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Critiques de Ayrton Glenet (3)
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Joy Ruby

J’ai découvert l’existence de ce roman au détour d’une recommandation automatique et quand le résumé en arrive à « ça vous parle? », la réponse a été un grand oui!



Mais là maintenant, c’est la 3e fois que je recommence ce billet, parce que ce n’est pas évident de donner un avis juste… C’est difficile d’écrire un avis négatif, mais je ne peux pas non plus en donner un qui soit totalement positif. Parce que j’ai aimé le fond, mais ça pêche vraiment sur la forme et ça a en grande partie gâché ma lecture.



L’histoire est originale, dans le genre absurde/nawak/défoncé, c’est assez drôle, distrayant, tout en étant bien mené et bien ficelé jusqu’à la fin. Il faut aimer le genre barré, bien sûr. C’est mon cas. Surtout qu’on est dans un mélange de SF et de western un peu halluciné qui à mon avis fonctionne très bien.



La plume est plutôt agréable, ça se lit bien. Je trouve qu’on y sent un potentiel d’amélioration qui serait plus facile à exploiter avec un récit plus long. Là, il fallait que ça aille vite pour être pertinent, donc les faiblesses de style, pas si nombreuses, ne sont pas gênantes.



Le problème, c’est que la forme « technique » ne va pas du tout. Le texte est bourré de coquilles et, pire encore, de fautes de conjugaison, innombrables. L’auteur s’est visiblement fié uniquement à son correcteur automatique pour la relecture de son roman… Certaines phrases n’ont aucun sens si le lecteur ne fait pas l’effort de corriger les coquilles et d’autres ne veulent pas dire ce que l’auteur voulait exprimer parce qu’il confond passé simple et imparfait. Si en français on utilise deux temps différents, ce n’est pas par hasard. Et ça, ce sont des fautes qui reviennent à toutes les pages, ça fait mal aux yeux. Ne parlons pas des « allait viens! » qui se répètent régulièrement.



La mise en page plus qu’approximative n’aide pas. Parfois il faut revenir en arrière pour être sûr-e de savoir qui parle ou même juste si c’est bien un dialogue, parce que la ponctuation et les retours à la ligne sont mal utilisés. A d’autres endroits, un saut de ligne aurait été indispensable pour se rendre compte qu’on passait à autre chose et qu’on n’était plus dans la continuité de ce qui précédait. ça peut vous sembler ridicule de tiquer sur ces détails, mais dans un récit aussi absurde, où beaucoup de choses n’ont ni queue ni tête, ça rend le récit parfois vraiment confus. Ce qui aurait pu passer dans un roman contemporain est vraiment un handicap ici.



J’ai aimé cette histoire, mais mes yeux ont tellement saigné dessus que je n’ai pas pris beaucoup de plaisir à la lire. Si ça avait été plus long, j’aurais abandonné…



Je vous conseille quand même ce livre si vous aimez le genre et que les fautes/coquilles ne vous dérangent pas. Mais si vous avez les yeux sensibles à ça, sachez que ça ne s’améliore à aucun moment et que ça donne l’impression que ces 138 pages sont beaucoup plus longues qu’elles ne le sont en réalité. C’est vraiment dommage… (ceci dit, le livre a dormi longtemps dans ma PAL, peut-être que l’auteur a fait des corrections depuis?)
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CPU

Une très belle découverte que ce roman de Cyberpunk, une claque dans la figure dont je me souviendrai longtemps. Je n'avais jusqu'à présent jamais eu l'occasion de lire le moindre livre appartenant à ce genre, c'est maintenant chose faite et j'en suis ravie ! Assurément, ce livre fait partie de ceux que j'aurai envie de relire dans quelques années, notamment quand je posséderai des bagages plus solides en la matière.



Pesant, angoissant, malsain, l'auteur dépeint un univers très sombre dans lequel une frange de la population évolue, tentant de survivre aux affres du temps et ses ravages. Une société qui agonise entre misère et famine, entre marché noir et corruption. Nous sommes dans les années 2100 et le tableau que l'on peut dresser de cette époque n'a rien de glorieux, bien au contraire. Le roman s'ouvre sur un sinistre constat de ce qu'est devenu la planète ; un monde ravagé par la bêtise humaine, par son égoïste suintant par tous les pores de la peau. Ce portrait, très noir, transpire de vérité mais surtout témoigne de la violence qui sévit au XXIIème siècle, de la dureté de la vie quotidienne.



Prendre le temps de lire cette histoire me semble nécessaire afin de la savourer pleinement. Saisir tous les enjeux dont il est question nécessite une certaine concentration, surtout pour celles et ceux qui ne sont pas adeptes du genre. Je me suis posée, dans des endroits calmes et tranquilles pour lire ce livre, me familiariser avec son environnement mais aussi profiter pleinement de la plume de l'auteur. À certains moments, ou plutôt à la lecture de certains mots, un sourire est apparu sur mes lèvres, notamment avec les nombres nonante et septante qui m'ont rappelé mes origines belges. Je dois avouer qu'au fur et à mesure, je me suis sentie imprégnée de l'univers presque dangereux décrit par l'auteur, découvrant avec crainte et admiration les ressorts d'un monde imaginaire sombre et déroutant.



Economie et politique ne semblent pas faire bon ménage, le lecteur l'apprendra au fil des pages en même temps qu'il tentera de cerner tous les rouages de la machine en marche. Le premier chapitre va servir de bases et poser le contexte de l'histoire, il nous amène progressivement à prendre conscience de la destruction et du chaos, de l'hypocrisie des dirigeants... Le monde se relève lentement et douloureusement d'un immense bouleversement qu'il n'avait pas vu venir...La technologie ainsi que l'industrie agroalimentaire vont jouer un rôle déterminant au sein de l'histoire, moteurs de la reconstruction et instigateurs des pires intrigues. Le ton est cinglant dès le début, nous imprégnant de l'atmosphère plutôt lourde qui va régner en maître tout le temps de la lecture. Tout est sombre, très sombre, mais jamais on ne tombe dans le pathos, tout est maîtrisé avec justesse.



Rire a-t-il encore un sens dans cette société qui se consume peu à peu ? Une fracture de plus en plus nette s'opère entre ce que l'on appelle et haut mais aussi le bas de la ville, c'est à la fois symbolique mais aussi tristement véridique. Deux mondes qui ne se côtoient qu'à de rares occasions, vivant côte à côte mais loin l'un de l'autre. Une sorte de rupture sociale semble donc déchirer le monde mais elle est loin d'être la seule. Il s'agit d'un univers Cyberpunk, ce qui implique bien évidemment des éléments de science-fiction, en ce sens la technologie va occuper une place très importante dans l'histoire, opérant par la même occasion une scission entre les humains et ceux que l'on peut appeler des robots. La façon dont tous deux vont cohabiter est intéressante, comme si l'homme avait besoin de la technologie pour vivre là où celle-ci tente à s'émanciper de plus en plus, gagnant en autonomie ; engendrant méfiance et mesure de sécurité pour limiter les pouvoirs du virtuel.



Cyborgs, robots, IA, quelle est la place de l'homme dans un monde où la machine semble dominer ? Dans lequel celle-ci occupe une place prépondérante ? C'est là qu'intervient Blank, le personnage principal de l'histoire, un homme fascinant, d'un cynisme à tout épreuve, c'est le moins que l'on puisse dire. Vivace et intriguant, je pense que nous ne sommes pas censés nous attacher à lui, mais je dois bien avouer que son fidèle NXS, un petit robot, va apporter une certaine touche d'originalité au duo qui provoque presque l'attachement. Bien que dépourvu de capacités humaines, le petit être numérique n'en demeure pas moins un fidèle mais surtout indispensable compagnon. J'ai énormément apprécié suivre leurs péripéties et évolutions respectives, j'admire surtout le talent de l'auteur de faire de Blank un personnage sur lequel on place des espoirs, en qui l'on a envie de croire... À la croisé des technologies, Blank incarne l'entre-deux, pas totalement robot, mais pas entièrement humain non plus, un mélange détonant qui fascine et dérange.



Une histoire qui dresse un terrible constat et nous fait prendre conscience de ce qui nous entoure, de tout ce qui semble régir la société. À travers l'histoire de Blank qui évolue dans un monde apocalyptique dans lequel la moindre opportunité est bonne à saisir – au diable l'éthique -, ce livre dresse une critique acerbe de la société, loin d'être superficielle, est elle profonde mais surtout crédible, plus que tout, elle est cohérente. Si je n'avais le droit qu'à un seul mot pour décrire cela, je choisirais l'adjectif percutante! Ce livre interroge l'homme, l'humain, sur ce qu'il est réellement. Est-il maître de son destin ou en a-t-il seulement l'illusion ? La violence des affrontements et la misère qui frappe les plus démunis nous aveuglent au point d'être dupes quant aux manipulations, stratégies et manigances de certains, nous en oublions notre capacité à émettre une critique, à réfléchir et observer le monde avec du recul.



Tout de suite après avoir terminé cette lecture, j'ai ressenti le besoin urgent, presque oppressant, d'en parler à la première personne que j'allais croiser. Je voulais parler de ce livre, donner envie de le lire, de découvrir tout ce dont il regorge tant j'ai été captivée de bout en bout par ce récit. La plume de l'auteur est juste incroyable et d'une grande fluidité, j'ai été absorbée par chacun des mots, comme happée au sein d'une superbe spirale dont je ne voulais pas voir la fin. CPU m'a clairement donné envie de lire d'autres livres de ce genre, Ayrton Glenet signe ici une superbe réussite, plus encore, un uppercut littéraire qui m'a estomaquée. Parvenir, dans un univers aussi riche et dense, à poser toute une réflexion sur le prix de la vie, sur le monde qui nous entoure en général, sans jamais tomber dans quelque chose de too-much, je ne peux qu'apprécier et admirer.
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Joy Ruby

Arrêtez-tout ce que vous faites ! Lâchez votre smartphone, posez-le loin de vous et concentrez-vous uniquement sur le livre, rien que le livre. Veillez à être suffisamment bien ancré dans la réalité, accrochez-vous à une solide branche et assurez-vous que votre ceinture soit correctement bouclée. Lorsque le train est en marche, rien ni personne ne peut l’arrêter ; le monde des illusions commence alors et je peux vous assurer que vous allez en prendre plein les yeux. La lecture de Joy Ruby exige énormément d’attention - tant on se perd entre l’illusion et le réel - ainsi qu’une certaine forme de lâcher-prise, elle invite à se déconnecter totalement de la réalité et à véritablement se laisser dépasser par les événements.



Joy Ruby, le personnage principal de cette folle histoire, est un parieur mais pas n’importe lequel, c’est sans doute le meilleur d’entre tous. Si vous ne me croyez pas, il va se faire un malin plaisir de vous le prouver. À la fois narrateur et protagoniste du récit, il s’avère être un conteur hors pair, aussi doué pour capter l’attention des gens que pour la perdre, il tire habilement les ficelles de l’imagination et de l’absurde en négligeant parfois celles de la simplicité et de la compréhension. Ce cow-boy joueur aime à emprunter des chemins détournés et souvent sinueux pour raconter son incroyable aventure, suscitant la curiosité mais provoquant par la même occasion des pertes d’attention et d’intérêt. M’est avis que l’auteur est également un parieur dans l’âme et qu’il a pris des risques en écrivant ce livre.



J’ai l’habitude de plonger dans mes lectures sans a priori, sans relire la quatrième de couverture et surtout, sans me poser de questions. J’ai ici été déstabilisée par le choix d’Ayrton Glenet qui, au début du livre, décide de nous raconter brièvement l’histoire, cela m’a complètement perturbée et j’admets que je n’ai pas appréhendé le livre de la même façon. Ajoutez à cela un univers complètement barré qui vous retourne le cerveau, des personnages aussi loufoques que surréalistes et vous obtenez là une Kathleen dont le cerveau bouillonne et dont les sens sont plus que jamais brouillés. Les perceptions sont modifiées et les choses perdent leur sens initial pour en obtenir un autre, rien n’est à sa place et tout est en perpétuelle transformation, les illusions dominent et la raison s’incline. Tenter de déchiffrer immédiatement les messages véhiculés par le livre, et par la même occasion les intentions de l’auteur, n’est guère une bonne idée, cela ne servirait qu’à vous rendre hallucinés, plus encore que les protagonistes.



Bien qu’il demeure un personnage exceptionnel, Joy Ruby ne peut rendre, à lui seul, le récit aussi épars et extravagant. Joy pénètre sur un vaisseau, dans un monde réel mais pourtant imaginaire, un univers dans lequel l’ivresse du jeu côtoie l’adrénaline de la victoire sur le point d’être acquise, cette excitation quasi permanente de celui qui se sait risquer gros. Un poulpe illusionniste (oui, rien que cela!) va accompagner notre cher cowboy dans des aventures qui ne manquent pas de piquant et encore moins de folie. Entre tours de magie, paris, passé et présent, la réalité est sans cesse déformée, tout se dérobe à notre volonté, on ne peut rien palper qui ne s’évapore sous nos yeux ébahis.



Ayrton Glenet dépeint un univers fantaisiste vraiment décalé ainsi qu’une ambiance western avec ce cowboy haut en couleur. C’est un récit qui se raconte et dont le lecteur est déjà averti de la teneur, tentant tant bien que mal de se laisser prendre au jeu comme les deux hommes qui écoutent et boivent les paroles de Joy. Comme eux, je suis parfois sortie de la lecture, je ne comprenais pas ou alors je refusais de comprendre. En prenant du recul, je remarque que je ne me suis attachée à personne, à aucun personnage… Comment l’aurais-je pu dans un monde de mirages et de faux-semblants ? Tout est question d’enjeux, de bluff, de rencontres et de coups de poker, on progresse en suivant les paris de Joy. Les scénarios sont improbables et très vite une sensation de fouillis et de grand n’importe quoi s’est emparée de moi. C’est un monde qui va vite, très vite, une course effrénée contre le temps, des rebondissements en permanence et finalement peu de temps pour se poser et justement « prendre le temps ». Je parlais tout à l’heure de pari risqué concernant ce livre, l’histoire tourne facilement en rond, Joy narre son aventure, on revient dans le présent, il repart et nous embarque dans son récit et ainsi de suite, cela n’est pas sans créer une certaine forme de lassitude. Certaines choses allaient beaucoup trop vite alors qu’au contraire d’autres traînaient en longueur, je pense que cela a occasionné un déséquilibre dans le rythme qui m’a fait décrocher à plus d’une reprise. Je ne parvenais pas à trouver le juste milieu entre la vitesse et la lenteur, sans cesse prise entre deux feux dont j’apercevais les flammes dévorantes s’abattre sur moi.



Je n’aborderais que brièvement la plume de l’auteur. Je l’avais déjà rencontré et beaucoup apprécié lors de la lecture de CPU. Elle m’a ici semblé moins incisive, moins tranchante également, sans doute parce que je n’avais pas le temps d’en profiter, que j’étais trop absorbée à vouloir comprendre le monde loufoque et dangereux de Joy Ruby. L’emploi récurrent du pronom impersonnel « on » pour désigner le groupe de personnages m’a également plus d’une fois gênée, il était certes employé dans des dialogues mais je lui préfère largement le « nous » qui renforce l’unité et la cohésion. Le style de l’auteur n’en demeure pas moins très fluide et imagé, je n’en attendais pas moins dans un tel univers décalé, je l’ai simplement trouvé moins mordant.



J’aime quand les livres parlent, qu’ils ne racontent pas seulement une histoire mais délivrent des messages, véhiculent des idées et valeurs que les lecteurs saisissent au vol. Je me suis longtemps interrogée sur ce livre, prenant le temps de questionner la couverture ainsi que le récit, me remémorant certains passages et tentant de les incorporer dans un tout. J’en suis venue à la conclusion, après de nombreuses heures à me creuser la tête et à remettre les choses dans le bon ordre, que ce livre, sous ses airs délirants et abracadabrantesques, interroge notre rapport à la mort et à la maladie. Au cancer, plus spécifiquement. Je ne vous l’ai pas dit mais Joy possède une particularité que seules les personnes atteintes d’une tumeur détiennent, or, Joy n’est atteint d’aucune tumeur… Je vois dans ce livre une métaphore de la maladie et de ce sursis que l’on a, de cette incertitude face à la mort, comme le laisse penser la corde autour du cou de Joy et cette corde sur la couverture. Les paris, l’adrénaline et l’ivresse témoignent de cette volonté de vivre à 200 %, sans se soucier des conséquences car l’on se sait condamné, voué à une existence incertaine mais à une mort certaine. Ce récit et les escapades illusoires (ou non) de Joy retracent le long parcours des personnes malades, un chemin sans cesse interrompu par les proches, par leurs remarques et parfois même leurs reproches, un couloir interminable qu’elles traversent et dont elles ont envie d’enfoncer chaque porte comme pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de la dernière. L’univers dans lequel Joy évolue représente ce temps après lequel on court sans cesse, cette course éreintante pour se sentir vivant et profiter de la vie.



En définitive, Joy Ruby invite le lecteur à pénétrer dans un monde d’illusions et de paris, à partir à la rencontre de personnages aussi loufoques que déjantés mais surtout, à plonger dans un univers totalement décalé dans lequel on ne discerne plus les traits de la réalité. Un cowboy, un poulpe illusionniste, un décor fantasque et une ambiance western, ce livre est original à bien des égards. À travers le chemin emprunté par Joy Ruby, l’auteur questionne le lecteur sur son rapport à la mort ainsi qu’à la maladie, sur ce besoin de vivre à fond sans se soucier des conséquences de nos actes. Entre ivresse et adrénaline, ce livre enfonce toutes les portes et tente de se frayer un chemin dans l’imaginaire des lecteurs, dans ce cerveau que de nombreuses illusions ont mis à mal. Bien que je n’ai guère été conquise par tous les aspects de cette histoire, je ne peux que saluer la prise de risque et l’intelligence qui se cache derrière un tel récit.
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