule l'exploitation animale ainsi que celles des ressources, accroît le pouvoir de l'oligarchie de la finance et des multinationales, dérégule l'économie et rejette l'interventionnisme de l'Etat. En ce sens, il désapprouve les tentatives d'écolos qui sont modérés et prônent par exemple, un capitalisme vert qui se contenterait de freiner ou limiter l'exploitation du vivant. Caron, lui, souhaite donner une incarnation à l'écologie profonde d'un Arne Naess et propose donc un nouveau projet de société comme la Biodémocratie. Outre Naess, des auteurs comme Shopenhauer, Tolstoï, David Thoreau, Karl Marx, Hugo, Zola, Gandhi ou encore Montaigne sont cités comme premiers penseurs de l'anticapitalisme ou de l'éthique animale. On voit l'esprit d'un homme qui a fait de nombreuses recherches dans ce domaine et qui possède une forte mémoire dotée d'un solide sens de l'analyse.



Enfin, venons-en au point sans doute le plus critique : celui du projet de Biodémocratie. Il s'appuie en partie sur les propositions d'un autre, un dénommé René Dumont qui envisageait le contrôle de la démographie et la nécessaire baisse de la production. Mais il laisse libre court aussi à son imagination avec l'idée d'un monde où les animaux retourneraient à l'état de nature sous la vigilance des humains , la formation d'un système politique qui inclurait un Comité d'experts sur le vivant, une Assemblée naturelle à la place du Sénat ou encore des orphelinats à la place des refuges, des tuteurs à la place des propriétaires pour les animaux de compagnie dont la liste serait à redéfinir. Bref tout un programme...Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est l'auteur qui va le plus loin sur ce sujet et se montre aussi le plus radical avec cette volonté d'incarner l'antispécisme et l'écologie dans une révolution politique. J'ai approuvé beaucoup de points, notamment la nécessaire réforme du droit pour les animaux qui doit être plus clair, plus logique pour lancer la réforme juridique qui en découle et j'ai été séduite par le changement de statut du propriétaire en tuteur accompagné d'un service administratif pour gérer l'état civil des animaux sous leur garde. Finit l'appropriation des bêtes considérées comme objet de commerce. De bonnes idées, c'est sûr même si je ne suis pas d'accord avec tout comme la création d'un gouvernement mondial, la suppression du statut de chef d'Etat ou encore la possibilité d'une révocation des élus en cours de mandat, la critique trop facile de Hulot (jalousie ?) ou encore l'option d'une scde assemblée au sein du corps législatif (1 seule suffit selon moi car trop paralysant autrement). Plus mitigée aussi sur les zoos car bcp d'animaux vivent assez bien dans les parcs comme dans celui de Beauval qui est remarquable et je ne suis pas contre les concours d'animaux en général car si l'éducation vaut pour les humains, elle l'est aussi pour les animaux, le problème relevant plutôt de la méthode.



Mais bon, je chipote, ce n'est sans doute, comme le reconnaît d'ailleurs l'auteur lui-même, qu'une belle utopie...Car de toute évidence, la réalité ne va pas dans le sens de Mr Caron. Ce dernier publiant une oeuvre spécialisée, évacue bien d'autres problèmes contemporains. Comme ceux de la guerre entre l'occident capitaliste et l'orient islamiste ; la montée du réchauffement climatique et des catastrophes naturelles ; l'avidité des multinationales et de la finance qui poursuivent dans le cumul des richesses et la surexploitation ; l'agriculture industrielle qui, étant encore le modèle dominant, maltraite les animaux et pollue la terre ; les injustices qui se sont cumulées et qui en résultent avec le fossé abyssal des inégalités, l'asphyxie des voix contestataires et le laxisme des politiques ; et enfin l'essor de la science qui s'intéresse de très près à la robotique, la génétique et l'intelligence artificielle...bref un autre programme s'annonce qui, lui, est bien plus sombre.
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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Avant de débuter cette chronique, une petite mise au point niveau vocabulaire s'impose, si vous n'êtes pas forcément calés – ce que je ne reprocherai à personne, il n'est pas trop tard pour s'y intéresser -.



- un flexitarien mange de la viande très occasionnellement,

- un végétarien ne mange ni viande, ni poisson (ça c'est moi, coucou),

- un végétalien ne mange ni viande, ni poisson, ni aliments liés à l'exploitation animale,

- un vegan ne consomme aucun produit lié à l'exploitation animale, aussi bien au niveau alimentaire qu'au niveau de la cosmétique, de l'habillement etc.



Dans cette chronique, je désignerai ces 4 catégories de personnes par le terme végéta*ien.



La construction du mot « spécisme » doit vous en rappeler d'autres : sexisme, racisme. le concept est le même mais s'applique à l'espèce, comme les deux autres s'appliquent au sexe et à la race. le spécisme justifie l'exploitation des animaux pour nous nourrir, nous servir ou nous distraire par leur infériorité intellectuelle (entre autres). L'antispécisme considère au contraire que les animaux non humains doivent avoir certains droits, comme tout simplement celui de vivre et de s'épanouir. L'antispécisme comporte deux branches :



- les welfaristes, qui ne sont pas complètement contre l'idée d'exploiter des animaux non humains seulement si ceux-ci sont traités décemment, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, les scandales récents nous le prouvent,

- les abolitionnistes, qui sont pour l'arrêt pur et simple de l'exploitation des animaux non humains pour quelque but que ce soit.



Aymeric Caron fait partie du second camp et déploie donc un certain nombres d'arguments pour sa cause. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout (encore heureux, ça veut dire que je réfléchis et ça empêchera peut-être certaines personnes de me traiter de fanatique), mais la façon qu'a l'auteur de nous remettre à notre juste place vaut le coup d'oeil. Qui sommes-nous, humains ? À peine une poussière dans l'univers, assez insignifiante en fait. Nous avons tellement pris l'habitude de nous placer au centre de tout que nous en oublions notre réelle importance – quasi nulle. Nous considérons que tout nous est dû mais nous ne sommes pas les premiers à peupler la Terre, nous ne serons probablement pas les derniers non plus. Nous sommes par ailleurs loin d'être une de ces espèces essentielles à la bonne santé de notre planète, bien au contraire, nous nous acharnons à détruire notre maison et, ce faisant, les autres espèces qui l'habitent.



Ce paragraphe pourrait vous laisser penser que l'antispécisme est anthropophobe, ce n'est pas le cas. L'antispécisme se bat pour l'égalité entre les espèces, il serait totalement contre-productif de souhaiter créer des inégalités entre les hommes. L'antispécisme, aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux de certains, est aussi une nouvelle forme d'humanisme. Je ne développerai pas davantage cette idée ici car l'auteur le fait très bien dans cet essai, mais je souhaitais aborder cet argument pour que personne ne réagisse au quart de tour en disant que les antispécistes en ont après l'espèce humaine, ce qui est faux.



Le plus intéressant dans l'essai d'Aymeric Caron n'est pas tant sa description de l'antispécisme que les possibles solutions qu'il apporte. L'un des reproches que l'on peut faire à l'antispécisme est d'apporter des arguments pour la défense des animaux sans réellement se projeter dans une société où l'on mettrait fin à leur exploitation. Ici, l'auteur reprend de nombreuses sources pour expliquer tout ce qui cloche dans notre système actuel, aussi bien au niveau politique qu'au niveau économique ou éthique. Je suis d'accord avec tout ça, il faut être inconscient pour encore se bercer de « je vais bien, tout va bien » dans la situation actuelle, particulièrement catastrophique. Je suis moins d'accord avec certaines des solutions proposées, que j'ai parfois trouvées trop idéalistes.



L'auteur souligne qu'il ne faut pas renoncer à l'utopie, peut-être qu'un jour l'humanité apprendra de ses erreurs et rebâtira un système plus sage, loin du consumérisme dans lequel l'individu finit par se noyer, peut-être… et il est vrai qu'on peut déjà constater un certain éveil des populations, ne serait-ce qu'en constatant la croissance du nombre de végéta*iens en France, même si on a encore un sacré retard par rapport à d'autres pays (miam, le foie gras…). Il y a encore peu de temps, le végétarisme était considéré comme un mouvement sectaire et bien que ce soit toujours le cas pour certaines personnes, on ne peut qu'observer l'acceptation de ce mode de vie en général : les restos végéta*iens (ou proposant une réelle alternative) se développent, certains supermarchés mettent en place des gammes de produits destinés à ces consommateurs (Carrefour pour ne pas le citer), on s'indigne du traitement des animaux en élevage… Les végéta*iens ne sont plus des monstres qui se baignent dans le sang d'un carniste sacrifié un soir de pleine lune (sorry not sorry).



Cet essai m'a apportée des réponses et m'a aussi fait réfléchir sur certains points, j'en potasse d'ailleurs toujours quelques uns. Si je refuse par principe l'adhésion totale à la façon de penser d'une autre personne, je ne peux que respecter la réflexion, la recherche et le combat d'Aymeric Caron.
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No steak

Un ouvrage qui aborde une thématique dont l'on parle beaucoup mais mal . En cela Caron fait preuve d'intelligence en apportant des éléments complémentaires sur ce sujet bien complexe . Caron ne fait pas preuve d'endoctrinement , il tache juste de faire comprendre pourquoi cette thématique est si importante . Son propos est celui d'un homme qui s'investit dans la cause dont il souhaite faire davantage connaitre les tenants et les aboutissants . Pour peu que l'on ai en soi un peu la fibre écologique on retrouve des arguments importants dans ces pages . Il est vrai que sur un sujet proche on peut préférer Safran Foer , mais il y a ici des éléments non négligeables . Un ouvrage certes imparfait mais plus que fréquentable .
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No steak

Je conseille ce livre à tout le monde, les végé et les non végé, mais quand même les "soucieux de la planéte", un livre bien écrit, qui ne fait pas la morale, qui ne fait pas pleurer, tout en nuance, mais qui nous apprend énormément de choses, un livre à lire et à offrir. Ce livre est aussi plein d'humour.
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Utopia XXI

Un livre providentiel, en avance sur son temps. Très en avance sur ses contemporains. Un livre courageux, solide et ambitieux, qui se penche sur notre humanité et respire la sincérité.
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Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, ..

Je viens de me coltiner un pavé dans lequel il y a à boire et à manger. Je vais tenter un résumé des idées de l’auteur, puis je vous donnerai mon sentiment après digestion de cette lecture.

Dans notre monde, aujourd’hui, tout tourne autour de l’Homme, et nous divisons le vivant en espèces. Parmi elles, retenons le grand groupe des hommes, et celui des animaux vivants non humains. Ils sont au cœur de sa démonstration. Cet anthropocentrisme a toujours dominé, et au cours des siècles, lorsqu’on pensait qu’il y avait plusieurs espèces humaines, la théorie des espèces a justifié de nombreux asservissements (indiens, africains…) et de nos jours encore, le massacre de certaines espèces animales. « Tous les jours, on tue des vaches et des cochons pour les manger. Et ce serait cruel pour les dauphins ? » Réflexion logique si le spécisme est au cœur de nos modes de penser et de fonctionnement.

Au contraire de cette idée dominante, Aymeric Caron décrit l’antispécisme comme une philosophie qui implique de repenser l’intégralité de notre société. L’homme ne doit plus être au cœur de notre monde, nous ne sommes qu’une espèce parmi d’autres espèces vivantes sensibles. La nature prend alors toute sa place et vaut pour elle-même et non pour les services qu’elle nous rend.

Cette philosophie, si elle veut se réaliser, doit passer par une refonte de toute l’économie (repenser la place de l’animal et des métiers qui en dépendent), de l’état, de la société de consommation, de la démographie…Ce ne serait plus alors l’écologie politique (dite molle par l’auteur, et anthropocentriste) qui doit se faire entendre, mais une écologie profonde, qui doit essayer de nous sortir du chaos. Celle-ci est écocentriste et biocentriste, et permettrait d’aboutir à une …biodémocratie.

La biodémocratie, une utopie ?

Oui, mais jugée nécessaire par A. Caron si on pense à l’avenir de notre planète.

Si l’on s’en tient à la théorie, j’ai trouvé cet ouvrage intéressant. Il a le mérite de mettre le doigt sur un sujet qui nous concerne tous, l’avenir de l’humanité, en fonction des réserves disponibles sur la planète. Il aborde des mises à jour scientifiques, combinée à l’éthique . La confusion de la science et de la morale nous amène directement à l’antispécisme.

Mais malgré l’intérêt porté à cette réflexion, j’ai eu par moment du mal à m’accrocher. L’auteur nous donne régulièrement l’impression de vouloir caser à tout prix ses idées et les raccrocher à sa thèse. Louise Michel, Rosa Luxembourg, Hugo, Zola, Schoelcher, sans oublier Superman, héros écolo et antispéciste par excellence sont convoqués au tribunal pour plaider en faveur de l’antispécisme. Aimer Superman fait-il de nous un militant en faveur de l’abolition de l’anthropocentrisme ? On le croirait presque. Je ne suis pas allée creuser derrière chaque personnage cité, mais j’ai eu l’impression d’une récupération et d’une relecture à la lumière de sa théorie.

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Correspondances artistiques (1)

D'une Joconde à l'autre, séparément et chacun à sa manière à des dates différentes, deux artistes français ont célébré Mona Lisa en chanson (indice : Aigle et tête de choux) :

Serge Gainsbourg et Léo Ferré
Léo Ferré et Anne Sylvestre
Barbara et Serge Gainsbourg

10 questions
237 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , musique , histoire de l'art , Instruments de musique , musiciens , art , artiste , symphonie , mer , Japonisme , impressionnisme , sécession viennoise , Abstraction , Côte d'Azur (France) , romantisme , pointillisme , symbolisme , Pique-niques , joconde , leonard de vinci , renaissance , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

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