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Critiques de Aymeric Patricot (26)
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J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure

Aymeric Patricot s’empare de la véritable histoire de l’île de petite île Nauru en Océanie Colonie allemande à partir de 1886 car elle avait échappé jusqu’alors à d’autres présences européennes, elle est passée officiellement dans les mains de l’Australie quelques années après le Traité de Versailles, a été occupée par le Japon jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale puis a acquis son indépendance en 1968. Nauru compte environ 10 000 habitants, d’origine micronésienne, et mesure 21 km2. Un prêtre catholique Alois Kayser, avec la nationalité allemande puis la nationalité française joue un rôle important dans la christianisation de Nauru.



Le gisement de minerai de phosphate de l'île est exploité par différentes compagnies coloniales à partir de 1906. Ce minerai de phosphate constitue quasiment la seule source de revenus de l'île jusqu’à la fin des années 1980, il assure aux habitants un niveau de vie très élevé pendant plusieurs décennies. L’état de Nauru est déclaré en faillite totale au début du XXIe siècle et ses habitants tombent dans la pauvreté.



L'exploitation du phosphate a entraîné la déforestation et en conséquence la disparition des oiseaux ; les trois-quarts de l’île ressemblent à une gigantesque carrière abandonnée. Les îliens décèdent du diabète et d’obésité, bref des excès d’une société de consommation à laquelle ils n’ont plus accès.



Aymeric Patricot choisit un narrateur, venu à Nauru depuis les Philippines dans son enfance, il a seize ans lorsqu’en 1941 les Japonais occupent l’île. Employé à la Nauru Phosphate Corporation, il deviendra président de la république de Nauru. On suit sa prise de conscience des difficultés qui pointent.

« Mais ce n’étaient pas les problèmes en eux-mêmes qui provoquaient ma tristesse, c’était le fait qu’ils ma paraissaient inépuisables » (page 193)

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Les bons profs

Qu'est-ce qu'un bon professeur ? Je pense que tous les parents ont leurs opinions sur le sujet. Mais ce qui est très intéressant, c'est d'avoir l'avis d'un homme qui enseigne en classe préparatoire, qui a derrière lui plusieurs années d'expérience et pas seulement en classe prépa.

C'est un livre sérieux. Patricot y énonce ses propres souvenirs sur les bancs de l'école, on découvre qu'il était un élève brillant et ce, depuis toujours. Il reconnaît lui-même qu'il a des facilités d'apprentissage mais surtout qu'il s'est privé d'une vie sociale pendant ses années d'étudiant car c'est un besogneux ce monsieur. Après coup, il se rend compte qu'il a beaucoup souffert (par exemple : pour ne pas décevoir, pour rester au niveau du 18...).

Ce qui est sublime c'est qu'il analyse l'éducation scolaire dans notre pays, il se pose beaucoup de questions, il se remet en cause et cela, peu d'enseignant le font !

Il dissèque :

La vocation.

La course aux méthodes.

Le fantasme des contenus.

La nécessité du charisme.

Etc.

Je crois que ce livre intéressera les nombreux enseignants qui sont sur ce site.



Lu en août 2019 / Plein Jour - Prix : 17 €.
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Suicide Girls

Autant le dire tout de suite, Suicide Girls est un livre malsain.

Il est question de fascinations macabres, d’amours délicieuses parce que sans issue, de roman familial foireux, de beautés glauques à souhait. En soi, rien de dramatique sans doute, un zeste de moralisme compassionnel ou une louche de complaisance permettrait de rassurer le lecteur : ah un roman pédagogique / ah du voyeurisme cynique, tout va bien, j’ai bien affaire à de la littérature contemporaine.



Seulement voilà, Aymeric Patricot en a décidé autrement. Ni rentre-dedans obscène avec mini-succès de mini-scandale à la clé ni voix doucereuse pour arrondir les angles, mais une écriture au classicisme vénéneux, nette et cruellement sensible. L’entreprise est ambitieuse et sans pitié : descendre dans les bas-fonds de la conscience, scruter les entrailles des êtres les plus tangents, avec un souci d’exactitude peu commun, et, poussée jusqu’à un certain point – un point sans cesse reculé – l’envie de comprendre, voire de célébrer ce que tout individu dit équilibré fuit spontanément.



Au début on ne se méfie pas, on commence avec une voix familière, un trentenaire qui fait part d’un malaise raisonnable. Il ressasse la disparition suspecte d’un père rongé par ses contradictions, se dit parfois assailli par des images suicidaires, déplore sa relation compliquée avec la trop saine (?) Laurence, conscient de leur « parfaite inadéquation » – relation tortueuse évoquée non sans subtilité et mélancolie sobre, à la manière d’un Benjamin Constant dans Adolphe. La structure du roman, fondée sur le principe de la double voix narrative, est toute aussi rassurante : une jeune femme, Manon, s’exprime parallèlement, évoquant sa sinistre trajectoire de fille trop désirée, meurtrie, violée, en guerre et en fuite. Cette seconde voix, plus juvénile, plus crue et moins réfléchie, complète parfaitement la première. On sait bien que ces deux solitaires sont appelés à se rencontrer un jour, pour le meilleur et pour le pire, l’angoissé et la cabossée, quelle belle idylle. D’ailleurs, la 4° de couverture se fait fort de l’expliciter au cas où on serait étourdi, et de fait à la mi-roman, paf la rencontre. Bref, nous voilà en route pour du romantisme ténébreux, à coup sûr Eros va encore se ruer sur Thanatos, et réciproquement.



Sauf que le malaise s’insinue très vite. La poésie se mêle sans vergogne au sordide, les explications les plus lumineuses côtoient les aberrations, la vérité des êtres s’achète au prix fort. On n’oubliera pas, notamment, les scènes où tout ce qui peut être dit sur les noirceurs de la préadolescence – instinct, prédation, grégarité – est dit avec une clarté et un calme terrifiants. Mélange de sauvagerie spontanée et de rituel muet, parfaitement réglé, les agressions collégiennes montrent qu’il n’est pas besoin de se retrouver seuls sur l’île de Sa Majesté des mouches pour être inhumains. De l’ambiguïté de toutes les fameuses suicide girls, rien ne nous sera caché non plus. En apparence ballotées ou en attente d’un bien improbable sauvetage, beaucoup se révèlent autant amazones que victimes, artistes de leur propre déchéance. Se détruire requiert de la grâce. Les traumatisées rejouent à l’envi le traumatisme originel. Les cicatrices des poignets s’affichent, il y a de la volupté à se sentir partir, de la fierté à évoquer ses voyages de presque-non-retour. Et plus grave encore, le lecteur se surprend à suivre sans frémir la longue dérive des personnages. Car si tout est d’une rare violence (parfois à la frontière du burlesque, comme le week-end où Manon découvre que tout mâle désire automatiquement la posséder, jusqu’au petit garçon de quatre ans qui la harcèle et la pelote avec application !), tout est évoqué avec une grande sérénité, et les comportements égoïstes, convulsifs, incohérents, baignent dans une sorte de halo tiède, une agréable torpeur. Le narrateur éprouve de la honte au terme d’une relation désastreuse ? Ce sentiment deviendra « aussi délicieusement amer qu’un chocolat très pur ». Une jeune inconnue défenestrée s’étale sur le trottoir ? Il remarque « de beaux cheveux blonds en auréole ». De pauvres filles perdues témoignent de leurs errances ? « C’était une atmosphère douce, un lent acheminement vers la clarté… » Il pourrait facilement devenir odieux, cet assoiffé de confidences lugubres, ou ridicule, comme lorsqu’il bénéficie des prestations d’une « performeuse » qui met en scène d’impeccables suicides féminins pour son plaisir, en esthète décadent vaguement cousin du Des Esseintes de Huysmans. Mais il restera un antihéros désarmant, dévoilant une tendresse non feinte, souriante, parfois admirative, pour ses « petites chéries de la déglingue ».



Car l’œuvre entière est animée par une quête qui dépasse le catalogue des pathologies. Les personnages se débattent au cœur de vies « froissées », où tout semble en perpétuel décalage : la pesanteur diffuse des exigences sociales, la perception de son propre corps, les zones d’ombre de toute psyché humaine, les mouvements d’empathie ou de terreur, le désir d’ »évaporation », autant de failles ou de distorsions que l’individu lambda ignore ou feint d’ignorer afin de mener la vie la plus normale possible, autant de failles ou de distorsions dont les familiers du grand vertige ont une conscience aigüe. Des crevasses s’ouvrirent sous leurs pieds, bien malgré eux, et désormais ils choisissent d’explorer le fond de ces crevasses, avec effroi et délectation. Tout cela implique « de petites hystéries localisées », la recherche d’un « dynamitage de la vie quotidienne », ou même le rêve amoureux de se côtoyer en « fantômes ». Personnages d’un roman d’apprentissage un tantinet pervers, les suicides girls et leur disciple (à moins qu’il ne soit leur Pygmalion) se voient volontiers comme « les sages écoliers de la mort ». L’apprentissage sera long, érotique et éprouvant, les zones d’ombre gagnant du terrain au fur et à mesure qu’on les découvre. La cartographie mentale ne cesse d’être mise à jour, d’autant que, pour accroître le trouble s’il en était besoin, Aymeric Patricot s’ingénie à faire glisser les réseaux d’images : dans son univers de « cauchemar merveilleux », la rédemption présente d’inquiétantes similarités avec la chute, toutes deux régulièrement représentées (classiquement, une fois encore) par des images de foudre, de feu ou d’eau. La belle Manon connaît ainsi une tendre extase, « grande marée chaude, dissolvant ce qu’elle touche », extase libératrice mais étrangement comparable à la première sensation de l’agression la plus violente, où elle fut « comme happée par la mer »…



Alors ? Alors on peut se détourner de ces frasques en se disant que non-vraiment-ce-n’est-pas-bien-du-tout-d’évoquer-de-tels-sujets-de-cette-façon-là, ou on peut comme le narrateur chercher l’éclair cathartique dans l’obscurité ; ou on peut encore considérer, comme la narratrice, « qu’il suffit de constater l’enchaînement des faits et de prendre les choses avec humour, ou fatalisme, ou poésie, ou même avec foi ». Mais dans tous les cas il sera bien difficile d’échapper au charme de ces phrases denses et honnêtes, délicates et douloureuses, qui donnent à penser loin au-delà des considérations commodes. Et on conclura que décidément, Suicide Girls est un livre malsain.



Comme on aimerait en lire plus souvent.
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

Un essai sur un sujet presque tabou mais qui commence à émerger. Qui sont ces "petits Blancs", "White trash" (terme beaucoup plus choquant bien sûr) aux Etats-Unis : des Blancs pauvres, déclassés, qui prennent conscience de leur couleur dans un contexte de métissage, une population invisible, vivant en marge, peu éduquée, méprisée avec une parfaite bonne conscience par la bourgeoisie blanche.

Cette population accusée de racisme, d'inculture subit bien davantage que la bourgeoisie le libéralisme économique. Abandonnée par la gauche avec un certain cynisme, elle écoute parfois, c'est vrai, les sirènes du Font National qui parait les flatter.

La classe ouvrière est fragilisée, atomisée, les structures collectives de la société sont en perte de vitesse et la gauche a mis sur le devant de la scène les questions sociétales et raciales au détriment des problèmes sociaux à travers une opposition manichéenne conservatisme/ progressisme.

Cette dimension raciale est amenée selon l'auteur à se développer encore plus dans un contexte de métissage, d'aggravation de la pauvreté.

Essai fort bien écrit mais qui ne se prétend pas sociologique agrémenté de témoignages et d'exemples culturels, artistiques, plus présents aux Etats-Unis dont l'auteur est familier.

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Azima la rouge

Enfin un livre où la banlieue n'est pas caricaturée ! De vrais personnages, sensibles, intelligents, drôles, attachants, faibles parfois, dangereux par moments...



une histoire terrible, cinq voix tour à tour délicates, fantaisistes ou brutales. Beaucoup de sensibilité pour ce roman qui aurait pu tomber dans le cliché.



Loin des clichés de la cité, les personnages sont vus de l’intérieur, dans la complexité de leurs émotions, avec leurs défauts et leurs qualités. L’introspection fait poindre l’horreur, et la folie n’est jamais loin dans un texte ciselé, où chaque phrase sonne juste.
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

Ce livre vient de faire tomber mes illusions en matière de protection sociale.

En effet, je ne m'étais jamais imaginé la souffrance de cette population blanche,

à laquelle les politiques et les services sociaux ne s' intéressent pas du fait de leur grande discrétion. Ils sont vraiment les oubliés de la France .

Jamais, je n'aurais jamais pensé que les lois sociales avaient laissé de côté tout une partie des citoyens.

Certes, il est indispensable de renouveler la population par l'immigration mais pas au détriment des habitants déjà installés.

Cela explique bien la croissance des partis extrémistes.



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Autoportrait du professeur en territoire di..

L'auteur revient sur ses premières années d'enseignement en collège de zone difficile et nous expose toute la solitude et toutes les difficultés qu'un jeune professeur doit affronter lorsqu'il débute. Il analyse les effets calamiteux d'une institution qui se refuse à voir que certains établissements en France sont devenus des zones de "non-droit", où la violence est la seule forme d'expression connue et acceptée par les élèves. Il est certain qu'un gouffre d'incompréhension sépare les tous jeunes diplômés de ces jeunes adolescents qui vivent le plus souvent dans conditions plus que défavorisées.

Alors que l'on demande aux jeunes enseignants de "tenir leurs classes", on pourrait rétorquer que l'administration de son côté les "lâche" totalement une fois qu'ils se retrouvent face à leurs élèves. Pas de vagues, pas de bruit... La réputation de l'établissement passe toujours avant celle de l'enseignant. Ce dernier met d'ailleurs en jeu plus que sa réputation puisqu'il en va de sa santé mentale et physique lorsqu'il faut subir quotidiennement moqueries, chahut, humiliations, insultes et agressions physiques dans le pire des cas.

Les problèmes d'ethnies sont bien évidemment à prendre en compte dans ces établissements situés dans des ghettos où la majeure partie de la population est d'origine étrangère. Beaucoup d'élèves se sentent en marge de la société de part la culture de leurs parents et l'école, pour certains, ne vient qu'appuyer sur leur différence lorsque langue et culture se frottent au carcan des programmes scolaires.

L'inertie des politiques est également soulignée. Coupés de la réalité de la situation, où plutôt ne cherchant pas à la connaître, les hommes politiques qui se succèdent ne peuvent évidemment pas trouver les bonnes solutions.

Heureusement, l'auteur termine sur des pensées positives, sur ce qui l'a sauvé comme il dit, comme l'écriture. Et puis, il reste du plaisir dans la pratique de l'enseignement : se confronter à des populations que l'on n'aurait jamais côtoyées en faisant un autre métier, se frotter à la spontanéité et à la joie de ces adolescents qui restent totalement "nature" ; et enfin, sans doute le plaisir ultime, découvrir parmi eux de réels talents pour une discipline et contribuer à la mettre en valeur - à mettre en valeur l'élève.

Il reste une évidence à la lecture de ce récit : être professeur n'est pas donné à tout le monde. L'obtention du CAPES ne donne pas les clés du métier et même après avoir travaillé longuement et durement pour l'obtenir, certains peuvent tout abandonner lorsqu'ils découvrent la réalité du terrain (c'est compréhensible !). Il reste peut-être l'expérience des années et sûrement, malgré les difficultés qui se multiplient, une réelle volonté de jouer un rôle -même minime - auprès de ces élèves, avec certainement une certaine forme d'attachement. Parler de "vocation" pour pratiquer ce métier peut paraître désuet, mais c'est pour moi ce terme qui résume le mieux le travail fait tous les jours par certains collègues.
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

L’auteur, professeur en région parisienne, veut dresser un tableau de l'existence menée par ce qu'il appelle les « petits blancs », à savoir les blancs pauvres. Il décrit de manière implacable la vie des déclassés habitant dans les cités, leur voiture, les campagnes profondes... Il fait le portrait de personnes qui ne se reconnaissent plus dans la société française actuelle et ne s’en sortent pas. Il transcrit aussi les témoignages d'êtres humains qui sombrent dans la violence, la haine, mais aussi de gens solidaires qui se battent pour mener une vie meilleure. Tout cela sonne très juste.



Mais l’auteur a choisi de l’analyser sous l’angle de la « perception raciale », un point de vue auquel je n’ai pas adhéré, ce qui a rendu ma lecture très pénible même si j’étais intéressée par les faits qu’il exposait.



À vous de voir si cette façon de voir les choses vous intéresse.

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Autoportrait du professeur en territoire di..

Un peu de désenchantement,

sans noirceur,

sans rancoeur,

en douceur,

plus de l'ordre de la constation, (il me semble)

des écarts entre les missions,

que se donnent les professeurs,

et le terrain,

pas toujours prêts à y faire face, et ce qui s'approchait de grandeur, teintée de candeur, se troublent,

sous

la bienveillance scandée...
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La viveuse

Aymeric Patricot est un auteur qui n'a pas peur de frotter aux sujets sensibles, et ce dès sont premier roman, qui traitait de l'oppression des jeunes filles dans certaines banlieues parisiennes. Du suicide à l'homme auteur de violences conjugales, rien ne lui plait tant qu'aller chercher tout ce qui pique et fait mal.

La viveuse ne fait pas exception en suivant le parcours d'Anaëlle, une jeune aide-soignante, qui dans un quotidien morne tant sur le plan professionnel, sexuel que sentimental, va vivre une révélation par la rencontre d'un paraplégique à la Japan Expo. Inexplicablement attirée par Christian, et grâce à la complicité plus que complaisante de Mathieu, l'aide-soignant de ce dernier, Anaëlle décide de devenir assistante sexuelle. L'une des raisons est le père de la jeune femme, atteint d'un cancer doit être aidé financièrement. Mais la charité et l'amour filial sont-ils les seuls à entrer en compte dans la décision d'Anaëlle ? Quelle est la part de plaisir, de domination, de perversité dans cet élan soudain pour ce métier mi-pute, mi-infirmière ?

Le roman ne répond jamais totalement à la question, mais essaie de s'en approcher dans une démarche très réaliste pour ne pas dire naturaliste. Du quotidien de la jeune femme dans un EHPAD déshumanisant à son amitié avec une amie catholique, des réunions d'information à l'assistanat sexuel aux rapports compliqués avec un père renfermé, l'auteur observe à la loupe, et ne cache rien de l'organique et du corporel. Si l'écriture est fluide et précise, Aymeric Patricot écrit hélas un peu trop comme un prof de français et s'autorise jamais à verser complètement dans la perversité, le trouble, tout ce qui permettrait à son roman de décoller et ébranler le lecteur en profondeur. A chaque fois qu'il s'en approche (nombreuses sont les fois où Anaëlle succombe à une sorte de plaisir du dégoût et de laideur, le rapport de proxénète que Mathieu entretient avec elle en lui ramenant de nouveaux "clients") et pourrait aller creuser plus loin dans la noirceur, il relève prudemment sa plume. L'intention de départ était probablement de ne pas verser dans le sordide et le sensationnel, mais on sent qu'on perd une certaine part d'ombre.

Il reste néanmoins une lecture plaisante sur un sujet encore très peu abordé dans la littérature française.
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J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure

Le résumé et la couverture de ce livre m'ont indéniablement donné envie de me plonger dans ses pages : une histoire atypique et originale traitant de la colonisation, de l'acculturation mais aussi d'une vie : celle de Willie.



Le point fort de ce livre, c'est son personnage principal : sa vie est extrêmement intéressante notamment parce qu'il vit de grands extrêmes : un jeune être débarquant sur une île sans rien, pour ensuite devenir progressivement une figure emblématique et enfin entraîner, amener tout son monde dans la ruine et la misère.



J'ai particulièrement aimé les leçons implicites de ce roman qui n'en est pas entièrement un, s'inspirant de faits réels, l'auteur nous plonge dans un monde a priori révolu : celui de la colonisation et de l'acculturation. Le fait que tout le récit se déroule en l'espace d'une vie, celle de Willie : narrateur et héros de cette histoire; nous permet de nous attacher à ce protagoniste mais nous empêche de réellement découvrir tous les autres aspects et approfondissements voulus.



En effet si j'ai aimé l'idée principale de ce livre, l'écriture qui est certes intéressante, belle peut paraitre un peu distante et froide à certains moments. Dès lors j'aurais voulu ressentir plus d'émotions avec ce livre, c'est ce qui manquait le plus : une sorte de lien entre le lecteur et ce qui était conté.



En définitive, une bonne lecture qui aurait gagné en créant un rapprochement entre le lecteur et le récit, entre les émotions et les idées retranscrites.


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

J'ai trouvé ce petit livre - qui se veut un texte philosophique / enquête à la Sartre / Camus - assez pertinent par les temps qui courent. Je pense qu'en effet il est illusoire de nier l'existence d'une "question raciale" en France, comme le fait maintenant toute la classe politique par démagogie. Le livre ne fait en rien le jeu des partis d'extrême droite, comme l'auteur le précise à maintes reprises. Je ne le trouve pas non plus toujours bien organisé, mais en revanche je comprends très bien son propos et cette grille de lecture me semble assez juste, même si je ne me reconnais pas dans ces "white trash" (même si en fait, la seule chose qui m'en sépare c'est le sentiment de ne pas en être). Par contre, je connais des dizaines de personnes dont le parcours pourrait figurer dans ce livre ! Eh oui le constat est triste, et bien qu'étant issue de l'immigration, naturalisée française, je comprends malheureusement le sentiment de ces "petits Blancs".
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J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure

Autour de l'histoire vraie de l'île de Nauru, sa grandeur et son déclin, Patricot dresse le portrait d'un homme attiré par les sirènes occidentales, la richesse, le pouvoir, l'ambition. Mais aussi, par l'attrait de ce qui représente à ses yeux, une véritable aventure, une revanche de Vendredi sur Robinson, une victoire sur l'ennui. La quête d'identité aussi de celui qui n'est nulle part chez lui.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

Aymeric Patricot nous amène à la rencontre des petits Blancs dont il a recueilli les paroles. Qui sont-ils ? Certains habitent dans des H.L.M. d'autres dans des petits villages ou en campagne comme un agriculteur près du Havre. Ils sont tous Blancs et pauvres dans une société de plus en plus multi-ethnique. Mère célibataire et secrétaire, gardien d'immeuble, couple qui a du mal à boucler les fins de mois, ouvrier au chômage, enseignante vacataire, étudiants de province : des portraits aussi variés qu'inattendus pour certains.

Rejetés ou ou pire méprisés par ceux qui ont réussi, ces oubliés de la société ne trouvent pas leur place. Et certains expriment leurs idées sur l'immigration et les populations de couleur qui selon eux sont plus aidées qu'eux.



La suite sur : http://fibromaman.blogspot.fr/2014/04/aymeric-patricot-les-petits-blancs-un.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Azima la rouge

Chronique à plusieurs voix dans un lycée de la banlieue nord parisienne. Autour d’Azima, la lycéenne française d’origine maghrébine qui doit bientôt rencontrer son mari, s’expriment un prof, le caissier de la supérette de la cité, une surveillante, et un paria surnommé Cloporte que tous les jeunes détestent. Où il est question des rapports violents entre Azima et son frère, des élèves qui prostituent des filles au dernier étage du lycée alors que l’administration ferme les yeux, du désespoir ambiant, des mecs qui insultent, ceux qui défient leurs parents… Le seul qui ne s’exprime pas, c’est le frère d’Azima et paradoxalement c’est sa voix qui manque le plus dans ce roman, car il est un personnage essentiel au déroulement du texte. Trop éparpillé dans sa construction – quelle nécessité de faire parler tous ces personnages et parfois de façon trop superficielle, quand focaliser sur deux ou trois aurait suffi ? – Azima la rouge (pourquoi ce titre ?) dresse l’exact portrait de la banlieue qu’on suppose : qui existe certainement, mais qui apparait trop souvent ici sous forme de stéréotypes attendus. Dommage de ne pas avoir poussé ces personnages dans leurs retranchements au lieu de les observer prudemment.
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Les vies enchantées

Aymeric Patricot ne nous livre pas un (énième) livre de recettes, de philosophie, de modes de vie pour atteindre le bonheur. Car à la vaste question qu’est-ce que le bonheur, chacun a ses réponses. Et quoi de mieux que donner la parole à des anonymes aussi différents par leur style de vie et qui expliquent ce qu’est le bonheur pour eux. Mais avant l’auteur différencie six groupes : le bonheur par expansion, par dispersion, par opposition, par sublimation, par synthèse, par dilution.

De celle qui s’occupe de son jardin avec amour et s’y épanouit au dragueur insatiable amoureux de l’amour physique en passant par le poète, le réactionnaire à une jeune fille dont la foi la rend heureuse mais aussi celui dont les billets de banque procurent une satisfaction sans nom.... Vous l’aurez compris, tous ces personnages si différents en quelques pages nous expliquent leur bonheur.



On peut être surpris ou trouver des fragments qui résonnent ou qui nous touchent, mais ce livre nous ouvre les yeux sur les autres et sur nous-mêmes. Il y a ceux qui ont changé de vie, d’autres pour qui le chemin était tout tracé, d’autres qui se remettent en question mais tous autant qu’ils sont par leur sincérité et leur témoignage ne nous laissent pas indifférents. Et forcement on se pose des questions sur notre façon de concevoir le bonheur. Au fil des des personnages rencontrés , Aymeric Patricot dépeint des portraits d’écrivains célèbres comme Montaigne, Aragon, Beauvoir, Céline, Proust et Colette et leur rapport au bonheur ( un régal!).



Certains de ces anonymes puisent leur bonheur dans la mise en avance de soi ou dans le vice ou le cynisme. Ces personnes existent comme celles pour qui le bonheur personnel passe par celui de l’autre (en tant que personne humaine) ou par la liberté. Pour ces anonymes, le bonheur prend différents aspects et est souvent au final non figé (car dans une vie beaucoup de choses peuvent changer).



C’est vivant, surprenant également et j’ai beaucoup aimé comment Aymeric Patricot de façon très subtile glisse quelques réflexions toujours très appropriées.

Hyper intéressant, cet essai joyeux et gai nous amène à nous interroger sur nos bonheurs et c'est très réussi ! A lire et à relire.


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure

Ce récit, qui s'inspire de faits réels similaires sur des îles d'Océanie, se lit sans déplaisir, mais sans passion non plus. Assez froid et détaché, il nous livre des évènements de manière quasi-documentaire, décrits par un personnage plutôt déplaisant, auquel on a du mal à s'attacher, même si on comprend son ambition démesurée comme "vengeance" par rapport aux Blancs. Critique de la colonisation, mais sans virulence non plus, et des dérives que cela a entraînées chez les indigènes, le livre ne trouve jamais complètement sa place et c'est pour cela qu'il ne nous convainc pas totalement. J'ai trouvé cependant la chute finale plutôt intéressante, mais je regrette que certains aspects (comme le poids des traditions et des croyances ancestrales) ne soient pas approfondies. Bref, une demi-déception...
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J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure

La couverture est très belle : une photographie qui illustre le récit du début de l'histoire à la fin. Le titre apparait en relief, mais n'est pas révélateur de l'histoire à venir....

C'est l'histoire de Willie, qui arrive sur l'île de Nauru, colonie australienne dans le Pacifique, encore enfant.

C'est l'histoire de cette île (fictive), qui entre les années Trente et aujourd'hui, voit se succéder des maîtres, selon les aléas de l'histoire du XXème siècle (Guerre, après-guerre et indépendance).

C'est l'histoire d'un jeune homme (Willie) ambitieux et fasciné par la domination des Blancs, leur culture, qu'il essaie de s'approprier par ses relations avec une femme (Flore) et un dirigeant économique (Erland).

Willie est le seul narrateur de l'histoire de cette île, sur 50 ans. Il n'appartient ni aux indigènes, ni aux colonisateurs, ce qui en fait un personnage en dehors; par son mariage, et son emploi, il reste entre les deux communautés, l'une qu'il considère comme inférieure, attardée, et l'autre qui lui donne des complexes d'infériorité.

Cette double acculturation apparaît dans le style, froid, sans empathie, ni pour lui, ni pour d'autres, mais pas de rejet non plus.

Ce récit est aussi, de manière romancée et fictive, une critique des sociétés occidentales qui ont exploité d'autres terres (ici pour le phosphate) jusqu'à la perte d'intérêt économique. Puis l' indépendance et une autre forme de domination qui se met en place.

Cette lecture n'est pas celle d'un roman, et le texte détaché permet de semer des interrogations pour le lecteur après la lecture. Cette froideur m'a parfois gênée même si j'en saisis le parti pris!
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Les petits blancs : Un voyage dans la Franc..

Isolés dans une société plus multi-ethnique que jamais, abandonnés par ceux qui réussissent,les "Petits Blancs" constituent l'angle mort de la sociologie française,selon Aymeric Patricot.

Son livre nous plonge dans l'enfer ordinaire du quart-monde.

J.L. Germain Le Télégramme



Ce livre fait partie de la sélection du Prix des lecteurs du Télégramme.
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Autoportrait du professeur en territoire di..

Aymeric Patricot raconte ses années d'expérience en tant que professeur dans des collèges dits « difficiles ». On y trouve tous les thèmes classiques de la vie dans ces collèges de ZEP : violences verbale et physique entre élèves et envers les enseignants, lâcheté de l'administration vis-à-vis du corps enseignant, inefficacité des politiques de tous bords qui ne font rien pour arranger la situation, cours impossibles à assurer dans ces classes trop bruyantes... Certes, ce sont de réels problèmes pour les enseignants dans l'exercice de leur métier et qui concernent toute personne s'intéressant un minimum à l’École... Même les nombreux passages où l'auteur raconte son histoire plus personnelle ne m'ont pas convaincus d'apprécier pleinement ce livre. Car sur ce thème, on en trouve d'autres que j'ai largement préféré...
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